拍品专文
Dominique-Vivant Denon tenait ce tableau pour une oeuvre de Charles Le Brun, premier peintre de Louis XIV. Selon le témoignage de son neveu rapporté dans le catalogue de la vente Girou de Burazeingues, Denon le considérait comme l'un des fleurons de sa collection au point de le placer dans une pièce à part de son appartement qu'il appelait son sanctuaire aux côtés du Gilles de Watteau et d'un Portrait de Femme d'Andrea del Sarto. Après la mort de Denon, le tableau passa deux fois en vente publique et fut exposé quatre fois au XXème siècle comme une oeuvre de Charles Le Brun.
Datée par les spécialistes vers 1680-1690, cette oeuvre revient en réalité à Nicolas de Plattemontagne, un élève et collaborateur de Philippe de Champaigne, fortement influencé par Charles Le Brun, récemment redécouvert et dont on ne connait plus qu'une vingtaine de peintures et une centaine de dessins. Des rapprochements très intéressants ont pu être établis entre des oeuvres de Plattemontagne à l'occasion de la récente exposition du Musée d'Evreux consacrée à l'atelier de Philippe de Champaigne où fut présenté notre tableau. En dehors des canons de personnages, d'une gamme de coloris et d'un traitement du paysage bien particuliers, l'oeuvre de Plattemontagne se distingue par un attachement à l'expression des passions, parfois proche d'une certaine dramatisation.
Le linceul qui flotte en haut de la croix est un intéressant détail iconographique remarqué par Frédérique Lanoë dans le catalogue de l'exposition d'Evreux : 'le fait que Plattemontagne l'ait représenté ici en mouvement donne à son tableau une portée symbolique plus poussée. En effet, la croix s'apparente ainsi plus explicitement à un étendard, l'Etendard de la Croix, auquel saint François de Sales a consacré un traité (Défense de l'Estendart de la saincte Croix de notre Sauveur Jesus-Christ, Lyon, 1600). Le théologien dont les écrits ont eu un impact profond sur la spiritualité du XVIIème siècle, y exprime cette idée dans un chapître intitulé 'De la façon de peindre les croix': 'la croix comporte un traversier...auquel pendoit un voile, comme on fait maintenant en nos gonfanons, pour montrer que c'estoit l'estendart de Jesus-Christ' (F. Lanoë, dans le catalogue d'exposition A l'Ecole de Philippe de Champaigne, Evreux, 2007, p. 164).
André Berne-Jouffroy (1915-2007) qui légua ce tableau à l'UNICEF était un écrivain, critique littéraire et artistique. Collaborateur de la Nouvelle Revue Française, il fut chargé de mission pendant vingt-cinq ans au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris. Son nom reste attaché à de nombreuses expositions dans ce musée (Lam, Matta, Kandinsky, Music, Hartung) ainsi qu'à l'Orangerie (Mondrian) et au Grand Palais (Jean Paulhan). Il fut l'auteur d'un Dossier Caravage paru aux Editions de Minuit en 1959.
Nous remercions Monsieur Dominique Brême et Mademoiselle Frédérique Lanoë pour leur aide à la rédaction de cette notice.
Datée par les spécialistes vers 1680-1690, cette oeuvre revient en réalité à Nicolas de Plattemontagne, un élève et collaborateur de Philippe de Champaigne, fortement influencé par Charles Le Brun, récemment redécouvert et dont on ne connait plus qu'une vingtaine de peintures et une centaine de dessins. Des rapprochements très intéressants ont pu être établis entre des oeuvres de Plattemontagne à l'occasion de la récente exposition du Musée d'Evreux consacrée à l'atelier de Philippe de Champaigne où fut présenté notre tableau. En dehors des canons de personnages, d'une gamme de coloris et d'un traitement du paysage bien particuliers, l'oeuvre de Plattemontagne se distingue par un attachement à l'expression des passions, parfois proche d'une certaine dramatisation.
Le linceul qui flotte en haut de la croix est un intéressant détail iconographique remarqué par Frédérique Lanoë dans le catalogue de l'exposition d'Evreux : 'le fait que Plattemontagne l'ait représenté ici en mouvement donne à son tableau une portée symbolique plus poussée. En effet, la croix s'apparente ainsi plus explicitement à un étendard, l'Etendard de la Croix, auquel saint François de Sales a consacré un traité (Défense de l'Estendart de la saincte Croix de notre Sauveur Jesus-Christ, Lyon, 1600). Le théologien dont les écrits ont eu un impact profond sur la spiritualité du XVIIème siècle, y exprime cette idée dans un chapître intitulé 'De la façon de peindre les croix': 'la croix comporte un traversier...auquel pendoit un voile, comme on fait maintenant en nos gonfanons, pour montrer que c'estoit l'estendart de Jesus-Christ' (F. Lanoë, dans le catalogue d'exposition A l'Ecole de Philippe de Champaigne, Evreux, 2007, p. 164).
André Berne-Jouffroy (1915-2007) qui légua ce tableau à l'UNICEF était un écrivain, critique littéraire et artistique. Collaborateur de la Nouvelle Revue Française, il fut chargé de mission pendant vingt-cinq ans au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris. Son nom reste attaché à de nombreuses expositions dans ce musée (Lam, Matta, Kandinsky, Music, Hartung) ainsi qu'à l'Orangerie (Mondrian) et au Grand Palais (Jean Paulhan). Il fut l'auteur d'un Dossier Caravage paru aux Editions de Minuit en 1959.
Nous remercions Monsieur Dominique Brême et Mademoiselle Frédérique Lanoë pour leur aide à la rédaction de cette notice.