Jean Fautrier (1898-1964)
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Provenant d'une prestigieuse collection européenne
Jean Fautrier (1898-1964)

Cube de glace

Details
Jean Fautrier (1898-1964)
Cube de glace
signé et daté 'Fautrier 61' (en bas à droite)
technique mixte sur papier marouflé sur toile
89 x 146 cm.
Exécuté en 1961

signed and dated 'Fautrier 61' (lower right)
mixed media on paper laid on canvas
35 x 57 ½ in.
Executed in 1961
Provenance
Gunter Sachs (acquis auprès de l'artiste en 1962); sa vente, Sotheby's, Londres, 22 mai 2012, lot 11.
Collection particulière, Europe.
Galerie Applicat-Prazan, Paris.
Acquis auprès de celle-ci par le propriétaire actuel.
Literature
M. Wasseige, 'La rencontre de deux enragés. Fautrier chez Gianadda', in Arte News, 7 février 2005, No. 16, pp. 36-38 (illustré en couleurs).
O. Letze et M. Buhrs, Die Sammlung Gunter Sachs, cat. ex., Museum Villa Stuck, Munich, 2012 (une vue in situ illustrée, p. 34).
M-J. Lefort, Fautrier, catalogue raisonné de l'œuvre peint, Paris, 2023, no. 1123 (illustré en couleurs, p. 563).
Exhibited
Paris, Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris, Jean Fautrier, avril-mai 1964, no. 78 (titré 'Structures'; dimensions erronées).
Munich, Modern Art Museum, Sammlung Gunter Sachs, septembre-octobre 1967 (titré 'Cubes de glace').
Martigny, Fondation Pierre Gianadda, Jean Fautrier, décembre 2004-mars 2005, p. 209, no. 88 (illustré en couleurs, p. 152).
Leipzig, Museum der Bildenden Künste, Gunter Sachs: Die Kunst ist weiblich, mars-octobre 2008, p. 230 (illustré en couleurs, p. 195).

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Lot Essay

« Tout peut être exprimé avec presque rien ». - Jean Fautrier

Appartenant initialement à l’impressionnante collection du photographe Gunther Sachs – qui comprenait, entre autres, des œuvres importantes de Salvador Dalí, Roy Lichtenstein, René Magritte et Andy Warhol – Cube de glace de Jean Fautrier est une évocation éloquente de l’espace et de la forme. Ce tableau est peint sur un fond à la texture crémeuse ; l’artiste a incisé un cube de fines lignes illuminées par des éclats d’or flamboyants. Cube de glace marque un moment crucial dans la pratique de Fautrier. L’année précédente, son travail avait été présenté à la 30e Biennale de Venise pour lequel il avait reçu le grand prix international avec Hans Hartung. Dans la foulée, Fautrier avait fait l’objet d’expositions au Museo de Arte Contemporaneo de Barcelone et au Moderna Museet de Stockholm. Ce tableau avait également été exposé au musée d’Art moderne de Munich et au Museum der Bildenden Künste de Leipzig.

En raison de son « antipathie autoproclamée pour la peinture à l’huile », Fautrier travaillait horizontalement et sans chevalet (R. Perry, 'Originaux multiples' chez Jean Fautrier 1898-1964, catalogue d’exposition, Harvard University Art Museums, New York, 2002, p. 73). Refusant la pureté du médium, ses matériaux étaient souvent non conventionnels et il incorporait fréquemment une variété de mediums dans ses surfaces composites. Pour peindre Cube de glace, l’artiste a utilisé une pâte constituée de pigment et de sable. Il explique : « Ici, la toile n’est plus qu’un support pour le papier / Le papier épais est recouvert de couches de plâtre parfois épaisses / Le tableau est peint sur ce plâtre humide / Ce plâtre fait parfaitement adhérer la peinture au papier / Il possède la vertu de fixer les couleurs en poudre, les pastels écrasés, la gouache, l’encre, mais aussi la peinture à l’huile / C’est surtout grâce à ces couches de plâtre que le mélange peut être parfaitement réalisé et que la qualité de la matière est atteinte ». (Lettre à J. Paulhan, 29 juin 1942, citée dans 'K. Butler, Fautrier’s First Critics', in ibid, pp. 43-44).

Né à Paris en 1898, Fautrier s’installe en Angleterre à la mort de son père, à l’âge de dix ans. Quatre ans plus tard, il commence à étudier à la Royal Academy de Londres, avant de s’inscrire à la Slade School of Fine Art, où il se passionne pour les œuvres de J. M. W. Turner et ses atmosphères étranges. Bien que la pratique de Fautrier soit souvent associée à celle des artistes informels, lui-même a toujours désavoué cette idée, restant fidèlement attaché au concept de forme tout au long de sa carrière. En effet, le plasticien s’est toujours senti intimement lié au monde réel, représentant des fruits, des fleurs, le ciel, la forêt. Après sa série Otages, qui lui a offert une certaine notoriété, Fautrier concentre ses compositions sur des formes simples, évoquant des natures mortes. Selon Siegfried Gohr, « les peintures de sa maturité ne sont pas tant des représentations d’objets que des équivalents de ceux-ci, de brillants jeux de lignes, de plans, de couleurs et de surfaces, tous à la fois implicites et consommés par la matérialité du pigment ». (S. Gohr, "Fautrier : Through Paint, Alone', in Artforum, New York, septembre 1988, p. 114).

Comme l’a écrit Karen Rosenberg, Fautrier était « un véritable ‘artiste d’artiste’, une figure importante pour Gerhard Richter comme pour d’autres peintres de la nouvelle génération européenne ». (Review: 'Jean Fautrier, Columbia University Wallach Art Gallery, New York, USA', in Frieze 76, Londres, juin 2003). En effet, ses toiles texturées et sa palette de couleurs restreinte anticipent les stratégies employées par des plasticiens tels Cy Twombly, Georg Baselitz ou Anselm Kiefer. Ainsi, une œuvre comme Cube de glace résume admirablement sa vision définitivement moderne du monde.


“Everything may be expressed with almost nothing at all.” - Jean Fautrier

Formerly in the collection of famed photographer Gunther Sachs—whose striking collection included important works by artists such as Salvador Dalí, Roy Lichtenstein, René Magritte, and Andy Warhol, among others—Jean Fautrier’s Cube de glace is an eloquent evocation of space and form. Painted atop a creamy ground, the artist incised the titular cube with thin lines illuminated by blazing flashes of gold. Cube de glace marks a crucial moment in Fautrier’s practice. The year prior, his work was included in the 30th Venice Biennale for which he was awarded the international grand prize along with Hans Hartung. In the wake of this presentation, he had solo exhibitions at the Museo de Arte Contemporaneo, Barcelona, and the Moderna Museet in Stockholm. The painting was included in exhibitions at the Modern Art Museum, Munich, and the Museum der Bildenden Künste, Leipzig, among others.

Owing to Fautrier’s self-proclaimed ‘antipathy’ for oil painting, he worked horizontally and without an easel (R. Perry, ‘The Originaux multiple’, in Jean Fautrier 1898-1964, exhibition catalogue, Harvard University Art Museums, New York, 2002, p. 73). Eschewing the medium’s purity, his materials were often unconventional, and he frequently incorporated a variety of materials into his composite surfaces; Cube de glace was painted using a haute pâte of pigment and sand. As the artist explained, “This is what you want to know: the canvas is now merely a support for the paper. The thick paper is covered with sometimes thick layers of plaster—the picture is painted on this moist plaster—this plaster makes the paint adhere to the paper perfectly—it has the virtue of fixing the colours in powder, crushed pastels, gouache, ink, and also oil paint—it is above all thanks to these coats of plaster that the mixture can be produced so well and the quality of the matter is achieved.” (Letter to J. Paulhan, 29 June 1942, quoted in K. Butler, ‘Fautrier’s First Critics’, in ibid., pp. 43-44.)

Born in Paris in 1898, Fautrier moved to England following the death of his father ten years later. At fourteen, he began studying at London’s Royal Academy before he enrolled himself at the Slade School of Fine Art, where he became fascinated by the works of J. M. W. Turner and his conjured atmospheres. Although Fautrier’s practice is often discussed in relation to informel artists, he always disavowed this association, remaining opposed to the idea of formlessness throughout the entirety of his career. Indeed, he was committed to the real world, depicting fruits, flowers, the sky, the forest. Following his Otages, the works for which the artist is most well-known, Fautrier focused his compositions on single forms, each evocative of a still life. The paintings of his mature practice are ‘not so much representations of objects’ argues Siegfried Gohr, “as equivalents for them, brilliant plays of lines, brilliant plays of lines, planes, colours, and surfaces, all both implicit in and consumed by the materiality of the pigment” (S. Gohr, ‘Fautrier: Through Paint, Alone’, in Artforum, New York, September 1988, p. 114).

As Karen Rosenberg has written, Fautrier was “a true artist's artist, an important figure for Gerhard Richter and others in the next generation of European painters.” (Review:Jean Fautrier, Columbia University Wallach Art Gallery, New York, USA’, in Frieze 76, London, June 2003) Indeed, his textured canvases and restricted colour palette anticipate strategies employed by artists as varied as Cy Twombly, Georg Baselitz and Anselm Kiefer, and in this sense, works such as Cube de glace encapsulate a wholly modern vision of the world.

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