TORSE DE FAUNE DANSANT EN MARBRE
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TORSE DE FAUNE DANSANT EN MARBRE

ART ROMAIN, CIRCA IER SIECLE AVANT J.C.

Details
TORSE DE FAUNE DANSANT EN MARBRE
ART ROMAIN, CIRCA IER SIECLE AVANT J.C.
Représenté nu, son torse musclé tourné vers la gauche, le bras droit levé, le gauche abaissé, sa jambe gauche avancé, affublé d’une queue d'une chèvre au-dessus de ses fesses musclées
Hauteur: 84 cm.
Provenance
Découvert lors de fouilles par l'Ambassadeur d'Espagne José Nicolas de Azara à la Villa Negroni, Rome, Novembre 1777.
Avec Gavin Hamilton Rome, de 1777 à 1783.
Collection de Quintin Craufurd (1743-1819), Paris, acquis auprès du précédent en juin 1783, puis saisi lors de la Révolution Française (ca. 1793) et entré dans la Galerie des Antiquités du Musée Napoléon; rendue à Craufurd le 10 Octobre 1815.
Catalogue de Tableaux, Gouaches, Miniatures, Tabatières précieuses ornées de Portraits dont plusieurs en émail ; Terres Cuites, Marbres et Bronzes antiques et modernes ... Composant le Cabinet de feu M. Quintin Craufurd ; vente in situ au no. 21, Rue d'Anjou Saint-Honoré, Paris, le 20 Novembre 1820, no. 405.
Collection de Sir Robert Grosvenor, 2eme Comte de Grosvenor , 1er Marquis de Westminster (1767-1845), Grosvenor House, Londres, acquis avant 1831 ; puis par descendance.
Avec Robyn Symes, Londres.
Avec Simone de Monbrison, Paris.
Collection Zeineb Levy-Despas, acquis auprès de Simone de Monbrison, le 6 Mars 1975.
Collection Zeineb et Jean-Pierre Marcie-Rivière.
Literature
Diario di Roma (descriptions des découvertes à the Villa Negroni), le 19 novembre 1777: ‘Sabato vi furono scoperti tre Fauni di Bellissima scoltura’ (reproduit dans C. Pietrangeli, Scavi e scoperte di antichità sotto il pontificato di Pio VI, Rome, 1958, p. 47).
Lettre de Hamilton à Townley, le 5 décembre 1777 (TY 7/625): ‘Three fauns have been found lately in Villa Negroni all mediocre mediocrissimo…’
Lettre de Hamilton à Townley, le 20 juin 1783 (TY 7/659): ‘You desire to know something of the two fauns which I sold to Mr Crauford (sic). / I must therefore acquaint you that they are the same that were found several years ago in an excavation at Villa Negroni & were purchased by me with many more marbles, the above fauns were ill put together by the scarpellino so that no body bid for them. I got them therefor a bargain & when well restored became as you see two decent figures’.
Notice de la galerie des antiques du Musée central des arts, Paris, 1800, no. 52.
A. Legrand, Galerie des Antiques ou Esquisses des Statues, Bustes et Bas-Reliefs, fruit des conquêtes de l’Armée d’Italie par Aug. Legrand, Paris, 1803, no. 52, pl. 10.
Notice de la galerie des antiques du Musée central des arts, Paris, 1803, no. 48.
L. Petit Radel, Les Monuments Antiques du musée Napoléon dessinés et gravés par Thomas Piroli…, vol. II, Paris, 1804, pl. 14,
p. 35-6.
Notice de la galerie des antiques du Musée central des arts, Paris, 1808, no. 48.
‘Catalogue Raisonné; or, a concise and correct account of the statues, bas-reliefs and busts, in the Gallery of Antiques, Museum of Napoleon, Paris’, The Universal Magazine, vol. XIII, London, Janvier-Juin 1810, p. 111, no. 48.
Notice de la galerie des antiques du Musée central des arts, Paris, 1810, no. 48.
V. Filhol (ed.), Galerie du Musée Napoléon, vol. IX, Paris, 1813, ‘Cent Unième Livraison’, p. 8.
Notice de la galerie des antiques du Musée central des arts, Paris, 1814, no. 48.
Inventaire du premier empire, Paris, p. 24, no. 5239.
G. B. Whittaker (ed.), The History of Paris, From the Earliest Period to the Present Day, vol. II, Londres et Paris, 1827, p. 408.
Catalogue of the Marquess of Westminster’s Collection of Pictures at Grosvenor House, London, 1849, p. 28.
C. Klincksieck, ‘Séance du 30 Novembre’, Bulletin de la Société nationale des antiquaires de France, Paris, 1898, IV, p. 349-364.
J. Cornforth, ‘Old Grosvenor House’, Country Life, 15 November 1973, p. 1539 (visible dans la reproduction de C. R. Leslie’s ‘The Grosvenor Family’, 1831).
J.-L. Martinez (ed.) & G. Bresc-Bautier, Les Antiques du Louvre, Une histoire du goût d’Henri IV à Napoléon Ier, Paris, 2004, p. 75,
fig. 76 (gravure provenant de l'Album Lenoir, Musée du Louvre, département des Arts graphiques, RF 5 279, fo. 35).
J.-L. Martinez (ed.), Les Antiques du Musée Napoléon, Paris, 2004, p. 78, no. 0107.
Special Notice
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Further Details
A ROMAN MARBLE TORSO OF A DANCING SATYR, CIRCA 1ST CENTURY B.C.

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Mathilde Bensard
Mathilde Bensard

Lot Essay

Le motif du satyre dansant, ou faune, est d'abord trouvé sur les vases grecs du Vème siècle avant J.-C., avant de devenir un sujet privilégié des bronzes hellénistiques et de la statuaire en marbre, chefs-d'œuvre par la suite copiés par les sculpteurs romains. L'extase par la danse était emblématique des réjouissances dionsiaques. Le satyre joueur était montré dans une attitude légère et effrénée, sa nature sauvage en éruption dans une expression jubilatoire. L'exemple le plus célèbre en est la statuette en bronze trouvée dans la Casa del Fauno à Pompéi (Museo Nazionale, Naples, inv. no. 6325). Le satyre a les deux bras levés dans l'exemple pompéien, contrairement au présent example, mais tous deux partagent une torsion relativement modérée du haut du corps.

Les restaurations du XVIIIème siècle montraient le jeune satyre se tournant pour taquiner une panthère à sa gauche, l'animal le plus étroitement lié à Dionysos, tout en tenant une crotale dans sa main droite levée haut. Cette posture se retrouve sur les groupes de satyres et panthère de la Villa Albani, à Rome, ainsi qu'au Museo Archeologico Nazionale di Napoli (inv. no. 6325), et au Musée du Cinquantenaire à Bruxelles. L'état de préservation actuel du faune Marcie-Rivière fait écho à un torse de jeune satyre dans la Staatliche Kunstsammlungen de Dresde (inv. no. Hm 237), autrefois dans la collection du Cardinal Alessandro Albani à Rome (environ 1728). La torsion du corps, la musculature athlétique et les crêtes iliaques prononcées sont puissamment modelées sur les deux exemples, transposant la force et la vitalité du jeune sujet.

La beauté du torse est en contraste avec son historique haut en couleurs. En 1805, le satyre, toujours avec ses restaurations datant du XVIIIème siècle, fut esquissé et enregistrée au Musée Napoléon, l'institution qui deviendra plus tard le Louvre, après avoir été saisi à M. Quintin Craufurd au lendemain de la Révolution Française en 1793. Quintin Craufurd, né en Kilwinning en Écosse en 1743, s'installa à Paris après avoir amassé une grande fortune durant son service avec la Compagnie des Indes; «Faites fortune où vous voulez, mais profitez-en à Paris» était censé être sa maxime favorite (J. G. Alger, Visiteurs britanniques de Napoléon 1801-1815, Londres, 1904, p. 115). Fin connaisseur d'art et de littérature, collectionneur passionné de livres et manuscrits, il devint plus particulièrement un intime de la cour royale française à Versailles. Sa longue amitié avec Marie-Antoinette a sans doute contribué à sa richesse et sa position dans les plus hautes sphères de la société parisienne, mais l'a aussi presque ruiné. Au début de la Révolution, Craufurd et sa compagne Eleanore Sullivan (l'ancienne maitresse de Joseph II, Empereur du Saint Empire et d'Axel von Fersen), ont fuit vers Bruxelles, non sans avoir participé à l'organisation de la fuite de la famille royale à Varennes ; Craufurd cacha le chariot destiné à l'évasion dans ses écuries, tandis que Sullivan fournit les fonds nécessaires. En son absence, sa collection fut saisie et placée dans le musée public nouvellement fondé. Le revers de fortune que subit Craufurd s'avéra n'être que temporaire - témoignage de la ténacité extraordinaire de l'Ecossais! De retour à Paris en 1803, J. H. Mandeville écrivait, «Quentin (sic) Craufurd est le seul Anglais à Paris qui a la permission d'y rester». Craufurd semblait avoir rapidement retrouvé sa position proéminente au sein de la haute société parisienne. Il se trouvera encore une fois à l'épicentre d'un des grands moments de l'histoire de cette période: le Duc de Wellington revenait d'un appel de Craufurd quand il échappa de justesse à une tentative d'assassinat par un soldat de l'armée impériale (J.G. Alger, Des Anglais dans la Révolution Française, Londres, 1889, p. 121-2). Une fois de retour à Paris, Craufurd se mit en tête de remettre la main sur sa collection. Il écrivit à M. Denon, le Directeur du Musée, le 18 Septembre 1815, exigeant le retour d'une longue liste d'oeuvres d'art; le numéro un sur sa liste était «une statue antique de Faune, en marbre salien, représenté le bras en l'air, tenant une masse dont il frappe une panthère». Le numéro deux était 'Autre Faune' (voir C. Klincksieck, 1898, ci-dessus). Les marbres furent resitués à Craufurd; ils restèrent avec lui à Paris jusqu'à sa mort en 1819, avant d'être offerts dans la vente de sa collection en 1820; le faune Marcie-Rivière était le lot 405, l'autre, un faune similaire, le lot 406. Ce dernier se trouve à présent au Musée du Cinquantenaire, à Bruxelles.

Les circonstances de l'acquisition par Craufurd de ses deux faunes, qui, en raison de leur étroite similitude, ont souvent été considérés comme une paire, est difficile à établir. Cependant, il y a un indice alléchant dans une lettre de Gavin Hamilton, l'artiste et antiquaire réputé qui fournissait les Grands Touristes en statues anciennes, à Charles Townley, un de ses clients privilégiés: «Vous voulez savoir quelque chose des deux faunes que j'ai vendus M. Crauford / Je dois donc vous informer qu'ils sont les mêmes qui ont été trouvés il y a plusieurs années dans les fouilles de la Villa Negroni et que j'ai achetés parmi d'autres marbres, les faunes ci-dessus ont été si mal remontés par le scarpellino que personne d'autre ne s'y est interessé. J'ai donc fait une bonne affaire et une fois mieux restaurés, ils deviendront deux faunes décents » (le 20 juin 1783, TY 7/659). La Villa Negroni à Rome fut fouillée à partir de novembre 1777, quand les ruines d'une domus impériale y furent découvertes, dont les murs étaient ornés de fresques remarquables. Le nombre de sculptures qui y furent trouvées est mince, mais une notice dans le Diario di Roma du 19 novembre 1777 les concernant peut apporter des précisions sur les faunes Craufurd: «Sabato vi Furono scoperti tre Fauni di Bellissima scoltura (Trois faunes de belle facture furent trouvés samedi)» (reproduit dans C . Pietrangeli, Scavi e scoperte di antichità sotto il pontificato di Pio VI, Rome, 1958, p. 47). Il semblerait donc que le satyre Marcie-Rivière s'inscrit dans une lignée prestigieuse avant même d'entrer dans la collection Craufurd.

L'étape suivante dans l'histoire du satyre Marcie-Rivière n'est pas moins impressionnante. La statue entra dans la collection du célèbre Duc de Westminster, de Grosvenor House à Londres . Elle est visible à l'arrière-plan d'un tableau peint par C. R. Leslie en 1831 et répresentant un portrait de la famille Grosvenor. Il est donc probable que le satyre ait été acquis par Sir Robert Grosvenor, 2ème Comte de Grosvenor, 1er Marquis de Westminster, directement à la vente Craufurd de 1820. Le satyre, toujours complet avec ses restaurations, se tenait dans la salle dite Rubens, une galerie qui abritait certains des meilleurs tableaux de la collection. Grosvenor House fut vendue par le 2ème Duc de Westminster en 1924, après la tourmente sociale qui suivit la Première Guerre Mondiale. Les allers et venues du faune au milieu du 20e siècle restent mystérieux, jusqu'au jour où le torse de la statue réapparut chez Simone de Monbrison, les restaurations de Hamilton à présent perdues. En 1975, le torse fut acquis par Zeineb Levy-Despas et, une fois de plus, trouva son chemin vers une importante collection parisienne.

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