Provenance
Galerie Durand-Ruel, Paris (acquis auprès de l'artiste le 15 juin 1882).
Jules Feder, France (acquis auprès de celle-ci).
Galerie Durand-Ruel, Paris (acquis auprès de celui-ci le 25 juin 1892).
Galerie Durand-Ruel, New York (acquis auprès de celle-ci en novembre 1914).
Arthur Tooth & Sons, Londres (acquis auprès de celle-ci le 8 mai 1937).
Sir Felix Cassel, Londres (acquis auprès de celle-ci le 5 mai 1937).
Arthur Tooth & Sons, Londres (acquis auprès de celui-ci le 26 janvier 1945).
Sir Stephenson Kent, Londres (acquis auprès de celle-ci le 26 juin 1945).
Lady Kent, Londres (par descendance); vente, Me Rheims, Paris, 18 mars 1959, lot 10.
Jean Davray, Paris (avant 1963).
Knœdler & Co., New York (acquis auprès de celui-ci le 30 septembre 1966).
Lila Acheson Wallace, New York (acquis auprès de celle-ci le 9 juin 1969); vente, Sotheby & Co., Londres, 4 décembre 1974, lot 105.
Vente, Mes Loudmer et Poulain, Paris, 6 juin 1978, lot 62.
Acquis au cours de cette vente par la famille du propriétaire actuel.
Literature
D. Cooper, Les Grandes Collection Privées, Paris, 1963, p. 261 (illustré in situ dans le bureau de Jean Davray à Paris).
E. Fezzi, Tout l'œuvre peint de Renoir, Période impressionniste 1869-1883, Paris, 1985, p. 94, no. 111 (illustré).
G.-P. et M. Dauberville, Renoir, Catalogue raisonné des tableaux, pastels, dessins et aquarelles, 1858-1881, Paris, 2007, vol I, p. 191, no. 125 (illustré).
Exhibited
Bâle, Kunsthalle, Catalogue des peintures, dessins, sculptures, gravures et objets d'art décoratif de l'École française contemporaine, mars-avril 1906, p. 41, no. 518.
Barcelone, Ayuntamiento de Barcelona, V Exposición Internacional de Bellas Artes é Industrias Artisticas, 1907, no. 33.
Paris, Galeries Durand-Ruel, Exposition de paysages par Claude Monet et Renoir, mai-juin 1908, no. 68 (daté '1874').
Paris, Galeries Durand-Ruel, Tableaux par Monet, C. Pissarro, Renoir et Sisley, juin 1910, no. 42.
Further Details
Si l'on fête les 150 ans de l'impressionnisme en ce 15 avril 2024, date anniversaire de l'inauguration en 1874 de la première des huit expositions impressionnistes, les débuts du mouvement remontent en réalité à quelques mois plus tôt. Las de voir leurs tableaux refusés d'année en année au Salon officiel, plusieurs artistes dont Claude Monet (1840-1926), Pierre-Auguste Renoir (1841-1919), Alfred Sisley (1839-1899), Camille Pissarro (1830-1903), Edgar Degas (1834-1917), et par la suite Berthe Morisot (1841-1895), décident en effet de fonder en 1873 leur propre association, en vue de monter une exposition indépendante. C'est alors que de la « Société des artistes français » naît la moelle épinière du futur cercle impressionniste : la « Société anonyme des artistes peintres, sculpteurs et graveurs », dont la charte est signée à Argenteuil le 27 décembre de cette année-là.
Située en bord de Seine, Argenteuil se trouve à onze kilomètres au nord-ouest de Paris. À la fin du XIXe siècle, quinze minutes de train suffisent pour rejoindre cette ville de Seine-et-Oise depuis la gare Saint-Lazare (motif privilégié des impressionnistes que Monet peindra, rappelons-le, à douze reprises en 1877). Banlieue industrielle oblige, le paysage urbain d'Argenteuil est constellé de voies ferrées, d'usines, de zones résidentielles, d'infrastructures modernes (dont un pont ferroviaire métallique inauguré en 1863) et de promenades le long des berges : autant de sujets chers aux impressionnistes, réunis en un seul et même lieu. Très appréciée des plaisanciers, Argenteuil avait par ailleurs accueilli en 1867 les courses nautiques de l'Exposition Universelle. Le précurseur de l'impressionnisme Gustave Caillebotte (1848-1894), passionné de voile, y remporta plusieurs régates avant de s'installer dans un pavillon situé au Petit-Gennevilliers, sur la rive d'en face. En l'an 2000, la National Gallery of Art de Washington consacrait toute une exposition aux œuvres réalisées par les figures majeures du mouvement dans ce décor foisonnant (« The Impressionists in Argenteuil », du 28 mai au 20 août 2000) : plus de cinquante toiles y révélaient la gamme phénoménale de sujets inspirés des paysages argenteuillais.
Claude Monet est le premier des impressionnistes à s'établir dans la petite ville du nord-ouest parisien en décembre 1871. Il y reçoit de nombreux membres du groupe, aux côtés desquels il peint volontiers des scènes en plein air : un esprit collectif dont témoignent les représentations du boulevard Héloïse, l'une des artères principales du centre historique, que Monet et Alfred Sisley peignent ensemble lors d'un passage de ce dernier à Argenteuil en 1872. L'année suivante, Renoir se rend à son tour sur les lieux, où il immortalise Monet peignant dans son jardin fleuri, chevalet à l'appui (Wadsworth Atheneum Museum of Art, Hartford, Connecticut). Lors de ce séjour, les deux artistes livrent côte à côte leurs interprétations personnelles de cinq mêmes motifs, dont leurs célèbres visions des Voiliers à Argenteuil ou leurs vues respectives du Petit Bras, dont ce lot donne à voir la version de Renoir. Situé à un kilomètre environ du centre-ville, ce petit affluent de la Seine contourne l'Île Marante, un îlot pratiquement inhabité qui offre depuis le dix-huitième siècle aux citadins en mal de verdure un havre de paix, à l'écart de l'effervescence industrielle d'Argenteuil. Ici, Renoir traduit pleinement l'idée de calme et de silence grâce à une touche duveteuse dont les mouchetures délicates créent une atmosphère paisible, bien éloignée du pinceau plus lourd, plus acéré, qu'emploie Monet dans son Petit Bras de la même année (Musée des Beaux-Arts de Grenoble). Durant ces jours de 1873, Renoir conçoit dans un registre similaire une autre vue de La Seine à Argenteuil qui réside aujourd'hui au Musée d'Orsay, et dont le rendu trouble du paysage produit, là encore, un doux effet de sfumato. Tant par son sujet que par sa manière, Petit Bras de Seine à Argenteuil de Renoir est parfaitement emblématique de ce qui fera l'essence-même de l'impressionnisme, à la veille de son arrivée tonitruante sur la scène artistique parisienne.
As we celebrate the 150th anniversary of Impressionism on 15th April 2024, when the first out of eight Impressionist exhibitions opened on that same day in Paris in 1874, the true date of the creation of the Impressionists as a group actually goes back a few months earlier, in December 1873. Fed up with having their paintings rejected from the annual official Paris Salon, several artists including Claude Monet (1840-1926), Pierre-Auguste Renoir (1841-1919), Alfred Sisley (1839-1899), Camille Pissarro (1830-1903), Edgar Degas (1834-1917), and later Berthe Morisot (1841-1895), joined forces to create their own association, the Société des artistes français, in view of organizing their own exhibition. This group soon became known as the Société anonyme des artistes peintres, sculpteurs et graveurs; its members signed the agreement that crystallized the association in Argenteuil on 27 December 1873.
The town of Argenteuil, located on the banks of the Seine river just outside Paris, eleven kilometers northwest, was a 15-minute train ride from the capital’s Gare Saint-Lazare, one of the Impressionists’ favorite subjects, captured a dozen times by Monet in 1877. A typical suburban town on the outskirts of Paris, Argenteuil’s cityscape was characterized by its railway line, factories, residences, bridges (including a brand new iron railroad bridge over the Seine completed in 1863, that brought trains directly into the city) and river walks, offering a whole range of preferred subjects for the Impressionists. Argenteuil was very renowned for its regattas and in 1867, the city hosted the international sailing competitions of the International Exhibition. Passionate about sailing, Impressionist forerunner Gustave Caillebotte (1848-1894) won several regattas in Argenteuil and would later purchase a house located in the Petit-Gennevilliers, located on the Seine River bank opposite Argenteuil. The National Gallery of Art of Washington D.C. dedicated an entire exhibition to The Impressionists in Argenteuil in 2000 (28 May – 20 August), showcasing over fifty paintings by the leading Impressionists, illustrating the exhaustiveness of subjects to paint emerging from one single place.
Claude Monet was the first Impressionist to settle in Argenteuil in December 1871. He greeted several of his Impressionist peers, often painting the same scene as his visitors. This communal approach can be seen in the renderings of Boulevard Héloïse, one of Argenteuil’s main thoroughfares, that both Monet and Alfred Sisley painted during the latter’s visit to the former in 1872. The following year, Renoir visited Monet, and immortalized his friend standing by his portable easel painting en plein air in the midst of the beautiful flowery garden surrounding his house in Argenteuil (Wadsworth Atheneum Museum of Art, Hartford, Connecticut). In addition, Monet and Renoir painted five pendant views, among them the paired versions of the celebrated Sailboats at Argenteuil, but also the views of the Petit Bras of the Seine River, as depicted in the present lot by Renoir. The Petit Bras is a small tributary of the river separated from the Seine by the Ile Marante, a mile downstream from the town. The little island, barely inhabited, had been an intimate and peaceful retreat for Parisians from the eighteenth century onward, isolated from the bustling industrial town of Argenteuil. Here, Renoir has truly captured the calm ambiance of the scene, a haven of nature, with his very soft atmospheric brushstrokes, a very different approach to Monet’s sharper and heavier brushstrokes that Monet used in his interpretation of Le Petit Bras dated the same year as that of the present work (Grenoble, Musée des Beaux-Arts). Renoir painted another view of the Seine in Argenteuil, using a similar blurry painterly technique also in 1873, which today is housed in the Musée d’Orsay, Paris. Without doubt, in terms of subject and technique, Petit Bras de Seine à Argenteuil by Renoir epitomizes the quintessential features of Impressionism on the eve of the formal birth of that ground-breaking movement.