APPUI-TÊTE YAKA
A YAKA HEADREST
APPUI-TÊTE YAKAA YAKA HEADREST

RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO

Details
APPUI-TÊTE YAKA
A YAKA HEADREST
RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO
Annotés sous chacun des pieds, à l'encre noire, respectivement sur quatre étiquettes : "A.J.Stoclet", "A17", "Stoclet", "16".
Hauteur : 19 cm. (7 ½ in.)
Provenance
Collection Gustave E. de Hondt, Bruxelles, vers 1940
Collection Adolphe Stoclet (1871-1949), Bruxelles
Transmis par descendance familiale

Lot Essay

Cet appui-tête exceptionnel provenant de l’ancienne collection Adolphe Stoclet peut être considéré comme l’un des plus beaux appuis-tête Yaka qui soient connus. La combinaison du dynamisme de la sculpture, sa superbe patine et son prestigieux pédigrée en font incontestablement un chef-d’oeuvre de l’art yaka et de la sculpture congolaise plus généralement. Cet appui-tête, appelé musaw par les Yakas, était placé sous une oreille et le long du menton pour soutenir la tête pendant le sommeil ; il pouvait, plus rarement, être placé derrière la nuque. Ces appuis-tête étaient des objets à la fois fonctionnels et spirituels, avant tout utilisés par les chefs et dignitaires pour préserver pendant le sommeil leur complexe coiffure.

Cet appui-tête est supporté par un léopard, animal symbolisant l’autorité. Il tient dans la gueule une proie, allusion au potentiel pouvoir de ceux qui détiennent l’autorité de se transformer durant la nuit en animal pouvant traquer et tuer les ennemis. Créé par un sculpteur traditionnel yaka (n-kalaweeni), cet appui-tête suit la forme et le style du répertoire de l’artiste qui dans ce cas particulier était un maître-sculpteur de grand talent. L’iconographie particulière de cet appui-tête est un sujet connu des Yakas, et l’on peut considérer que le présent exemple constitue l’archétype de ce style. On ne connaît que deux autres appuis-tête yakas figurant un léopard et sa proie. L’un se trouve dans la collection de Richard Scheller (publié dans Embodiments. Masterworks of African Figurative Sculpture, San Francisco, 2015, p. 178-179, pl. 69). Une étiquette ancienne collée à l’arrière associe l’objet au chef Kassa du sud Kwango en 1915 ; cet exemple sur un socle, avec de longues pattes fines. Le second, sur un socle circulaire et décoré, est conservé dans une collection privée, et a été publié dans Falgayrettes- Leveau, S., Supports de rêves, Paris, Fondation Dapper, 1989, p.110.

L’image puissante du léopard (appelé ngo par les Yakas) était rarement utilisée et réservée principalement à l’élite de la société. Les clous en métal importés (il s’agit d’un matériau très prestigieux) qui ornent la face et les pattes de l’appui-tête Stoclet ajoutent à la puissance mystérieuse de l’objet. Les pattes musclées de l’animal, légèrement fléchies, lui donnent vie. Son dynamisme est encore renforcé par l’absence de socle. Seul un autre appui-tête yaka sans socle est connu, anciennement dans la fameuse collection George Ortiz (Sotheby’s, Londres, 29 juin 1978, lot 51) et désormais dans la collection du musée de Detroit (#78.76). Cependant, les pieds de l’exemple Stoclet sont sculptés avec plus de soin. L’ancienne restauration indigène au sommet de l’appui-tête indique l’importance que cet objet devait avoir parmi les Yakas. Le pouvoir masculin de l'appui-tête est souligné par la présence d’organes génitaux mâles dont le sexe est circoncis. La belle patine brune indique que cet objet a été très longtemps utilisé.

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