Auguste Rodin (1840-1917)
Dessins inédits de la collection Eugène Rehns Lots 3 à 12 Rodin a déjà presque soixante ans lorsqu'il entame la série des dessins instantanés. Nous sommes à la veille de l'Exposition Universelle de 1900 et le sculpteur est à l'apogée de son art. Rodin pratique le dessin depuis l'enfance et n'a cessé, tout au long de sa vie, de croquer des paysages et des architectures. Lors de son voyage en Italie, il avait saisi la beauté implacable des statues de Michel-Ange à l'aide de fusain et de mine de plomb. Il utilise également le dessin pour la composition de la Porte de l'enfer, travaillant pendant plus d'un an à partir du chef-d'oeuvre de Dante. Les dessins qu'il produit alors sont monumentaux, très fouillés. Le geste y est dur. Ce n'est que vers 1890, à la suite de sa rencontre avec Camille Claudel, que Rodin aborde les modèles féminins et qu'il définit cette palette chromatique si caractéristique, dominée par des tons saumon, pêche et ocres. Le sculpteur se lance alors dans d'inépuisables variations, de véritables mélodies exaltant la grâce féminine. Sa technique est déconcertante de simplicité. La mine de plomb et parfois la plume donnent les lignes du corps alors que la peau et les vêtements sont rendus par l'aquarelle, aux teintes raffinées et transparentes, rarement vives. Il arrive que Rodin, dans sa hâte, alourdisse son pinceau d'un amas de gouache non diluée qui s'écaille avec le temps et ajoute à la fragilité de ses dessins. Rodin ose une nouvelle liberté où la forme et le mouvement, la couleur et la vie ne font qu'un. Rapidement présentés au public, les dessins de Rodin rencontrent un succès immédiat. La grande rétrospective Rodin qui a lieu pendant l'Exposition Universelle de Paris en 1900 est l'occasion de découvrir près de cent trente de ces feuillets. Ils seront ensuite présents dans la plupart des grandes expositions de l'artiste et à travers toute l'Europe comme faisant partie intégrante de son oeuvre. Nombreux seront les artistes à s'inspirer de ce travail, comme Aristide Maillol, Henri Laurens ou Henri Matisse. De passage à Paris en avril 1902, Paul Klee écrit dans son journal à propos de ces aquarelles: "Quelques traits de plomb et voilà les contours tracés, avec un pinceau saturé d'aquarelle il pose un ton clair, et avec une autre couleur, par exemple un gris, il évoque encore des vêtements. C'est tout, et c'est simplement monumental". La plupart des grandes institutions publiques chercheront à acquérir ces oeuvres, mais aussi les grands collectionneurs à l'image d'Eugène Rehns. Ayant rassemblé une collection comprenant les plus importantes figures de l'Impressionnisme, Eugène Rehns, qui avait fait fortune dans l'industrie du parfum, n'eut de cesse d'acheter des oeuvres de Rodin auquel il vouait une profonde admiration. Propriétaire de plusieurs sculptures emblématiques de l'artiste - l'Eternel Printemps Eve, Fugit Amor, Le désespoir, Les Bénédictions, La voix intérieure - dont certaines seront dispersées le 28 mai prochain chez Christie's à Paris, Eugène Rehns considéra avec beaucoup d'attention les dessins du maître. Le collectionneur qui rendit à plusieurs reprises visite au sculpteur à Meudon, comprit que Rodin considérait son oeuvre graphique comme une composante essentielle de son travail. "C'est bien simple, mes dessins sont la clé de mon oeuvre : ma sculpture n'est que du dessin sous toutes les dimensions" écrit Rodin en 1910. D'une très grande fraîcheur et dans un état de conservation exceptionnel, acquis auprès des plus grands galeristes de leur temps, parmi lesquels Clovis Sagot, Devambez, Georges Petit et Blot, ces dessins ont été conservés par Eugène Rehns dans son cabinet d'amateur, puis par ses descendants jusqu'à leur mise en vente aujourd'hui. Rodin was already approaching 60 when he began his series of instantaneous drawings "dessins instantanés"). The Great Exhibition of 1900 was on the horizon and the sculptor was at the peak of his artistic powers. Since childhood Rodin had always drawn and throughout his life he continued to sketch landscapes and architecture. During his visit to Italy, he captured in charcoal and pencil the uncompromising beauty of Michael-Angelo's statues. For more than a year, and working from Dante's masterpiece, he again used drawing extensively in his studies for the composition of his Porte de l'Enfer. The resulting drawings were monumental, meticulous and defined by firm strokes. It was only in around 1890, following his meeting with Camille Claudel, that Rodin began tackling female models as well as adopting his characteristic colour palette, defined by tones of salmon, peach and ochre. From this point the sculptor embarked on endless variations, composing visual anthems to feminine grace. His technique is disconcertingly simple. Pencil and sometimes pen provide the lines of the body while the skin of the face, arms and legs is rendered in watercolour. To paint clothing, subtly-toned watercolour of varied transparencies, sometimes heightened by gouache, is applied by brush. Occasionally in his haste Rodin uses a brush weighed with undiluted material which diminishes over time, adding to the fragility of his drawings. Rodin dares a new sense of freedom in which form and movement, colour and life combine. Rodin's drawings were promptly presented to the public and met with immediate success. The major Rodin retrospective held during the 1900 Universal Exhibition in Paris was an opportunity to encounter almost 130 of these drawings. They went on to be included as an integral part of his work in most of the artist's major exhibitions across Europe. Numerous artists were inspired by them, including Aristide Maillol, Henri Laurens and Henri Matisse. Visiting Paris in April 1902, Paul Klee wrote in his diary with reference to these watercolours: "Only a few lines of pencil give the outline, whilst a brush filled with watercolour adds the flesh tone, and another, for example with grey, may indicate clothing. That is all, but its effect is simply monumental." Most of the leading public institutions attempted to acquire these works, as well as major collectors such as Eugène Rehns. Having built up a collection representing the most important Impressionist names, Eugène Rehns, an industrialist who had made his fortune in perfume, became an avid buyer of works by Rodin, for whom he declared a profound admiration. As well as owning several emblematic sculptures by the artist - L'Eternel Printemps, Eve, Fugit Amor, Le Désespoir, Les Bénédictions, Le Lion qui Pleure, La Voix Intérieure - he also paid great attention to drawings by the master. The collector, who visited the sculptor several time in Meudon, understood that Rodin considered his graphic work to be an essential part of his oeuvre. "It's very simple. My drawings are the key to my work: my sculpture is merely drawing in all its dimensions," wrote Rodin in 1910. In an exceptional state of conservation and acquired from the leading gallery owners of the time, including Clovis Sagot, the Devambez family, Georges Petit and Blot, these drawings were conserved by Eugène Rehns in his private collection, and since then by his family, until their inclusion in the present sale.
Auguste Rodin (1840-1917)

Femme-pyjama

细节
Auguste Rodin (1840-1917)
Femme-pyjama
aquarelle et graphite sur papier
39.9 x 27 cm. (15¾ x 10 5/8 in.)
Exécuté vers 1898-1901
来源
Eugène Rehns, Paris.
Puis par descendance au propriétaire actuel.
更多详情
'Femme-pyjama'; watercolour and graphite on paper; executed circa 1898-1901.

拍品专文

Une attestation d'inclusion au catalogue raisonné des dessins et peintures d'Auguste Rodin actuellement en préparation par Madame Christina Buley-Uribe sera remise à l'acquéreur.

"L'ensemble des Femmes-pyjama est spécial en ce qu'il représente un modèle unique dans des attitudes subtilement variées et parce que le torse est le point d'ancrage du regard."
Christina Buley-Uribe