PAIRE DE MEUBLES A HAUTEUR D'APPUI D'EPOQUE LOUIS XVI
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PAIRE DE MEUBLES A HAUTEUR D'APPUI D'EPOQUE LOUIS XVI

VERS 1780, ESTAMPILLES D’ETIENNE LEVASSEUR ET D'ADAM WEISWEILEREXECUTEE PAR E. LEVASSEUR ET REHAUSSEE PAR A. WEISWEILER

Details
PAIRE DE MEUBLES A HAUTEUR D'APPUI D'EPOQUE LOUIS XVI
VERS 1780, ESTAMPILLES D’ETIENNE LEVASSEUR ET D'ADAM WEISWEILER
EXECUTEE PAR E. LEVASSEUR ET REHAUSSEE PAR A. WEISWEILER
En marqueterie Boulle de première partie à fond d'écaille de tortue caret, incrustations de cuivre et d'étain gravés, placage d'ébène, ornementation de bronze ciselé et doré, les dessus de marbre Portor à légers ressauts, les montants en pilastre à chapiteau corinthien et centré de masques de satyre encadrant un vantail centré d'une marqueterie probablement d'époque Louis XIV à décor d'un vase fleuri dans un médaillon retenu par un nœud de ruban et entouré de rinceaux, reposant sur des pieds en toupie à cannelures torses, chacun estampillé E.LEVASSEUR sur le montant antérieur gauche, une fois JME pour l'un et deux fois JME pour l'autre et A.WEISWEILER à deux reprises au-dessus de la traverse postérieure du sur-cadre
Hauteur: 108 cm. (42 ½ in.) ; Largeur: 72 cm. (28 ½ in.) ; Profondeur: 41 cm. (16 ¼ in.)
Etienne Levasseur, reçu maître en 1766
Adam Weisweiler, reçu maître en 1778
Provenance
Vente des collections de Louis-Antoine-Auguste duc de Chabot (1733-1807), Lebrun, Paris, 10 décembre 1787, lot 317 (supplément au catalogue).
Vente des collections de Quintin Craufurd (1743-1819), Paris, 20 novembre 1820, lot 468.
Ancienne collection Boni de Castellane et Anna Gould, Palais Rose, Paris.

Inventaire:
Mes Laurin et Ader, Etat descriptif et estimatif de meubles, sièges, objets d’art (…) garnissant le Palais Rose, Paris, vers 1961:
« n. 702 Paire de petits meubles d'appui, ouvrant chacun à une porte, en marqueterie d'écaille, de cuivre et d'étain, dans le style de Boulle. Pieds toupies torsadés. Garniture de bronzes tels que : médaillons, encadrements, masques, etc… Estampille de Weisweiler. Epoque Louis XVI. Dessus de marbre portor prisée 40,000 francs »

Literature
BIBLIOGRAPHIE:
G. Mézin,  « Chez Quentin Craufurd en 1819 : Le Goût d'un gentleman espion », in Bulletin de la Société de l'Histoire de l'Art Français, année 2009, Paris, 2010, p. 341 (non illustrés).

BIBLIOGRAPHIE COMPARATIVE:
P. Hughes, The Wallace Collection. Catalogue of Furniture, vol. II, Londres, 1996, pp. 594-599.
Special Notice
Prospective purchasers are advised that several countries prohibit the importation of property containing materials from endangered species, including but not limited to coral, ivory and tortoiseshell. Accordingly, prospective purchasers should familiarize themselves with relevant customs regulations prior to bidding if they intend to import this lot into another country. This item will be transferred to an offsite warehouse after the sale. Please refer to department for information about storage charges and collection details.
Further Details
A PAIR OF LOUIS XVI ORMOLU-MOUNTED TORTOISESHELL, COPPER AND PEWTER BOULLE MARQUETRY AND EBONY MEUBLES-A- HAUTEUR- D'APPUI, CIRCA 1780, STAMPED BY ETIENNE LEVASSEUR AND ADAM WEISWEILER, EXECUTED BY E. LEVASSEUR AND RAISED IN HIGH BY A. WEISWEILER

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Mathilde Bensard
Mathilde Bensard

Lot Essay

Avec ses lignes architecturées épurées et sa précieuse marqueterie dite Boulle richement ornée de bronzes dorés, cette rare paire de cabinets est un magnifique exemple du renouveau du « style Boulle » dans les années 1770-1780, caractéristique de l’œuvre de son créateur l’ébéniste Etienne Levasseur.

LEVASSEUR : GENIE DU RENOUVEAU « BOULLE »

Comme un certain nombre de ses contemporains, Philippe-Claude Montigny, Joseph Baumhauer et Adam Weisweiler, Etienne Levasseur (1721-1798, maître en 1767) collabora avec des marchands-merciers tel que Philippe-François Julliot (1727-1794) qui se spécialisèrent dans la production et la vente de meubles dits Boulle remis au goût du jour vers 1770. Alors que certains ébénistes copièrent à l’identique les modèles du début du siècle d’André-Charles Boulle, Levasseur fut certainement le plus créatif, bien que réutilisant parfois des éléments de marqueterie de meubles réalisés par André-Charles Boulle. La présente paire de cabinets est une parfaite illustration du génie de Levasseur et de sa capacité à réinterpréter les modèles de son illustre prédécesseur André-Charles Boulle.

Avec son unique vantail orné d’un médaillon, ce modèle de meuble reprend en effet le module central des bibliothèques tripartites de Boulle mais se libère des panneaux qui l’encadrent, créant ainsi un meuble d’un nouveau type. Levasseur s’en fit une spécialité et plusieurs meubles de cette forme portent son estampille ou lui sont attribués. Citons la paire de cabinets ornés de mascarons estampillée Levasseur vendu chez Couturier-Nicolaÿ, Paris, 14 mars 1972, lot 122 (illustrée dans A. Pradère, French Furniture Makers, Paris, 1989, p. 309, ill. 349) ou encore la paire de cabinets vendue chez Christie’s, Londres, 8 décembre 2011, lot 260. D’autres meubles avec même encadrement et des têtes de satyres mais comprenant trois tiroirs en leur milieu sont également répertoriés. Citons notamment la suite de quatre cabinets estampillés par Levasseur vendus chez Sotheby’s, New York, lot 212 (illustrés dans A. Pradère, French Furniture Makers, Paris, 1989, p. 309, ill. 350). Un troisième groupe de cabinets est constitué quant à lui d’un vantail central flanqué de deux panneaux latéraux plus étroits, comme la paire de cabinets de la collection Champalimaud vendue chez Christie’s, Londres, 6 juillet 2005, lot 125, qui provient possiblement de la collection du marquis de Laborde pour son château de Méréville.

Le motif de bouquet de fleurs en marqueterie Boulle visible sur la présente paire s’inscrit lui aussi dans la production de meubles d’André-Charles Boulle. On retrouve notamment ce principe sur les panneaux rectangulaires d’une paire de cabinets provenant des collections de Charles-Joseph Lenoir du Breuil aujourd’hui au musée du Louvre (inv. OA5453 et OA5454). Il est intéressant de noter que ces meubles d’époque Louis XIV portent l’estampille de Levasseur qui les restaura probablement durant la seconde moitié du XVIIIème siècle. Le motif de médaillon suspendu comme un tableau sur fond de placage ou de marqueterie fut quant à lui particulièrement en vogue dans les années 1770, comme en témoignent les nombreuses commodes de Foullet ou encore les bibliothèques de marqueterie Boulle ornées de médaillons de bronze produites pour le marchand Julliot dans les mêmes années.

La postérité de ces deux cabinets sera une série de cabinets bas en marqueterie Boulle à médaillons de fleurs, médaillons de bronze ou bas-reliefs octogonaux, réalisés par Julliot et commercialisés par le marchand Lerouge sous l’Empire qui terminèrent toutes, à la suite de la vente Lerouge de 1818, dans de grandes collections anglaises à l’instar de celle du duc de Wellington à Stratfield Saye et de celle du duc de Buccleuch à Boughton House (A. Pradère, « Lerouge, Le Brun, Bonnemaison : le rôle des marchands de tableaux dans le commerce du mobilier Boulle de la Révolution à la Restauration », in Revue de l’Art, n. 184, 2014-2, pp. 47-62).

LES PROVENANCES DES CABINETS CASTELLANE

Ces meubles sont décrits pour la première fois dans le supplément du catalogue de vente du duc de Chabot, le 10 décembre 1787 :

« 316. Deux bas d’armoires, première partie sur fond écaille ouvrant à un battant, enrichi d’un médaillon ovale à vases fond cuivre & étain, avec cadre à nœud de ruban & feuille d’eau ; les champs à mascarons de faunes & les côtés de même : le tout terminé par un pied à avant-corps très orné, avec tablette en griotte d’Italie. Hauteur 36 pouces, largeur 26 pouces 6 lignes, profondeur 14 pouces [H. 97 x L. 71,5 x P. 37,8 cm.] … 2050 livres Lebrun ».

Alors que la première partie du catalogue de cette vente regroupait les collections de tableaux et d’objets d’art du duc de Chabot, le supplément du catalogue proposait quantité de lots de tableaux et de meubles provenant d’autres amateurs ou marchands dont Le Brun lui-même. En l’occurrence, cette paire de meubles fut achetée par Le Brun 2.050 livres, enchère importante qui laisse penser que Le Brun était commissionné par un de ses clients privés. On ignore l’identité du propriétaire suivant mais ces meubles réapparaissant au début du Premier Empire dans la demeure, rue d’Anjou, d’un des grands collectionneurs étrangers alors installés à Paris, Quentin Craufurd.

Cette paire de meubles est en effet décrite dans la première vente aux enchères des collections de Quentin Craufurd qui eut lieu un an après son décès, le 20 novembre 1820 « et jours suivants » précédée par trois jours d’exposition dans sa résidence parisienne, l’hôtel de Créquy rue d’Anjou.

« 468. Deux bas d’armoire ouvrant chacun à un vantail, fond écaille, à dessin incrusté en cuivre et étain, encadrement, moulure et pieds à vis en fonte dorée d’or moulu et à: dessus de marbre portor ; le médaillon du milieu offrant un bouquet de fleurs, pareille incrustation en cuivre et étain. Ils portent 41 pouces de hauteur sur 27 de large [H. 111 x L. 73 cm.] ».

Ces cabinets figuraient dans la section du catalogue consacrée aux « Riches meubles, par Boulle et autres ébénistes », et étaient précédés par trois autres paires de bas d’armoires à un vantail ornés de figures des Saisons, décrits sous les numéros 463, 464, 465, et également décrits de façon sommaire dans l’inventaire après décès : « 596. Huit pièces qui sont armoires à hauteur d’appui ouvrant à un vantau partie ébène et écaille avec incrustations de cuivre et d’étain et figures et groupes d’appliques en bronze sur pieds tortue [sic], ouvrage de Boule avec dessus en marbre dit Ste. Anne et portor, prisés ensemble la somme de deux mille quatre cents francs cy ». Ces quatre paires de cabinets bas se trouvaient, ainsi que tous les autres meubles Boulle à hauteur d’appui, dans la bibliothèque de Craufurd, vaste galerie à éclairage zénithal, bâtie dans une aile latérale en retour sur le jardin de l’hôtel de Créquy.

QUENTIN CRAUFURD

Le destin singulier et les collections de Quentin Craufurd (1743-1819) ont été étudiés par Gonzague Mézin (cf. « Chez Quentin Craufurd en 1819 : Le Goût d'un gentleman espion », in Bulletin de la Société de l'Histoire de l'Art Français, année 2009, Paris, 2010, pp. 335-361).

Né en Ecosse, Craufurd fait fortune à Manille dans l'East India Company avant de revenir en Europe vers 1780, s'installant à Paris avec Eléonore Franchi, dite « la belle Sullivan ». Logé vers 1786-1792 dans l'hôtel Rouillé d'Orfeuil rue de Clichy, Craufurd devint familier d’une société de riches étrangers parisiens, approchant même Axel de Fersen et le cercle de la reine Marie-Antoinette. Lorsque la Révolution éclata, ils apportèrent leur soutien fidèle à la famille royale en participant activement à la « fuite de Varennes ». Il dut par la suite s'exiler et ses premières collections furent confisquées. Une partie fut vendue et l’autre fut en partie réservée au profit de la Nation.

De retour en France en 1802 grâce à la Paix d'Amiens, Craufurd réussit grâce à la protection de Talleyrand à y demeurer après la rupture de la paix avec l'Angleterre un an plus tard. Sous l'Empire, le couple Craufurd s'installe successivement dans deux belles demeures parisiennes. Ils occupent tout d'abord l'hôtel de Monaco (actuel hôtel Matignon), acheté en 1804 puis échangé avec le prince de Talleyrand quatre ans plus tard contre l'hôtel de Créquy. C'est dans ce dernier hôtel situé au 21 de la rue d'Anjou que Craufurd habita jusqu'à son décès en 1819 ; son épouse y résidera jusqu'en 1833.

La grande galerie de cet hôtel qui abrita la présente paire de cabinets servait lieu d’exposition pour une collection de bustes en marbre représentant des personnages historiques (Gustave III, Marie-Antoinette, Napoléon, Madame de Maintenon) mais aussi des philosophes et des écrivains (Voltaire et Rousseau, Homère et Corneille). Posés sur des gaines d’acajou, quatre bustes en bronze représentaient d’autres personnages historiques parmi lesquels Henri II, Richelieu, Montesquieu et Louis XII. Tout autour de la galerie et accrochés en hauteur, on pouvait apprécier une collection de soixante-huit portraits historiques respectant un véritable programme iconographique, véritable collection des rois de France affichant les convictions politiques de Craufurd. Cette bibliothèque faisait l’admiration de certains visiteurs, tel Thomas Dibdin qui écrivait avec enthousiasme : « Vous entrez dans une longue et vaste pièce, qui sert à la fois de bibliothèque et de galerie. On se trouve alors comme un instant étourdi ; c'est-à-dire que l’on ne sait ce qu’on doit admirer le plus : ou de ses proportions et de la structure de la salle, ou des livres, des bustes et des tableaux. » (T. Dibdin traduit par T. Licquet et G.-A. Crapelet, Voyage bibliographique, archéologique et pittoresque en France et en Allemagne, 1821-1825).

Les trois autres paires de petits meubles de marqueterie Boulle de la galerie étaient elles aussi des meubles de l’époque néoclassique. Les deux premières paires, sous les numéros 463 et 464, et aux dessus de marbre gris Saint-Anne, sont attribuables à Weisweiler (le n°463 a été présenté lors d’une vente au palais d’Orsay, Paris, 8 juin 1977, lot 83 ; puis ancienne collection Wormser, Christie’s, New York, 14 novembre 1985, lot 194 A). La troisième paire de cabinets, sous le numéro 465, était munie de dessus de marbre Portor, et terminera dans la collection du 4e marquis de Hertford. Elle se trouve aujourd’hui à la Wallace Collection (inv. F. 393-394). Il s’agit là encore de meubles néoclassiques, estampillés en l’occurrence par Adam Weisweiler. Il est intéressant de noter que la paire de la Wallace Collection présente la même hauteur (111 cm.) et les mêmes dessus de marbre Portor que ceux ici présentés. Il est tentant d’imaginer que la surélévation de ceux-ci et la substitution d’un marbre Portor à un marbre griotte initial correspondent à une modification par Adam Weisweiler lors d’un changement de lieu, d’autant plus que l’ébéniste était toujours actif et ce jusqu’au décès de sa femme en 1809. Compte tenu de la réinstallation parisienne de Craufurd en 1803-1804, il est probable que ces légères transformations furent exécutées à ce moment par l’ébéniste ou bien à une date légèrement antérieure et par un collectionneur précédent qui aurait réuni les deux paires de meubles entre 1787 et 1803.

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