Auguste Rodin (1840-1917)
Auguste Rodin (1840-1917)

Le baiser, troisième réduction

Details
Auguste Rodin (1840-1917)
Le baiser, troisième réduction
signé ‘Rodin’ (sur le rocher, en haut à droite) et avec le cachet du fondeur ‘F. BARBEDIENNE. Fondeur’ (à gauche de la base) ; inscrit, numéroté et frappé ‘65798 oga SVL’ (à l’intérieur)
bronze à patine brun foncé
39.5 x 25 x 24 cm.
Conçu en 1886; cette réduction conçue en 1901; cette épreuve fondue en août 1906 dans une édition de 105 à 109 exemplaires

signed ‘Rodin’ (on the rock, upper right) and stamped with the foundry mark ‘F. BARBEDIENNE. Fondeur’ (on the left of the base) ;
inscribed, numbered and stamped ‘65798 oga SVL’ (inside)
bronze with dark brown patina
15 3/8 x 9 3/8 x 9 ½ in.
Conceived in 1886 ; this reduction conceived in 1901 ; this bronze cast in August 1906 in an edition of 105 to 109
Provenance
Fonderie Barbedienne, Paris.
Collection Perret, Castellane (acquis auprès de celle-ci, le 10 août 1906).
Collection particulière, France (par descendance)
Acquis auprès de celle-ci par le propriétaire actuel.
Literature
G. Grappe, Le Musée Rodin, Paris, 1947, p. 142 (une version en marbre illustrée, pl. 71).
C. Goldscheider, Rodin, sa vie, son oeuvre, son héritage, Paris, 1962, p. 49 (une version en marbre illustrée).
A.E. Elsen, Rodin, New York, 1963, p. 218 (une autre version en bronze illustrée, p. 63).
I. Jianou et C. Goldscheider, Rodin, Paris, 1967, p. 102 (une version en marbre et détail illustrés, pl. 54-55).
R. Descharnes et J.-F. Chabrun, Auguste Rodin, Paris, 1967, p. 130 (une version en marbre illustrée, p. 131).
C. Goldscheider, Rodin Sculpture, Londres, 1970, no. 49 (une version en marbre illustrée).
J.L. Tancock, The Sculpture of Auguste Rodin, Philadelphie, 1976, p. 72, 90 et 108 (une version en marbre illustrée in situ, p. 77).
M. Laurent, Rodin, Paris, 1988, p. 104, no. 2 (une version en marbre illustrée, p. 105).
A. Le Normand-Romain, Le Baiser de Rodin, Paris, 1995, p. 98, no. 42 (une autre épreuve illustrée).
A. Le Normand-Romain, Rodin et le bronze, catalogue des oeuvres conservées au Musée Rodin, Paris, 2007, vol. I, p. 161, no. S.2061 (autres épreuves et une version en marbre illustrées, p. 158-163 ).

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Natacha Muller
Natacha Muller

Lot Essay

Cette œuvre sera incluse au Catalogue Critique de l'Œuvre Sculpté d'Auguste Rodin actuellement en préparation à la galerie Brame & Lorenceau sous la direction de Jérôme Le Blay, sous le numéro 2016-4842B.

Le baiser reste l’un des sujets les plus recherchés, avec Le penseur, de l’oeuvre d’Auguste Rodin. Le sculpteur s’inspire directement du drame romantique de Paolo et Francesca, qui apparaissent dans la Divine Comédie de Dante (chant V). Basée sur des faits réels, cette histoire reste l’une des tragédies les plus connues du Moyen Âge : Francesca da Rimini, épouse de Gianciotto Malatesta, succombe à la passion avec le frère de celui-ci, Paolo. D’après la légende, le meurtre des deux amants par le mari bafoué aurait eu
lieu alors que les jeunes gens échangent un baiser.
Rodin invente Le baiser au cours du processus de création de son ambitieux projet de La porte de l’enfer : il reçoit en 1880 la commande par l’État d’un projet pour le prochain musée des Art Décoratifs de Paris. C’est avec une grande intensité qu’il y travaille entre 1880 et 1886. Si un foisonnement d’idées vient couronner sa réfexion, certaines de ses études ne sont pas conservées pour le projet fnal, notamment le groupe des deux amants. Le musée ne voit jamais le jour et La porte n’est jamais vraiment terminée. Toutefois, ce projet reste le plus marquant dans la carrière de l’artiste. Le baiser devait, avec Le penseur et Ugolin, encadrer La porte de l’enfer. Ainsi, Rodin souhaitait souligner respectivement les thèmes de l’amour charnel, de la réfexion et la création, de la paternité et la mort. Le couple d’amoureux apparaît en terre cuite au moment de la troisième maquette du projet. Cependant, à la vue de l’atmosphère dramatique de La porte, mais également de la dimension du groupe et de son caractère autonome, Rodin décide de le retirer et de le présenter de façon indépendante. Dès lors, une version en plâtre peint est présentée lors du Salon de Bruxelles en 1887, et plus tard la même année, une épreuve en bronze à la Galerie Georges Petit à Paris. C’est alors qu’il prend le titre du Baiser. C’est en 1888, que l’État français émerveillé par le groupe, passe commande d’un agrandissement en marbre. Celui-ci est exposé
dix ans plus tard au Salon de Paris. Il ne fait aucun doute que Le baiser de Rodin est l’une des représentations les plus directes du désir et de l’amour charnel. Lors de sa première présentation, le public et la critique sont stupéfaits par la puissance de son érotisme. L’idéalisation et la lascivité des corps, ainsi que la modernité du groupe catalysent un succès immédiat et les commandes qui s’en suivent en marbre et en bronze. Auguste Rodin signe alors un contrat avec le fondeur Barbedienne pour l’édition de plusieurs réductions (au nombre de quatre), fondues entre 1898 et 1918.

The Kiss, together with The Thinker, remains one of Auguste Rodin’s most acclaimed works. The sculptor was directly inspired by the romantic tragedy of Paolo and Francesca, who feature in Dante’s Divine Comedy (Canto 5). Based on real events, nonetheless this story is still one of the best known tragedies of the Middle Ages: Francesca da Rimini, wife of Gianciotto Malatesta, succumbed to passion with his brother, Paolo. Legend has it that the two lovers were murdered by the outraged husband at the very moment that the
young people were kissing. Rodin created The Kiss as part of the design process for his ambitious project, The Gates of Hell, a commission the artist received in 1880 from the State to make an entrance piece for the planned Museum of Decorative Arts in Paris. The artist worked on this project with great intensity between 1880 and 1886. His thoughts culminated in an abundance of ideas, although many of these studies were not retained for the fnal piece, including the group of the two lovers. The museum was never built and the portal was never truly completed, although this project remains the most notable of the artist’s career.
Together with The Thinker and Ugolin, The Kiss was initially intended to crown The Gates of Hell. In this way Rodin wished to underline respectively the importance of carnal love, of relection and creativity, of fatherhood and death. The pair of lovers appear in terracotta at the time of the third maquette for the project. However, it would seem that on seeing not only the dramatic atmosphere of the portal, but also the size of the group and its stand-alone character, Auguste Rodin decided to remove it and to present it on its own. Hence a version in painted plaster was subsequently presented at the Salon de Bruxelles in 1887 and later that same year, another version in bronze at the Galerie Georges Petit in Paris. It was then that it acquired the title Le baiser (The Kiss). In 1888 the rench State, delighted by the group, commissioned a larger version in marble, hich would be exhibited ten years later at the Salon de Paris.
There is no doubt that Rodin’s Kiss is one of the most direct depictions of desire and carnal love. When the marble version was frst exhibited, the public and critics were stunned by the power of its eroticism. The idealisation and lasciviousness of the bodies and the modernity of the group were the catalyst for immediate success and the commissions in marble and bronze that followed in its wake. Auguste Rodin then signed a contract with the bronze foundry Barbedienne for the production of four reductions that were then cast between 1898 and 1918.

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