Lot Essay
Depuis la fin du XVIIIème siècle, l'anglophilie était devenue une seconde nature dans la famille d'Orléans. Philippe Egalité, père de Louis-Philippe 1er, fit de nombreux voyages en Grande-Bretagne, pays dont il aurait même rapporté le goût des courses de chevaux. Ses trois fils ayant échappé à la Terreur s'établissent en Grande-Bretagne en 1800, à Twickenham, dans une confortable demeure qui semble leur avoir été prêtée par le duc de Kent, futur père de la reine Victoria. La pension allouée par le gouvernement britannique leur permet d'y mener une vie agréable. Ils y vivront sept ans, jusqu'à la mort du duc de Montpensier en 1807. Louis-Philippe décide alors d'emmener son second frère le comte de Beaujolais, qui commence à montrer des signes de tuberculose, sous des cieux plus cléments. Le climat de Malte ne sera pourtant d'aucune aide, le comte décédant l'année suivante. En 1809, Louis-Philippe, qui est alors le dernier prince de la branche d'Orléans, épouse à Palerme la princesse Marie Amélie des Deux-Siciles. Il en aura dix enfants.
Le lien de la famille avec Twickenham n'est pas pour autant rompu. En 1814, le duc et la duchesse d'Orléans et leurs enfants, ont à peine le temps de s'installer en France lors de la première restauration que, déjà, les 100 jours les contraignent à un nouvel exil. Louis-Philippe retourne à Twickenham avec sa famille, dans la même maison où il vécut avec ses frères. Ils y resteront jusqu'en 1817.
Lorsque, en 1844, il accomplit son premier voyage officiel en Grande-Bretagne, c'est tout naturellement que Louis-Philippe demande à retourner à Twickenham, où plusieurs pages de l'histoire intime de sa famille avaient été écrites. C'est ce retour que Justin Ouvrié décrit dans l'oeuvre présentée ici. Si l'on en croit la légende, la reine Victoria invite Louis-Philippe à admirer un laurier qu'il a planté en cette terre 40 ans plus tôt. On ignore l'identité exacte des deux hommes qui se tiennent derrière les souverains. Le prince Albert de Saxe-Cobourg, époux de la reine Victoria, et le duc de Montpensier, plus jeune fils du roi des Français, sont présents lors de cette visite, mais il semble qu'ils soient plutôt les deux personnages en uniforme, plus à droite de la composition, encadrant une femme qui pourrait être la duchesse de Kent, mère de la reine.
Louis-Philippe, considéré jusque-là comme un usurpateur par bien des cours européennes, perçoit le voyage officiel de Victoria en 1843, suivi du sien à Windsor l'année suivante, comme une véritable reconnaissance internationale. Pour conserver la mémoire de ces deux visites, le roi ordonne donc la construction d'une galerie historique au château d'Eu, située à droite du vestibule d'entrée sur la cour (qui n'existe plus). C'est dans cette galerie, bientôt surnommée la galerie Victoria, que prend place en 1846 le tableau de Justin Ouvrié, achevé en 1845. Il y rejoint entre autres le fameux tableau de Winterhalter, représentant la reine Victoria visitant avec son mari et Louis-Philippe la galerie qui porte son nom, inaugurée par elle en septembre 1845, et aujourd'hui propriété la collection de la reine Elisabeth II.
En 1848, Louis-Philippe est contraint à l'exil et le château d'Eu est abandonné. Lors du retour de la famille d'Orléans après le second Empire, il est attribué au comte de Paris dans les partages familiaux, qui fait appel à Viollet-le-Duc pour en assurer la restauration. Il est décidé que la galerie Victoria, dépouillée de ses tableaux depuis 30 ans, sera détruite. Une grande partie de ceux-ci, envoyés en Angleterre par Louis-Philippe peu avant son départ, seront dispersés dans une vente chez Christie's Londres en 1857, sept ans après la mort du roi. D'autres seront conservés par la famille et seront divisés parmi les huit branches d'héritiers. Le duc de Nemours, deuxième fils du roi, en conservera plusieurs, dont cette oeuvre.
Nous remercions monsieur Vincent Meylan d'avoir rédigé cette notice.
Le lien de la famille avec Twickenham n'est pas pour autant rompu. En 1814, le duc et la duchesse d'Orléans et leurs enfants, ont à peine le temps de s'installer en France lors de la première restauration que, déjà, les 100 jours les contraignent à un nouvel exil. Louis-Philippe retourne à Twickenham avec sa famille, dans la même maison où il vécut avec ses frères. Ils y resteront jusqu'en 1817.
Lorsque, en 1844, il accomplit son premier voyage officiel en Grande-Bretagne, c'est tout naturellement que Louis-Philippe demande à retourner à Twickenham, où plusieurs pages de l'histoire intime de sa famille avaient été écrites. C'est ce retour que Justin Ouvrié décrit dans l'oeuvre présentée ici. Si l'on en croit la légende, la reine Victoria invite Louis-Philippe à admirer un laurier qu'il a planté en cette terre 40 ans plus tôt. On ignore l'identité exacte des deux hommes qui se tiennent derrière les souverains. Le prince Albert de Saxe-Cobourg, époux de la reine Victoria, et le duc de Montpensier, plus jeune fils du roi des Français, sont présents lors de cette visite, mais il semble qu'ils soient plutôt les deux personnages en uniforme, plus à droite de la composition, encadrant une femme qui pourrait être la duchesse de Kent, mère de la reine.
Louis-Philippe, considéré jusque-là comme un usurpateur par bien des cours européennes, perçoit le voyage officiel de Victoria en 1843, suivi du sien à Windsor l'année suivante, comme une véritable reconnaissance internationale. Pour conserver la mémoire de ces deux visites, le roi ordonne donc la construction d'une galerie historique au château d'Eu, située à droite du vestibule d'entrée sur la cour (qui n'existe plus). C'est dans cette galerie, bientôt surnommée la galerie Victoria, que prend place en 1846 le tableau de Justin Ouvrié, achevé en 1845. Il y rejoint entre autres le fameux tableau de Winterhalter, représentant la reine Victoria visitant avec son mari et Louis-Philippe la galerie qui porte son nom, inaugurée par elle en septembre 1845, et aujourd'hui propriété la collection de la reine Elisabeth II.
En 1848, Louis-Philippe est contraint à l'exil et le château d'Eu est abandonné. Lors du retour de la famille d'Orléans après le second Empire, il est attribué au comte de Paris dans les partages familiaux, qui fait appel à Viollet-le-Duc pour en assurer la restauration. Il est décidé que la galerie Victoria, dépouillée de ses tableaux depuis 30 ans, sera détruite. Une grande partie de ceux-ci, envoyés en Angleterre par Louis-Philippe peu avant son départ, seront dispersés dans une vente chez Christie's Londres en 1857, sept ans après la mort du roi. D'autres seront conservés par la famille et seront divisés parmi les huit branches d'héritiers. Le duc de Nemours, deuxième fils du roi, en conservera plusieurs, dont cette oeuvre.
Nous remercions monsieur Vincent Meylan d'avoir rédigé cette notice.