Georges Braque (1882-1963)
Georges Braque (1882-1963)

Le grand vase

细节
Georges Braque (1882-1963)
Le grand vase
signé 'G Braque' (en bas à droite)
huile et sable sur toile
180.2 x 73.1 cm. (71 x 28¾ in.)
Peint en 1952
来源
Aimé Maeght, Paris.
Acquis auprès de celui-ci.
出版
"Georges Braque", in Le Point, 1953, p. 38.
N. S. Mangin, Catalogue de l'oeuvre de Georges Braque, peintures 1948-1957, Montrouge, 1959, p. 50 (illustré).
展览
Paris, Galerie Maeght, Braque, juin-juillet 1952, no. 16.
Tokyo, Musée National, Exposition des oeuvres de Georges Braque à Tokio, septembre-octobre 1952, p. 12, no. 17 (illustré, titré 'le Grand bouquet').
Berne, Kunsthalle, Braque, avril-mai 1953, no. 113.
Paris, Musée de l'Orangerie, Georges Braque, octobre 1973-janvier 1974, p. 51, no. 122 (illustré, p. 156).
Rome, Villa Medicis, Braque, novembre 1974-janvier 1975, no. 34 (illustré).
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'The Large Vase'; signed lower right; oil and sand on canvas.

荣誉呈献

Clémentine Robert
Clémentine Robert

拍品专文

Monsieur Quentin Laurens, détenteur du droit moral de l'artiste, a confirmé que cette oeuvre figure bien dans ses archives.



Lorsque la Galerie Maeght organise une exposition sur Georges Braque en 1952, l'univers de l'artiste prend un nouveau tournant, autour de la série des Grands Bouquets. Alors que Braque semblait se tenir à un cubisme s'exprimant dans un univers clos, il s'intéresse désormais à des motifs inspirés de la nature, qu'il représente dans un cadre plus ouvert. Si l'aspect bidimensionnel subsiste toujours, Le grand vase traduit une approche plus figurative.
Alberto Giacometti, dans un texte accompagnant l'exposition de 1952, évoquait la pluralité des significations de cet objet - pourtant si simple - et de l'effet qu'il provoquait: "Mais pourquoi, de toutes les dernières peintures de Braque, est-ce le vase jaune ocre qui m'est resté le plus vivement en mémoire ? Peut-être parce qu'en s'accrochant, en donnant un tel poids à une seule partie de la surface du plus simple, et d'une certaine manière, du plus signifiant des objets, il valorise en même temps tout ce qu'il ne peint pas, il donne une valeur à celles qui étaient les plus mornes et nulles des choses et il exalte toutes celles qui les dépassent jusqu'à celui qui les regarde" (Alberto Giacometti cité dans J.Leymarie,Georges Braque, New York, mai 1988). La lumière chaude et vive du mélange d'huile et de sable sur le vase ocre fait ressortir la simplicité épurée, suggestive, du reste de la composition, dominée par un noir presque monochrome, où l'on devine à peine une table au-dessus de laquelle le vase semble suspendu.
Quand l'artiste écrit "Le vase donne une forme au vide, et la musique au silence" ("Le jour et la nuit", Cahiers de Georges Braque, 1917-1952), c'est comme si l'objet prenait vie, devenait animé.
La touche pointilliste du tableau rapproche les lilas de notes de musique posées sur une partition. Le contraste entre la précision figurative du vase et l'évanescence du décor semble diriger l'esprit du spectateur vers des réalités extérieures au tableau.
Dans l'histoire d'Henri-Georges Clouzot, Georges Braque occupe une place essentielle. Après avoir donné naissance au Salaire de la peur, le réalisateur passionné découvre la pratique de la peinture.
On parle d'une addiction, d'un virus qui aurait vu le jour dans la salle à manger de la Colombe d'or, à la vue d'une oeuvre de Bonnard et d'une autre de Braque. Le cinéaste s'essaie alors à cette discipline et soumet ses ébauches aux plus grands. Picasso lui donne des conseils mais c'est Braque qui l'encourage, si bien que Clouzot fréquente son atelier assidûment pendant un an, apprenant l'alchimie des couleurs.
Clouzot ne cache pas son admiration pour l'artiste qui a "le génie de l'essence et de l'huile. Ecartelé entre son amour de la matière et la tyrannie de la réalité, comme le pharmacien qui pèse des poisons sur une balance de précision, il résout le problème en intervenant au minimum, n'étant qu'un végétal qui cherche sa route vers la lumière (Henri-Georges Clouzot interviewé par André Parinaud, Arts Spectacles, janvier 1956, no 552).



When the Galerie Maeght organised a Braque exhibition in 1952, the artist's work took a new direction, with Les Grands Bouquets series. Whereas Braque had seemed to stick to a self-contained form of Cubism, he now develops an interest for patterns inspired by Nature, which he represents in a larger frame.
While the two-dimensional aspect is still present in this work, Le Grand Vase" reflects this new approach by the artist, as he becomes more natural in relation to objects.
In a text accompanying the 1952 exhibition, Alberto Giacometti similarly evoked the plurality of meanings of this object - despite its simplicity - and the effect it provoked: "But why, of all the latest paintings by Braque, is it the yellow ochre vase which stayed in my memory? Perhaps because by fixing on it, by giving such weight to a single part of the surface of the simplest and, in some way, the most significant of objects, at the same time he promotes everything he leaves unpainted, he gives value to the most dreary and worthless of things and exalts everything greater than them, including the person looking at them." (Alberto Giacometti, quoted in J. Leymarie, Georges Braque, New York, mai 1988).
The combination of oil and sand creates a new relationship in this work with the almost monochrome colour, in which black achieves its full density.
When the artist writes, "The vase brings shape to the void and music to the silence" (Le Jour et la Nuit, Cahiers de Georges Braque, 1917-1952), it is as if the object comes to life, becomes animated.
The painting's Pointillist touch resonates like musical notes marked on a score and the warm light of the ochre vase reminds us of its importance in all visual art.
The interdisciplinary approach to this painting and to art is an allegory for the relationship between Georges Braque and Henri-Georges Clouzot. Having created Les Diaboliques, the passionate film director discovered painting. It became an addiction, a virus contracted in the dining room of the Colombe d'Or, on seeing a work by Bonnard and another by Braque. The filmmaker decided there and then to turn his hand to the discipline and submitted his sketches to the masters, his friends. Picasso gave him advice, but it was Braque who encouraged him, to such an extent that Clouzot would assiduously attend his studio for a year to learn the alchemy of colours.
Clouzot did not conceal his admiration for the artist who was "a genius with petroleum and oil. Torn between his love of materials and the tyranny of reality, like a pharmacist weighing fish on precision scales, he resolves the problem by being involved as little as possible, no more than a vegetable finding its way towards the light."