CENDRARS, Blaise, et Fernand LÉGER
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Details
CENDRARS, Blaise, et Fernand LÉGER
La Fin du monde filmée par l'ange N.-D.
Paris, Édition de la Sirène, 1919

EXEMPLAIRE DE TÊTE, RELIÉ AVEC DES POCHOIRS ORIGINAUX RÉALISÉS D'APRÈS LES DESSINS DE FERNAND LÉGER.

CETTE MAQUETTE MARQUE L’ÉMERGENCE DE LA COULEUR DANS CE LIVRE.

REMARQUABLE RELIURE SCULPTÉE DE GEORGES LEROUX.

L’UN DES PLUS BEAUX LIVRES ILLUSTRÉS FRANÇAIS

1. ÉDITION ORIGINALE
In-4 (328 x 270 mm)
TIRAGE : un des 25 exemplaires de tête sur vélin Lafuma, celui-ci numéroté 15
ILLUSTRATION : 22 compositions au pochoir de couleurs, d’après les dessins de Fernand Léger

2. MAQUETTE
In-4 raisin (328 x 270 mm), au même format que l’exemplaire imprimé.
29 feuillets, soit 58 pages, montés sur onglets
ILLUSTRATION ORIGINALE : 11 compositions originales à la gouache (9), ou aux rehauts de gouache (1) ou au crayon à papier (1), d’après les dessins de Fernand Léger. 2 d’entre elles n’ont pas été retenues

COLLATION ET CONTENU DE LA MAQUETTE : EN TOUT 10 GOUACHES ORIGINALES
1r : faux-titre imprimé, avant les deux bandes d’encadrement réalisées au pochoir
1v : blanc
2r : titre général imprimé avec COMPOSITION ORIGINALE au pochoir, encadrement de deux traits de gouache orange
2v : copyright
3r : titre imprimé du « chapitre premier » avec DEUX COMPOSITIONS ORIGINALES au pochoir, à la gouache bleue et saumon, et crayon à papier. MAL PLACÉES DANS LA MAQUETTE, compositions qui seront retenues à la fin de l’ouvrage
3v et 4r : double page imprimée « 31 décembre » avec GRANDE COMPOSITION ORIGINALE au pochoir, à la gouache rouge, jaune, verte et noire, avec quelques interventions manuscrites au crayon à papier. Composition retenue
4v à 6r : texte imprimé
6v : grande COMPOSITION ORIGINALE au pochoir, crayon à papier et encre bleue représentant une carte de France à la gouache jaune et violette. MAL PLACÉE DANS LA MAQUETTE, composition qui sera placée à la fin de l’ouvrage
7r : titre imprimé du « chapitre deuxième » avec COMPOSITION ORIGINALE d’un cercle de gouache rouge réalisé au pochoir. Composition retenue
7v-8r : impression en noir de la grande composition cubiste, AVANT REHAUT de gouache au pochoir
8v-10r : texte imprimé, AVANT LE POCHOIR ("Man spricht deutsch")
10v : texte et pochoir imprimés
[le feuillet « Chapitre troisième » avec composition au verso qui devrait être ici est relié plus loin, en 13r et 13v]
11r-12r : texte imprimé
12v : COMPOSITION ORIGINALE au pochoir, à la gouache rouge et au crayon à papier, formant un bandeau au travers de la page. Composition retenue
13r-13v : « Chapitre troisième » avec composition imprimée au verso
14r-15v : doublon des pages 11r-12v avec l’illustration imprimée (et non pas la gouache originale)
16r : page de titre « chapitre quatrième » imprimée
16v : gouache imprimée, le joueur de trompette
17r : page blanche, avant composition en lettres de couleurs
17v-18r : texte imprimé
18v-19r : COMPOSITION ORIGINALE au pochoir, à la gouache bleue et crayon, traversant la double page, NON RETENUE dans l’édition imprimée : “Man spricht deutsch”
19v-20r : grande composition imprimée avec variante dans le rehaut au pochoir par rapport à celui retenu dans l’édition imprimée
20v : page imprimée
21r : COMPOSITION ORIGINALE verticale au pochoir : inscription russe à la gouache bleue et jaune, et crayon à papier. Le fond jaune ne sera pas retenu dans l’édition imprimée. Composition retenue mais MAL PLACÉE DANS LA MAQUETTE
21v : texte imprimé
22r : page de titre « chapitre sixième » imprimée
22v : page blanche
23r-24v : pages imprimées, AVANT LE POCHOIR (étoile jaune)
25r : COMPOSITION ORIGINALE au pochoir, à la gouache rouge et crayon à papier, « Si parla Italiano ». Composition retenue mais MAL PLACÉE DANS LA MAQUETTE
25v-26r : pages imprimées
26v : COMPOSITION ORIGINALE au crayon à papier, NON RETENUE dans l’édition imprimée : “Si parla Italiano”
27r : COMPOSITION ORIGINALE au pochoir, à la gouache rouge, bleue et jaune, et au crayon à papier. Composition retenue
27v : page blanche
28r-29v : pages imprimées
[sans les 7 derniers feuillets, soit 14 pp. correspondant aux paragraphes 36 à 55]

Du travail artistique conjoint de Fernand Léger et Blaise Cendrars dans la réalisation de ce livre, il ne subsiste qu'une seule autre maquette, également fragmentaire, conservée dans une collection privée.

RELIURE SCULPTÉE SIGNÉE DE GEORGES LEROUX, datée de 1975. Box bleu anthracite, décor d’inspiration cubiste constitué de demi-cercles et lettres de box jaune et blanc mosaïqués et sculptés en creux, dos long, doublure de box rouge, couverture et dos conservés. Chemise et étui.
Quelques brunissures à la maquette

La Fin du monde filmée par l'ange N.-D. parut d’abord sans illustration au Mercure de France sous le titre Le Film de la Fin du monde (n° 491, 1er décembre 1918, pp. 419-430). Le projet de Cendrars était alors de publier un livre de cinéma, avec les collaborations de Guillaume Apollinaire, Pablo Picasso, Jean Cocteau, Jules Romains, François Porché et une préface de Charlie Chaplin. Ce projet ne vit pas le jour. Cendrars entreprit alors d’éditer son texte en grand format, l’année suivante, avec des illustrations de Fernand Léger. La Fin du monde filmée par l'Ange N.-D. est donc bien la mise en couleurs et en forme du texte originel de Blaise Cendrars. Coupé(tourné) en plusieurs séquences, le film imaginé prend place dans un livre, et réciproquement.

La Bibliothèque nationale de France conserve une maquette de La Fin du monde filmée par l'ange N.-D. Elle a l’aspect d’un storyboard très aéré. Blaise Cendrars a disposé, sur dix grands feuillets blancs au format du livre projeté, la disposition des chapitres et le choix des caractères désirés.

Cette maquette-ci correspond à celle des illustrations de Fernand Léger. Elle a été réalisée sur un jeu d’épreuves vierge du texte de Cendrars, ce qui révèle l’ordre dans lequel a été réalisé le livre : d’abord le texte, puis les illustrations, dans les blancs ou en superposition. Mais à la différence de la maquette des chapitres, précédemment décrite, cette maquette des illustrations est bien loin de présenter uniquement des indications de disposition sur la page. Elle rassemble les illustrations originales elles-mêmes qui serviront de modèle, ou de matrice, aux illustrations reproduites dans les exemplaires imprimés. Ces gouaches originales, réalisées dans l’atelier Richard, 45 rue de Linné, d’après des dessins de Fernand Léger, sont d’une rare fraîcheur. On compte DIX GOUACHES et une composition entièrement au crayon à papier. Leur place dans la maquette n’est pas toujours celle qui sera retenue pour le livre. La méduse et les algues, par exemple se trouvent sur la même page en ouverture de la maquette alors qu’elles seront placées à la fin du livre, chacune sur sa propre page. La carte de France se trouve également au début de l’ouvrage, ce qui ne sera plus le cas dans le livre. En outre, deux compositions originales présentes dans la maquette ne seront pas retenues dans le livre imprimé : “Man spricht deutsch” (18v-19r), différent de celui finalement choisi) et “Si parla italiano”, au crayon à papier (26v, également différent de celui retenu). Les coloris sont à peu près respectés mais avec beaucoup plus d’intensité pour les gouaches originales. Un coloris de gouache jaune est ajouté en fond de l’inscription russe et la double page de la grande roue est rehaussée d’une composition à la gouache qui ne sera pas non plus retenue.

Une des grandes originalités de cet ouvrage illustré consiste en cette symbiose parfaite du texte et de l’image. La majorité des “compositions” de Fernand Léger sont des “lettres formant à elles seules des images” (A. Coron). Ce “texte peint” surgit de la page imprimée :

“Ces représentations visuelles, auxquelles nous sommes beaucoup plus habitués, étaient alors tout à fait nouvelles. Elles figuraient pour Cendrars la modernité, que la guerre avait subitement accélérée. L’industrie, le machinisme, les concentrations urbaines, l’automobile, l’aviation, les nouveaux produits manufacturés, les publicités, l’affiche et le cinéma transformaient la ville et la vie. Pour Cendrars et Léger, qui partageaient les mêmes vues, ce monde nouveau nécessitait d’autres moyens pour le dire et le peindre.” (A. Coron)

Cette maquette est l’une des rares maquettes connues, en mains privées, d’un ouvrage illustré de cette importance. Un des vingt-cinq exemplaires de tête sur papier vélin de La Fin du monde a été relié avant cette maquette, ce qui permet de saisir les nuances de couleurs et de composition du livre depuis sa genèse jusqu’à son aboutissement.

Le décor de cette reliure de Georges Leroux est connu à plusieurs exemplaires. C’est une de ses reliures les plus réussies, devenue emblématique de ce livre. Georges Leroux a inventé la reliure de La Fin du monde filmée par l'ange N.-D. On peut citer quelques exemplaires de La Fin du monde qu’il a reliés : vente Jean Bloch, Paris, 14 avril 2005, n° 59 ; Paris, 26 novembre 2007, n° 15 ; ventes Bernard Loliée, Paris, 28 mars 2012, n° 90 et 7 octobre 2014, n° 62. Cette reliure-ci se différencie des autres en ce qu’elle est en relief, sculptée. L’idée de surgissement comprise dans l’aspect architectural de cette reliure convient parfaitement à la maquette d’un livre en devenir.

RÉFÉRENCES : Antoine Coron, De Goya à Max Ernst. Livres illustrés de la bibliothèque R. M., 2018, notice n° 34, p. 196 -- L. Saphire, Fernand Léger. L'Œuvre gravé, New York, 1985, pp. 11 et 299

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Adrien Legendre
Adrien Legendre Head of Department

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