拍品专文
Cette oeuvre est répertoriée dans les archives de la Fondation Calder sous le no. A00280.
Comme des silhouettes aux bras dépliés, deux élégantes figures de couleur découpées dans le métal déploient leur corolle sur un axe mue par un moteur. Ce sont, comme l'indique le titre donné à l'oeuvre, des danseuses étoiles qui réalisent leur révolution autour d'une sphère blanche, petit astre flottant dans l'espace. Ce mobile mécanique fait partie d'une série d'oeuvres directement liées au monde de la danse et que l'artiste nomme "objet-ballet". La possibilité de contrôler et de superposer les mouvements à la manière d'une chorégraphie participe d'un souci fondamental du sculpteur et c'est notamment son travail de miniaturisation du monde du cirque, avec l'oeuvre Circus Scene (1929; Calder Foundation, New York) qui le fera connaître sur le devant de la scène artistique.
Cependant, c'est suite à la visite de l'atelier de Mondrian à l'automne 1930 que le sculpteur envisagea de "travailler dans l'abstrait". En effet, à la vue de son mur blanc sur lequel étaient punaisés des cartons de couleur jaune, rouge, bleu et noir il lui vint alors l'idée de faire "osciller [ces éléments] dans des directions et à des amplitudes différentes"1. Calder mis alors ces idées en pratique par l'utilisation des matériaux métalliques qui lui étaient familiers. Différentes expériences le menèrent en 1932 aux premières sculptures mues par le vent qui furent exposées à la Galerie Vignon, à Paris. Marcel Duchamp, qui ne pouvait être insensible à la question du mouvement, puisqu'il s'était lui-même engagé dans l'aventure des "rotoreliefs", baptisa alors ces oeuvres de "mobile".
Entre 1935 et 1936 l'artiste collabora avec Martha Graham sur différents projets. La chorégraphe américaine proposa au sculpteur par deux fois d'introduire ses mobiles sur un plateau de théâtre. Dans le ballet Panorama, première tentative de fusion entre sculpture et danse, Calder avait tenté lors des répétitions de faire actionner les mobiles par les danseurs. Mais les liens - de fines cordelettes - qui rattachaient les danseurs aux sculptures s'avérèrent trop contraignants. L'année suivante, Calder et Martha Graham décidèrent de monter un nouveau spectacle intitulé Horizons: Les mobiles et les pas de danse dialoguaient désormais chacun de leur côté, les mobiles conçus comme des "préludes visuels" intervenaient ainsi entre les danses. A en croire les critiques, l'impact des réalisations de Calder était tel, qu'il détournait l'attention du public de l'objectif principal du spectacle, en l'occurrence la danse.
Réalisé pendant la période de collaboration avec Martha Graham, Dancers and sphere est le reflet des recherches artistiques et philosophiques menées par Calder tout au long de sa carrière. C'est à la fois la maquette d'un plateau scénique et une mécanique bien huilée. Elle doit autant à l'esprit ludique du Calder enfant fabriquant ses propres jouets, qu'au Calder ingénieur dont la formation, théorique et pratique, avait été entraînée durant quatre ans au Stevens Institute de Hoboken dans le New Jersey. Par l'emploi d'un vocabulaire résolument abstrait, son oeuvre permet d'établir de nombreuses analogies. On peut y voir aussi bien les pirouettes de danseuses que le jonglage d'acrobates sur une piste de cirque; ou encore identifier l'ensemble à un chapiteau ou à un bastingage dont les fanions virevoltent dans le vent. Dancer and Sphere témoigne de l'univers poétique et imaginatif de l'artiste sous une forme condensée et particulièrement suggestive.
Notes:
1 La visite de l'atelier de Mondrian est racontée par Calder lui-même dans une lettre du 4 novembre 1934 adressée à Albert E. Gallatin. La lettre se trouve aux Arhives of American Art, Smithsonian Institution, Washington, D.C., A.E. Gallatin Papers. La lettre traduite est citée dans l'ouvrage de A. Pierre, Calder. La sculpture en mouvement, Paris, 1996, pp. 94-95.
Comme des silhouettes aux bras dépliés, deux élégantes figures de couleur découpées dans le métal déploient leur corolle sur un axe mue par un moteur. Ce sont, comme l'indique le titre donné à l'oeuvre, des danseuses étoiles qui réalisent leur révolution autour d'une sphère blanche, petit astre flottant dans l'espace. Ce mobile mécanique fait partie d'une série d'oeuvres directement liées au monde de la danse et que l'artiste nomme "objet-ballet". La possibilité de contrôler et de superposer les mouvements à la manière d'une chorégraphie participe d'un souci fondamental du sculpteur et c'est notamment son travail de miniaturisation du monde du cirque, avec l'oeuvre Circus Scene (1929; Calder Foundation, New York) qui le fera connaître sur le devant de la scène artistique.
Cependant, c'est suite à la visite de l'atelier de Mondrian à l'automne 1930 que le sculpteur envisagea de "travailler dans l'abstrait". En effet, à la vue de son mur blanc sur lequel étaient punaisés des cartons de couleur jaune, rouge, bleu et noir il lui vint alors l'idée de faire "osciller [ces éléments] dans des directions et à des amplitudes différentes"
Entre 1935 et 1936 l'artiste collabora avec Martha Graham sur différents projets. La chorégraphe américaine proposa au sculpteur par deux fois d'introduire ses mobiles sur un plateau de théâtre. Dans le ballet Panorama, première tentative de fusion entre sculpture et danse, Calder avait tenté lors des répétitions de faire actionner les mobiles par les danseurs. Mais les liens - de fines cordelettes - qui rattachaient les danseurs aux sculptures s'avérèrent trop contraignants. L'année suivante, Calder et Martha Graham décidèrent de monter un nouveau spectacle intitulé Horizons: Les mobiles et les pas de danse dialoguaient désormais chacun de leur côté, les mobiles conçus comme des "préludes visuels" intervenaient ainsi entre les danses. A en croire les critiques, l'impact des réalisations de Calder était tel, qu'il détournait l'attention du public de l'objectif principal du spectacle, en l'occurrence la danse.
Réalisé pendant la période de collaboration avec Martha Graham, Dancers and sphere est le reflet des recherches artistiques et philosophiques menées par Calder tout au long de sa carrière. C'est à la fois la maquette d'un plateau scénique et une mécanique bien huilée. Elle doit autant à l'esprit ludique du Calder enfant fabriquant ses propres jouets, qu'au Calder ingénieur dont la formation, théorique et pratique, avait été entraînée durant quatre ans au Stevens Institute de Hoboken dans le New Jersey. Par l'emploi d'un vocabulaire résolument abstrait, son oeuvre permet d'établir de nombreuses analogies. On peut y voir aussi bien les pirouettes de danseuses que le jonglage d'acrobates sur une piste de cirque; ou encore identifier l'ensemble à un chapiteau ou à un bastingage dont les fanions virevoltent dans le vent. Dancer and Sphere témoigne de l'univers poétique et imaginatif de l'artiste sous une forme condensée et particulièrement suggestive.
Notes: