Serge Poliakoff (1900-1969)
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Serge Poliakoff (1900-1969)

Composition abstraite

Details
Serge Poliakoff (1900-1969)
Composition abstraite
signé 'SERGE POLIAKOFF' (en bas à gauche)
huile sur toile
116.3 x 89.2 cm
Peint en 1969

signed 'SERGE POLIAKOFF' (lower left)
oil on canvas
45 ¾ x 35 1⁄8 in.
Painted in 1969
Provenance
Galerie Melki, Paris.
Acquis auprès de celle-ci par la famille des propriétaires actuels en 1981.
Literature
A. Poliakoff, Serge Poliakoff, Catalogue Raisonné: 1966-1969, Paris, 2016, vol. V, no. 69-109 (illustré en couleurs, p. 365).

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« Si vous la laissez faire, votre couleur se chargera de vous ». - Serge Poliakoff

Conservée au sein de la même collection familiale depuis plus de quarante ans, cette élégante œuvre de 1969 est très caractéristique de la pratique abstraite de Serge Poliakoff. Réalisée dans la dernière année de la vie de l’artiste, Composition abstraite révèle sa maîtrise des harmonies chromatiques intuitives. Des formes imbriquées de rouge cramoisi, de marron et de bleus légèrement différents – l’un ultramarin, l’autre refroidi par une teinte verte – sont maintenues aux quatre coins du tableau par des sections de jaune chatoyant. Les zones intermédiaires de couleur beige donnent l’impression d’un « espace négatif ». Les pigments soigneusement mélangés par l’artiste sont appliqués par des touches tour à tour serrées et agitées, puis larges et lisses, formant un jeu dynamique d’effets de matière et de tonalité. La palette reflète l’influence de Giotto, dont le peintre russe a revisité les grandes fresques proto-Renaissance de la chapelle des Scrovegni, à Padoue, en 1969. D’apparence sereine, la peinture vibre de tensions et de complexités subtiles.

Né à Moscou à l’aube du nouveau siècle, Poliakoff fuit son pays après la révolution de 1917 et s’installe à Paris où il étudie avec Othon Friesz, un peintre fauve qui influence le rapport à la couleur du jeune artiste. Celui-ci aiguise davantage son regard lors d’un séjour de deux ans à la Slade School of Fine Art de Londres. Il développe alors une
véritable admiration pour les primitifs italiens et il est fasciné par les sarcophages égyptiens aux couleurs vives conservés au British Museum. De retour à Paris en 1937, Poliakoff noue une amitié sincère avec Robert et Sonia Delaunay. Leurs théories chromatiques explorant la pureté de la couleur comme moyen de créer une profondeur et une vibration spatiales influencent notablement le travail de l’artiste.
Dans les années 1950, Poliakoff se consacre à plein temps à la peinture, renonçant à sa carrière de musicien. Il abandonne alors l’utilisation des contours dans ses œuvres, n’ayant plus comme guide que la couleur dans ses compositions. En 1959, la visite de l’exposition Kazimir Malevitch à la Kunsthalle de Berne lui fait l’effet d’un choc : pour la première fois, Poliakoff découvre l’intégralité de l’œuvre du maître russe. Cette confrontation nourrit en profondeur son œuvre, qui atteint alors son apogée esthétique, un subtil et brillant équilibre, caractéristique de sa dernière grande décennie de peinture.

Dans les années 1960, Poliakoff est de plus en plus reconnu à travers le monde. Une salle du pavillon français de la Biennale de Venise en 1962 lui est entièrement consacrée, suivie en 1963 par une célèbre exposition monographique à la Whitechapel Art Gallery, à Londres. En 1969, l’année de la présente œuvre, il prépare une grande rétrospective au musée national d’Art moderne, à Paris. Mais, il meurt inopportunément en octobre 1969 et l’exposition, qui ouvre ses portes en 1970, lui est dédiée.
À l’instar des fresques qui ont inspiré Poliakoff, les peintures comme Composition abstraite apparaissent comme un héritage intemporel et parlent silencieusement d’elles-mêmes. « Quand un tableau est silencieux », disait-il, « cela signifie qu’il est réussi. Certains de mes tableaux commencent par le tumulte. Ils sont explosifs. Mais je ne suis satisfait que lorsqu’ils deviennent silencieux. Une forme doit s’écouter et non pas se voir » (S. Poliakoff cité par M. Ragon, Le regard et la mémoire, Paris 1956, p. 56).

If you let it, your colour will take charge of you.” - Serge Poliakoff

Held in the same family collection for more than four decades, Composition abstraite (1969) is an elegant example of Serge Poliakoff’s abstract practice. It was painted in the final year of the artist’s life, and reveals his mastery of the intuitive chromatic harmonies that defined his oeuvre. Interlocking shapes of crimson, maroon and two slightly different blues—one ultramarine, the other cooled with a tint of green—are held to the painting’s four corners by sections of warm yellow. Beige areas in between create the impression of negative space. Poliakoff’s carefully-mixed pigments are applied with strokes that are by turns tight and agitated, or broad and smooth, forming a dynamic interplay of material and tonal effects. The palette reflects the influence of Giotto, whose great proto-Renaissance frescoes in the Scrovegni Chapel, Padua, Poliakoff revisited in 1969. Outwardly serene, the painting vibrates with subtle tensions and complexities.

Born in Moscow at the dawn of the new century, Poliakoff fled Russia after the 1917 revolution, eventually settling in Paris where he studied under Othon Friesz, a former Fauvist who influenced the young artist’s awareness of colour. He sharpened his eye further during a two-year stint at the Slade School of Fine Art in London: his admiration for the Italian Primitives increased, and he was fascinated by the brightly-painted Egyptian sarcophagi in the British Museum. Returning to Paris in 1937, he began an important friendship with Robert and Sonia Delaunay, whose chromatic theories—exploring the purity of colour as a means for creating spatial depth and vibration—were another formative influence. By the 1950s Poliakoff was painting full-time, giving up a reliable side-career as a musician. He abandoned the use of outlines in his paintings, employing colour alone to guide their compositions. A 1959 visit to a Kazimir Malevich exhibition at the
Kunsthalle Bern—the first time he been able to see the Russian master’s entire body of work—brought everything he had learned to a climax as Poliakoff’s own paintings arrived at the distilled, energetic equilibrium of his great final decade.

The 1960s saw Poliakoff’s acclaim increase worldwide. A room was dedicated entirely to his work in the French Pavilion at the Venice Biennale in 1962, and a celebrated survey show at the Whitechapel Art Gallery, London, followed the year after. In 1969—the year of the present painting—he was at work preparing for a large-scale retrospective at the Musée National d’Art Moderne, Paris. He sadly died in October 1969, and the exhibition, which opened in 1970, was dedicated to his memory. Like the frescoes that inspired Poliakoff, paintings like Composition abstraite remain a timeless legacy, silently speaking for themselves. “When a painting is silent,” he said, “it means that it is successful. Some of my paintings begin with tumult. They are explosive. But I am only satisfied when they become silent. A form must be listened to and not seen” (S. Poliakoff quoted in M. Ragon, Le regard et la mémoire, Paris 1956, p. 56).

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