Lot Essay
Nous remercions l'Archivio Gigli, Rome, pour son aimable collaboration à la rédaction du dossier.
Cette saisissante Linea di velocità est emblématique des recherches que Giacomo Balla mène au début de l’aventure futuriste. Ici, un puissant tourbillon de formes se rue et se déchaîne sur l’étendue blanche de la feuille. En quelques traits de fusain enlevés, Balla traduit aux deux dimensions du dessin l’expérience de la vitesse avec une éloquence frappante, utilisant la géométrie comme un outil de représentation sensorielle. Exécuté en 1914, Linea di velocità voit le jour à une période charnière de la carrière de l’artiste durant laquelle il signe, selon Fabio Benzi, des œuvres d’une ‘originalité absolue’ (F. Benzi, ‘Giacomo Balla, Modernity and the Avante Garde’ in Giacomo Balla, Designing the Future, cat. ex., Estorick Collection, Londres, 2017, p. 19).
Inspiré par les idées de Filippo Marinetti, Balla rejoint en 1909 les rangs du futurisme, ce mouvement naissant qui prône un langage artistique capable de répondre au dynamisme, à la fougue et au rythme effréné de la vie moderne. S’étant d’abord évertué à peindre la lumière sous toutes ses formes, à la fin 1912 Balla se tourne vers l’expression plastique de la vitesse. Il étudie notamment le reflet mouvant des phares de voitures sur les vitres des fenêtres: la série ‘des vitesses abstraites’, dont relève Linea di velocità, sont le fruit de ces longues observations. Le choix du modèle, un véhicule motorisé, n’est pas anodin. Dans Le Premier Manifeste du Futurisme, Marinetti avait en effet porté la voiture en triomphe avec cette phrase: ‘Une automobile rugissante, qui a l’air de courir sur de la mitraille, est plus belle que la Victoire de Samothrace’, en allusion à la statue grecque conservée au Louvre (F. Marinetti, ‘First Futurist Manifesto’, in Exhibition of Works by the Italian Futurist Painters, cat. ex., Sackville Gallery, Londres, 1912, n.p.). En se penchant sur les innovations techniques de son époque, Balla invente une esthétique totalement inédite, d’une originalité stupéfiante, pour évoquer la cadence de la modernité. De ses formes géométriques jusque dans son titre, Linea di velocità est profondément empreinte de ces idées qui se déploient ici dans un déferlement puissant de nuances grises. Comme une pulsion, un élan vers l’avenir.
Linea di velocità is a striking example of Giacomo Balla’s Futurist explorations. A potent vortex of forms rush and swell across the white expanse. In gestural charcoal, Balla has evocatively rendered the experience of speed in two-dimensions, using geometry as means of sensorial representation. Executed in 1914, Linea di velocità dates from a key moment in the artist’s practice during which he created works of ‘absolute originality’ (F. Benzi, ‘Giacomo Balla, Modernity and the Avante Garde’ in Giacomo Balla, Designing the Future, exh. cat., Estorick Collection, London, 2017, p. 19).
Inspired by Filippo Marinetti, Balla joined the nascent Futurist movement in 1909, which called for an artistic idiom that responded to the dynamism, restlessness, and vitality wrought by new technologies. Having first endeavoured to depict light itself, at the close of 1912, Balla turned towards representing speed. He spent time studying the reflections of moving vehicles in glass window panes, and these observations led to the ‘abstract speed’ series to which Linea di velocità belongs. That Balla made the automobile his model was apt: in the First Futurist Manifesto, Marinetti had written that ‘a roaring motor-car, which looks as though running on shrapnel, is more beautiful than the Victory of Samothrace’, a reference to the ancient Greek sculpture at the Louvre (F. Marinetti, ‘First Futurist Manifesto’, reprinted in Exhibition of Works by the Italian Futurist Painters, exh. cat., Sackville Gallery, London, 1912, n.p.). In addressing the technological advancements of his era, Balla established a wholly original aesthetic that spoke to the modern world. Such sentiments are echoed in the present work, both in its form and title, Linea di velocità, which together suggest a powerful momentum, a thrust towards the future.
Cette saisissante Linea di velocità est emblématique des recherches que Giacomo Balla mène au début de l’aventure futuriste. Ici, un puissant tourbillon de formes se rue et se déchaîne sur l’étendue blanche de la feuille. En quelques traits de fusain enlevés, Balla traduit aux deux dimensions du dessin l’expérience de la vitesse avec une éloquence frappante, utilisant la géométrie comme un outil de représentation sensorielle. Exécuté en 1914, Linea di velocità voit le jour à une période charnière de la carrière de l’artiste durant laquelle il signe, selon Fabio Benzi, des œuvres d’une ‘originalité absolue’ (F. Benzi, ‘Giacomo Balla, Modernity and the Avante Garde’ in Giacomo Balla, Designing the Future, cat. ex., Estorick Collection, Londres, 2017, p. 19).
Inspiré par les idées de Filippo Marinetti, Balla rejoint en 1909 les rangs du futurisme, ce mouvement naissant qui prône un langage artistique capable de répondre au dynamisme, à la fougue et au rythme effréné de la vie moderne. S’étant d’abord évertué à peindre la lumière sous toutes ses formes, à la fin 1912 Balla se tourne vers l’expression plastique de la vitesse. Il étudie notamment le reflet mouvant des phares de voitures sur les vitres des fenêtres: la série ‘des vitesses abstraites’, dont relève Linea di velocità, sont le fruit de ces longues observations. Le choix du modèle, un véhicule motorisé, n’est pas anodin. Dans Le Premier Manifeste du Futurisme, Marinetti avait en effet porté la voiture en triomphe avec cette phrase: ‘Une automobile rugissante, qui a l’air de courir sur de la mitraille, est plus belle que la Victoire de Samothrace’, en allusion à la statue grecque conservée au Louvre (F. Marinetti, ‘First Futurist Manifesto’, in Exhibition of Works by the Italian Futurist Painters, cat. ex., Sackville Gallery, Londres, 1912, n.p.). En se penchant sur les innovations techniques de son époque, Balla invente une esthétique totalement inédite, d’une originalité stupéfiante, pour évoquer la cadence de la modernité. De ses formes géométriques jusque dans son titre, Linea di velocità est profondément empreinte de ces idées qui se déploient ici dans un déferlement puissant de nuances grises. Comme une pulsion, un élan vers l’avenir.
Linea di velocità is a striking example of Giacomo Balla’s Futurist explorations. A potent vortex of forms rush and swell across the white expanse. In gestural charcoal, Balla has evocatively rendered the experience of speed in two-dimensions, using geometry as means of sensorial representation. Executed in 1914, Linea di velocità dates from a key moment in the artist’s practice during which he created works of ‘absolute originality’ (F. Benzi, ‘Giacomo Balla, Modernity and the Avante Garde’ in Giacomo Balla, Designing the Future, exh. cat., Estorick Collection, London, 2017, p. 19).
Inspired by Filippo Marinetti, Balla joined the nascent Futurist movement in 1909, which called for an artistic idiom that responded to the dynamism, restlessness, and vitality wrought by new technologies. Having first endeavoured to depict light itself, at the close of 1912, Balla turned towards representing speed. He spent time studying the reflections of moving vehicles in glass window panes, and these observations led to the ‘abstract speed’ series to which Linea di velocità belongs. That Balla made the automobile his model was apt: in the First Futurist Manifesto, Marinetti had written that ‘a roaring motor-car, which looks as though running on shrapnel, is more beautiful than the Victory of Samothrace’, a reference to the ancient Greek sculpture at the Louvre (F. Marinetti, ‘First Futurist Manifesto’, reprinted in Exhibition of Works by the Italian Futurist Painters, exh. cat., Sackville Gallery, London, 1912, n.p.). In addressing the technological advancements of his era, Balla established a wholly original aesthetic that spoke to the modern world. Such sentiments are echoed in the present work, both in its form and title, Linea di velocità, which together suggest a powerful momentum, a thrust towards the future.