Julio González (1876-1942)
ANCIENNE COLLECTION ANDRÉ LEVEL
Julio González (1876-1942)

Masque

细节
Julio González (1876-1942)
Masque
signé et daté 'J Gonzalez 1929' (au revers)
bronze forgé, ciselé, découpé et soudé à patine brune
Hauteur: 20.2 cm. (8 in.)
Exécuté en 1929; cette oeuvre est unique
来源
André Level, Paris (acquis auprès de l'artiste).
Collection particulière, Paris (par descendance).
Puis par descendance au propriétaire actuel.
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'Mask'; signed and dated on the reverse; forged, chased, cut and soldered bronze with brown patina; conceived in 1929; this work is unique.

拍品专文

Un certificat d'authenticité de Monsieur Philippe Grimminger sera remis à l'acquéreur.


"Pour donner à son oeuvre le maximum de puissance et de beauté, le sculpteur est obligé de préserver une certaine masse, de maintenir le contour extérieur. C'est donc sur la conception de cette masse qu'il doit concentrer son attention, son imagination, sa science, sa faon de préserver toute sa puissance...Dans la sculpture traditionnelle une jambe est formée à partir d'un même bloc; mais dans la sculpture qui utilise l'ESPACE comme MATÉRIAU, cette même jambe peut être ÉVIDÉE, réalisée d'un seul COUP dans un ensemble qui, ainsi, forme un même bloc. La sculpture traditionnelle a horreur des creux et des espaces vides. Cette nouvelle sorte de sculpture les utilise au maximum de leur potentiel et les considère comme un matériau INDISPENSABLE maintenant." (Julio González, 'Notes on Sculpture', vers 1930, reproduit in Picasso and the Age of Iron, catalogue d'exposition, Solomon. R. Guggenheim Museum, New York, 1993, p. 283)

Masque, sculpture unique et fascinante, fait partie de la célèbre série des masques métalliques semi abstraits, en métal découpé et soudé, entreprise par Julio González à l'époque de sa fameuse collaboration avec Pablo Picasso entre 1928 et 1930. Avec cette série, González, pour la première fois de sa longue carrière, assemble toutes les facettes de sa riche expérience de peintre, ferronnier, créateur de bijoux et sculpteur, pour donner naissance à une nouvelle forme de sculpture, de " dessin dans l'espace ". Cette technique originale, semi abstraite et issue du cubisme, impose la sculpture du métal soudé comme une véritable tradition d'avant-garde, et propulse González, aux côtés de Pablo Picasso, Constantin Brancusi et Alberto Giacometti, au rang des plus grands sculpteurs de sa génération.

La célèbre collaboration de González et Picasso à la fin des années 1920 joue un rôle clé dans le développement artistique respectif des deux artistes. Le talent et la maîtrise technique de González dans le travail du métal libère en effet Picasso et lui permet de traduire la logique cubiste de ses récentes peintures en une série extraordinaire de constructions métalliques soudées aux formes libres De même, la vision cubiste de l'espace et l'approche inspirée du collage que Picasso exploite dans ses sculptures dévoilent à González la possibilité insoupçonnée de créer des formes sculptées radicalement nouvelles, fusions poétiques de la forme abstraite, du matériau et de l'espace.

Exécuté en 1929, Masque est un portrait de femme en semi relief, simplifié et réduit à une conception spatiale quasi abstraite de formes découpées et cubistes, conférant à la surface pourtant essentiellement plate de l'oeuvre une profondeur étonnante, accentuée par une ombre portée spectaculaire. Plus tôt cette même année, González travaille à un autre ensemble de reliefs découpés en fer et en bronze, parmi lesquels Masque à la pommette et Visage pensif. Il tente alors de soulever les traits simplifiés d'un visage à partir d'une unique plaque de métal comme pour introduire une troisième dimension au dessin. Avec Masque, González entame la nouvelle étape d'un développement radical et abstrait, et de la traduction de l'espace graphique et de la forme sculpturale solide en un langage cubiste de formes planes. En combinant les plans angulaires semi-abstraits, il parvient à créer une formidable impression de profondeur par le jeu savant et surprenant d'ombres et d'espaces vides.

Cet effet est rendu possible par la simplification raffinée de la forme et du détail, et par leur réduction en un langage graphique brut et proche du cubisme, répondant au caractère tranchant, plan et angulaire du métal de la sculpture. Ayant travaillé le métal toute sa vie, González connait en effet parfaitement les exigences et les possibilités des matériaux qu'il emploie, ce qui joue un rôle essentiel de son oeuvre que l'on retrouve dans les masques en métal de cette période et qui joue un rôle crucial dans l'évolution de l'art du sculpteur en général. " Le grand problème à résoudre, écrivit González à cette époque, ce n'est pas seulement de vouloir faire une oeuvre qui soit harmonieuse et parfaitement équilibrée. Non ! Mais d'obtenir ce résultat par le mariage du matériau et de l'espace, par l'union de formes réelles et de formes imaginaires, obtenues ou suggérées par des points fixes ou des perforations, et ensuite, selon la loi naturelle de l'amour, de les laisser se mêler et de les rendre inséparables l'une de l'autre, comme le corps et l'esprit. " (J. González, " Picasso Sculpteur et les Cathédrales ", in J. Withers, Julio González : Sculpture in Iron, New York, 1978, p. 134.)

Non seulement les formes solides et les espaces vides de González sont intégrés de façon harmonieuse dans la structure de l'uvre elle-même, mais la nature inhérente du matériau devient aussi un facteur déterminant dans sa forme finale. Masque est l'une des premières oeuvres de González dans laquelle les caractéristiques intrinsèques du métal sont mises en avant et exploitées pleinement. Ici en effet, le soulèvement d'une plaque de bronze semble résulter d'une fracture naturelle issue de sa chauffe, donnant naissance à sa forme finale, toute en angles, tout en dessinant d'une faon qui semble presque accidentelle les traits d'un visage de femme.

Se situant à la frontière entre abstraction et figuration, comme tant de sculptures de González, Masque révèle également l'influence omniprésente de l'art tribal, notamment des masques africains, sur son oeuvre. L'impact majeur des masques Senufo, des sculptures de Côte d'Ivoire, des masques Warenga, Fang et Bakwele et des têtes d'Afrique centrale sur la production de nombreux artistes de cette période (dont Picasso n'était pas le moindre) est souvent invoqué pour expliquer la simplification spectaculaire et la réduction de la forme à son essence dans plusieurs masques de González réalisés entre 1929 et 1931. Il est d'ailleurs intéressant de noterque Masque fut en premier lieu acquise directement auprès de González par André Level, propriétaire de la galerie Percier, marchand parisien réputé, érudit et collectionneur d'art tribal.



"In order to give his work the maximum of power and beauty, the sculptor is obliged to preserve a certain mass, to maintain the exterior contour. It is thus on the conception of this mass that he must concentrate his attention, his imagination, his science, his way of preserving all of its power... In traditional sculpture a leg is formed out of a single block; but in sculpture using SPACE as MATERIAL, this same leg may be conceived of as SCOOPED OUT, designated by a single STROKE in a whole that likewise forms a single block. Traditional sculpture has a horror of holes and empty spaces. This new kind of sculpture uses them to their fullest potential, considering them an INDISPENSABLE material now". (Julio González, 'Notes on Sculpture' circa 1930, in Picasso and the Age of Iron, exhibition catalogue, Solomon. R. Guggenheim Museum, New York, 1993. p. 283).

Masque is a unique and fascinating sculpture belonging to the highly celebrated, radical and groundbreaking series of semi-abstract metal masks that Julio González first made during the historic period of his famous collaboration with Pablo Picasso between 1928 and 1930. It was with this series of cut and welded metal masks that, for the first time in his long career, all the aspects of González's long, earlier practice as a painter, metal-worker, jewelry designer and sculptor suddenly came together to forge a radically new way of making sculpture that the artist defined as 'drawing in space'. This unique, semi-abstract and Cubist-derived way of working, first pioneered in this series of masks, was one that would ultimately give birth to an entire avant-garde tradition of making welded metal sculpture and would establish González, alongside Picasso, Constantin Brancusi and Alberto Giacometti as one of the leading sculptors of his generation.

González's famous collaboration with Picasso in the last years of the 1920s was to prove a vital catalyst in the development of both artists' work. González's practical metalworking skill and technical expertise freed Picasso and allowed him to translate the expansive Cubistic logic of his recent paintings into an extraordinary series of freeform welded iron constructions. Similarly, the Cubist spatial aesthetics and collage-like approach to construction that Picasso brought to making sculpture, opened González's eyes to the latent possibility within his own art for the creation of sculptural forms that were both radically new and a poetic fusion of abstracted form, material and space.

Executed in 1929, Masque is a female portrait head made in semi-relief that has been simplified and reduced to a near-abstract, spatial design of cut-out and Cubistic forms which lend the predominantly flat surface of the work a surprisingly dramatic and powerful sense of shadow and spatial depth. It is one of a group of masks from this dramatic period whose origins appear to have derived from a sequence of iron and bronze cut-out reliefs that González had made earlier in the year, such as Masque à la pommette or Visage pensif for example, in which the artist had first attempted to lift the simplified features of a face from a single flat plate of metal as if literally setting a drawing into three dimensions. Representing the next stage in this radical abstracting development and translation of graphic space and solid sculptural form into a Cubistic language of planar form and empty space, Masque is a freestanding head whose angular, semi-abstract and seemingly elevated planes of form combine to articulate a planar sense of depth through a clever and dramatic play of empty space and shadow.

This dynamic effect has only been possible to achieve through González's elegant and understated simplifying of form and detail and a reduction of it to a raw, direct and vaguely Cubist graphic language expressive of the sharp, flat and angular quality of the metal from which the sculpture has been made. Having been a metal worker all his life, González had a deep understanding of the demands and capabilities of his materials and this is an important feature of his work which, in his metal masks of this period, came to play a central role in the evolution of his sculptural practice as a whole. "The real problem to be solved" González wrote around this time, "is not only wanting to make a work that is harmonious and perfectly balanced. No! But to achieve this result by the
marriage of the material and space, by the union of real forms and imaginary forms, obtained or suggested by fixed points or perforations, and then, according to the natural law of love, to let them blend and to make them inseparable from one another, like body and spirit"(Julio González, Picasso Sculpteur et les Cathédrals, in J. Withers, Julio González : Sculpture in Iron, New York, 1978, p. 134).

Not only were the solid forms and empty spaces of González's sculptures to be harmoniously integrated within the formal language of the work itself therefore, but the inherent nature of the material too was to be a determining factor in the ultimate form that the sculpture took.
Masque is one of the very first of González's works in which this innate quality of the metal out of which the sculpture is made can be seen to have begun to formally express its own distinctly metal nature. For here, a solid sheet of bronze appears to be lifting from another as if having been heated and naturally fractured into its resultant form, its sharp, angular, cut-out shapes articulating the hard, sharp-edged and tensile nature of the metal while, at the same time, almost incidentally, they also convey the features of a face.

Hovering on the borderline between abstraction and figuration as so many of González's sculptures were to do,
Masque in this respect may also reflect the pervasive influence of tribal sculpture on González and, in particular that of African masks. A major influence on many artists of this period (Picasso, not least among them), Senufo masks and carvings from the Ivory Coast along with Warenga, Fang and Bakwele masks and heads from Central Africa are often thought to have inspired the dramatic simplification and reduction of form to its material essence in several of González's mask-head sculptures during the years 1929-31. It is, in this respect too, interesting to note that Masque is a work that was first acquired, directly from González, by André Level, the owner the Galerie Percier and a prominent and knowledgeable Parisian dealer and collector of tribal art.