Giorgio Morandi (1890-1964)
Giorgio Morandi (1890-1964)
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Provenant de la collection d'un gentleman international
Giorgio Morandi (1890-1964)

Natura morta

Details
Giorgio Morandi (1890-1964)
Natura morta
signé et daté ‘Morandi 950’ (en bas à gauche)
huile sur toile
30 x 40 cm.
Peint en 1950

signed and dated ‘Morandi 950’ (lower left)
oil on canvas
11 ¾ x 15 ¾ in.
Painted in 1950
Provenance
Galleria del Milione, Milan.
Galleria Galatea, Turin.
Collection B. Foà, Turin.
Galleria Medea, Milan.
Collection R. Spagnoli, Florence.
Vente, Palais Galliera, Paris, 29 mai 1972.
Galerie Krugier & Cie, Genèva.
Acquis auprès de celle-ci par le propriétaire actuel au début des années 1980.
Literature
Mostra di opere dei maestri contemporanei, cat. ex., Galleria Medea à Cortina d’Ampezzo, Milan, 1969.
L. Vitali, Morandi, Catalogo generale, Milan, 1983, vol. II, no. 748 (illustré, n.p.).
L. Mattioli Rossi, The Later Morandi, Still Lifes 1950-1964, cat. ex., Galleria dello Scudo à Verone; Peggy Guggenheim Collection à Venise, Milan, 1998, no. 3 (illustré, p. 87).
Sale Room Notice
Veuillez noter que le Lot 321, qui n’avait pas été marqué par un symbole dans le catalogue, est maintenant soumis à une garantie de prix minimum et a été financé avec l’aide d’un tiers qui enchérit sur le lot et peut recevoir une rémunération de Christie’s.

Please note that Lot 321, which was not marked with a symbol in the catalogue, is now subject to a minimum price guarantee and has been financed by a third party who is bidding on the lot and may receive a financing fee from Christie’s.

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Lot Essay

Peinte en 1950, cette nature morte de Morandi est emblématique des scènes contemplatives qui dominent sa production d’après-guerre. Rendue par des touches abondantes où se condensent des nuances de gris, de blancs et de bruns, cette composition expressive donne à voir un ensemble d’objets du quotidien; des fioles, bocaux, vases et pots comme tant d’autres qui jonchent la carrière de l’artiste, fasciné par la faïence depuis ses débuts. Si elle traduit fidèlement chacun de ces récipients, la composition dense de Natura morta n'est pas non plus sans rappeler les lignes d’un horizon urbain, imaginé par un peintre qui trouvait que ses bouteilles ressemblaient aux clochers de Bologne, où il résidait. C’est en sondant avec une élégante sobriété la nature profonde de phénomènes visuels que l’ensemble, dépourvu de sentiment, atteint une certaine poésie.

La nature morte a longtemps fasciné Morandi. Ses premières incursions dans le genre datent de sa jeunesse: notamment de l’époque où il se rallie à la Pittura metafisica, mouvement impulsé, entre autres, par Giorgio de Chirico et Carlo Carrà. À la stylisation très linéaire de ces toiles des années 1920 succède une expression plus naturaliste, inspirée par la peinture de Jean Siméon Chardin ou de Paul Cézanne, dont Morandi aura pu découvrir des reproductions entre les pages des éditions de la Libreria della Voce. En 1904, Cézanne avait encouragé Émile Bernard à ‘traiter la nature par le cylindre, la sphère, le cône’, un conseil que Morandi s’évertue à suivre à son tour près d’un demi-siècle plus tard (in J. Rewald (ed.), Paul Cézanne Letters, New York, 1976, p. 301). Si le monde végétal qu’évoque Cézanne cède ici la place à une panoplie d’objets inanimés, la composition de Natura morta n’en demeure pas moins fidèle aux mêmes principes. En procédant ainsi par volumes géométriques, Morandi nous invite à trouver une cohésion d’ensemble; à reconstruire, en quelque sorte, une image à partir d’un répertoire de formes élémentaires disséminées dans l’espace.

‘Je pense qu’il n’y a rien de plus abstrait, de plus irréel, que ce que l’on a sous les yeux’.
Giorgio Morandi

Au lendemain de la guerre, Morandi commence à travailler par séries. Papillonnant d’un petit format à l’autre, il prend souvent pour modèles les mêmes bouteilles, les mêmes pots, les mêmes vases. Avant de les coucher sur la toile, il imagine des mises en scène complexes, d’une grande finesse. Portant toute son attention sur leurs qualités architecturales, il dispose avec soin ses récipients, tirés de l’inépuisable bric-à-brac de son atelier à Bologne. L’historien de l’art John Rewald décrit en détail ce joyeux ramassis d’objets: ‘Pas de puits de lumière, pas de vastes espaces, juste une pièce ordinaire d’appartement bourgeois, éclairée par deux fenêtres ordinaires. Mais le reste était parfaitement extraordinaire; par terre, le long des étagères, sur une table, partout, des boîtes, des bouteilles, des vases. Des récipients de toutes sortes et de toutes tailles - hormis deux chevalets tout simples -, qui envahissaient chaque recoin… Ils devaient se trouver là depuis bien longtemps; la surface des tables et des étagères, ainsi que les couvercles des boites et des bocaux étaient recouvert d’une épaisse couche de poussière. C’était une poussière dense, grise, douce comme du velours’ (in K. Wilkin, Giorgio Morandi, Works, Writings, Interviews, Barcelona, 2007, p. 43).

Morandi pouvait passer des semaines à contempler ses arrangements, à en étudier les détails, à changer la disposition des objets pour varier les plaisirs et mettre un élément plus en valeur qu’un autre. La moindre retouche, le moindre déplacement signifiait un nouveau défi artistique que Morandi se faisait une joie de relever. ‘Quiconque s’attarde sur ces toiles, estime Vitale Bloch, saura que Morandi ne peint presque jamais deux natures mortes ressemblantes. C’est là tout le miracle de son génie: d’avoir su faire de ces bocaux, de ces vieilles lampes à huile, de ces bouteilles poussiéreuses et des pots les plus modestes des œuvres pleines de poésie, souvent comparées à juste titre à des “chansons sans paroles”’ (V. Bloch, ‘Introduction’, Giorgio Morandi, Paintings and Prints, cat. ex., Londres, 1954). Avec trois fois rien, Morandi parvient à bâtir dans Natura morta une vision parfaitement harmonieuse, sur une structure brute, d’une grande délicatesse.


Painted in 1950, Giorgio Morandi’s Natura morta embodies the meditative nature of the artist’s post-war canvases. In thick, lavish brushwork, this eloquent painting conjures a series of domestic objects, the small bottles, jars, and vases that the artist repeatedly returned to throughout his career; the white vessel has been a recurrent protagonist since the earliest days of Morandi’s career. As much as the compact arrangement of Natura morta faithfully represents its jars and canisters, it also recalls a city skyline, and Morandi saw in his bottles analogues for the Renaissance spires that dot Bologna where he lived. Devoid of sentiment or emotion, the present work evokes a subtle visual poetry as it probes the nature of visual phenomena.

Morandi had long been fascinated by the still life genre. As a young artist, he had been associated with Pittura metafisica, a movement pioneered by artists including Giorgio de Chirico and Carlo Carrà. He eventually discarded the stylisation that characterised his paintings from the 1920s, looking instead to the canvases of Jean-Baptiste-Siméon Chardin as well as those of Paul Cezanne, which he would have seen illustrated in Libreria della Voce’s publications. In 1904, Cezanne advised Émile Bernard to ‘treat nature by means of the cylinder, the cone, and the sphere’, guidance which Morandi continued to adhere to nearly five decades later (J. Rewald (ed), Paul Cézanne Letters, New York, 1976, p. 301). In Natura morta, the assortment of objects replace the natural world which Cézanne had referred to, but Morandi has nonetheless organised his scene according to a related set of principles. In doing so, Morandi encourages his viewers to seek out a similar cohesion in his rendering of what constitute his own essential forms in space.

‘I believe that nothing can be more abstract, more unreal, than what we actually see’.
Giorgio Morandi

Following the war, Morandi began to paint serially, and he would move from one modestly-sized canvas to the next, often making the same objects his subjects. Focussing on their architectural qualities, he sensitively staged his complex configurations, choosing vessels from a collection stored in his Bologna studio. The scholar, John Rewald, described this beloved assortment of objects, writing ‘No skylight, no vast expanses, an ordinary room in a middle class apartment lit by two ordinary windows. But the rest was extraordinary; on the floor, on shelves, on a table, everywhere, boxes, bottles, vases. All kinds of containers in all kinds of shapes. They cluttered any available space, except for two simple easels… They must have been there for a long time; on the surfaces of the shelves or tables, as well as on the flat tops of boxes, cans or similar receptacles, there was a thick layer of dust. It was a dense, grey, velvety dust, like a soft coat of felt…’ (quoted in K. Wilkin, Giorgio Morandi, Works, Writings, Interviews, Barcelona, 2007, p. 43).

Morandi often spent weeks contemplating his arrangements, repositioning his objects as a means of recasting his subjects. Every alteration, every slight movement, presented new pictorial challenges that the artist relished. As Vitale Bloch observed, ‘He who looks below the surface knows that hardly two of Morandi’s still lifes are similar. It is the miracle of his genius that out of the humblest boxes, tin cans, outmoded oil lamps, and dusty bottles, emerge works of art full of poetry and often most justly called “songs without words”’ (V. Bloch, ‘Introduction’, Giorgio Morandi, Paintings and Prints, exh. cat., London, 1954, n.p.). With just a handful of elements in Natura morta, Morandi nevertheless created a harmonious image, held together by a delicate and elemental force.

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