Victor Servranckx (1897-1965)
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Provenant d'une collection privée française
Victor Servranckx (1897-1965)

Opus 8, Construction mécanique ou L’Usine de papiers peints

Details
Victor Servranckx (1897-1965)
Servranckx, V.
Opus 8, Construction mécanique ou L’Usine de papiers peints
signé et daté ‘1922 SERVRANCKX’ (en bas à gauche); daté et numéroté ‘8-1922.’ (sur le châssis)
huile sur toile
72.3 x 97.7 cm.
Peint en 1922

signed and dated ‘1922 SERVRANCKX’ (lower left); dated and numbered ‘8-1922.’ (on the stretcher)
oil on canvas
28 ½ x 38 ½ in.
Painted in 1922
Provenance
Lucien Pahud, Paris (acquis en 1926 pendant le Salon des Indépendants).
Collection particulière, France (avant les années 1960-70).
Puis par descendance au propriétaire actuel.
Literature
Lettre de l'artiste adressée à Maurice Van Essche, 29 janvier 1923 (AML, inv. no. ML 05528/0006).
Noi, Rivista d'arte futurista, Rome, mai 1923, No. 2, p. 11 (illustré)
Het Overzicht, Anvers, No. 21, avril 1924, p. 143.
E. Agostos, 'Viktor Servrankx, Mérnöki architektùra (Belga)', in Ma, Vienne, No. 3-4, 15 juin 1925, p. 4 (illustré).
De Driehoek, Anvers, No. 4, 1er juillet 1925 (illustré).
Retrospectieve teneoonstelling Victor Servranckx, cat. exp., Hasselt, Provinciaal Begijnhof, 1970 (illustré).
Victor Servranckx et l'art abstrait, cat. exp., Bruxelles, Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, 1989, p. 10 (illustré).
Exhibited
Anvers, Cercle Royal Artistique, Ça Ira, avril-mai 1923, no. 85.
Bruxelles, Galerie Royale, Exposition Victor Servranckx, janvier 1924, no. 22.
Bielefeld, Städtisches Museum, Internationale Ausstellung, Junger Kunst, décembre 1924, no. 34.2 (titré 'Bild 8').
Paris, Palais de Bois, Société des "Artistes Indépendants", Trente-septième exposition, mars-mai 1926, p. 289, no. 3311.
Further Details
"Nous avons été heureux de retrouver chez Servranckx les qualités que nous avons toujours constatées dans son art et qui peuvent se formuler ainsi : originalité, noblesse, style et conscience.
Léonce Rosenberg, in Servranckx, cat. exp., Palais des Beaux-Arts, Bruxelles, 1947.

"Servranckx, l'ami au coeur joyeux, au regard franc. Je vous dis, un jour Servranckx sera plus grand que moi et ses oeuvres auront plus de valeur que les miennes. "
James Ensor

En Belgique, l’abstraction naquit à Anvers et à Bruxelles durant la fin de la Première Guerre mondiale. A cette époque, un groupe d’artistes abstraits travaillait à Bruxelles, comme René Magritte et Pierre-Louis Flouquet. Victor Servranckx y joua un rôle important et deviendra un des plus grand représentant belge de cette conception de l’art plastique abstrait, sa vie durant. Ses œuvres intègrent à la fois des éléments stylisés issus de l’univers de l’industrie et de la mécanique, mais dans leur grande majorité, sont purement abstraites.
Né en 1897 à Diegem, près de Bruxelles, Victor Servranckx réalise ses premières œuvre très tôt, dès 1915. Dès l’âge de 16 ans, le jeune Servranckx s’inscrit à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles où il se formera jusqu’à ses 20 ans et y côtoiera entre autre René Magritte et Pierre-Louis Flouquet. Dès la fin de ses études, en 1917, fort de son talent et de ses rencontres enrichissantes, Servranckx se fait un nom et expose ainsi ses premières œuvres à la Galerie Georges Giroux à Bruxelles, exposition considérée par Michel Seuphor comme la première exposition d’art abstrait en Belgique.
C’est la même année que Victor Servranckx se fait engager comme dessinateur dans l’usine Peeters-Lacroix à Haren, alors reconnue comme l’une des plus grande usine de papier-peints au monde.
En novembre 1921, le jeune Servranckx, est rejoint par René Magritte : les deux artistes travaillent alors cote à cote. Plusieurs papier-peints de Magritte, alors encore peintre abstrait aux couleurs chaudes et aux lignes franches, portent la signature "Emair" transcription phonétique des initiales M.R. pour Magritte, René. Bien que Magritte n'y travaillera qu'une année, la collaboration des deux artistes aura une importance toute particulière sur l’œuvre et les relations des deux amis. La présente œuvre, Opus 8, Construction mécanique ou L’Usine de papiers peints, peinte en 1922, est ainsi une exemple parfait de l’importance de cette collaboration, professionnelle et amicale mais aussi artistique et intellectuelle. Magritte et Servranckx garderont de cette expérience un amitié forte, comme en témoigne notamment la photographie du mariage de Magritte en juin 1922, réunissant une bonne partie de l'avant-garde belge... Cependant, après la lune de miel, le point de rupture théorique se fait jour lorsque Servranckx et Magritte écrivent, courant de l'automne 1922, un pamphlet anti-7 Arts, intitulé L'Art pur, défense de l'esthétique, initialement prévu pour être publié par la maison d'édition anversoise Ca ira !, future cheville ouvrière belge du surréalisme. Le pamphlet, consacré à l'art et à l'architecture et qui se présente comme un manifeste, en reprend pour mieux les tourner en dérision, les grandes lignes défendues par le journal qui, à ce moment-là, commence à paraître régulièrement.
Les deux artistes prendront alors deux chemins bien différents, l’un s’orientant vers le Surréalisme, dont il deviendra le plus important chef de fil belge et l’autre vers le constructivisme et l’abstraction.
Cette période du début des années 1920 est ainsi considérée comme la période la plus importante pour Servranckx, tant sur le plan artistique que théorique. Proche des idées défendues par les puristes, Servranckx devient l’un des premiers artistes en Belgique à s’engager dans la voie de l’abstraction. A la recherche d’un art universel, il a recours à un langage constitué de formes, de volumes, de profils clairs et distincts. Il privilégie la ligne courbe, le cercle et la sphère (contrairement à ses contemporains, membres de De Stijl), et, par souci de lisibilité, s’applique à les rendre avec précision dans leur pureté et leur plénitude. Ses toiles, comme le présent Opus 8, Construction mécanique ou L’Usine de papiers peints, sont alors construite sur des rapports d’opposition, créant une importante tension spatiale au sein de l’ouvre ainsi qu’une sensation de mouvement. Partisans des théories de l'esthétique industrielle, dérivées des futuristes, les sujets dépeignent souvent des usines. Par ailleurs, l’artiste opte pour des titres neutres (Opus, suivi d'un numéro), inscrivant ses œuvres dans l'esprit de l'idée d'un "art collectif".
Deux ans après la réalisation de la présente œuvre, l’art de Servranckx est consacré lors de sa première exposition personnelle à la Galerie Royale de Bruxelles. L’artiste rentre alors rapidement en contact avec les maitres de l’abstraction internationale : Fernand Léger, Marcel Duchamp, Laszlo Moholy-Nagy, Filippo Marinetti. En 1925, Servranckx cesse momentanément de peindre et se consacre à l'architecture et au design dans son studio "Cubist Home". Lorsqu'il reprend la peinture un an plus tard, il s'éloigne du style constructiviste et utilise un mélange de styles très divers dans son œuvre. Son œuvre devient "surréaliste abstraite et cosmique", où des éléments organiques sont combinés à des formes géométriques. Dans ses tableaux visionnaires aux figures biomorphiques, Servranckx expérimente de nouvelles techniques et de nouveaux matériaux. Cependant, après la Seconde Guerre mondiale, Servranckx revient à une abstraction formelle et collabore activement avec une nouvelle génération d'artistes abstraits tels que Jo Delahaut et Paul Van Hoeydonck.
Si la localisation du présent tableau était jusqu'à présent inconnue, son existence ne l'était pas. L’œuvre nous était en effet connue grâce à un dessin préparatoire mais également grâce à de nombreuses publications dans des revues avant-gardistes européennes (Noi à Rome, Ma à Vienne,…), dans lesquelles elle fut illustrées. Véritable redécouverte sur le marché de l’art, Opus 8, Construction mécanique ou L’Usine de papiers peints, constitue ainsi un manifeste de l’abstraction radicale de Servanckx, mais est aussi un témoin du bouillonnement artistique et intellectuel que connait la Belgique et l’Europe de manière plus générale, en ce début des années 1920.


"We were pleased to find in Servranckx the qualities we have always found in his art, which can be summed up as follows: originality, nobility, style and conscience.
Léonce Rosenberg, in Servranckx, exh. cat., Palais des Beaux-Arts, Brussels, 1947.

"Servranckx, the friend with the joyful heart, the frank gaze. I tell you, one day Servranckx will be greater than me and his works will be more valuable than mine. "
James Ensor

In Belgium, abstraction was born in Antwerp and Brussels at the end of the First World War. At that time, a group of abstract artists were working in Brussels, including René Magritte and Pierre-Louis Flouquet. Victor Servranckx played an important role in this group and was to become one of the greatest Belgian exponents of this concept of abstract plastic art throughout his life. His works incorporate stylised elements from the world of industry and mechanics, but for the most part they are purely abstract.
Born in Diegem, near Brussels, in 1897, Victor Servranckx produced his first works at a very early age, in 1915. At the age of 16, the young Servranckx enrolled at the Académie des Beaux-Arts in Brussels, where he studied until he was 20, befriending René Magritte and Pierre-Louis Flouquet, among others. As soon as he finished his studies in 1917, Servranckx made a name for himself, drawing on his talent and his enriching encounters, and exhibited his first works at the Galerie Georges Giroux in Brussels. Art critic Michel Seuphor considered this exhibition as the first exhibition of abstract art to take place in Belgium.
In the same year, Victor Servranckx was hired as a draughtsman at the Peeters-Lacroix factory in Haren, then known as one of the largest wallpaper factories in the world.
In November 1921, the young Servranckx was joined by René Magritte: the two artists worked side by side. Several wallpapers by Magritte, then still an abstract painter using warm colours and drawing clean lines, bear the signature "Emair", a phonetic transcription of the initials M.R. for Magritte, René. Although Magritte only worked there for a year, the collaboration between the two artists had a very special impact on the work and the relationship between the two friends. The present work, Opus 8, Construction mécanique or L'Usine de papiers peints, painted in 1922, is thus a perfect example of the importance of this collaboration, both professional and friendly, but also artistic and intellectual. Magritte and Servranckx retained a strong friendship from this experience, as shown by the photograph of Magritte's wedding in June 1922, which brought together a large part of the Belgian avant-garde... However, after the honeymoon, the theoretical breaking point came in the autumn of 1922 when Servranckx and Magritte wrote an anti-7 Arts pamphlet entitled L'Art pur, défense de, initially intended for publication by the Antwerp publishing house Ca ira! The pamphlet, which was devoted to art and architecture and presented itself as a manifesto, took up and mocked the main lines defended by the newspaper, which was just starting to appear on a regular basis. The two artists took very different paths, one towards Surrealism, of which he became the most important Belgian leader, and the other towards Constructivism and abstraction.
The early 1920s is thus considered to be Servranckx's most important period, both artistically and theoretically. Close to the ideas defended by the purists, Servranckx became one of the first artists in Belgium to embrace abstraction. In his search for a universal art form, he used a language of shapes, volumes and clear, distinct profiles. He favoured the curved line, the circle and the sphere (unlike his contemporaries, members of De Stijl), and, for the sake of legibility, applied himself to rendering them precisely in their purity and fullness. His canvases, such as the present Opus 8, Construction mécanique or L'Usine de papiers peint, are thus built on relationships of opposition, creating a major spatial tension within the work as well as a sensation of movement. A proponent of the theories of industrial aesthetics, derived from the Futurists, the subjects often depict factories. Moreover, the artist opts for neutral titles (Opus, followed by a number), inscribing his works in the spirit of the idea of 'collective art'.
Two years after the creation of the present work, Servranckx's art was widely acclaimed at his first solo exhibition at the Galerie Royale in Brussels. The artist soon came into contact with the masters of international abstraction: Fernand Léger, Marcel Duchamp, Laszlo Moholy-Nagy and Filippo Marinetti. In 1925, Servranckx stopped painting for a while and devoted himself to architecture and design in his "Cubist Home" studio. When he resumed painting a year later, he moved away from the constructivist style and used a mixture of very different styles in his work. His work became "abstract and cosmic surrealism", in which organic elements were combined with geometric forms. In his visionary paintings with biomorphic figures, Servranckx experimented with new techniques and materials. However, after the Second World War, Servranckx returned to formal abstraction and actively collaborated with a new generation of abstract artists such as Jo Delahaut and Paul Van Hoeydonck.
If the location of this painting was unknown until now, its existence was not. Indeed, a preparatory drawing for this painting is recorded, and it is illustrated in several publications in European avant-garde magazines (Noi in Rome, Ma in Vienna, etc.). A true rediscovery on the art market, Opus 8, Construction mécanique or L'Usine de papiers peints is a manifesto of Servanckx's radical abstraction, but it also bears witness to the artistic and intellectual ferment in Belgium and Europe more generally in the early 1920s.

Brought to you by

Léa Bloch
Léa Bloch Specialist, Head of Sale

Lot Essay

Cette œuvre sera incluse dans le Catalogue raisonné de l’œuvre de Victor Servranckx actuellement en préparation par Xavier Tricot.

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