Lot Essay
‘J’ai voulu travailler avec des images que tout le monde côtoie ou que tout le monde a vues, en développer et en faire ressortir l’essence, les qualités premières’.
Mario Schifano
Une étendue verte de peinture émaillée, appliquée sur un quadrillage de papier marouflé: Grande verde (1960) est une œuvre exceptionnelle de la série des Monocromi de Mario Schifano. L’un des premiers tableaux de cet ensemble révolutionnaire à voir le jour, ce grand monochrome compte aussi parmi les plus imposants en termes de dimensions. Révélée au public à Rome, en 1960, cette suite de toiles abstraites de Schifano rompt avec tous les codes, en se détournant des composantes ‘noble’ de la peinture traditionnelle au profit de matériaux tels que le papier d’emballage récupéré, la toile brute et la peinture à usage domestique. À l’heure où la figuration prime en Italie, l’apparition foudroyante de ces Monocromi sur la scène romaine bouleverse les avant-gardes transalpines. Grande verde est constituée d’un ensemble de trente-cinq feuilles de papier, légèrement plissées et gondolées par les effets du collage sur la toile. Grossièrement répandue sur le support, la peinture émaillée forme par touches inégales un carré brillant, aux contours bien définis, qui occupe la majorité de la surface. Les rebords de la toile, dont on aperçoit par endroits les clous du châssis, sont restés nus. Sur la partie inférieure se déversent quelques fines coulures vertes, tandis que deux traits noirs furtifs viennent souligner l’angle supérieur gauche. Cherchant à se définir par rapport aux nouvelles tendances artistiques de l’Italie d’après-guerre, les très provocateurs Monocromi de Schifano démystifient l’idée, alors en vogue dans les cercles de l’art abstrait, du monochrome comme une expression du sublime. Avec cette série, l’artiste affirme l’expression espiègle, auto-référentielle et très tactile qui irriguera l’ensemble de sa production durant les quarante années à suivre. En 1974, Grande verde est présenté au Salone delle Scuderie in Pilotta, à Parme, à l’occasion de l’exposition personnelle la plus ambitieuse organisée du vivant de l’artiste. Elle a figuré, depuis, dans des rétrospectives majeures au musée Saint-Pierre Art Contemporain, à Lyon (1985) et à la Fondazione Marconi de Milan (2005). Forte de sa longue collaboration avec Schifano, celle-ci abrite l’une des plus importantes collections de ses œuvres des années 1960.
Schifano est l’un des principaux représentants de la Scuola di Piazza del Popolo, mouvement éclectique qui éclot à Rome au début des années 1960. Dans une rupture radicale avec l’expressivité fougueuse de l’Arte Informale et loin du dépouillement que prône alors l’Arte Povera, ce groupe de jeunes artistes - parmi lesquels Giosetta Foroni, Tano Festa, Franco Angeli ou Cesare Tacchi - adopte une démarche proche du Nouveau Réalisme français et du Pop Art américain. À la différence de l’esthétique extrêmement léchée du pop, leurs œuvres font toutefois appel aux matériaux les plus hétéroclites et courants de l’environnement urbain. Dans des toiles comme Grande verde, Schifano recouvre ses feuilles colorées d’une couche de colle vinyle: il obtient ainsi une surface plus résistante, légèrement luisante, qui vient intensifier la texture et la brillance de la peinture émaillée. Quant aux imperfections et aux bulles provoquées par le marouflage du papier, Schifano les accueille volontiers. En effet, tant par leur aspect accidenté que par leurs dimensions monumentales, les Monocromi cherchent à résonner avec l’imagerie de la ville contemporaine et notamment l’affichage publicitaire: ou comment répondre par la peinture aux stimulations visuelles de la société de consommation occidentale, parvenues jusqu’en Italie dans l’après-guerre. Peu de temps après, Schifano poussera cette réflexion plus loin encore dans une série de collages sur toiles qui s’approprient et détournent avec ironie les logos de Coca-Cola et d’Esso - synonymes, lira-t-on dans le titre de certaines œuvres, de ‘propagande’.
La carrière de Schifano prend très tôt une envergure internationale grâce au retentissement des Monocromi. À l’occasion d’un voyage à Rome avec son époux en 1960, l’influente galeriste du Pop Art Ileana Sonnabend rencontre le jeune peintre italien par le biais du galeriste Plinio de Martiis. ‘Nous étions venus de New York dans le but de monter des expositions en Europe pour un groupe d’artistes américains parmi lesquels Rauschenberg, Johns, Lichtenstein et Warhol’, se souvient-elle. ‘Mario Schifano s’en démarquait, il nous a paru très original et, en y repensant, on peut dire qu’il a anticipé des tas de choses qui ont découlé du Pop Art, du Minimalisme et de l’Art conceptuel’ (I. Sonnabend, in L. Cherubini, ‘Mario Schifano, “My Childhood Is Now Here Today”’, in Mario Schifano, Monocromi, cat. ex., M & L Fine Art, Londres, 2018, p. 8). À l’instar de Leo Castelli et Sidney Janis, grands défenseurs du Pop Art également, Sonnabend se charge bientôt d’exposer les travaux de Schifano des deux côtés de l’Atlantique. En 1962, l’Italien est notamment invité à participer à l’incontournable International Exhibition of the New Realists à la Sidney Janis Gallery de New York, aux côtés des titans du pop que sont déjà Andy Warhol et Roy Lichtenstein.
‘[Schifano] endosse tout le poids de l’histoire de l’art et du monde moderne… avec une aisance naturelle’.
Brian O’Doherty
Avec leurs matériaux bruts, d’une banalité assumée, les Monocromi subvertissent habilement la portée mystique dont se prévalent les monochromes de certains contemporains de Schifano, comme Yves Klein et Piero Manzoni. ‘Au départ, je peignais avec très peu de couleurs’, expliquera Schifano en 1972, ‘parce que mon travail évoquait l’idée du symbole [de la vie moderne], du panneau, de l’affiche, de mécanismes de la perception, de choses brutes. À mes yeux, peindre c'était partir de quelque chose de profondément primaire… C’était de l’énergie pure… avec rien à l’intérieur, des images vides (M. Schifano, in E. Siciliano, ‘Lui ama Nancy la fotografa’, Il Mondo, 16 novembre 1972). Là où les Achromes de Manzoni se voulaient des surfaces vierges d’une pureté absolue, là où les bleus de Klein cherchaient à incarner l’immatériel et l’extase du ‘néant’, l’expérience visuelle ‘primaire’ des Monocromi puise au contraire son inspiration et sa palette de couleurs dans la réalité concrète de la ville moderne. En mettant à nu toute sa matière, tous les mécanismes de sa fabrication, Grande verde synthétise parfaitement la beauté crue et l’intelligence formelle qui font toute la force de l’art de Schifano.
‘I have tried to work with images that everyone sees or has seen, developing and making their essence, their germinal and primary possibilities emerge’.
Mario Schifano
With its green enamel paint gleaming over a tessellated expanse of canvas-backed paper, Grande verde (1960) is an important work from Mario Schifano’s series of Monocromi (‘Monochromes’). An early example of this ground-breaking series, it is also exceptional for its large scale. These abstract paintings, which Schifano debuted at Galleria la Salita in Rome in 1960, eschewed traditional decorum in favour of media like discarded wrapping paper, bare canvas and industrial pigments, and had a huge impact at a time when figuration dominated the Italian art scene. The present work is composed of thirty-five separate sheets of paper, with subtle ripples and creases formed by their pasting to the canvas. The glossy enamel is applied in haphazard strokes. Exposed nails appear at its unpainted border, and green paint drips down its lower edge; a sketchy black outline peeks out at the upper left. Engaging with the new visual environments of post-war Italy, Schifano’s Monocromi also toyed provocatively with the sublime ideas that surrounded Modernist monochrome painting, establishing the tactile, playful and self-reflexive formal language that would inform his works for the following four decades. In 1974 Grande verde was shown at the Salone delle Scuderie in Pilotta, Parma, in the most important retrospective of the artist’s lifetime. The work has been further exhibited over the half-century since, including in major solo exhibitions at the Musée Saint Pierre Art Contemporain, Lyon (1985) and the Fondazione Marconi, Milan (2005). The latter venue had a close relationship with the artist, and holds one of the most significant collections of his 1960s work.
Schifano was a leading member of the Scuola di Piazza del Popolo, a loose artistic movement that emerged in early-1960s Rome. In a break from the emotive expressions of Arte Informale and in contrast to their Arte Povera contemporaries, these young artists - also including Giosetta Foroni, Tano Festa, Franco Angeli and Cesare Tacchi - took an approach to painting that was in tune with French Nouveau Réalisme and American Pop Art. Distinct from the seductive, seamless surfaces of Pop, their works often articulated the layered textures of the urban environment. In works like Grande verde, Schifano would coat his paper in vinavil glue to create a resistant, slightly glossy surface that amplified the body and gleam of applied enamel paint, and he welcomed the imperfections and bubbles created by the pasted-down paper. Echoing advertising billboards in both scale and materiality, the Monocromi offered a painterly response to the commercial imagery of Western pop culture that had flooded into Italy in the decade after World War II. Soon afterwards, he began to create subversive collage-paintings of the Esso and Coca-Cola logos, which placed their graphic and textual content - he often designated them ‘propaganda’ in his titles - at a wry critical distance.
The Monocromi brought Schifano to international attention early in his career. The influential Pop dealer Ileana Sonnabend visited Rome in 1960 with her husband, and met Schifano there through the gallerist Plinio de Martiis. ‘We had come from New York with the intention of organising exhibitions in Europe for a group of American artists such as Rauschenberg, Johns, Lichtenstein, Warhol as well as several others’, she recalled. ‘We found Mario Schifano to be very different to them, very original and, thinking back, he anticipated a lot of things that would later come after Pop Art, Minimalism and Conceptual Art’ (I. Sonnabend, quoted in L. Cherubini, ‘Mario Schifano, “My Childhood Is Now Here Today”’, in Mario Schifano, Monocromi, exh. cat., M & L Fine Art, London, 2018, p. 8). Sonnabend - as well as fellow Pop magnates Leo Castelli and Sidney Janis – were soon showing Schifano’s work on both sides of the Atlantic. In 1962, he was included in the seminal International Exhibition of the New Realists at Sidney Janis Gallery in New York, alongside such emerging American Pop titans as Andy Warhol and Roy Lichtenstein.
‘[Schifano] takes on the burdens of art history and the modern world… with fluent ease’.
Brian O’Doherty
With their raw, insistently everyday media, the Monocromi subverted the mystical ideas that surrounded the monochromes of Schifano’s contemporaries Yves Klein and Piero Manzoni. ‘At first I used to paint with a very few colours’, Schifano recalled in 1972, ‘because my work expressed the idea of the emblematic, of street signs, of perceptual phenomena, of primal things. I thought that painting meant starting from something absolutely primal... These were signs of energy... With nothing in them, empty images’ (M. Schifano, quoted in E. Siciliano (trans. F. Luino), ‘Lui ama Nancy la fotografa’, Il Mondo, 16 November 1972). Where Manzoni’s Achrome were intended as blank slates of total purity - and Klein’s blues as instances of the ecstatic, immaterial ‘void’ - Schifano’s ‘primal’ visual experience found its origin in the signs and billboards of the modern city. His colour-fields were proudly entangled in the real world. Mapping its own materiality and the mechanics of its construction, Grande verde encapsulates the formal intelligence and tangible beauty that define Schifano’s remarkable body of work.
Mario Schifano
Une étendue verte de peinture émaillée, appliquée sur un quadrillage de papier marouflé: Grande verde (1960) est une œuvre exceptionnelle de la série des Monocromi de Mario Schifano. L’un des premiers tableaux de cet ensemble révolutionnaire à voir le jour, ce grand monochrome compte aussi parmi les plus imposants en termes de dimensions. Révélée au public à Rome, en 1960, cette suite de toiles abstraites de Schifano rompt avec tous les codes, en se détournant des composantes ‘noble’ de la peinture traditionnelle au profit de matériaux tels que le papier d’emballage récupéré, la toile brute et la peinture à usage domestique. À l’heure où la figuration prime en Italie, l’apparition foudroyante de ces Monocromi sur la scène romaine bouleverse les avant-gardes transalpines. Grande verde est constituée d’un ensemble de trente-cinq feuilles de papier, légèrement plissées et gondolées par les effets du collage sur la toile. Grossièrement répandue sur le support, la peinture émaillée forme par touches inégales un carré brillant, aux contours bien définis, qui occupe la majorité de la surface. Les rebords de la toile, dont on aperçoit par endroits les clous du châssis, sont restés nus. Sur la partie inférieure se déversent quelques fines coulures vertes, tandis que deux traits noirs furtifs viennent souligner l’angle supérieur gauche. Cherchant à se définir par rapport aux nouvelles tendances artistiques de l’Italie d’après-guerre, les très provocateurs Monocromi de Schifano démystifient l’idée, alors en vogue dans les cercles de l’art abstrait, du monochrome comme une expression du sublime. Avec cette série, l’artiste affirme l’expression espiègle, auto-référentielle et très tactile qui irriguera l’ensemble de sa production durant les quarante années à suivre. En 1974, Grande verde est présenté au Salone delle Scuderie in Pilotta, à Parme, à l’occasion de l’exposition personnelle la plus ambitieuse organisée du vivant de l’artiste. Elle a figuré, depuis, dans des rétrospectives majeures au musée Saint-Pierre Art Contemporain, à Lyon (1985) et à la Fondazione Marconi de Milan (2005). Forte de sa longue collaboration avec Schifano, celle-ci abrite l’une des plus importantes collections de ses œuvres des années 1960.
Schifano est l’un des principaux représentants de la Scuola di Piazza del Popolo, mouvement éclectique qui éclot à Rome au début des années 1960. Dans une rupture radicale avec l’expressivité fougueuse de l’Arte Informale et loin du dépouillement que prône alors l’Arte Povera, ce groupe de jeunes artistes - parmi lesquels Giosetta Foroni, Tano Festa, Franco Angeli ou Cesare Tacchi - adopte une démarche proche du Nouveau Réalisme français et du Pop Art américain. À la différence de l’esthétique extrêmement léchée du pop, leurs œuvres font toutefois appel aux matériaux les plus hétéroclites et courants de l’environnement urbain. Dans des toiles comme Grande verde, Schifano recouvre ses feuilles colorées d’une couche de colle vinyle: il obtient ainsi une surface plus résistante, légèrement luisante, qui vient intensifier la texture et la brillance de la peinture émaillée. Quant aux imperfections et aux bulles provoquées par le marouflage du papier, Schifano les accueille volontiers. En effet, tant par leur aspect accidenté que par leurs dimensions monumentales, les Monocromi cherchent à résonner avec l’imagerie de la ville contemporaine et notamment l’affichage publicitaire: ou comment répondre par la peinture aux stimulations visuelles de la société de consommation occidentale, parvenues jusqu’en Italie dans l’après-guerre. Peu de temps après, Schifano poussera cette réflexion plus loin encore dans une série de collages sur toiles qui s’approprient et détournent avec ironie les logos de Coca-Cola et d’Esso - synonymes, lira-t-on dans le titre de certaines œuvres, de ‘propagande’.
La carrière de Schifano prend très tôt une envergure internationale grâce au retentissement des Monocromi. À l’occasion d’un voyage à Rome avec son époux en 1960, l’influente galeriste du Pop Art Ileana Sonnabend rencontre le jeune peintre italien par le biais du galeriste Plinio de Martiis. ‘Nous étions venus de New York dans le but de monter des expositions en Europe pour un groupe d’artistes américains parmi lesquels Rauschenberg, Johns, Lichtenstein et Warhol’, se souvient-elle. ‘Mario Schifano s’en démarquait, il nous a paru très original et, en y repensant, on peut dire qu’il a anticipé des tas de choses qui ont découlé du Pop Art, du Minimalisme et de l’Art conceptuel’ (I. Sonnabend, in L. Cherubini, ‘Mario Schifano, “My Childhood Is Now Here Today”’, in Mario Schifano, Monocromi, cat. ex., M & L Fine Art, Londres, 2018, p. 8). À l’instar de Leo Castelli et Sidney Janis, grands défenseurs du Pop Art également, Sonnabend se charge bientôt d’exposer les travaux de Schifano des deux côtés de l’Atlantique. En 1962, l’Italien est notamment invité à participer à l’incontournable International Exhibition of the New Realists à la Sidney Janis Gallery de New York, aux côtés des titans du pop que sont déjà Andy Warhol et Roy Lichtenstein.
‘[Schifano] endosse tout le poids de l’histoire de l’art et du monde moderne… avec une aisance naturelle’.
Brian O’Doherty
Avec leurs matériaux bruts, d’une banalité assumée, les Monocromi subvertissent habilement la portée mystique dont se prévalent les monochromes de certains contemporains de Schifano, comme Yves Klein et Piero Manzoni. ‘Au départ, je peignais avec très peu de couleurs’, expliquera Schifano en 1972, ‘parce que mon travail évoquait l’idée du symbole [de la vie moderne], du panneau, de l’affiche, de mécanismes de la perception, de choses brutes. À mes yeux, peindre c'était partir de quelque chose de profondément primaire… C’était de l’énergie pure… avec rien à l’intérieur, des images vides (M. Schifano, in E. Siciliano, ‘Lui ama Nancy la fotografa’, Il Mondo, 16 novembre 1972). Là où les Achromes de Manzoni se voulaient des surfaces vierges d’une pureté absolue, là où les bleus de Klein cherchaient à incarner l’immatériel et l’extase du ‘néant’, l’expérience visuelle ‘primaire’ des Monocromi puise au contraire son inspiration et sa palette de couleurs dans la réalité concrète de la ville moderne. En mettant à nu toute sa matière, tous les mécanismes de sa fabrication, Grande verde synthétise parfaitement la beauté crue et l’intelligence formelle qui font toute la force de l’art de Schifano.
‘I have tried to work with images that everyone sees or has seen, developing and making their essence, their germinal and primary possibilities emerge’.
Mario Schifano
With its green enamel paint gleaming over a tessellated expanse of canvas-backed paper, Grande verde (1960) is an important work from Mario Schifano’s series of Monocromi (‘Monochromes’). An early example of this ground-breaking series, it is also exceptional for its large scale. These abstract paintings, which Schifano debuted at Galleria la Salita in Rome in 1960, eschewed traditional decorum in favour of media like discarded wrapping paper, bare canvas and industrial pigments, and had a huge impact at a time when figuration dominated the Italian art scene. The present work is composed of thirty-five separate sheets of paper, with subtle ripples and creases formed by their pasting to the canvas. The glossy enamel is applied in haphazard strokes. Exposed nails appear at its unpainted border, and green paint drips down its lower edge; a sketchy black outline peeks out at the upper left. Engaging with the new visual environments of post-war Italy, Schifano’s Monocromi also toyed provocatively with the sublime ideas that surrounded Modernist monochrome painting, establishing the tactile, playful and self-reflexive formal language that would inform his works for the following four decades. In 1974 Grande verde was shown at the Salone delle Scuderie in Pilotta, Parma, in the most important retrospective of the artist’s lifetime. The work has been further exhibited over the half-century since, including in major solo exhibitions at the Musée Saint Pierre Art Contemporain, Lyon (1985) and the Fondazione Marconi, Milan (2005). The latter venue had a close relationship with the artist, and holds one of the most significant collections of his 1960s work.
Schifano was a leading member of the Scuola di Piazza del Popolo, a loose artistic movement that emerged in early-1960s Rome. In a break from the emotive expressions of Arte Informale and in contrast to their Arte Povera contemporaries, these young artists - also including Giosetta Foroni, Tano Festa, Franco Angeli and Cesare Tacchi - took an approach to painting that was in tune with French Nouveau Réalisme and American Pop Art. Distinct from the seductive, seamless surfaces of Pop, their works often articulated the layered textures of the urban environment. In works like Grande verde, Schifano would coat his paper in vinavil glue to create a resistant, slightly glossy surface that amplified the body and gleam of applied enamel paint, and he welcomed the imperfections and bubbles created by the pasted-down paper. Echoing advertising billboards in both scale and materiality, the Monocromi offered a painterly response to the commercial imagery of Western pop culture that had flooded into Italy in the decade after World War II. Soon afterwards, he began to create subversive collage-paintings of the Esso and Coca-Cola logos, which placed their graphic and textual content - he often designated them ‘propaganda’ in his titles - at a wry critical distance.
The Monocromi brought Schifano to international attention early in his career. The influential Pop dealer Ileana Sonnabend visited Rome in 1960 with her husband, and met Schifano there through the gallerist Plinio de Martiis. ‘We had come from New York with the intention of organising exhibitions in Europe for a group of American artists such as Rauschenberg, Johns, Lichtenstein, Warhol as well as several others’, she recalled. ‘We found Mario Schifano to be very different to them, very original and, thinking back, he anticipated a lot of things that would later come after Pop Art, Minimalism and Conceptual Art’ (I. Sonnabend, quoted in L. Cherubini, ‘Mario Schifano, “My Childhood Is Now Here Today”’, in Mario Schifano, Monocromi, exh. cat., M & L Fine Art, London, 2018, p. 8). Sonnabend - as well as fellow Pop magnates Leo Castelli and Sidney Janis – were soon showing Schifano’s work on both sides of the Atlantic. In 1962, he was included in the seminal International Exhibition of the New Realists at Sidney Janis Gallery in New York, alongside such emerging American Pop titans as Andy Warhol and Roy Lichtenstein.
‘[Schifano] takes on the burdens of art history and the modern world… with fluent ease’.
Brian O’Doherty
With their raw, insistently everyday media, the Monocromi subverted the mystical ideas that surrounded the monochromes of Schifano’s contemporaries Yves Klein and Piero Manzoni. ‘At first I used to paint with a very few colours’, Schifano recalled in 1972, ‘because my work expressed the idea of the emblematic, of street signs, of perceptual phenomena, of primal things. I thought that painting meant starting from something absolutely primal... These were signs of energy... With nothing in them, empty images’ (M. Schifano, quoted in E. Siciliano (trans. F. Luino), ‘Lui ama Nancy la fotografa’, Il Mondo, 16 November 1972). Where Manzoni’s Achrome were intended as blank slates of total purity - and Klein’s blues as instances of the ecstatic, immaterial ‘void’ - Schifano’s ‘primal’ visual experience found its origin in the signs and billboards of the modern city. His colour-fields were proudly entangled in the real world. Mapping its own materiality and the mechanics of its construction, Grande verde encapsulates the formal intelligence and tangible beauty that define Schifano’s remarkable body of work.