Lot Essay
Les pois sont, depuis toujours, l’obsession de Yayoi Kusama. Depuis près de six décennies, ils ont envahi son monde intérieur et son art. Pour Kusama, ces minuscules formes répétitives reflètent l’infinité de l’univers. « Notre terre n’est qu’un pois parmi un million d’étoiles dans le cosmos », déclarait-elle en 1968. « Les pois sont un chemin vers l’infini ». [1]
Dans DOTS-OBSESSION [QZBA] (2007), le vaste champ de pois blancs illustre parfaitement cette idée. Telle une constellation dans le ciel nocturne, le spectacle semble pouvoir se poursuivre à l’infini. Réalisée en 2007, l’œuvre appartient à une série éponyme. Les installations Dots Obsession de l’artiste, commencées en 1996, consistent en des ballons recouverts de pois. Dans les peintures appartenant à cette série, ses cercles pâles semblent flotter dans l’espace, comme illuminés par l’obscurité.
Ces œuvres sont étroitement liées à la série des « Infinity Nets ». Kusama a exposé ces peintures pour la première fois peu après son arrivée à New York en 1957. Elles lui ont valu ensuite le succès en Europe. Les années que l’artiste a passées aux États-Unis ont été marquées par de grands bouleversements émotionnels, et l’acte répétitif de peindre lui a permis d’apaiser sa douleur. Dans les « Infinity Nets », les pois apparaissent dans les espaces laissés entre les réseaux entremêlés de la peinture. La présente œuvre s’appuie sur les surfaces all-over de ces compositions, rappelant les premiers liens de Kusama avec le minimalisme et l’expressionnisme abstrait.
Kusama a traversé une enfance difficile et a commencé à avoir des visions dès l’âge de dix ans. « Mon art naît d’hallucinations que je suis la seule à voir », explique-t-elle. « Je traduis les hallucinations et les images obsessionnelles qui me tourmentent en sculptures et en peintures ». [2] Plus tard, on a diagnostiqué chez elle un trouble obsessionnel compulsif – elle se qualifie d'ailleurs elle-même comme une « artiste obsessionnelle ».
Lors d’une interview réalisée en 1998, l’artiste Damien Hirst a demandé à Kusama de décrire son premier souvenir. « Je suis née sur des hauts plateaux », a-t-elle répondu. « Je me souviens des belles étoiles la nuit. Elles étaient si belles que j’avais l’impression que le ciel me tombait dessus ». [3] Dans DOTS-OBSESSION [QZBA], il semble que ce souvenir perdure.
[1] Y. Kusama, citée dans “Naked Self-Obliteration: Interview with Jud Yalkut”, dans The New York Free Press & West Side News, New York, 15 février 1968.
[2] Y. Kusama, en conversation avec G. Turner, dans BOMB, New York, 1er janvier 1999.
[3] Y. Kusama, citée dans “Across the Water: Interview avec Damien Hirst”, dans Yayoi Kusama: Now, catalogue d’exposition, Robert Miller Gallery, New York, 1998, p. 14.
Dots are Yayoi Kusama’s obsession. For almost six decades, polka dots have consumed her world—and her art. For Kusama, these tiny repetitive forms reflect the boundlessness of the universe. “Our earth is only one polka dot among a million stars in the cosmos’', she said in 1968. ‘'Polka dots are a way to infinity”. [1]
In DOTS-OBSESSION [QZBA] (2007), Kusama’s vast field of white dots demonstrates this idea. Like a constellation in the night sky, the spectacle seems as though it might continue endlessly. Executed in 2007, the work belongs to a series of the same title. Kusama’s Dots Obsession installations, begun in 1996, consist of polka-dot-covered balloons. In the associated paintings, her pale orbs seem to float in space, illuminated against the darkness.
These works are closely related to Kusama’s celebrated “Infinity Nets”. She first showed these paintings shortly after her arrival in New York in 1957. They subsequently brought her success in Europe. Kusama’s years in America were defined by great emotional turmoil, and the repetitive act of painting eased her pain. In the “Infinity Nets”, the polka dots arose from the gaps between looping webs of paint. The present work builds upon the all-over surfaces of these compositions, recalling Kusama’s early links with Minimalism and Abstract Expressionism.
Kusama had a troubled childhood, and began experiencing visions at the age of ten. “My art originates from hallucinations only I can see,” she explains. “I translate the hallucinations and obsessional images that plague me into sculptures and paintings.” [2] Kusama was later diagnosed with obsessive compulsive disorder. She calls herself an “obsessional artist.”
In an interview of 1998, the artist Damien Hirst asked Kusama to describe her earliest memory. “I was born on highlands,” she replied. “I remember the beautiful stars at night. They were so beautiful I felt the sky was falling upon me.” [3] In DOTS-OBSESSION [QZBA], the recollection lives on.
[1] Y. Kusama, quoted in "Naked Self-Obliteration: Interview with Jud Yalkut", in The New York Free Press & West Side News, New York, 15 February 1968.
[2] Y. Kusama, in conversation with G. Turner, in BOMB, New York, 1 January 1999.
[3] Y. Kusama, quoted in "Across the Water: Interview with Damien Hirst", in Yayoi Kusama: Now, exhibition catalog, Robert Miller Gallery, New York, 1998, p. 14.
Dans DOTS-OBSESSION [QZBA] (2007), le vaste champ de pois blancs illustre parfaitement cette idée. Telle une constellation dans le ciel nocturne, le spectacle semble pouvoir se poursuivre à l’infini. Réalisée en 2007, l’œuvre appartient à une série éponyme. Les installations Dots Obsession de l’artiste, commencées en 1996, consistent en des ballons recouverts de pois. Dans les peintures appartenant à cette série, ses cercles pâles semblent flotter dans l’espace, comme illuminés par l’obscurité.
Ces œuvres sont étroitement liées à la série des « Infinity Nets ». Kusama a exposé ces peintures pour la première fois peu après son arrivée à New York en 1957. Elles lui ont valu ensuite le succès en Europe. Les années que l’artiste a passées aux États-Unis ont été marquées par de grands bouleversements émotionnels, et l’acte répétitif de peindre lui a permis d’apaiser sa douleur. Dans les « Infinity Nets », les pois apparaissent dans les espaces laissés entre les réseaux entremêlés de la peinture. La présente œuvre s’appuie sur les surfaces all-over de ces compositions, rappelant les premiers liens de Kusama avec le minimalisme et l’expressionnisme abstrait.
Kusama a traversé une enfance difficile et a commencé à avoir des visions dès l’âge de dix ans. « Mon art naît d’hallucinations que je suis la seule à voir », explique-t-elle. « Je traduis les hallucinations et les images obsessionnelles qui me tourmentent en sculptures et en peintures ». [2] Plus tard, on a diagnostiqué chez elle un trouble obsessionnel compulsif – elle se qualifie d'ailleurs elle-même comme une « artiste obsessionnelle ».
Lors d’une interview réalisée en 1998, l’artiste Damien Hirst a demandé à Kusama de décrire son premier souvenir. « Je suis née sur des hauts plateaux », a-t-elle répondu. « Je me souviens des belles étoiles la nuit. Elles étaient si belles que j’avais l’impression que le ciel me tombait dessus ». [3] Dans DOTS-OBSESSION [QZBA], il semble que ce souvenir perdure.
[1] Y. Kusama, citée dans “Naked Self-Obliteration: Interview with Jud Yalkut”, dans The New York Free Press & West Side News, New York, 15 février 1968.
[2] Y. Kusama, en conversation avec G. Turner, dans BOMB, New York, 1er janvier 1999.
[3] Y. Kusama, citée dans “Across the Water: Interview avec Damien Hirst”, dans Yayoi Kusama: Now, catalogue d’exposition, Robert Miller Gallery, New York, 1998, p. 14.
Dots are Yayoi Kusama’s obsession. For almost six decades, polka dots have consumed her world—and her art. For Kusama, these tiny repetitive forms reflect the boundlessness of the universe. “Our earth is only one polka dot among a million stars in the cosmos’', she said in 1968. ‘'Polka dots are a way to infinity”. [1]
In DOTS-OBSESSION [QZBA] (2007), Kusama’s vast field of white dots demonstrates this idea. Like a constellation in the night sky, the spectacle seems as though it might continue endlessly. Executed in 2007, the work belongs to a series of the same title. Kusama’s Dots Obsession installations, begun in 1996, consist of polka-dot-covered balloons. In the associated paintings, her pale orbs seem to float in space, illuminated against the darkness.
These works are closely related to Kusama’s celebrated “Infinity Nets”. She first showed these paintings shortly after her arrival in New York in 1957. They subsequently brought her success in Europe. Kusama’s years in America were defined by great emotional turmoil, and the repetitive act of painting eased her pain. In the “Infinity Nets”, the polka dots arose from the gaps between looping webs of paint. The present work builds upon the all-over surfaces of these compositions, recalling Kusama’s early links with Minimalism and Abstract Expressionism.
Kusama had a troubled childhood, and began experiencing visions at the age of ten. “My art originates from hallucinations only I can see,” she explains. “I translate the hallucinations and obsessional images that plague me into sculptures and paintings.” [2] Kusama was later diagnosed with obsessive compulsive disorder. She calls herself an “obsessional artist.”
In an interview of 1998, the artist Damien Hirst asked Kusama to describe her earliest memory. “I was born on highlands,” she replied. “I remember the beautiful stars at night. They were so beautiful I felt the sky was falling upon me.” [3] In DOTS-OBSESSION [QZBA], the recollection lives on.
[1] Y. Kusama, quoted in "Naked Self-Obliteration: Interview with Jud Yalkut", in The New York Free Press & West Side News, New York, 15 February 1968.
[2] Y. Kusama, in conversation with G. Turner, in BOMB, New York, 1 January 1999.
[3] Y. Kusama, quoted in "Across the Water: Interview with Damien Hirst", in Yayoi Kusama: Now, exhibition catalog, Robert Miller Gallery, New York, 1998, p. 14.