Émile Bernard (1868-1941)
Collection Indosuez Wealth Management, France, dispersée au profit de la Fondation Indosuez, sous égide de la Fondation de FranceConstitué dans les années 1970, l’ensemble de neuf oeuvres - aujourd’hui présenté aux enchères - provient d’une partie de la collection d’Indosuez Wealth Management France et compte de prestigieuses signatures, telles Émile Bernard, Eugène Boudin ou encore Théo Van Rysselberghe. Selon les souhaits d’Indosuez Wealth Management France, les bénéfices de cette vente seront en partie reversés à sa Fondation, sous égide de la Fondation de France. Créée en 2011, la Fondation Indosuez s’investit en faveur des personnes fragilisées, qu’il s’agisse des personnes âgées, des personnes soufrant de handicap ou encore des adolescents et des jeunes adultes victimes d’addiction ou de conduites à risques. Elle soutient en France des projets associatifs innovants dont la fnalité est la maximisation de l’utilité sociale, et non le proft économique.Assembled during the 1970’s, this group of nine works by prestigious artists such as Émile Bernard, Eugène Boudin and Théo Van Rysselberghe forms part of the Indosuez Wealth Management France collection. According to the wishes of Indosuez Wealth Management France, a portion of the sale proceeds will beneft its foundation which serves the nation’s most vulnerable, under the aegis of the Fondation de France. Created in 2011, the Indosuez Foundation invests in initiatives to help the public, might they be elderly, disabled, adolescents and young adults, victims of an addiction or high-risk behaviour. The Foundation supports innovative charity projects in France that are intended to maximize social assistance in the public sphere.
Émile Bernard (1868-1941)

Vue du port de Vathy, Samos

Details
Émile Bernard (1868-1941)
Vue du port de Vathy, Samos
signé et daté 'Emile Bernard 93' (en bas à droite)
huile sur toile
83 x 107.5 cm.
Peint en 1893

signed and dated 'Emile Bernard 93' (lower right)
oil on canvas
32 5/8 x 42 3/8 in.
Painted in 1893
Provenance
Samuel Josefowitz, Lausanne (avant 1967).
Acquis par le propriétaire actuel dans les années 1970.
Literature
J.-J. Luthi, Émile Bernard l'initiateur, Paris, 1974 (illustré).
F. Leeman, Émile Bernard, Paris, 2013, p. 223, no. 129 (illustré).
J.-J. Luthi et A. Israël, Émile Bernard, sa vie, son œuvre, catalogue raisonné, Paris, 2014, p. 196, no. 346 (illustré en couleurs).
Exhibited
Paris, Galerie Bellier, Émile Bernard, Pont-Aven - Orient, juin-juillet 1962, no. 22.
Brême, Kunsthalle et Lille, Palais des Beaux Arts, Émile Bernard, peintures, dessins, gravures, février-juin 1967, p. 43, no. 36 (Brême) et p. 45, no. 37 (Lille).
Göteborg, Konstmuseum; Lungby, Sophienholm-Kunstmuseum; Copenhague, Statens museum for kunst et Stockholm, Thielska Galleriet, Émile Bernard, décembre 1968-août 1969, no. 24 (illustré).

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Natacha Muller
Natacha Muller

Lot Essay

Gilles Genty, historien de l'art, février 2016.

L’année 1893 est pour Émile Bernard celle des grands départs ; après avoir participé à la quatrième exposition des Peintres Impressionnistes et Symbolistes chez Le Barc de Boutteville, Bernard se rend, grâce à l’aide financière du Comte de La Rochefoucauld, en Italie pour y étudier les grands maîtres. Après une semaine à Rome (mars), il séjourne à Florence durant un mois (avril) où il rencontre le philosophe Edouard Schuré. Avec sa compagne Marie Kerluen, il se rend à Gênes (mai) où il retrouve le poète Marco del Medico, jeune juif rencontré à Pont-Aven et qu’il entreprend de convertir au catholicisme. Sur la route de Constantinople, il s’arrête à Samos (juin) et se lie avec les missionnaires, leur promettant de revenir peindre des fresques pour décorer leur chapelle. Fuyant sa famille, Marco del Medico et Bernard reviennent à Samos en juillet que le peintre quittera en septembre pour se
rendre à Jérusalem.
Peint entre juin et septembre 1893, notre tableau se situe pour Bernard à un moment de recherches picturales et spirituelles intenses. Mais si les séjours futurs dans l’Empire Ottoman, en Égypte et en Espagne confrmeront sa volonté de revenir au classicisme, cette Vue du port de Vathy, Samos conserve toute la modernité des oeuvres faites à Pont-Aven ; l’alternance de bandes de couleurs chaudes et froides n’est pas sans rappeler les aplats de couleurs vives de l’École de Pont-Aven, tandis que la simplifcation des formes (les corps et les visages sont des abstractions), se situe dans l’héritage de Puvis de Chavannes. Justement, l’enjeu de cette toile est autant formel que symbolique ; tandis que les refets d’un bleu étincelant de la mer anticipent sur ceux d’Albert Marquet au XXe siècle, la lumière qui illumine l’arrière plan irradie avec étrangeté et mystère la composition toute entière ; nous sommes ici dans une poétique de la révélation dont nous trouverions des échos, dans les années 1910-20 dans certaines plages de Maurice Denis.

For Émile Bernard, 1893 was a year of great journeys ; after taking part in the fourth Peintres Impressionnistes et Symbolistes exhibition at Le Barc de Boutteville gallery, Bernard travelled to Italy, with the financial assistance of the Count of La Rochefoucauld, to study the great masters. After a week in Rome (March), he spent a month (April) in Florence where he met the philosopher Edouard Schuré. With his companion Marie Kerluen, he went to Genoa (May) where he met up again with Marco del Medico, a young Jewish poet he had met at Pont-Aven and whom he had undertaken to convert to Catholicism. On the way to Constantinople, he stopped of at Samos (June) where he became friendly with missionaries, promising them to come back and paint some frescoes to decorate the walls of their chapel. Fleeing his family, Marco del Medico and Bernard returned to Samos in July, the painter leaving in September to go to Jerusalem.
Painted between June and September 1893, our picture belongs to a period of intense artistic and spiritual exploration for Bernard. But while future stays in the Ottoman Empire, Egypt and Spain would confrm his desire to return to classicism, this Vue du port de Vathy, Samos retains all the modernity of the works made at Pont-Aven ; the alternating band of warm and cool colours is reminiscent of the areas of bright colour of the Pont-Aven School, while the simplifcation of forms (bodies and faces are bstractions) is the legacy of Puvis de Chavannes. Fittingly, the concern of this canvas is as formal as it is symbolic ; while the reflections of the sparkling blue sea anticipate those of Albert Marquet in the 20th century, the light illuminating the background suf fuses the entire composition with strangeness and mystery ; we are here in a lyricism of revelation which would be echoed in the 1910s and 1920s in some of Maurice Denis’s beach paintings.


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