Henri Matisse (1869-1954)
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Provenant de la collection d'un membre de la famille Matisse
Henri Matisse (1869-1954)

Vase de fleurs

Details
Henri Matisse (1869-1954)
Matisse, H.
Vase de fleurs
avec le cachet des initiales 'HM.' (en bas à gauche)
huile sur papier fort marouflé sur toile
32.5 x 24.5 cm.
Peint vers 1898-1900

stamped with the initials 'HM.' (lower left)
oil on card laid down on canvas
11 7/8 x 9 ¾ in.
Painted circa 1898-1900
Provenance
Atelier de l'artiste.
Pierre Matisse, New York (par descendance).
Puis par descendance au propriétaire actuel.
Literature
P. Schneider, Matisse, Paris, 1984, p. 46 (illustré en couleurs, p. 47).
Exhibited
Toulouse, Musée d'Art Moderne au Musée Paul-Dupuy et Nice, Galerie des Ponchettes, Matisse, Ajaccio-Toulouse, 1898-1899, Une saison de peinture, octobre 1986-janvier 1987, p. 84, no. 23 (illustré en couleurs, p. 85).
Venise, Museo Correr, Henri Matisse, Matisse et l'Italie, mai-octobre 1987, p. 201, no. P5 (illustré en couleurs, p. 53; daté 'vers 1898-1900').
Taipei, National Museum of History, Matisse, L’émotion du trait, Le don de l’espace, novembre 2002-février 2003, p. 34 (illustré en couleurs).
Saint-Tropez, L'Annonciade, Musée de Saint-Tropez, Éclats du Fauvisme, juin-octobre 2005, p. 85 (illustré en couleurs).
Le Cateau-Cambrésis, Musée Matisse, Devenir Matisse, Ce que les maîtres ont de meilleur, 1890-1911, novembre 2019-février 2020, p. 273, no. 44 (illustré en couleurs).
Corte, Museu di a Corsica, Matisse en Corse, "Un pays merveilleux", 1898, juillet-décembre 2021, p. 169, no. 76 (illustré en couleurs, p. 79).
Further Details
Peint vers 1898-1900, alors qu'Henri Matisse se hisse au rang des figures centrales de l'avant-garde parisienne, ce Vase de fleurs issu de la collection Pierre Matisse annonce certains des partis pris les plus radicaux de son œuvre à venir. Sujet cher à l'artiste du début à la fin de sa carrière, cette nature morte florale frappe par sa spontanéité, ses couleurs vibrantes et ses reliefs, qui viennent modeler les volumes du vase et du bouquet à l'intérieur même de la surface peinte : le geste est vif, la texture riche, la palette d'un éclat et d'une variété extraordinaires. Ensemble, ces prises de risque posent les premiers jalons d'une trajectoire artistique qui conduira, quatre ans plus tard, aux célébrissimes tableaux fauves que Matisse dévoilera au public en 1905. L'année 1898 marque en ce sens un tournant décisif dans le style du peintre : c'est alors qu'il s'affranchit de l'héritage impressionniste pour épouser une facture beaucoup plus libre et des gammes de couleurs audacieuses. Selon John Elderfield, « une fois qu'il décide de s'engager [dans le modernisme], l'art de Matisse évolue rapidement. Au cours d'un séjour prolongé en Corse puis à Toulouse en 1898-1899, il réalise un ensemble important de tableaux aux couleurs arbitraires, très vives, et aux formes éclatées ou fragmentées de façon invraisemblable… Ces toiles 'proto-fauves' révèlent tout le talent de coloriste de Matisse : la virtuosité avec laquelle il manie la couleur, non pas pour traduire la lumière, mais pour la créer » (J. Elderfield, Henri Matisse, A Retrospective, cat. exp., The Museum of Modern Art, New York, 1992, p. 81).
Après leur mariage en janvier 1898, Matisse et sa jeune épouse Amélie Parayre passent leur lune de miel à Londres, essentiellement pour y découvrir l'œuvre de J.M.W. Turner sur les conseils de Camille Pissarro. Au contact des tableaux du Britannique, Matisse découvre une manière totalement inédite d'appréhender la lumière, loin de l'approche impressionniste. En Turner, il voit non seulement les jeux de lumière stupéfiants, mais aussi la manière singulière de susciter une beauté intense et onirique à partir du spectacle de la nature, sans pour autant se soumettre aux contraintes de la représentation. Fort de ces révélations, Matisse se rend quelque temps en Corse pour se consacrer entièrement à sa pratique artistique – une première. « La peinture, fût-elle académique, nourrissait assez mal son homme en ce temps-là, se souvient-il. J'allais être contraint de prendre un autre métier. Je décidai de m’accorder un délai d’un an pendant lequel je voulais, répudiant toute entrave, peindre comme je l’entendais. Je ne travaillais plus que pour moi. J'étais sauvé. » (Henri Matisse, cité dans H. Spurling, The Unknown Matisse, A Life of Henri Matisse, 1869-1908, New York, 1998, vol. 1, p. 159). Palette très nuancée, harmonie de tons, absence de modulation : les œuvres qui ressortent de cette période corse durant laquelle Matisse se coupe du monde témoignent, déjà, d'une maîtrise inégalée de la couleur, préfigurant les aplats sans concession avec lesquels il révolutionnera bientôt la peinture.
Matisse produit un certain nombre de natures mortes durant cette époque charnière. Vase de fleurs en constitue un exemple très abstrait, quoique d'une matérialité prégnante, bien éloigné de son Bouquet, vase chinois de 1901, plus figuratif mais aussi plus épuré (précédemment dans la collection Ann et Gordon Getty ; vendu par Christie’s, New York, 20 octobre 2022, lot 25 ; prix réalisé : 5 100 000 USD). Dans ce dernier, on distingue nettement les différentes fleurs d'un bouquet modeste : chrysanthèmes, renoncules, tournesols ou autres variétés abordables et disponibles en toute saison. Dans Vase de fleurs, en revanche, il est quasiment impossible d'identifier distinctement ne serait-ce que la forme d'un pétale parmi les opulents empâtements qui perlent la surface de la toile. Cette verve expérimentale montre bien à quel point Matisse affine sa vision artistique au tournant du siècle. Comme le souligne Jack Flam, « les natures mortes de cette période se démarquent par la dissonance de leurs couleurs, la vigueur de leur coup de pinceau, et leurs contours souvent appuyés. Les empâtements sont en général assez épais, et des repentirs sont parfois perceptibles » (Matisse, The Man and his Art, 1869-1918, Londres, 1986, p. 102-103).
À ce stade, c'est principalement en Paul Cézanne que Matisse trouve son maître à penser. En 1899, il va même jusqu'à se procurer les Trois baigneuses (circa 1879-82 ; don de Matisse au musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris), chef-d'œuvre qui devient pour Matisse une sorte de talisman. Puisant son inspiration dans les natures mortes de Cézanne, leurs compositions magistrales, leurs tons savamment dosés, il étudie de près le procédé du peintre aixois et la structure de ses œuvres. « Si Cézanne a raison, j'ai raison, déclarera-t-il. Et je savais que Cézanne ne s'était pas trompé » (in op. cit., 1998, p. 250).
Si Matisse a déjà achevé son Vase de fleurs lorsque la galerie Bernheim-Jeune monte en mars 1901 la toute première exposition personnelle de Van Gogh, l'influence du maître hollandais n'en demeure pas moins palpable, elle aussi. À l'encontre du raffinement et de la minutie de Cézanne, ici, la touche frénétique, les empâtements généreux et les couleurs franches du sujet floral témoignent bien de l'influence simultanée de Van Gogh, dont Matisse connaissait notamment les bouquets saisissants d'expressivité. Ce sont ces choix esthétiques, que Matisse ne cessera d'affirmer, de déployer et d'aiguiser au cours des années ultérieures, qui aboutiront aux tableaux exposés dans la polémique « cage au fauve » du Salon d'Automne de 1905.

Previously in the Pierre Matisse collection and painted around 1898-1900, as Henri Matisse was rising to become a central figure of the Parisian avant-garde, Vase de fleurs presciently anticipates some of the most radical aspects of the artist’s oeuvre. A floral still life—one of Matisse’s greatest, perennial themes—is rendered with such a rich palette of vibrant color, applied with thick, lavish brushstrokes and with an unprecedented variety of colors and tones, that model the vase with flowers within the rich painterly surface. Together, these innovative formal characteristics marked the beginning of Matisse’s development towards the notorious Fauve canvases that were first exhibited four years later, in 1905. The year of 1898 marked a discernible shift within Matisse’s style beyond the influences of Impressionism, toward a style steeped in color and a freedom of brushwork. As John Elderfield described: “Once this commitment [to modernism] is made, Matisse’s art rapidly changes. During an extended stay in Corsica and Toulouse in 1898-99, he produced an important group of paintings in high-key arbitrary colors and with un-naturalistically broken or atomized forms… These ‘proto-Fauve’ paintings reveal the nature of Matisse’s genius as a colorist: his using color not to imitate light, but to create it (J. Elderfield, Henri Matisse, A Retrospective, exh. cat., The Museum of Modern Art, New York, 1992, p. 81).
After marrying in January 1898, Matisse and his new bride Amélie Parayre spent their honeymoon in London mainly to view J.M.W. Turner’s paintings on the suggestion of Camille Pissarro. In seeing Turner’s works in person, Matisse found a new appreciation of light and moved away from Impressionism. In Turner, Matisse saw not only light, but a means of creating an intense dreamlike sense of beauty rooted in but not slavishly representing nature. With this newfound discovery, Matisse traveled to Corsica and for the first time devoted himself fully to creating art. “Painting, even supposing it had been academic painting, could barely provide a living in those days. I was going to be forced to take up some other job,” explained Matisse. “I decided to give myself a year off, without impediments, in which I would paint as I wanted to. I no longer worked for anyone but myself. I was saved” (quoted in H. Spurling, The Unknown Matisse: A Life of Henri Matisse, 1869-1908, New York, 1998, vol. 1, p. 159). The works borne out of this period of seclusion with their highly keyed colors, tonal harmony and lack of modulation in the color planes all hint at Matisse’s later revolutionary flattening of the picture plane and firmly establish his unrivaled mastery of color above all else.
Throughout this pivotal period at the turn of the 20th century, Matisse painted a number of floral still-lives, such as the present
Vase de fleurs, which to some extent is very abstract yet composed with a richly textured surface, very different from the highly figural yet more simplified in terms of form Bouquet, vase chinois, previously part of the Ann and Gordon Getty Collection (Christie’s, New York, 20 October 2022, lot 25; price realized: US $ 5,100,000). In the latter, bunches of chrysanthemums, ranunculi, or sunflowers—all relatively inexpensive flowers that were easy to come by at various points of the year—are easily recognizable. In the jewel-like impastos of Vase de fleurs painted in the two years preceding the Getty painting, it is virtually impossible to identify the flowers Matisse depicted here. There is no doubt that at the turn of the century, and as proved by Vase de fleurs, Matisse refined his artistic vision. As Jack Flam has described, ‘The still-lives of this period are notable for the dissonance of their colors, their vigorous brushstrokes, and their extensive use of a drawn contour. The impasto is usually quite thick, and pentimenti are often noticeable’ (Matisse, The Man and his Art, 1869-1918, London, 1986, p. 102-103).
It was above all Paul Cézanne who served as the artist’s great hero at this time. Indeed, Matisse had, in 1899, acquired the Cézanne’s Trois baigneuses (circa 1879-82, gift of Matisse to the Musée de la ville de Paris), which became a kind of talisman for the artist over the years that followed. Looking to the master of Aix’s majestically composed and masterfully colored still-lives, Matisse honed in on the compositional structure of his works, and the process of painting itself. ‘If Cézanne is right, then I am right,’ he once claimed. ‘And I knew that Cézanne had made no mistake’ (quoted in op. cit., 1998, p. 250).
Although the first ever exhibition dedicated to Van Gogh only took place in March 1901 at the Bernheim-Jeune gallery after Vase de fleurs was completed, there is no doubt that Matisse was influenced by some aspects of the Dutch master’s unique style. In contrast to the refinement and meticulousness of Cézanne’s art, the vigorous facture, rich impasto and vibrant colors of Vase de fleurs tells of the simultaneous influence of Van Gogh’s revolutionary painting, in particular his dazzling floral still-lives. These aesthetic characteristics would continue to develop in Matisse’s work for the following years, leading up to the canvases that instigated the great furor when they were shown at the Salon d’Automne in 1905.

Brought to you by

Valérie Didier
Valérie Didier Specialist, Head of Sale

Lot Essay

Georges Matisse a confirmé l’authenticité de cette œuvre.

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