Joan Mitchell (1925-1992)
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Collection privée, France
Joan Mitchell (1925-1992)

Sans titre

Details
Joan Mitchell (1925-1992)
Sans titre
huile sur toile
170.7 x 144 cm.
Peint vers 1958

oil on canvas
67 ¼ x 56 ¾ in.
Painted circa 1958
Provenance
Succession Joan Mitchell, France.
Collection Philippe Richard, France.
Galerie Bernard Bouche, Paris.
Acquis auprès de celle-ci par le propriétaire actuel en 2010.
Literature
Joan Mitchell, Paintings from the Fifties, cat. ex., Lennon, Weinberg, Inc., New York, 2011, no. 23 (illustré en couleurs, n.p.; dimensions erronées).
Exhibited
New York, Lennon Weinberg, Before Again: Joan Mitchell, Louise Fishman, Harriet Korman, Melissa Meyer, Jill Moser, Denyse Thomasos, octobre-novembre 2009 (illustré en couleurs, n.p.).
Nantes, Musée d'Arts de Nantes; Montpellier, Musée Fabre, United States of Abstraction: Artistes américains en France 1946-1964, février-octobre 2021, no. 39 (illustré en couleurs, p. 95).

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Lot Essay

« Je peins à partir de paysages dont je me souviens et que j’emporte avec moi – mais aussi à partir des sentiments qu’ils m’inspirent, et qui se transforment au cours du temps. Je ne pourrai certainement jamais refléter fidèlement la nature. Je souhaite davantage peindre ce qu’elle laisse en moi ». - Joan Mitchell

Cette déclaration de Joan Mitchell intervient à un moment important au cours de son itinéraire artistique. À cette époque, Mitchell tentait, à travers ses tableaux, de transmettre l’impression d’un paysage qu’elle avait gardé en mémoire. Dans ses œuvres, elle s’efforçait non seulement de reproduire de manière réaliste ce qu’elle voyait, mais aussi d’évoquer l’expérience émotionnelle et sensorielle qui y était associée. Daté de 1958 environ, Sans titre incarne l’épanouissement de son style expressif. Grâce à un coup de pinceau spontané, elle construit une tapisserie complexe d’arabesques linéaires, tourbillonnant dans un mouvement centrifuge en direction d’un vortex profond et coloré en son centre. La toile est enrichie de bandes de blanc épaisses et scintillantes, créant ainsi un captivant jeu de lumières.

« L’énergie de l’infatigable peintre rayonne vers la toile, activée par des couleurs intenses et des coups de pinceau puissants ; elle rayonne quasiment jusqu’au chaos, mais se résout finalement dans un ordre équilibré ». - J. Bernstock

Cette œuvre phare, exécutée juste avant l’installation définitive de Mitchell en France, est emblématique de son ascension au sein de l’école de New York, période durant laquelle l’artiste a fait de nombreux allers-retours entre Paris et les États-Unis. Influencée par le post-impressionnisme, le fauvisme et l’expressionnisme, Mitchell a forgé son propre langage artistique, puisant dans ses souvenirs de la nature. À l’instar de ses premiers chefs-d’œuvre tels que Composition (SFMoMA, San Francisco) et Mephisto (Centre Pompidou, Paris), Sans titre allie à la fois un certain lyrisme et la maîtrise technique qui ont permis à Mitchell de se démarquer de ses contemporains. Selon l’artiste, son processus artistique consistait alors en une combinaison d’une forte implication physique active et d’un certain détachement critique. Elle expliquait ainsi sa démarche : « Je peins à distance. Je décide de ce que je vais faire également à distance. La liberté dans mon travail est somme toute assez contrôlée ; je garde les yeux ouverts et j’espère que tout ira bien ».
La fin des années 1950 apparaît comme une période déterminante pour Mitchell. Son exposition de 1957 à la Stable Gallery est acclamée par la critique et par le public, confirmant ainsi son statut de figure de proue américaine de l’Action Painting. Son travail est ensuite présenté au Jewish Museum, lors de la célèbre exposition organisée par Meyer Schapiro 'Artists of the New York School : Deuxième génération'. C’est aussi à cette époque que Mitchell passe un été déterminant à Paris, entourée notamment de Jean Paul Riopelle, son amant, du peintre Sam Francis et de l’écrivain Samuel Beckett.

Au milieu des années 1950, Joan Mitchell a opéré une transformation significative dans son style artistique, au profit d’un langage caractérisé par la turbulence et d’une certaine forme de drame. Ce changement radical est particulièrement saillant dans Sans titre. En effet, l’utilisation de la couleur et le mouvement du pinceau se font à la fois dynamiques et imprévisibles. Les touches de couleurs semblent ainsi s’élancer, s’écraser, dégouliner et s’étirer sur la toile, interagissant souvent avec une blancheur sans relief. Ce fond blanc devient à la fois source d’illumination mais aussi d’obscurité dans cet ensemble cohérent que les traits colorés tentent d’établir. À l’inverse d’une texture unifiée, la surface de l’œuvre résonne de contrepoints délibérés, à l’image des vagues qui s’échouent sur un rivage. Chaque trait s’impose sur la toile, créant un sentiment palpable de tension accumulée. La composition de l’œuvre guide inexorablement le regard du spectateur vers sa partie supérieure droite, dans laquelle les forces de la peinture convergent et semblent exploser dans une grande déflagration de violet, de rouge, de bleu et de jaune. Ce motif dynamique, caractérisé par un jeu de teintes vibrantes, deviendra plus tard la marque de fabrique de l’artiste.


"I paint from remembered landscapes that I carry with me - and remembered feelings of them, which of course become transformed. I could certainly never mirror nature. I would like more to paint what it leaves me with." – Joan Mitchell

This statement encapsulates a pivotal moment in Joan Mitchell's early artistic journey. During this particular period, Mitchell's paintings were primarily focused on attempting to convey the essence or impression of a landscape that she had stored in her memory. This intention was famously articulated by Mitchell herself. In her artwork, she strived not merely to replicate a landscape in a precise and realistic manner, but rather to evoke the emotional and sensory experience she associated with it. Untitled, dated circa 1958, embodies the blossoming of her expressive painting style. With instinctual and visceral brushwork, she constructs a complex tapestry of linear arabesques, swirling outward in centrifugal motion toward a deep, colorful vortex at its core. The canvas is enriched by thick swaths of impastoed white, which glisten against the backdrop, creating a captivating interplay of light.

“Along with Mitchell’s increasing success in the late 1950s came an ever greater vigor and assurance in her work, […] Energy radiates from the indefatigable painter to the canvas activated by intense colors and powerful brushstrokes almost to the point of chaos but ultimately resolved in a balanced order.” - J. Bernstock

This seminal work, painted just before Mitchell's permanent move to France, is emblematic of her ascent within the New York School, a period during which she shuttled between Paris and the United States. Drawing from the influences of Post-Impressionism, Fauvism, and Abstract Expressionism, Mitchell forged her distinctive artistic language rooted in her recollections of the natural world. On par with her early masterpieces such as Composition (SFMoMA, San Francisco) and Mephisto (Centre Pompidou, Paris), this painting captures the emotional lyricism and exercised control that set Mitchell apart from her contemporaries. The artist firmly believed that her artistic process was a combination of active physical involvement and a certain level of critical detachment. She once explained her approach by saying, "I paint from a distance. I decide what I'm going to do from a distance. The freedom in my work is quite controlled; I don't close my eyes and hope for the best."

The late 1950s were a seminal period for Mitchell. Her 1957 exhibition at the Stable Gallery garnered critical and commercial acclaim, solidifying her status as one of America's most brilliant Action Painters. She was subsequently featured in Meyer Schapiro's influential group exhibition 'Artists of the New York School: Second Generation' at the Jewish Museum. During this time, she spent a transformative summer in Paris, surrounded by a creative circle that included her lover, Jean Paul Riopelle, the painter Sam Francis, and the writer Samuel Beckett.

By the mid-1950s, Joan Mitchell had undergone a significant transformation in her artistic style, marked by a departure from her earlier approach towards a new language characterized by turbulence, restlessness, and drama. This fundamental shift is strikingly evident in the artwork in question. In Untitled Mitchell's use of color and brushwork takes on a dynamic and unpredictable quality. Strokes of color seem to dart, dash, drip, and stretch across the canvas, often interacting with a precarious whiteness. This whiteness serves as both a source of illumination and an element that can obscure the order that the colored strokes attempt to establish. Unlike an all-over texture, the surface of the artwork resonates with deliberate counterpoints, akin to waves cresting on a shoreline. Each stroke of color appears to stake its claim on the canvas, creating a palpable sense of accumulating tension. The composition of the artwork guides the viewer's gaze inexorably towards the upper right quadrant, where the painting's forces converge and seem to detonate in a grand explosion of purple, red, blue, and yellow. This dynamic motif, characterized by a powerful interplay of vibrant colors, would go on to become a hallmark of Mitchell's subsequent works.

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