Lot Essay
« Jean Dubuffet dépouille sa tunique d’adorateur du sol. Finie la période d’austérité […], place au Janus joueur et théâtral, danseur et hurleur ». - Max Loreau
“Jean Dubuffet strips off his tunic as a soil worshiper. Gone is the period of austerity [...], replaced by the playful and theatrical Janus, dancer and screamer.” - Max Loreau
En mars 1962, lorsqu’il réalise Personnage et paysage, Jean Dubuffet vit depuis près d’un an à la cadence folle de Paris Circus. De retour en ville, il en a terminé avec l’austérité des années 1950 passées essentiellement à Vence. Finie l’exploration des sols et des matières, oubliées les teintes brunes, ocres ou grises. La folle énergie de la capitale imprime désormais sa marque à chacune de ses œuvres : palette haute en couleurs, trait vif et enlevé, scènes de rue où fourmillent des passants affairés. Les Légendes constituent la dernière étape de ce cycle décisif. Si les personnages des premières œuvres de Paris Circus tranchaient de façon nette avec l’arrière-plan, ceux des Légendes semblent se fondre dans une sorte de magma urbain de moins en moins identifiable, anticipant l’abolition des perspectives et le all-over de l’Hourloupe, qui émergera quelques mois tard. Ainsi que le résume Max Loreau, « les Légendes sont nées du grouillement indistinct des façades et vitrines. ». En utilisant la même déclinaison de tons particulièrement vifs pour le premier et l’arrière-plan (seul le découpage cellulaire venant délimiter les contours du visage et du corps), Dubuffet donne ici à voir un personnage tout entier au diapason de la vibration de la ville. Sa présence, tremblante et hypnotique, est accentuée par une pose en léger déséquilibre, comme s’il apparaissait là de façon fugitive, saisi par l’artiste à la volée.
In March 1962, when he produces Personnage et paysage, Jean Dubuffet has been living for almost a year at the mad pace of Paris Circus. Back in the city, he is finished with the austerity of the 1950s spent mainly in Vence. The exploration of soils and materials is over, the brown, ochre and grey overtones are forgotten. The mad energy of the capital now leaves its mark on each of his works: a colourful palette, lively and spirited lines, street scenes teeming with busy passers-by. Légendes is the last stage of this decisive cycle. While the characters in the first works of Paris Circus stand out clearly against the background, those in Légendes seem to melt into a sort of urban magma that is less and less identifiable, anticipating the abolition of perspective and the all-over of Hourloupe, which emerges a few months later. As Max Loreau sums up: “Légendes stems from the indistinct swarming of facades and shop windows.” By using the same particularly vivid tones for the foreground and background (only the cellular cut-out delimits the contours of the face and body), Dubuffet gives us here a character entirely in tune with the vibration of the city. His trembling and hypnotic presence is accentuated by a slightly unbalanced pose, as if he appeared there fleetingly, seized by the artist on the fly.
“Jean Dubuffet strips off his tunic as a soil worshiper. Gone is the period of austerity [...], replaced by the playful and theatrical Janus, dancer and screamer.” - Max Loreau
En mars 1962, lorsqu’il réalise Personnage et paysage, Jean Dubuffet vit depuis près d’un an à la cadence folle de Paris Circus. De retour en ville, il en a terminé avec l’austérité des années 1950 passées essentiellement à Vence. Finie l’exploration des sols et des matières, oubliées les teintes brunes, ocres ou grises. La folle énergie de la capitale imprime désormais sa marque à chacune de ses œuvres : palette haute en couleurs, trait vif et enlevé, scènes de rue où fourmillent des passants affairés. Les Légendes constituent la dernière étape de ce cycle décisif. Si les personnages des premières œuvres de Paris Circus tranchaient de façon nette avec l’arrière-plan, ceux des Légendes semblent se fondre dans une sorte de magma urbain de moins en moins identifiable, anticipant l’abolition des perspectives et le all-over de l’Hourloupe, qui émergera quelques mois tard. Ainsi que le résume Max Loreau, « les Légendes sont nées du grouillement indistinct des façades et vitrines. ». En utilisant la même déclinaison de tons particulièrement vifs pour le premier et l’arrière-plan (seul le découpage cellulaire venant délimiter les contours du visage et du corps), Dubuffet donne ici à voir un personnage tout entier au diapason de la vibration de la ville. Sa présence, tremblante et hypnotique, est accentuée par une pose en léger déséquilibre, comme s’il apparaissait là de façon fugitive, saisi par l’artiste à la volée.
In March 1962, when he produces Personnage et paysage, Jean Dubuffet has been living for almost a year at the mad pace of Paris Circus. Back in the city, he is finished with the austerity of the 1950s spent mainly in Vence. The exploration of soils and materials is over, the brown, ochre and grey overtones are forgotten. The mad energy of the capital now leaves its mark on each of his works: a colourful palette, lively and spirited lines, street scenes teeming with busy passers-by. Légendes is the last stage of this decisive cycle. While the characters in the first works of Paris Circus stand out clearly against the background, those in Légendes seem to melt into a sort of urban magma that is less and less identifiable, anticipating the abolition of perspective and the all-over of Hourloupe, which emerges a few months later. As Max Loreau sums up: “Légendes stems from the indistinct swarming of facades and shop windows.” By using the same particularly vivid tones for the foreground and background (only the cellular cut-out delimits the contours of the face and body), Dubuffet gives us here a character entirely in tune with the vibration of the city. His trembling and hypnotic presence is accentuated by a slightly unbalanced pose, as if he appeared there fleetingly, seized by the artist on the fly.