Lot Essay
« Pour moi une forme n’est jamais quelque chose d’abstrait ; elle est toujours le signe de quelque chose. C’est toujours un homme, un oiseau ou quelque chose d’autre. Pour moi, la peinture, ça n’est jamais la forme pour la forme »
Joan Miró cité in M. Rowell, éd., Joan Miró, Écrits et entretiens, Paris, 1995, p. 228.
"A form for me is never something abstract; it is always the sign of something. It is always a man, a bird or something else. For me, painting is never form for form's sake"
Joan Miró quoted in M. Rowell, éd., Joan Miró, Écrits et entretiens, Paris, 1995, p. 228.
Bien qu’il dessine depuis sa tendre enfance – son premier dessin connu date de 1901, alors qu’il n’a que huit ans –, ce n’est qu’à partir des années 1920 que Joan Miró rompt véritablement avec le réalisme de ses premières œuvres pour épouser le surréalisme. Dès 1924, il cherche en effet dans sa pratique de nouvelles formes d’expression et ses œuvres en subissent un changement radical, marqué par l'onirisme et la schématisation des formes qui feront par la suite son succès.
En 1935, Miró commence à titrer ses dessins qui auparavant n’étaient désignées que par un descriptif le plus souvent tiré de ses Carnets. Le présent dessin, L’Homme et l’oiseau, fut exécuté le 21 août 1935, une période charnière du point de vue des expérimentations de l’artiste liées aux œuvres sur papier. L'artiste catalan utilise alors de nouvelles techniques comme de la poudre de pastel ou du papier de verre qu’il combine avec de l’encre de Chine et parfois des collages. « Je travaille souvent avec mes doigts. Je ressens le besoin de plonger dans la réalité physique de l’encre, de la couleur ; je dois en être sali de la tête aux pieds. Quand je fais des lithographies ou des eaux-fortes, je place des feuilles de papier à côté de la plaque et je nettoie mes pinceaux dessus [...]. Une couleur, un matériau, un outil : il existe toujours une possibilité qu’ils m’amènent quelque part. Les surréalistes ont décrété la mort de la peinture ; je veux l’assassiner » (J. Miró cité in Joan Miró, A Retrospective, cat. exp., Solomon R. Guggenheim Museum, New York, 1987, p. 51).
Réalisée alors que Miró réside à Montroig en Catalogne, la présente gouache fait partie d’une série qu’il exécute au cours de l’été 1935, les œuvres étant caractérisées par des compositions abstraites où les formes flottent sur un fond coloré. Sur un fond orange, gris et vert, Miró introduit ici un personnage masculin dialoguant avec un petit oiseau rouge, bleu et noir. Son unique œil jaune et son pénis – duquel des secrétions sont visibles – témoignent de l'état psychologique de l’artiste dont le subconscient était alors habité par des monstres, prémices de la guerre d’Espagne. Jacques Dupin écrivait à ce sujet en anglais : « [les] gouaches réalisées au cours de l'été 1935 nous ont montré comment Miró était parfois surpris et submergé par les images de terreur qui le poursuivaient alors... Nous avons vu aussi comment il réussissait parfois, par la force de la volonté ou par la ruse, à les chasser ou à s'en libérer…» (J. Dupin, Miró, New York, 1993, p. 285).
Although he drew from his earliest childhood – his first known drawing dated from 1901, when he was just 8 years old – it was only in the 1920s that Joan Miró truly broke with the realism of his first works to embrace surrealism. Starting in 1924, he began looking for new forms of expression in his practice and his works underwent a radical change, characterised by dream-like forms and their schematisation, that later made him a success.
In 1935, Miró began titling his drawings which until then had only been designated with descriptions (usually taken from his Carnets). The drawing at hand, L’Homme et l’oiseau, was created on 21 August 1935, a pivotal period in the artist's experimentations linked to works on paper. The Catalan artist used new techniques such as pastel powder and sandpaper in combination with India ink and, sometimes, collage. "I often work with my fingers. I feel the need to dive into the physical reality of the ink, the colour; I must be soiled with it from head to toe. When I make lithographs or etchings, I set sheets of paper next to the plate and I clean my brushes on it [...]. A colour, a material, a tool: there is always a possibility that they take me somewhere. The surrealists called for the death of painting; I want to murder it" (J. Miró quoted in Joan Miró, A Retrospective, exh. cat., Solomon R. Guggenheim Museum, New York, 1987, p. 51).
Created when Miró was living in Montroig, Catalonia, this gouache is part of a series he produced during the summer of 1935. The works are characterised by abstract compositions in which the shapes float against a coloured backdrop. On an orange, grey and green background, Miró introduces here a masculine figure in dialogue with a small bird that is red, blue and black. His solitary yellow eye and his penis – the secretions of which are visible – attest to the psychological state of the artist, whose subconscious was inhabited by monsters, the beginnings of the Spanish Civil War. Jacques Dupin wrote on this topic in English: "[the] gouaches produced in the summer of 1935 showed us how Miró was sometimes surprised and overcome by the images of terror that haunted him at the time... We have also seen how he sometimes succeeded, by force of will or by cunning, in driving them away or freeing himself from them..." (J. Dupin, Miró, New York, 1993, p. 285).
Joan Miró cité in M. Rowell, éd., Joan Miró, Écrits et entretiens, Paris, 1995, p. 228.
"A form for me is never something abstract; it is always the sign of something. It is always a man, a bird or something else. For me, painting is never form for form's sake"
Joan Miró quoted in M. Rowell, éd., Joan Miró, Écrits et entretiens, Paris, 1995, p. 228.
Bien qu’il dessine depuis sa tendre enfance – son premier dessin connu date de 1901, alors qu’il n’a que huit ans –, ce n’est qu’à partir des années 1920 que Joan Miró rompt véritablement avec le réalisme de ses premières œuvres pour épouser le surréalisme. Dès 1924, il cherche en effet dans sa pratique de nouvelles formes d’expression et ses œuvres en subissent un changement radical, marqué par l'onirisme et la schématisation des formes qui feront par la suite son succès.
En 1935, Miró commence à titrer ses dessins qui auparavant n’étaient désignées que par un descriptif le plus souvent tiré de ses Carnets. Le présent dessin, L’Homme et l’oiseau, fut exécuté le 21 août 1935, une période charnière du point de vue des expérimentations de l’artiste liées aux œuvres sur papier. L'artiste catalan utilise alors de nouvelles techniques comme de la poudre de pastel ou du papier de verre qu’il combine avec de l’encre de Chine et parfois des collages. « Je travaille souvent avec mes doigts. Je ressens le besoin de plonger dans la réalité physique de l’encre, de la couleur ; je dois en être sali de la tête aux pieds. Quand je fais des lithographies ou des eaux-fortes, je place des feuilles de papier à côté de la plaque et je nettoie mes pinceaux dessus [...]. Une couleur, un matériau, un outil : il existe toujours une possibilité qu’ils m’amènent quelque part. Les surréalistes ont décrété la mort de la peinture ; je veux l’assassiner » (J. Miró cité in Joan Miró, A Retrospective, cat. exp., Solomon R. Guggenheim Museum, New York, 1987, p. 51).
Réalisée alors que Miró réside à Montroig en Catalogne, la présente gouache fait partie d’une série qu’il exécute au cours de l’été 1935, les œuvres étant caractérisées par des compositions abstraites où les formes flottent sur un fond coloré. Sur un fond orange, gris et vert, Miró introduit ici un personnage masculin dialoguant avec un petit oiseau rouge, bleu et noir. Son unique œil jaune et son pénis – duquel des secrétions sont visibles – témoignent de l'état psychologique de l’artiste dont le subconscient était alors habité par des monstres, prémices de la guerre d’Espagne. Jacques Dupin écrivait à ce sujet en anglais : « [les] gouaches réalisées au cours de l'été 1935 nous ont montré comment Miró était parfois surpris et submergé par les images de terreur qui le poursuivaient alors... Nous avons vu aussi comment il réussissait parfois, par la force de la volonté ou par la ruse, à les chasser ou à s'en libérer…» (J. Dupin, Miró, New York, 1993, p. 285).
Although he drew from his earliest childhood – his first known drawing dated from 1901, when he was just 8 years old – it was only in the 1920s that Joan Miró truly broke with the realism of his first works to embrace surrealism. Starting in 1924, he began looking for new forms of expression in his practice and his works underwent a radical change, characterised by dream-like forms and their schematisation, that later made him a success.
In 1935, Miró began titling his drawings which until then had only been designated with descriptions (usually taken from his Carnets). The drawing at hand, L’Homme et l’oiseau, was created on 21 August 1935, a pivotal period in the artist's experimentations linked to works on paper. The Catalan artist used new techniques such as pastel powder and sandpaper in combination with India ink and, sometimes, collage. "I often work with my fingers. I feel the need to dive into the physical reality of the ink, the colour; I must be soiled with it from head to toe. When I make lithographs or etchings, I set sheets of paper next to the plate and I clean my brushes on it [...]. A colour, a material, a tool: there is always a possibility that they take me somewhere. The surrealists called for the death of painting; I want to murder it" (J. Miró quoted in Joan Miró, A Retrospective, exh. cat., Solomon R. Guggenheim Museum, New York, 1987, p. 51).
Created when Miró was living in Montroig, Catalonia, this gouache is part of a series he produced during the summer of 1935. The works are characterised by abstract compositions in which the shapes float against a coloured backdrop. On an orange, grey and green background, Miró introduces here a masculine figure in dialogue with a small bird that is red, blue and black. His solitary yellow eye and his penis – the secretions of which are visible – attest to the psychological state of the artist, whose subconscious was inhabited by monsters, the beginnings of the Spanish Civil War. Jacques Dupin wrote on this topic in English: "[the] gouaches produced in the summer of 1935 showed us how Miró was sometimes surprised and overcome by the images of terror that haunted him at the time... We have also seen how he sometimes succeeded, by force of will or by cunning, in driving them away or freeing himself from them..." (J. Dupin, Miró, New York, 1993, p. 285).