Lot Essay
" Je voulais construire une fille artificielle, aux possibilités anatomiques capables de " rephysiologiser" les vertiges de la passion ".
Hans Bellmer, 1934
Hans Bellmer est assurément l'un des artistes majeurs du mouvement surréaliste. Artiste total et mystérieux, il prend part aux expositions et publications du mouvement dirigé par André Breton dès 1934 après la découverte par celui-ci des clichés de sa poupée mais également grâce à l’enthousiasme d’un Paul Éluard ou d’un George Hugnet. C’est ainsi que les Jeux de la Poupée vont être publiés dans le Cahiers d’Art consacré à l’objet surréaliste en 1936 et dans Minotaure (n°8, juillet 1936). L’année suivante, il expose à la galerie Gradiva dirigée depuis peu par Breton.
Hans Bellmer entame son grand œuvre en 1933 : la création d’une poupée, faite de bois, de plâtre et de pièce de métal, partiellement démembrée, désarticulée et aux formes érotiques. Afin de multiplier les possibilités, il fabrique une seconde poupée, plus malléable et aux membres interchangeables en 1937. C’est cette poupée qui est présentée ici. Hans Bellmer, utilise l’outil photographique pour immortaliser toute la multiplicité de l’aspect de sa poupée. Ainsi l’artiste peut saisir cet étrange personnage dans l’ensemble des positions et des combinaisons possibles dans des mises en scène très variées: sur le sol d’un intérieur, accroché dans un arbre ou encore emmêlé dans la rampe d’un escalier. Cette construction-destruction perpétuelle de son jouet n’aurait pu être immortalisée autrement que par l’intervention de l’appareil photographique.
Ici la poupée, nue, est adossée contre un mur et semble s’appuyer contre le dossier d’une chaise. La rondeur de son ventre, évoquant celui d’une femme qui s’apprête à donner la vie contraste avec la dissimulation partielle de son visage, éteint et enfantin. Les fleurs du papier peint et le nœud dans les cheveux rappellent les motifs favoris des jeunes filles. Le malaise est également intensifié par la contre-plongée : le spectateur se retrouve ainsi prédateur de cette femme-enfant-objet. Jouet aussi familier qu’étrange, cette poupée monstrueuse et obsessionnelle incarne parfaitement la vision surréaliste du corps de la femme entre fascination et révulsion.
I wanted to construct an artificial girl, with anatomical possibilities capable of "rephysiologising" the giddiness of passion ".
Hans Bellmer, 1934
Hans Bellmer was without doubt one of the major artists of the Surrealist movement. A complete and mysterious artist, from 1934 he contributed to the exhibitions and publications of the movement led by André Breton after the latter discovered photographs of his doll, as well as the enthusiasm of a Paul Éluard or George Hugnet. This was how the Games of the Doll came to be published in the issue of Cahiers d’Art devoted to Surrealist Objects in 1936 and in Minotaure (No. 8, July 1936). The following year he exhibited at the Gradiva gallery where Breton had recently taken the reins.
Hans Bellmer began his great work in 1933: creating a doll made of wood, plaster and metal pieces, partly dismembered, disjointed with erotic curves. To increase the possibilities, in 1937 he made a second doll, which was more malleable and had interchangeable limbs. This is the doll presented here. Hans Bellmer used photography to immortalise his doll’s many different looks. Thus the artist was able to capture this strange figure in all possible positions and combinations staged in a great variety of ways: on the floor of an interior, hanging in a tree or even entangled in a stair rail. This perpetual construction-destruction of his toy could only have been immortalised by the camera.
Here, the naked doll is leaning against a wall and seems to be supported against the back of a chair. The roundness of her belly, evoking that of a woman about to give birth, contrasts with the partial concealment of her lifeless and childlike face. The floral wallpaper and bow in her hair recall the favourite motifs of young girls. The unease is intensified by the low angle shot: thus the viewer finds himself a predator of this woman-child-object. A toy as familiar as it is strange, this monstrous and obsessional doll perfectly embodies the surrealist view of the female body, between fascination and revulsion.
Hans Bellmer, 1934
Hans Bellmer est assurément l'un des artistes majeurs du mouvement surréaliste. Artiste total et mystérieux, il prend part aux expositions et publications du mouvement dirigé par André Breton dès 1934 après la découverte par celui-ci des clichés de sa poupée mais également grâce à l’enthousiasme d’un Paul Éluard ou d’un George Hugnet. C’est ainsi que les Jeux de la Poupée vont être publiés dans le Cahiers d’Art consacré à l’objet surréaliste en 1936 et dans Minotaure (n°8, juillet 1936). L’année suivante, il expose à la galerie Gradiva dirigée depuis peu par Breton.
Hans Bellmer entame son grand œuvre en 1933 : la création d’une poupée, faite de bois, de plâtre et de pièce de métal, partiellement démembrée, désarticulée et aux formes érotiques. Afin de multiplier les possibilités, il fabrique une seconde poupée, plus malléable et aux membres interchangeables en 1937. C’est cette poupée qui est présentée ici. Hans Bellmer, utilise l’outil photographique pour immortaliser toute la multiplicité de l’aspect de sa poupée. Ainsi l’artiste peut saisir cet étrange personnage dans l’ensemble des positions et des combinaisons possibles dans des mises en scène très variées: sur le sol d’un intérieur, accroché dans un arbre ou encore emmêlé dans la rampe d’un escalier. Cette construction-destruction perpétuelle de son jouet n’aurait pu être immortalisée autrement que par l’intervention de l’appareil photographique.
Ici la poupée, nue, est adossée contre un mur et semble s’appuyer contre le dossier d’une chaise. La rondeur de son ventre, évoquant celui d’une femme qui s’apprête à donner la vie contraste avec la dissimulation partielle de son visage, éteint et enfantin. Les fleurs du papier peint et le nœud dans les cheveux rappellent les motifs favoris des jeunes filles. Le malaise est également intensifié par la contre-plongée : le spectateur se retrouve ainsi prédateur de cette femme-enfant-objet. Jouet aussi familier qu’étrange, cette poupée monstrueuse et obsessionnelle incarne parfaitement la vision surréaliste du corps de la femme entre fascination et révulsion.
I wanted to construct an artificial girl, with anatomical possibilities capable of "rephysiologising" the giddiness of passion ".
Hans Bellmer, 1934
Hans Bellmer was without doubt one of the major artists of the Surrealist movement. A complete and mysterious artist, from 1934 he contributed to the exhibitions and publications of the movement led by André Breton after the latter discovered photographs of his doll, as well as the enthusiasm of a Paul Éluard or George Hugnet. This was how the Games of the Doll came to be published in the issue of Cahiers d’Art devoted to Surrealist Objects in 1936 and in Minotaure (No. 8, July 1936). The following year he exhibited at the Gradiva gallery where Breton had recently taken the reins.
Hans Bellmer began his great work in 1933: creating a doll made of wood, plaster and metal pieces, partly dismembered, disjointed with erotic curves. To increase the possibilities, in 1937 he made a second doll, which was more malleable and had interchangeable limbs. This is the doll presented here. Hans Bellmer used photography to immortalise his doll’s many different looks. Thus the artist was able to capture this strange figure in all possible positions and combinations staged in a great variety of ways: on the floor of an interior, hanging in a tree or even entangled in a stair rail. This perpetual construction-destruction of his toy could only have been immortalised by the camera.
Here, the naked doll is leaning against a wall and seems to be supported against the back of a chair. The roundness of her belly, evoking that of a woman about to give birth, contrasts with the partial concealment of her lifeless and childlike face. The floral wallpaper and bow in her hair recall the favourite motifs of young girls. The unease is intensified by the low angle shot: thus the viewer finds himself a predator of this woman-child-object. A toy as familiar as it is strange, this monstrous and obsessional doll perfectly embodies the surrealist view of the female body, between fascination and revulsion.