Provenant de la collection d'un membre de la famille Matisse
Henri Matisse (1869-1954)
Jeannette II
Details
Henri Matisse (1869-1954)
Matisse, H.
Jeannette II
signé des initiales, numéroté et avec le cachet du fondeur 'HM 8/10 C. VALSUANI CIRE PERDUE' (au dos)
bronze à patine brun froncé
Hauteur: 25.4 cm.
Conçu en 1910; cette épreuve fondue en 1958 dans une édition de 11 exemplaires
signed with initials, numbered and stamped with foundry mark ‘HM 8/10 C. VALSUANI CIRE PERDUE’ (at the back)
bronze with dark brown patina
Height: 10 in.
Conceived in 1910; this bronze cast in 1958 in an edition of 11
Matisse, H.
Jeannette II
signé des initiales, numéroté et avec le cachet du fondeur 'HM 8/10 C. VALSUANI CIRE PERDUE' (au dos)
bronze à patine brun froncé
Hauteur: 25.4 cm.
Conçu en 1910; cette épreuve fondue en 1958 dans une édition de 11 exemplaires
signed with initials, numbered and stamped with foundry mark ‘HM 8/10 C. VALSUANI CIRE PERDUE’ (at the back)
bronze with dark brown patina
Height: 10 in.
Conceived in 1910; this bronze cast in 1958 in an edition of 11
Provenance
Atelier de l'artiste.
Pierre Matisse, New York (par descendance).
Puis par descendance au propriétaire actuel.
Pierre Matisse, New York (par descendance).
Puis par descendance au propriétaire actuel.
Literature
C. Duthuit et W. de Guébriant, Henri Matisse, Catalogue raisonné de l'œuvre sculpté, Paris, 1997, p. 142 et 144 (autres épreuves illustrées, p. 142, 143 et 145).
Exhibited
Valencia, Institut Valencià d'Art Modern, Henri Matisse, octobre 2003- janvier 2004, p. 186-187 (illustré en couleurs).
Further Details
« J’ai commencé à travailler avec l’argile pour me reposer de la peinture, avec laquelle j’avais fait tout ce que je pouvais à ce moment-là, expliquait Matisse à Pierre Courthion en 1941. C’était pour mettre de l’ordre dans mes sensations et chercher une méthode qui me convenait vraiment. Quand je l’ai trouvée en sculpture, je l’ai utilisée aussi en peinture »
Henri Matisse, cité dans S. Guilbert, éd., Chatting with Henri Matisse, The Lost 1941 Interview, Los Angeles, 2013, p. 84-85.
Un an après la vente retentissante de Nu couché II, bronze issu de la collection particulière d'un membre de la famille Matisse (Christie’s Paris, 4 avril 2023, lot 26 ; prix réalisé : 4 482 000 €), la maison Christie's a l'honneur de se voir confier une nouvelle sculpture provenant de ce même patrimoine exceptionnel : Jeannette II. Antérieure à Nu couché II, que Matisse avait modelé à la fin des années 1920, Jeannette II s'inscrit dans une suite de cinq bustes féminins conçus entre 1910 et 1913, qui déclinent le même sujet dans des registres distincts. Si chacune de ces cinq versions constitue une sculpture parfaitement autonome, les Jeannette peuvent aussi se lire comme une série d'œuvres interdépendantes reflétant les différentes étapes du cheminement créatif de l'artiste. En ce sens, l'ensemble met à nu les rouages de l'évolution stylistique de Matisse au fil du temps : on y voit en effet se détailler son passage de la figuration à l'abstraction, une préoccupation qui se trouve alors au cœur de la pensée d'avant-garde. Dans un article intitulé ‘Matisse’s Five Jeannettes: An Experiment in Modernism and Abstraction’ (« Les cinq Jeannette de Matisse : une expérience en modernisme et en art abstrait » https://www.hasta-standrews.com/features/2016/10/23/matisses-five-jeannettes-an-experiment-in-modernism-and-abstraction ; 24 octobre 2016), l'historienne de l'art Mercedes Weidmer souligne explicitement que « les Jeannette de Matisse donnent à voir la manière dont un buste de femme glisse progressivement vers l'abstraction » dans la mesure où elles « […] rendent manifestes, une par une, les phases qui mènent à une stylisation toujours plus radicale ».
En 1910, Matisse jouit déjà d'une certaine renommée. Sa carrière de peintre lancée, il se hasarde alors (comme ses contemporains Picasso, Braque ou Miró) dans les trois dimensions de la sculpture pour en explorer la matérialité et les volumes. Selon Weidmer, « Matisse se serait laissé séduire par la sculpture parce qu'elle sortait littéralement ses œuvres de la représentation plane de la toile pour les lâcher dans l'espace réel » (Weidmer, ibid., 2016). Dès le premier buste – le plus réaliste – de Jeannette Vaderin, une voisine convalescente de Matisse à Issy-les-Moulineaux, l'influence d'Auguste Rodin se ressent fortement dans la manipulation de l'argile. Comme son prédécesseur, Matisse se détourne des surfaces lisses de la statuaire classique, au profit d'un modelage beaucoup plus brut qui confère une texture rugueuse à la peau du modèle. Ces irrégularités lui permettent de capter la lumière dans toute sa versatilité, afin de rendre la figure plus dynamique, plus vivante. Tant par son exécution que par son expressivité et sa finition, Jeannette I n'est d'ailleurs pas sans rappeler le buste d'Ève Fairfax, sculpté par Rodin en 1904-1905.
Si Jeannette II demeure relativement naturaliste par rapport aux trois versions qui la succèdent, ici, le visage est déjà sensiblement simplifié et distordu comparé à celui de Jeannette I. Matisse réalise cette deuxième version à partir d'un moulage de la première, qu'il retravaille au couteau, afin d'obtenir un résultat plus cru et des traits volontairement moins délicats. Le nez, les yeux et la bouche ont été grossis et déformés, à tel point que le regard semble désormais absent et l'expression ambigüe. Matisse se montre, pour ainsi dire, davantage intéressé par le style, la texture et la forme de sa sculpture que par son sujet, si bien que le modèle devient de plus en plus méconnaissable de buste en buste, jusqu'à atteindre le comble de la schématisation avec Jeannette V. Le faciès de Jeannette sert ainsi de simple prétexte à une recherche formelle : l'exploration d'un style inédit, qui consiste à dépouiller la figure de tout détail superflu (traits de caractère, attributs, émotions, symboles), pour n'en conserver et n'en souligner que l'essentiel. Comme nombre d'artistes en ce début de XXe siècle, Matisse est par ailleurs fasciné par l'art tribal (il détient d'ailleurs sa propre collection de masques traditionnels) : un intérêt dont témoignent nettement ces cinq Jeannette qui se figent et se déshumanisent d'une œuvre à l'autre. Dans ses notes de fonderie, Matisse parle même du « Masque de Jeannette » pour désigner Jeannette II : preuve, s'il en fallait, de son intention tout à fait consciente de rompre avec les contraintes de la représentation à l'occidentale, pour se tourner vers quelque chose de beaucoup moins figuratif.
Jalon incontournable dans l'évolution de Matisse vers une expression toujours plus abstraite, cette Jeannette II, numérotée 8/10, se distingue par sa qualité muséale évidente. Elle fait partie d'une édition de onze bronzes numérotés de 0/10 à 10/10, parmi lesquels l'exemplaire 2/10 est présentement conservé au Museum of Modern Art de New York et le 4/10 à la Scottish National Gallery of Modern Art d'Édimbourg ; le 5/10 se trouve au Los Angeles County Museum of Art et le 7/10 au Hirshhorn Museum & Sculpture Garden (Smithsonian Institute) de Washington ; quant au 10/10, il est abrité par le Musée Matisse de Nice.
“I took to clay in order to rest from painting, in which I had done absolutely everything I could for the moment,” Matisse explained to Pierre Courthion in 1941. “It was to put my sensations in order and look for a method that really suited me. When I’d found it in sculpture, I used it for painting.”
Henri Matisse, quoted in S. Guilbert, ed., Chatting with Henri Matisse, The Lost 1941 Interview, Los Angeles, 2013, p. 84-85).
Following the highly successful sale of another bronze by Matisse, Nu couché II, also coming from the collection of a member of the Matisse family (Christie’s, Paris, 4 April 2023, lot 26; price realized: € 4,482,000), Christie’s is proud to present a completely different sculpture by Matisse from the same prestigious provenance, Jeannette II. Nu couché II was conceived in the late 1920s, but Jeannette II is part of a series of five versions of Jeannette conceived between 1910 and 1913. Each of these five versions is a sculpture in itself but the succession of the five sculptures can be read as the different steps of the artist’s creative process. To some extent, when looking at the five Jeannettes, one delves into the mechanics of Matisse’s artistic evolution from figurative representation to abstraction, which was at the core of many avant-gardist art trends. In her article titled ‘Matisse’s Five Jeannettes: An Experiment in Modernism and Abstraction’, Mercedes Weidmer (https://www.hasta-standrews.com/features/2016/10/23/matisses-five-jeannettes-an-experiment-in-modernism-and-abstraction; 24 October 2016), the author clearly sums up that ‘Matisse’s Jeannette series demonstrates a progression of a woman’s head increasingly abstracted’, given that ‘the five heads of Jeannette are a literal progression towards increased abstraction, documented in stages’.
By 1910, Matisse was already a well-established painter but like other avant-garde artists such as Picasso, Braque, Miro and others, he ventured into the medium of sculpture, taking advantage of its three-dimensional physical materiality. As Weidmer writes, ‘Matisse would have found sculpture appealing because it literally brought his works out of representation on canvas into real space’ (Weidmer, ibid., 2016). It is clear even from the first Jeannette, which is the most faithful and naturalistic portrayal of Jeannette Vaderin, a young woman who was convalescing near Matisse’s home in 1910, that Matisse was strongly influenced by Auguste Rodin in terms of his approach to sculpture. Like Rodin, Matisse moved away from classical highly polished sculptures, modelling his sitter’s skin with a rough texture. That surface unevenness enabled him to catch the light in different ways and consequently to animate his figures with a certain liveliness. In that way, Jeannette I, is closely related to Rodin’s bust Miss Eve Fairfax of 1904-5 in terms of execution, lively appearance and finishing.
The present lot, Jeannette II, is still relatively naturalistic compared to Jeannette III, IV and V. However, in comparison to Jeannette I, it appears slightly distorted and simplified. Cast from Jeannette I, Matisse reworked Jeannette II with a knife, enabling him to achieve a cruder modeling and intentionally executing it with less subtlety. Indeed, Jeannette’s nose, eyes and mouth have been enlarged and distorted, leaving her with an ambiguous and almost blank expression. In other words, Matisse is more interested in style, texture and form, than in his subject, Jeannette, and in Jeannette V, the sitter is barely recognizable. She is merely used as a pretext for Matisse to experiment a new style, that pushes him to strip bare his model of any extraneous details (attributes, emotion, symbols or narrative), extracting the essentials and emphasizing those features. As many avant-garde artists at the turn of the 20th century, Matisse was also fascinated by tribal art – owning a collection of masks himself - and his increasingly mask-like portraits of Jeannette in this series of five sculptures definitively bears witness to this. In his casting notes, Matisse even referred to Jeannette II as the ‘Jeannette Mask’, proving his consciousness and intention of moving away from European conventional representation to guide him towards abstraction.
Numbered 8/10, Jeannette II is without doubt a museum piece and a ‘brick’ from Matisse’s path towards abstraction. It is part of an edition of 11 casts numbered from 0/10 to 10/10, in which no. 2/10 is at the Museum of Modern Art, New York, no. 4/10 is at the Scottish National Gallery of Modern Art, Edinburgh, no. 5/10 is at the Los Angeles County Museum of Art, no. 7/10 is at the Hirshhorn Museum & Sculpture Garden (Smithsonian Institute) , Washington D.C., and 10/10 is at the Musée Matisse, Nice.
Henri Matisse, cité dans S. Guilbert, éd., Chatting with Henri Matisse, The Lost 1941 Interview, Los Angeles, 2013, p. 84-85.
Un an après la vente retentissante de Nu couché II, bronze issu de la collection particulière d'un membre de la famille Matisse (Christie’s Paris, 4 avril 2023, lot 26 ; prix réalisé : 4 482 000 €), la maison Christie's a l'honneur de se voir confier une nouvelle sculpture provenant de ce même patrimoine exceptionnel : Jeannette II. Antérieure à Nu couché II, que Matisse avait modelé à la fin des années 1920, Jeannette II s'inscrit dans une suite de cinq bustes féminins conçus entre 1910 et 1913, qui déclinent le même sujet dans des registres distincts. Si chacune de ces cinq versions constitue une sculpture parfaitement autonome, les Jeannette peuvent aussi se lire comme une série d'œuvres interdépendantes reflétant les différentes étapes du cheminement créatif de l'artiste. En ce sens, l'ensemble met à nu les rouages de l'évolution stylistique de Matisse au fil du temps : on y voit en effet se détailler son passage de la figuration à l'abstraction, une préoccupation qui se trouve alors au cœur de la pensée d'avant-garde. Dans un article intitulé ‘Matisse’s Five Jeannettes: An Experiment in Modernism and Abstraction’ (« Les cinq Jeannette de Matisse : une expérience en modernisme et en art abstrait » https://www.hasta-standrews.com/features/2016/10/23/matisses-five-jeannettes-an-experiment-in-modernism-and-abstraction ; 24 octobre 2016), l'historienne de l'art Mercedes Weidmer souligne explicitement que « les Jeannette de Matisse donnent à voir la manière dont un buste de femme glisse progressivement vers l'abstraction » dans la mesure où elles « […] rendent manifestes, une par une, les phases qui mènent à une stylisation toujours plus radicale ».
En 1910, Matisse jouit déjà d'une certaine renommée. Sa carrière de peintre lancée, il se hasarde alors (comme ses contemporains Picasso, Braque ou Miró) dans les trois dimensions de la sculpture pour en explorer la matérialité et les volumes. Selon Weidmer, « Matisse se serait laissé séduire par la sculpture parce qu'elle sortait littéralement ses œuvres de la représentation plane de la toile pour les lâcher dans l'espace réel » (Weidmer, ibid., 2016). Dès le premier buste – le plus réaliste – de Jeannette Vaderin, une voisine convalescente de Matisse à Issy-les-Moulineaux, l'influence d'Auguste Rodin se ressent fortement dans la manipulation de l'argile. Comme son prédécesseur, Matisse se détourne des surfaces lisses de la statuaire classique, au profit d'un modelage beaucoup plus brut qui confère une texture rugueuse à la peau du modèle. Ces irrégularités lui permettent de capter la lumière dans toute sa versatilité, afin de rendre la figure plus dynamique, plus vivante. Tant par son exécution que par son expressivité et sa finition, Jeannette I n'est d'ailleurs pas sans rappeler le buste d'Ève Fairfax, sculpté par Rodin en 1904-1905.
Si Jeannette II demeure relativement naturaliste par rapport aux trois versions qui la succèdent, ici, le visage est déjà sensiblement simplifié et distordu comparé à celui de Jeannette I. Matisse réalise cette deuxième version à partir d'un moulage de la première, qu'il retravaille au couteau, afin d'obtenir un résultat plus cru et des traits volontairement moins délicats. Le nez, les yeux et la bouche ont été grossis et déformés, à tel point que le regard semble désormais absent et l'expression ambigüe. Matisse se montre, pour ainsi dire, davantage intéressé par le style, la texture et la forme de sa sculpture que par son sujet, si bien que le modèle devient de plus en plus méconnaissable de buste en buste, jusqu'à atteindre le comble de la schématisation avec Jeannette V. Le faciès de Jeannette sert ainsi de simple prétexte à une recherche formelle : l'exploration d'un style inédit, qui consiste à dépouiller la figure de tout détail superflu (traits de caractère, attributs, émotions, symboles), pour n'en conserver et n'en souligner que l'essentiel. Comme nombre d'artistes en ce début de XXe siècle, Matisse est par ailleurs fasciné par l'art tribal (il détient d'ailleurs sa propre collection de masques traditionnels) : un intérêt dont témoignent nettement ces cinq Jeannette qui se figent et se déshumanisent d'une œuvre à l'autre. Dans ses notes de fonderie, Matisse parle même du « Masque de Jeannette » pour désigner Jeannette II : preuve, s'il en fallait, de son intention tout à fait consciente de rompre avec les contraintes de la représentation à l'occidentale, pour se tourner vers quelque chose de beaucoup moins figuratif.
Jalon incontournable dans l'évolution de Matisse vers une expression toujours plus abstraite, cette Jeannette II, numérotée 8/10, se distingue par sa qualité muséale évidente. Elle fait partie d'une édition de onze bronzes numérotés de 0/10 à 10/10, parmi lesquels l'exemplaire 2/10 est présentement conservé au Museum of Modern Art de New York et le 4/10 à la Scottish National Gallery of Modern Art d'Édimbourg ; le 5/10 se trouve au Los Angeles County Museum of Art et le 7/10 au Hirshhorn Museum & Sculpture Garden (Smithsonian Institute) de Washington ; quant au 10/10, il est abrité par le Musée Matisse de Nice.
“I took to clay in order to rest from painting, in which I had done absolutely everything I could for the moment,” Matisse explained to Pierre Courthion in 1941. “It was to put my sensations in order and look for a method that really suited me. When I’d found it in sculpture, I used it for painting.”
Henri Matisse, quoted in S. Guilbert, ed., Chatting with Henri Matisse, The Lost 1941 Interview, Los Angeles, 2013, p. 84-85).
Following the highly successful sale of another bronze by Matisse, Nu couché II, also coming from the collection of a member of the Matisse family (Christie’s, Paris, 4 April 2023, lot 26; price realized: € 4,482,000), Christie’s is proud to present a completely different sculpture by Matisse from the same prestigious provenance, Jeannette II. Nu couché II was conceived in the late 1920s, but Jeannette II is part of a series of five versions of Jeannette conceived between 1910 and 1913. Each of these five versions is a sculpture in itself but the succession of the five sculptures can be read as the different steps of the artist’s creative process. To some extent, when looking at the five Jeannettes, one delves into the mechanics of Matisse’s artistic evolution from figurative representation to abstraction, which was at the core of many avant-gardist art trends. In her article titled ‘Matisse’s Five Jeannettes: An Experiment in Modernism and Abstraction’, Mercedes Weidmer (https://www.hasta-standrews.com/features/2016/10/23/matisses-five-jeannettes-an-experiment-in-modernism-and-abstraction; 24 October 2016), the author clearly sums up that ‘Matisse’s Jeannette series demonstrates a progression of a woman’s head increasingly abstracted’, given that ‘the five heads of Jeannette are a literal progression towards increased abstraction, documented in stages’.
By 1910, Matisse was already a well-established painter but like other avant-garde artists such as Picasso, Braque, Miro and others, he ventured into the medium of sculpture, taking advantage of its three-dimensional physical materiality. As Weidmer writes, ‘Matisse would have found sculpture appealing because it literally brought his works out of representation on canvas into real space’ (Weidmer, ibid., 2016). It is clear even from the first Jeannette, which is the most faithful and naturalistic portrayal of Jeannette Vaderin, a young woman who was convalescing near Matisse’s home in 1910, that Matisse was strongly influenced by Auguste Rodin in terms of his approach to sculpture. Like Rodin, Matisse moved away from classical highly polished sculptures, modelling his sitter’s skin with a rough texture. That surface unevenness enabled him to catch the light in different ways and consequently to animate his figures with a certain liveliness. In that way, Jeannette I, is closely related to Rodin’s bust Miss Eve Fairfax of 1904-5 in terms of execution, lively appearance and finishing.
The present lot, Jeannette II, is still relatively naturalistic compared to Jeannette III, IV and V. However, in comparison to Jeannette I, it appears slightly distorted and simplified. Cast from Jeannette I, Matisse reworked Jeannette II with a knife, enabling him to achieve a cruder modeling and intentionally executing it with less subtlety. Indeed, Jeannette’s nose, eyes and mouth have been enlarged and distorted, leaving her with an ambiguous and almost blank expression. In other words, Matisse is more interested in style, texture and form, than in his subject, Jeannette, and in Jeannette V, the sitter is barely recognizable. She is merely used as a pretext for Matisse to experiment a new style, that pushes him to strip bare his model of any extraneous details (attributes, emotion, symbols or narrative), extracting the essentials and emphasizing those features. As many avant-garde artists at the turn of the 20th century, Matisse was also fascinated by tribal art – owning a collection of masks himself - and his increasingly mask-like portraits of Jeannette in this series of five sculptures definitively bears witness to this. In his casting notes, Matisse even referred to Jeannette II as the ‘Jeannette Mask’, proving his consciousness and intention of moving away from European conventional representation to guide him towards abstraction.
Numbered 8/10, Jeannette II is without doubt a museum piece and a ‘brick’ from Matisse’s path towards abstraction. It is part of an edition of 11 casts numbered from 0/10 to 10/10, in which no. 2/10 is at the Museum of Modern Art, New York, no. 4/10 is at the Scottish National Gallery of Modern Art, Edinburgh, no. 5/10 is at the Los Angeles County Museum of Art, no. 7/10 is at the Hirshhorn Museum & Sculpture Garden (Smithsonian Institute) , Washington D.C., and 10/10 is at the Musée Matisse, Nice.
Brought to you by
Valérie Didier
Specialist, Head of Sale