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Jeune fille courant
Details
Joan Miró (1893-1983)
Jeune fille courant
signé 'Miró' (au centre à droite); signé, daté et titré 'JOAN MIRÓ. "jeune fille courant" 22-8-939.' (au revers)
huile sur toile
24.2 x 16.3 cm.
Peint à Varengeville-sur-Mer le 22 août 1939
signed 'Miró' (centre right); signed, dated and titled 'JOAN MIRÓ. "jeune fille courant" 22-8-939.' (on the reverse)
oil on canvas
9 ½ x 6 3/8 in.
Painted in Varengevile-sur-Mer on 22 August 1939
Jeune fille courant
signé 'Miró' (au centre à droite); signé, daté et titré 'JOAN MIRÓ. "jeune fille courant" 22-8-939.' (au revers)
huile sur toile
24.2 x 16.3 cm.
Peint à Varengeville-sur-Mer le 22 août 1939
signed 'Miró' (centre right); signed, dated and titled 'JOAN MIRÓ. "jeune fille courant" 22-8-939.' (on the reverse)
oil on canvas
9 ½ x 6 3/8 in.
Painted in Varengevile-sur-Mer on 22 August 1939
Provenance
Collection particulière, France.
Puis par descendance au propriétaire actuel.
Puis par descendance au propriétaire actuel.
Literature
J. Prévert et G. Ribemont-Dessaignes, Joan Miró, Paris, 1956, p. 145 (illustré).
J. Dupin, Miró, Paris, 1961, p. 524, no. 524 (illustré).
J. Dupin, Miró, Paris, 1993, p. 246, no. 269 (illustré).
J. Dupin et A. Lelong-Mainaud, Joan Miró, Catalogue raisonné, Paintings, 1931-1941, Paris, 2000, vol. II, p. 222, no. 614 (illustré).
J. Dupin, Miró, Paris, 1961, p. 524, no. 524 (illustré).
J. Dupin, Miró, Paris, 1993, p. 246, no. 269 (illustré).
J. Dupin et A. Lelong-Mainaud, Joan Miró, Catalogue raisonné, Paintings, 1931-1941, Paris, 2000, vol. II, p. 222, no. 614 (illustré).
Special Notice
Artist's Resale Right ("droit de Suite").
If the Artist's Resale Right Regulations 2006 apply to this lot, the buyer also agrees to pay us an amount equal to the resale royalty provided for in those Regulations, and we undertake to the buyer to pay such amount to the artist's collection agent.
Further Details
«Le monde extérieur, le monde des événements contemporains, influence toujours le peintre».
J. Miró in Cahiers d’Art, Paris, avril-mai 1939.
Il semblerait que rien n'ait tant bouleversé l'œuvre de Miró que l'épreuve tragique de la Guerre d'Espagne, qui mit sa terre natale à feu et à sang (1936-1939), suivie de la déflagration de la Seconde Guerre mondiale dans le reste de l'Europe. Jeune fille courant est exécutée au comble de cette parenthèse de cinq mois – jour pour jour – entre la fin de la Guerre Civile scellée par la victoire de Francisco Franco le 1er avril 1939, et le déclenchement du conflit international le 1er septembre, avec l'invasion de la Pologne par l'armée hitlérienne. On pourrait y voir un moment de calme avant la tempête. Or Miró, comme la plupart de ses contemporains, sait pertinemment que les événements qui se succèdent en Europe ne font que jeter de l'huile sur une fournaise déjà ardente, prête à exploser à tout moment. Avec son fond «rose framboise» - selon la formule de J. Dupin -, atténué par le brun rugueux de la toile brute, Miró semble invoquer ce vieux dicton: «Ciel rouge le matin, chagrin».
Jeune fille courant est la première d'une séquence de cinq toiles achevée en août 1939, que J. Dupin baptisera Varengeville I, et à laquelle succède un autre ensemble de neuf peintures, plus amples et plus sombres, exécutées sur de la toile de jute en novembre-décembre 1939 et connues sous le nom de Varengeville II. Comme les titres de Dupin l'indiquent, ces deux séries sont réalisées à Varengeville-sur-Mer, charmante bourgade de la côte normande située non loin de Dieppe. En décembre 1936, Miró, son épouse, Pilar, et leur fillette, Maria Dolors, se sont exilés à Paris pour fuir la Guerre Civile. Miró estive à Varengeville-sur-Mer dès 1938, où l'architecte américain Paul Nelson (1895-1979) lui prête une maison ; le Catalan y peindra une fresque pour la salle à manger de son hôte. L'été suivant, en 1939, l'artiste et sa famille retournent au village normand. Ils y louent une demeure, le Clos des Sansonnets, près de l'atelier d'été de Georges Braque. Pris de cours par le déclenchement de la guerre en septembre, les Miró sont contraints de rester sur place jusqu'en mai 1940, avant de se réfugier à Palma de Majorque, à l'abri des attaques aériennes toujours plus fréquentes et de la Wehrmacht qui gagne rapidement du terrain en France. Au cours de ces mois à Varengeville, dans une Europe meurtrie, Miró crée une suite saisissante d'œuvres qui culminera le 21 janvier 1940, avec la conception de la première de ses Constellations (Le Lever du soleil ; Dupin, no. 628), suivie des neuf autres tableaux qui composent cette série très prisée de ses années de guerre. Jeune fille courant inaugure ce cycle de création intense dans le parcours de Miró, lequel aurait alors, selon l'influent critique d'art américain Clement Greenberg, «atteint ce que je conçois comme son apogée à ce jour» (C. Greenberg, Miró, New York, 1948, p. 27).
Peint le 22 août 1939, ce «ciel rouge» de mauvais augure qui enserre la Jeune fille courant devient une menace bien réelle dès le lendemain: le pacte germano-soviétique, ou traité de non-aggression, est signé le 23 août par les ministres des affaires étrangères de Hitler et de Staline – un acte de provocation qui laisse présager l'imminence d'un conflit militaire à échelle européenne. Trois jours plus tard, le gouvernement français décrète la mobilisation générale. Flottant sur ce fond «rose framboise» faussement jovial, d'autres signaux «d'alerte» ont été disséminés sur la toile, savamment imaginés par Miró et imprégnés de son emblématique poésie visuelle. À droite, un soleil noir délavé qui diffuse des rayons d'un noir profond domine la scène. Sur la gauche, un grand personnage semble désespérément vouloir le fuir, poursuivi par une tête rouge, qu'un inquiétant triangle noir paraît pousser vers l'avant. Cette combinaison de symboles peut être lue comme une métaphore de la fuite ; une tentative d'échapper non seulement au Front de l'Ouest, hanté par le spectre de la guerre, mais aussi à ces dirigeants fascistes despotiques qui manipulent et intoxiquent leur peuple. Huit jours après la réalisation de Jeune fille courant, Miró signe L'Oiseau-nocturne (30 août 1939). Cette fois, les pigments noirs envahissent un peu plus la toile, comme pour prendre d'assaut une femme nue, effrayée, en proie à un monstre obscur qui plane au-dessus de la scène et semble prêt à se ruer sur elle. Moins de quarante-huit heures plus tard, le 1er septembre au petit matin, la Luftwaffe bombarde des cibles militaires en Pologne, tandis que les chars allemands franchissent les faibles lignes de défense à la frontière. Le 3 septembre, en vertu de leur traité avec le gouvernement polonais, la Grande Bretagne et la France déclarent la guerre à l'Allemagne, déclenchant ainsi le cataclysme qui ravagera l'Europe pour la deuxième fois en vingt-cinq ans.
Durant les premiers mois de la guerre, hormis quelques raids aériens et de rares offensives terrestres, la France maintient un semblant de calme, confiante dans ses forces armées qui campent derrière les promesses de la ligne Maginot, ce vaste réseau de fortifications que l'on croyait infranchissable, répandu le long du Rhin. De la même manière, Varengeville offre à Miró le réconfort d'un refuge illusoire et éphémère, un « formidable isolement » depuis lequel il peut peindre en toute tranquillité, comme en témoigne Jeune fille courant : "À Varengeville-sur-Mer, en 1939, j'ai entamé une nouvelle étape dans mon travail qui puisait sa source dans la musique et le théâtre», confie-t-il à James Johnson Sweeney en 1948, le commissaire de sa première grande rétrospective à New York. «Je ressentais le désir profond de m'enfuir. Je me suis volontairement renfermé sur moi-même. La musique, la nuit et les étoiles ont commencé à jouer un rôle essentiel, à me suggérer des peintures» (M. Rowell, éd., Joan Miró: Selected Writings and Interviews, Boston, 1986, p. 209).
"The outer world, the world of contemporary events, always has an influence on the painter".
J. Miró, in Cahiers d’Art, Paris, April-May 1939 issue.
Although an obvious statement, the tragic events that unfolded during the Civil War in Miró’s homeland Spain (1936-1939), and in the rest of Europe with the outbreak of the Second World War in 1939 unavoidably and most probably had the strongest impact on Miró’s œuvre. Jeune fille courant was painted precisely at the pinnacle of the transitional period between the end of the Civil War proclaimed by Francisco Franco’s victory on 1st April 1939 and the trigger of the Second World War exactly five months later on 1st September 1939, when Hitler ordered German troops to invade Poland. It was executed in what could seem to be a period of calm before the storm, although in truth, Miró, like most people, knew that the succession of events he was witnessing were piling up on an already burning and threatening furnace, that would inevitably implode and spread. To some extent, characterized by its bright "raspberry pink" background – to use J. Dupin’s description – albeit toned down by the raw canvas’ roughness, Miró seems to allude to the old saying, "red sky at morning: shepherd take warning".
Jeune fille courant is the first canvas of two series of paintings, one of five small works completed in August 1939, labelled Varengeville I by J. Dupin, and the other series comprises of nine slightly larger and darker paintings executed on raw burlap in November-December 1939, known as Varengeville II. As suggested by Dupin’s subtitles, both series were realized in Varengeville-sur-Mer, a picturesque town by the sea in Normandy near Dieppe. Since December 1936, Miró, his wife Pilar and his young daughter Maria Dolors, had settled in Paris, fleeing the Spanish Civil War. Miró spent the summer of 1938 in Varengeville-sur-Mer, where American architect Paul Nelson (1895-1979) had lent him a house for which he painted a mural for his host’s dining room. The following summer in 1939, Miró and his family rented a villa, Clos des Sansonnets in that same town, close to where fellow artist Georges Braque had established his summer studio. Caught by surprise by the outbreak of the war in September 1939, the Mirós were compelled to remain in Varengeville-sur-Mer until May 1940. Then, they were once again forced to move to Palma de Mallorca to escape from the increasing air raids and approaching German forces during the invasion of France. During the months spent in Varengeville, and amidst the atrocities raging through Europe, Miró created an astonishing sequence of works that culminated in the first of the celebrated wartime Constellations on 21 January 1940 (Le Lever du soleil; Dupin, no. 628), followed by nine more (Dupin, nos. 629-637). Jeune fille courant inaugurates this intense period of Miró’s work that influential American critic Clement Greenberg, claimed to have "reached what I consider to be its greatest height so far" (C. Greenberg, Miró, New York, 1948, p. 27).
Painted on 22 August 1939, Miró’s "red-sky warning" in Jeune fille courant becomes a threat the next day: the Molotov-Ribbentrop Pact, or non-aggression treaty, is signed on 23rd August between the German and Soviet foreign ministers, an act of provocation toward an all-out European conflict, signaling that some momentous military undertaking would soon come to pass. And rightly so, as three days later, the French government decreed a general mobilization. Floating on the seemingly pleasant "raspberry-pink" background are other ‘warning’ signs, that Miró ingeniously invents with his signature visual poetry: to the right of the composition, a faded black sun with dark black rays looms over a scene in which the tall figure on the left seems to be desperately running away from it, pursued by a red head that appears to be pushed by a threatening black triangle. Miró’s combination of pictorial symbols could therefore be read as an attempt to flee the western front where war’s darkness looms, and to escape from despotic and fascist leaders who successfully manipulate and brainwash their people. Eight days after painting Jeune fille courant, Miró completed L’Oiseau-nocturne on 30th August 1939, in which the black pigment was given more prominence whilst a panicked naked woman appears to be trapped by the dark monster flying over her head and menacingly charging towards her. Less than forty-eight hours after painting L’Oiseau-nocturne, in the early morning light of 1st September, the German Luftwaffe bombed military targets in Poland, as mechanized armored units overran that nation’s feeble border defenses. On 3rd September, Great Britain and France, under treaty with the Polish government, declared war on Germany, striking the beginning of a second cataclysmic conflict in the space of twenty-five years, that would quickly engulf Europe.
During the first months of the war in France, apart from a few air raids and limited ground incursions, the western front actually remained relatively quiet. The French military felt secure in the strength of their Maginot line, a vast network of supposedly impregnable fortresses that faced the Rhine. Varengeville likewise provided for Miró at least a temporary sense of refuge, a "splendid isolation" from events of the day, in which he could paint, as beautifully represented in Jeune fille courant: At Varengeville-sur-Mer, in 1939, I began a new stage in my work which had its source in music and nature," the artist explained in 1948 to James Johnson Sweeney, curator of his first major retrospective exhibition in New York "I felt a deep desire to escape. I closed myself within myself purposely. The night, music, and the stars began to play a major role in suggesting my paintings".
(M. Rowell, ed., Joan Miró: Selected Writings and Interviews, Boston, 1986, p. 209).
J. Miró in Cahiers d’Art, Paris, avril-mai 1939.
Il semblerait que rien n'ait tant bouleversé l'œuvre de Miró que l'épreuve tragique de la Guerre d'Espagne, qui mit sa terre natale à feu et à sang (1936-1939), suivie de la déflagration de la Seconde Guerre mondiale dans le reste de l'Europe. Jeune fille courant est exécutée au comble de cette parenthèse de cinq mois – jour pour jour – entre la fin de la Guerre Civile scellée par la victoire de Francisco Franco le 1er avril 1939, et le déclenchement du conflit international le 1er septembre, avec l'invasion de la Pologne par l'armée hitlérienne. On pourrait y voir un moment de calme avant la tempête. Or Miró, comme la plupart de ses contemporains, sait pertinemment que les événements qui se succèdent en Europe ne font que jeter de l'huile sur une fournaise déjà ardente, prête à exploser à tout moment. Avec son fond «rose framboise» - selon la formule de J. Dupin -, atténué par le brun rugueux de la toile brute, Miró semble invoquer ce vieux dicton: «Ciel rouge le matin, chagrin».
Jeune fille courant est la première d'une séquence de cinq toiles achevée en août 1939, que J. Dupin baptisera Varengeville I, et à laquelle succède un autre ensemble de neuf peintures, plus amples et plus sombres, exécutées sur de la toile de jute en novembre-décembre 1939 et connues sous le nom de Varengeville II. Comme les titres de Dupin l'indiquent, ces deux séries sont réalisées à Varengeville-sur-Mer, charmante bourgade de la côte normande située non loin de Dieppe. En décembre 1936, Miró, son épouse, Pilar, et leur fillette, Maria Dolors, se sont exilés à Paris pour fuir la Guerre Civile. Miró estive à Varengeville-sur-Mer dès 1938, où l'architecte américain Paul Nelson (1895-1979) lui prête une maison ; le Catalan y peindra une fresque pour la salle à manger de son hôte. L'été suivant, en 1939, l'artiste et sa famille retournent au village normand. Ils y louent une demeure, le Clos des Sansonnets, près de l'atelier d'été de Georges Braque. Pris de cours par le déclenchement de la guerre en septembre, les Miró sont contraints de rester sur place jusqu'en mai 1940, avant de se réfugier à Palma de Majorque, à l'abri des attaques aériennes toujours plus fréquentes et de la Wehrmacht qui gagne rapidement du terrain en France. Au cours de ces mois à Varengeville, dans une Europe meurtrie, Miró crée une suite saisissante d'œuvres qui culminera le 21 janvier 1940, avec la conception de la première de ses Constellations (Le Lever du soleil ; Dupin, no. 628), suivie des neuf autres tableaux qui composent cette série très prisée de ses années de guerre. Jeune fille courant inaugure ce cycle de création intense dans le parcours de Miró, lequel aurait alors, selon l'influent critique d'art américain Clement Greenberg, «atteint ce que je conçois comme son apogée à ce jour» (C. Greenberg, Miró, New York, 1948, p. 27).
Peint le 22 août 1939, ce «ciel rouge» de mauvais augure qui enserre la Jeune fille courant devient une menace bien réelle dès le lendemain: le pacte germano-soviétique, ou traité de non-aggression, est signé le 23 août par les ministres des affaires étrangères de Hitler et de Staline – un acte de provocation qui laisse présager l'imminence d'un conflit militaire à échelle européenne. Trois jours plus tard, le gouvernement français décrète la mobilisation générale. Flottant sur ce fond «rose framboise» faussement jovial, d'autres signaux «d'alerte» ont été disséminés sur la toile, savamment imaginés par Miró et imprégnés de son emblématique poésie visuelle. À droite, un soleil noir délavé qui diffuse des rayons d'un noir profond domine la scène. Sur la gauche, un grand personnage semble désespérément vouloir le fuir, poursuivi par une tête rouge, qu'un inquiétant triangle noir paraît pousser vers l'avant. Cette combinaison de symboles peut être lue comme une métaphore de la fuite ; une tentative d'échapper non seulement au Front de l'Ouest, hanté par le spectre de la guerre, mais aussi à ces dirigeants fascistes despotiques qui manipulent et intoxiquent leur peuple. Huit jours après la réalisation de Jeune fille courant, Miró signe L'Oiseau-nocturne (30 août 1939). Cette fois, les pigments noirs envahissent un peu plus la toile, comme pour prendre d'assaut une femme nue, effrayée, en proie à un monstre obscur qui plane au-dessus de la scène et semble prêt à se ruer sur elle. Moins de quarante-huit heures plus tard, le 1er septembre au petit matin, la Luftwaffe bombarde des cibles militaires en Pologne, tandis que les chars allemands franchissent les faibles lignes de défense à la frontière. Le 3 septembre, en vertu de leur traité avec le gouvernement polonais, la Grande Bretagne et la France déclarent la guerre à l'Allemagne, déclenchant ainsi le cataclysme qui ravagera l'Europe pour la deuxième fois en vingt-cinq ans.
Durant les premiers mois de la guerre, hormis quelques raids aériens et de rares offensives terrestres, la France maintient un semblant de calme, confiante dans ses forces armées qui campent derrière les promesses de la ligne Maginot, ce vaste réseau de fortifications que l'on croyait infranchissable, répandu le long du Rhin. De la même manière, Varengeville offre à Miró le réconfort d'un refuge illusoire et éphémère, un « formidable isolement » depuis lequel il peut peindre en toute tranquillité, comme en témoigne Jeune fille courant : "À Varengeville-sur-Mer, en 1939, j'ai entamé une nouvelle étape dans mon travail qui puisait sa source dans la musique et le théâtre», confie-t-il à James Johnson Sweeney en 1948, le commissaire de sa première grande rétrospective à New York. «Je ressentais le désir profond de m'enfuir. Je me suis volontairement renfermé sur moi-même. La musique, la nuit et les étoiles ont commencé à jouer un rôle essentiel, à me suggérer des peintures» (M. Rowell, éd., Joan Miró: Selected Writings and Interviews, Boston, 1986, p. 209).
"The outer world, the world of contemporary events, always has an influence on the painter".
J. Miró, in Cahiers d’Art, Paris, April-May 1939 issue.
Although an obvious statement, the tragic events that unfolded during the Civil War in Miró’s homeland Spain (1936-1939), and in the rest of Europe with the outbreak of the Second World War in 1939 unavoidably and most probably had the strongest impact on Miró’s œuvre. Jeune fille courant was painted precisely at the pinnacle of the transitional period between the end of the Civil War proclaimed by Francisco Franco’s victory on 1st April 1939 and the trigger of the Second World War exactly five months later on 1st September 1939, when Hitler ordered German troops to invade Poland. It was executed in what could seem to be a period of calm before the storm, although in truth, Miró, like most people, knew that the succession of events he was witnessing were piling up on an already burning and threatening furnace, that would inevitably implode and spread. To some extent, characterized by its bright "raspberry pink" background – to use J. Dupin’s description – albeit toned down by the raw canvas’ roughness, Miró seems to allude to the old saying, "red sky at morning: shepherd take warning".
Jeune fille courant is the first canvas of two series of paintings, one of five small works completed in August 1939, labelled Varengeville I by J. Dupin, and the other series comprises of nine slightly larger and darker paintings executed on raw burlap in November-December 1939, known as Varengeville II. As suggested by Dupin’s subtitles, both series were realized in Varengeville-sur-Mer, a picturesque town by the sea in Normandy near Dieppe. Since December 1936, Miró, his wife Pilar and his young daughter Maria Dolors, had settled in Paris, fleeing the Spanish Civil War. Miró spent the summer of 1938 in Varengeville-sur-Mer, where American architect Paul Nelson (1895-1979) had lent him a house for which he painted a mural for his host’s dining room. The following summer in 1939, Miró and his family rented a villa, Clos des Sansonnets in that same town, close to where fellow artist Georges Braque had established his summer studio. Caught by surprise by the outbreak of the war in September 1939, the Mirós were compelled to remain in Varengeville-sur-Mer until May 1940. Then, they were once again forced to move to Palma de Mallorca to escape from the increasing air raids and approaching German forces during the invasion of France. During the months spent in Varengeville, and amidst the atrocities raging through Europe, Miró created an astonishing sequence of works that culminated in the first of the celebrated wartime Constellations on 21 January 1940 (Le Lever du soleil; Dupin, no. 628), followed by nine more (Dupin, nos. 629-637). Jeune fille courant inaugurates this intense period of Miró’s work that influential American critic Clement Greenberg, claimed to have "reached what I consider to be its greatest height so far" (C. Greenberg, Miró, New York, 1948, p. 27).
Painted on 22 August 1939, Miró’s "red-sky warning" in Jeune fille courant becomes a threat the next day: the Molotov-Ribbentrop Pact, or non-aggression treaty, is signed on 23rd August between the German and Soviet foreign ministers, an act of provocation toward an all-out European conflict, signaling that some momentous military undertaking would soon come to pass. And rightly so, as three days later, the French government decreed a general mobilization. Floating on the seemingly pleasant "raspberry-pink" background are other ‘warning’ signs, that Miró ingeniously invents with his signature visual poetry: to the right of the composition, a faded black sun with dark black rays looms over a scene in which the tall figure on the left seems to be desperately running away from it, pursued by a red head that appears to be pushed by a threatening black triangle. Miró’s combination of pictorial symbols could therefore be read as an attempt to flee the western front where war’s darkness looms, and to escape from despotic and fascist leaders who successfully manipulate and brainwash their people. Eight days after painting Jeune fille courant, Miró completed L’Oiseau-nocturne on 30th August 1939, in which the black pigment was given more prominence whilst a panicked naked woman appears to be trapped by the dark monster flying over her head and menacingly charging towards her. Less than forty-eight hours after painting L’Oiseau-nocturne, in the early morning light of 1st September, the German Luftwaffe bombed military targets in Poland, as mechanized armored units overran that nation’s feeble border defenses. On 3rd September, Great Britain and France, under treaty with the Polish government, declared war on Germany, striking the beginning of a second cataclysmic conflict in the space of twenty-five years, that would quickly engulf Europe.
During the first months of the war in France, apart from a few air raids and limited ground incursions, the western front actually remained relatively quiet. The French military felt secure in the strength of their Maginot line, a vast network of supposedly impregnable fortresses that faced the Rhine. Varengeville likewise provided for Miró at least a temporary sense of refuge, a "splendid isolation" from events of the day, in which he could paint, as beautifully represented in Jeune fille courant: At Varengeville-sur-Mer, in 1939, I began a new stage in my work which had its source in music and nature," the artist explained in 1948 to James Johnson Sweeney, curator of his first major retrospective exhibition in New York "I felt a deep desire to escape. I closed myself within myself purposely. The night, music, and the stars began to play a major role in suggesting my paintings".
(M. Rowell, ed., Joan Miró: Selected Writings and Interviews, Boston, 1986, p. 209).
Brought to you by
Antoine Lebouteiller