Georg Baselitz (né en 1938)
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Georg Baselitz (né en 1938)

Wegtreten, der Mantel

Details
Georg Baselitz (né en 1938)
Wegtreten, der Mantel
signé, titré et daté 'G. Baselitz 3.VII 014 ''Wegtreten der Mantel'' (au dos)
huile sur toile
300.2 x 206.7 cm.
Peint en 2014.

signed, titled and dated 'G. Baselitz 3.VII 014 ''Wegtreten der Mantel'' (on the reverse)
oil on canvas
118 ¼ x 81 3⁄8 in.
Painted in 2014.
Provenance
Galerie Thaddaeus Ropac, Paris
Acquis auprès de celle-ci en 2015
Exhibited
Paris, Galerie Thaddaeus Ropac, Eurasia, A View on Painting, novembre 2014-février 2015, p. 22 (illustré en couleurs au catalogue d'exposition p. 23; une vue de l'exposition p. 80).

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Paul Nyzam
Paul Nyzam Head of Department

Lot Essay

Wegtreten, der Mantel (Rejeté, le manteau) (2014) est une œuvre monumentale de Georg Baselitz, l’un des maîtres de la peinture allemande d’après-guerre. Ici, la toile mesure trois mètres de haut. Une immense figure peinte avec des touches liquides de bleu pâle, de jaune et de rose, se dresse sur le fond noir. La partie médiane de la forme est absente, coupée par une mare verte fantomatique.

Baselitz s’est fait connaître dans les années 1960. Ses œuvres aux compositions déstructurées reflétaient l’identité instable et fragmentée de l’Allemagne d’après-guerre. Les œuvres de la série « Fracture » revisitent l’imagerie pastorale en la fractionnant en différents morceaux. Les « Héros » représentent des soldats en haillons sur des terrains vagues. À partir de 1969, l’artiste a littéralement mis la peinture sens dessus dessous, afin de tenter de la vider de son sens.

Au cœur de l’œuvre de Baselitz se trouvent deux questions : qu’est-ce qu’être allemand, mais aussi qu’est-ce qu’être un artiste allemand ? Avec Anselm Kiefer, Sigmar Polke et Gerhard Richter, Georg Baselitz a contribué à remodeler l’identité artistique de son pays après la Seconde Guerre mondiale. Il s’est inspiré de gravures sur bois médiévales, de sculptures africaines, de l’art brut, de l’expressionnisme abstrait et des écrits et dessins d’Antonin Artaud. « Je me suis mis à formuler les choses comme si j’étais le premier, le seul, et comme si tous les précédents n’existaient pas – même si je sais qu’il y a des milliers de précédents qui se dressent contre moi », explique Baselitz. « Il faut toujours penser à faire quelque chose, quelque chose de valable. C’est ma vie ». [1]

Baselitz n’a cessé de réinventer la peinture. Ces dernières années, il a également « remixé » ses propres œuvres datant des années 1960. Il les développe et les reconfigure dans son style actuel, à la fois fluide et graphique. Wegtreten, der Mantel reprend le tableau « Fracture » de 1966, Drei Streifen - Der Maler im Mantel (zweites Frakturbild) (Trois bandes - Le peintre au manteau (Deuxième tableau fracturé). Ce tableau est lui aussi divisé en trois parties. Le personnage semble blessé et un tronc d’arbre remplace son ventre. Son titre suggère un autoportrait.

Ici, le protagoniste est éclairé par un spot sur fond d’obscurité. Les coups de pinceaux déliés évoquent les gestes libres de l’expressionnisme abstrait. Baselitz se transforme à nouveau. « Vous vous souvenez d’une situation, d’un tableau, d’une époque, d’une manière si connectée à la sphère émotionnelle que vous n’avez pas d’autre choix que de la revisiter », explique-t-il. « Bien sûr, pour l’améliorer. C’est une forme de protestation ». [2]

[1] G. Baselitz en conversation avec J-L. Froment et J-M. Poinsot, 1983, dans D. Gretenkort (ed.), Georg Baselitz: Collected Writings & Interviews, Londres, 2010, p. 71.
[2] G. Baselitz en conversation avec T. Wagner, 2006, dans ibid., p. 270.


Wegtreten, der Mantel (Dismissed, the Coat) (2014) is a monumental painting by Georg Baselitz, one of the titans of post-war German art. The canvas is three meters tall. A huge figure stands against the black background, painted in liquid strokes of pale blue, yellow and pink. His midsection is missing, cut through by a ghostly pool of green.

Baselitz made his name in the 1960s. His formally disturbed paintings reflected the unstable, fragmented identity of post-war Germany. The “Fracture works slashed pastoral imagery into pieces. The Heroes depicted ragged soldiers in wastelands. From 1969 he quite literally turned painting upside down, to see if he could empty it of its meaning.

At the core of Baselitz’s work is the question of what it means to be German, and to be a German artist. Along with Anselm Kiefer, Sigmar Polke, and Gerhard Richter, he helped to reshape his country’s artistic identity after the Second World War. His inspirations include medieval woodcuts, African sculpture, Art Brut, Abstract Expressionism and the writings and drawings of Antonin Artaud. “I set out to formulate things as if I were the first one, the only one, and as if all the precedents didn’t exist—even though I know that there are thousands of precedents ranged against me,” Baselitz says. “One has always to think of making something, something valid. That’s my life.” [1]

Baselitz has continually reinvented painting. In recent years, he has also “remixed” his own works of the 1960s. He develops and reimagines them in his fluid, graphic late style. The present work reprises the 1966 “Fracture” painting Drei Streifen – Der Maler im Mantel (zweites Frakturbild) (Three Stripes – The Painter in the Coat (Second Fracture Painting). That painting, too, is sliced into three sections. The figure appears wounded, and in place of his midriff is a tree-trunk. Its title suggests a self-portrait.

In Wegtreten, der Mantel, the figure is spotlit against the darkness. The loose brushstrokes evoke the free gestures of Abstract Expressionism. Baselitz transforms again. “You remember a situation, a painting, a time, in such a really emotional way that you have no alternative but to revisit it,” he explains. “Of course to do it better. It’s a form of protest.” [2]

[1] G. Baselitz in conversation with J-L. Froment and J-M. Poinsot, 1983, in D. Gretenkort (ed.), Georg Baselitz: Collected Writings & Interviews, London, 2010, p. 71.
[2] G. Baselitz in conversation with T. Wagner, 2006, in ibid., p. 270.

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