Lot Essay
« Tout le monde est lié par une tradition. Je suis lié par deux ». - Zao Wou-Ki
Ce paysage abstrait a été réalisé au cours de la 'période de l’ouragan' de Zao Wou-Ki (1959-1972), considérée comme l’apogée de sa carrière. Composée d’œuvres représentant des effets atmosphériques saisissants, cette période demeure la plus emblématique de Zao Wou-Ki, et certainement aussi la plus intrigante. Dans ce tableau, les coups de pinceau complexes se mêlent aux flots de lumière qui inondent la toile, créant ainsi une composition à l’équilibre précaire. Zao semble en parfaite maîtrise de son art et combine avec aisance des éléments du mouvement expressionniste abstrait, des inspirations de l’art chinois traditionnel et des techniques de peinture occidentales. L’œuvre appartient à une même collection familiale depuis 1969, année de sa création. Elle n’a été exposée au grand public qu’à deux seules occasions : au musée d’Art de Pully en 2019 et lors d’une exposition dédiée chez Christie’s en 2018, toutes deux en étroite collaboration avec la succession de l’artiste.
Zao guide notre regard de gauche à droite en faisant passer sa palette de couleurs de sépias et de jaunes clairs à une masse de coups de pinceau épais et sombres. Le tableau semble presque déséquilibré, mais Zao annule l’asymétrie en appliquant des touches plus concentrées et plus fines en son centre. Ces coups de pinceau créent un effet de dynamisme et de vibration, et nous ramènent aux détails les plus délicats de la peinture. L’œuvre est à la fois une entité complète et une série de fragmentations. Zao encadre le haut et le bas du tableau avec de la lumière qui s’infiltre et brille dans les passages plus sombres, créant l’impression d’une toile élargie. Cette méthode de définition de l’espace témoigne de l’influence de l’expressionnisme abstrait sur l’œuvre du peintre. Né à Pékin et formé à l’école des beaux-arts de Hangzhou, Zao Wou-Ki s’installe à Paris en 1948, séduit par les prestigieuses académies d’art et la culture artistique de la ville. Il y rencontre le peintre Pierre Soulages, avec qui il se lie d’amitié. En 1957, les deux artistes se rendent à New York, où Zao se passionne pour la liberté de forme et le processus de peinture immersif des expressionnistes abstraits. Outre ce nouveau langage, l’utilisation habile de tons variés et de coups de pinceau rapides révèle la culture de Zao en matière de calligraphie : la peinture est saturée de fines lignes, la calligraphie semble sauvage et cursive, et la gamme de couleurs rappelle celle de l’encre de Chine et du parchemin.
Cette œuvre se situe à un tournant stylistique important dans l’œuvre de l’artiste. Alors que ses toiles des années 1950 s’étaient largement éloignées des conventions classiques de la calligraphie chinoise et de la peinture de paysage au profit d’influences occidentales plus contemporaines, ses œuvres réalisées vers la fin des années 1960 reviennent aux conventions esthétiques des techniques chinoises du pinceau et de l’encre.
« Si l’influence de Paris est indéniable dans toute ma formation d’artiste, a-t-il déclaré, je tiens aussi à dire que j’ai peu à peu redécouvert la Chine... Paradoxalement, c’est peut-être à Paris que je dois ce retour à mes origines les plus profondes » (Zao Wou-Ki, cité dans Panorama chrétien, n° 49, avril 1961, p. 45).
Zao n’a jamais été lié à une seule identité culturelle et sa carrière s’est définie par une riche synthèse d’influences diverses. Alors que la lumière, l’ombre et la couleur s’affrontent pour attirer notre attention, le présent tableau inscrit assurément Zao dans une conversation entre les formes d’art d’hier et d’aujourd’hui, entre l’Occident et l’Orient.
''Everybody is bound by a tradition. I am bound by two.'' - Zao Wou-Ki
This abstract landscape painting is a work completed within Zao Wou-Ki’s ‘Hurricane Period’ of 1959-1972—widely regarded as the apex of his career. Comprised of energetic, awe-striking works which create vivid atmospheric effects, this period is his most iconic, and certainly his most intriguing. Within this painting, the intricate brushstrokes, swathes of light, and precariously balanced composition culminate into an excellent example of Zao’s increased confidence, and the ease with which he splices together elements of the Abstract Expressionist movement, traditional Chinese artforms, and Western painting techniques. The work has been in the same family collection since 1969, the year it was painted. It has only been seen in public twice: at the Musée d’art de Pully in 2019, and at a dedicated Christie’s exhibition in 2018, both of which were in close collaboration with the artist’s estate.
Zao guides our eyes from left to right by shifting his colour palette from light sepias and yellows into to a mass of thick, dark brush strokes. The painting is almost thrown off balance, but Zao negates the asymmetry by applying concentrated, more acute strokes to the centre of the work. These create a sense of dynamism and vibration, resetting our focus to the painting’s finer details. The work is at once a complete entity, and a series of fragmentations. Zao frames the top and bottom of the work with light which infiltrates and gleams among the painting’s darker passages, creating the impression of an expanded canvas. This method of defining space points to the influence of Abstract Expressionism on Zao’s work. Zao was born in Beijing, and trained at the Hangzhou School of Fine Arts, but moved to Paris in 1948, allured by the city's prestigious art academies and artistic culture. In Paris he met the painter Pierre Soulages, with whom he became close friends. In 1957 the two artists travelled to New York, where Zao became fixated with the Abstract Expressionists’ freedom of form, and immersive painting process. As well as this newfound language, the present work’s dexterous use of varied tones and rapid brushstrokes reveal Zao’s calligraphic roots: the painting is saturated with fine linework, and his colour-scheme remains rooted in his training ground of Indian ink and parchment, and of wild and cursive calligraphy.
This work stems from an important stylistic juncture within Zao’s oeuvre. While his paintings of the 1950s had largely moved away from the classical conventions of Chinese calligraphy and landscape painting in favour of more contemporary Western influences, his work completed towards the end of the 1960s began to return to the aesthetic conventions surrounding Chinese brush-and-ink techniques.
''Although the influence of Paris is undeniable in all my training as an artist,’ he once said, ‘I also wish to say that I have gradually rediscovered China … Paradoxically, perhaps, it is to Paris that I owe this return to my deepest origins'' (Zao Wou-Ki, quoted in Panorama chrétien, no. 49, April 1961, p. 45).
Zao was never beholden to one cultural identity, and his career was defined by a rich synthesis of different influences. As light, shadow, and colour grapple for our attention, the present painting effortlessly slots Zao into the conversation between artforms past and present, Western and Eastern.
Ce paysage abstrait a été réalisé au cours de la 'période de l’ouragan' de Zao Wou-Ki (1959-1972), considérée comme l’apogée de sa carrière. Composée d’œuvres représentant des effets atmosphériques saisissants, cette période demeure la plus emblématique de Zao Wou-Ki, et certainement aussi la plus intrigante. Dans ce tableau, les coups de pinceau complexes se mêlent aux flots de lumière qui inondent la toile, créant ainsi une composition à l’équilibre précaire. Zao semble en parfaite maîtrise de son art et combine avec aisance des éléments du mouvement expressionniste abstrait, des inspirations de l’art chinois traditionnel et des techniques de peinture occidentales. L’œuvre appartient à une même collection familiale depuis 1969, année de sa création. Elle n’a été exposée au grand public qu’à deux seules occasions : au musée d’Art de Pully en 2019 et lors d’une exposition dédiée chez Christie’s en 2018, toutes deux en étroite collaboration avec la succession de l’artiste.
Zao guide notre regard de gauche à droite en faisant passer sa palette de couleurs de sépias et de jaunes clairs à une masse de coups de pinceau épais et sombres. Le tableau semble presque déséquilibré, mais Zao annule l’asymétrie en appliquant des touches plus concentrées et plus fines en son centre. Ces coups de pinceau créent un effet de dynamisme et de vibration, et nous ramènent aux détails les plus délicats de la peinture. L’œuvre est à la fois une entité complète et une série de fragmentations. Zao encadre le haut et le bas du tableau avec de la lumière qui s’infiltre et brille dans les passages plus sombres, créant l’impression d’une toile élargie. Cette méthode de définition de l’espace témoigne de l’influence de l’expressionnisme abstrait sur l’œuvre du peintre. Né à Pékin et formé à l’école des beaux-arts de Hangzhou, Zao Wou-Ki s’installe à Paris en 1948, séduit par les prestigieuses académies d’art et la culture artistique de la ville. Il y rencontre le peintre Pierre Soulages, avec qui il se lie d’amitié. En 1957, les deux artistes se rendent à New York, où Zao se passionne pour la liberté de forme et le processus de peinture immersif des expressionnistes abstraits. Outre ce nouveau langage, l’utilisation habile de tons variés et de coups de pinceau rapides révèle la culture de Zao en matière de calligraphie : la peinture est saturée de fines lignes, la calligraphie semble sauvage et cursive, et la gamme de couleurs rappelle celle de l’encre de Chine et du parchemin.
Cette œuvre se situe à un tournant stylistique important dans l’œuvre de l’artiste. Alors que ses toiles des années 1950 s’étaient largement éloignées des conventions classiques de la calligraphie chinoise et de la peinture de paysage au profit d’influences occidentales plus contemporaines, ses œuvres réalisées vers la fin des années 1960 reviennent aux conventions esthétiques des techniques chinoises du pinceau et de l’encre.
« Si l’influence de Paris est indéniable dans toute ma formation d’artiste, a-t-il déclaré, je tiens aussi à dire que j’ai peu à peu redécouvert la Chine... Paradoxalement, c’est peut-être à Paris que je dois ce retour à mes origines les plus profondes » (Zao Wou-Ki, cité dans Panorama chrétien, n° 49, avril 1961, p. 45).
Zao n’a jamais été lié à une seule identité culturelle et sa carrière s’est définie par une riche synthèse d’influences diverses. Alors que la lumière, l’ombre et la couleur s’affrontent pour attirer notre attention, le présent tableau inscrit assurément Zao dans une conversation entre les formes d’art d’hier et d’aujourd’hui, entre l’Occident et l’Orient.
''Everybody is bound by a tradition. I am bound by two.'' - Zao Wou-Ki
This abstract landscape painting is a work completed within Zao Wou-Ki’s ‘Hurricane Period’ of 1959-1972—widely regarded as the apex of his career. Comprised of energetic, awe-striking works which create vivid atmospheric effects, this period is his most iconic, and certainly his most intriguing. Within this painting, the intricate brushstrokes, swathes of light, and precariously balanced composition culminate into an excellent example of Zao’s increased confidence, and the ease with which he splices together elements of the Abstract Expressionist movement, traditional Chinese artforms, and Western painting techniques. The work has been in the same family collection since 1969, the year it was painted. It has only been seen in public twice: at the Musée d’art de Pully in 2019, and at a dedicated Christie’s exhibition in 2018, both of which were in close collaboration with the artist’s estate.
Zao guides our eyes from left to right by shifting his colour palette from light sepias and yellows into to a mass of thick, dark brush strokes. The painting is almost thrown off balance, but Zao negates the asymmetry by applying concentrated, more acute strokes to the centre of the work. These create a sense of dynamism and vibration, resetting our focus to the painting’s finer details. The work is at once a complete entity, and a series of fragmentations. Zao frames the top and bottom of the work with light which infiltrates and gleams among the painting’s darker passages, creating the impression of an expanded canvas. This method of defining space points to the influence of Abstract Expressionism on Zao’s work. Zao was born in Beijing, and trained at the Hangzhou School of Fine Arts, but moved to Paris in 1948, allured by the city's prestigious art academies and artistic culture. In Paris he met the painter Pierre Soulages, with whom he became close friends. In 1957 the two artists travelled to New York, where Zao became fixated with the Abstract Expressionists’ freedom of form, and immersive painting process. As well as this newfound language, the present work’s dexterous use of varied tones and rapid brushstrokes reveal Zao’s calligraphic roots: the painting is saturated with fine linework, and his colour-scheme remains rooted in his training ground of Indian ink and parchment, and of wild and cursive calligraphy.
This work stems from an important stylistic juncture within Zao’s oeuvre. While his paintings of the 1950s had largely moved away from the classical conventions of Chinese calligraphy and landscape painting in favour of more contemporary Western influences, his work completed towards the end of the 1960s began to return to the aesthetic conventions surrounding Chinese brush-and-ink techniques.
''Although the influence of Paris is undeniable in all my training as an artist,’ he once said, ‘I also wish to say that I have gradually rediscovered China … Paradoxically, perhaps, it is to Paris that I owe this return to my deepest origins'' (Zao Wou-Ki, quoted in Panorama chrétien, no. 49, April 1961, p. 45).
Zao was never beholden to one cultural identity, and his career was defined by a rich synthesis of different influences. As light, shadow, and colour grapple for our attention, the present painting effortlessly slots Zao into the conversation between artforms past and present, Western and Eastern.