GILLIS CLAEISSENS (BRUGES 1526-1605)
GILLIS CLAEISSENS (BRUGES 1526-1605)

Portrait d’une femme noble

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GILLIS CLAEISSENS (BRUGES 1526-1605)
Portrait d’une femme noble
huile sur panneau
30,5 x 22 cm. (12 x 8 5/8 in.)
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GILLIS CLAEISSENS, PORTRAIT OF A NOBLEWOMAN, OIL ON PANEL

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Astrid Centner
Astrid Centner

Lot Essay

C’est la redécouverte d’un document d’archives en 2009, puis l’identification de son monogramme en 2015, qui ont permis la reconstitution du corpus de portraits de Gillis Claeissens, révélant un talent parmi les plus singuliers dans la seconde moitié du XVIe siècle. Ses œuvres constituaient la partie la plus surprenante et séduisante de l’exposition organisée au Groeningenmuseum en 2017, Pieter Pourbus et les maîtres oubliés qui visait à dresser un panorama complet de la peinture à Bruges à la Renaissance et à réaffirmer l’importance de la famille Claeissens.

Gillis est le deuxième fils de Pieter I Claeissens (1499/1500-1576), peintre d’histoire et portraitiste, et de Marie Meese (1513-vers 1586), et petit-fils du peintre Alard Claeissens. Il se forma sans doute auprès de son père, mais bénéficiait certainement de l’enseignement de Pieter Pourbus, qui engagea son frère cadet Antoon en 1570. Gillis fut admis à la maîtrise le 18 octobre 1566, mais travaillait encore dans l’atelier de son père quatre ans plus tard. Il fut membre du conseil de la corporation (vinder) en 1570, 1572 (son père était alors doyen) et 1584, puis doyen à trois reprises. Contrairement à ses frères, Antoot et Pieter II, successivement peintres officiels du Magistrat de Bruges, Gillis semble avoir peu travaillé pour la ville. Il eut en revanche une belle carrière de peintre de cour, n’ayant pas hésité à quitter sa ville natale pour s’établir pendant un temps à Bruxelles. Depuis 1589 au moins, il fut le peintre en titre d’Alexandre Farnèse, puis entra au service des archiducs Albert et Isabelle.

L’essentiel de l’œuvre de Gillis Claeissens est constitué de portraits de petit format avec une présentation solennelle aux genoux et une exécution minutieuse et virtuose, à mi-chemin entre la peinture et la miniature. La clientèle de l’artiste était composée de l’aristocratie flamande de Bruges, de Cambrai, de Gand et de Bruxelles, même si en l’absence d’armoiries, il est impossible de nommer ses modèles. C’est le cas de la jeune femme de notre portrait au tendre regard brun. Dans son habit à le mode de la toute fin des années 1560, les éléments typiquement flamands comme les mancherons bouffants et les manches en mousseline transparente se mêlent aux influences françaises – l’escoffion orné de pierreries – et habsbourgeoises – col montant et boutons. La bague à son doigt permet de supposer un portrait de mariage, probablement un pendant à celui de son époux, aujourd’hui difficile à retrouver (peut-être Chantilly, musée Condé, inv. PE 584).

La manière éminemment personnelle de Claeissens se reconnaît sans peine dans notre panneau : les mains aux doigts fins et étirés cernés de contours bruns, les carnations chaudes formées de traits courts qui épousent les courbes, les ombres transparentes et minces, les contours estompés, le regard profond des yeux légèrement agrandis aux iris limpides et qui ne laisse jamais le spectateur de se perdre dans la contemplation des détails vestimentaires. L’artiste maîtrise parfaitement l’art délicat de retranscrire les matières et saisir les plus petits détails avec une justesse incroyable, que ce soit les broderies du col ou les transparences des ongles rendus avec subtilité et maestria par la superposition de glacis.

Nous remercions Alexandra Zvereva d'avoir confirmé l'attribution de notre tableau à Gillis Claeissens et d'avoir rédigé cette notice.

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