WIFREDO LAM (1902-1982)
WIFREDO LAM (1902-1982)

Sans titre

细节
WIFREDO LAM (1902-1982)
Sans titre
signé 'Wifredo Lam' (en bas à gauche)
huile sur toile
60.5 x 78 cm. (23 7/8 x 30.6/8 in.)
Réalisé en 1945.
来源
Collection privée, Paris
Puis par descendance au propriétaire actuel
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'UNTITLED'; SIGNED LOWER LEFT; OIL ON CANVAS.

荣誉呈献

Valentine Legris
Valentine Legris

拍品专文

L'authenticité de cette oeuvre a été confirmée par Monsieur Eskil Lam.


Réalisé en 1945, année où le MoMA acquiert La jungle, Sans titre constitue une synthèse remarquable de la trajectoire artistique de Wifredo Lam, ponctuée de déracinements successifs (départ de Cuba pour Madrid, abandon de l'Espagne en proie à la guerre civile et installation à Paris, fuite enfin de la France occupée en 1941) et de reconnexions progressives avec ses racines afro-cubaines, grâce à la découverte de la statuaire primitive dans les musées madrilènes et à de nombreuses rencontres capitales, entre autres Pablo Picasso à Paris et Aimé Césaire en Martinique.

Lorsqu'il peint Sans titre, Lam est de retour à Cuba depuis déjà trois ans. Ces retrouvailles avec l'île qui l'a vu naître ont quelque chose de douloureux : "tout le drame colonial de ma jeunesse revivait en moi", écrit-il à cette époque. Par l'intermédiaire d'amis anthropologues, il redécouvre alors les rites ancestraux, en particulier le vaudou et le spiritisme de la santería. L'artiste retrouve dans ces pratiques anciennes des ressorts identiques à ceux utilisés par le surréalisme européen : même recours à une forme d'inconscient et d'automatisme, même rapport au merveilleux et à l'irrationnel. Lam perçoit dès lors l'usage singulier qu'il peut faire du surréalisme pour renouer avec ses origines métisses : les formes hallucinatoires qui surgissent désormais sur ses toiles, mi-végétales, mi-humaines, sont autant de résurgences de ces mythes lointains, et de voiles levés sur une identité enfouie, retrouvée grâce à la peinture.

Le traitement de la toile dans une palette réduite de bleus, noirs et blancs, tout en nuances légères, dégradés et lavis qui immergent les personnages dans un mystérieux arrière-plan vaporeux - que l'on retrouve dans plusieurs tableaux réalisés cette même année 1945 et dont Sans titre offre un exemple emblématique - ajoute à l'atmosphère spectrale de ce tableau où se lisent les traces d'un passé enseveli soudainement exhumé. Sans titre, comme l'ensemble des œuvres exécutées à Cuba à partir de 1942, revêt donc à la fois une dimension intime - c'est son identité-même que Lam poursuit à travers sa peinture - et politique : le surréalisme doit servir à réveiller l'énergie endormie des peuples colonisés en un mouvement libératoire historique.


Created in 1945, the year the MoMA acquired La Jungle, Untitled constitutes a remarkable distillation of Wifredo Lam’s artistic journey, marked by successive uprooting (first he leaves Cuba for Madrid, then abandons Spain for Paris during the civil war and finally flees occupied France in 1941) and gradual reconnection with his Afro-Cuban origins following his discovery of the primitive statuary in the museums in Madrid and several pivotal meetings, including those with Pablo Picasso in Paris and Aimé Césaire in Martinique.

When Lam paints Untitled, he’s already been back in Cuba since three years. The rediscovery of his native island turns out to be painful in some ways: "The whole colonial drama of my youth seemed to be reborn in me," he writes at the time. Anthropologist friends introduce him to some ancestral rites, particularly Voodoo and Santería spiritualism. The artist finds out that these ancient practices use the methods similar to those of the European Surrealism: the same recourse to the subconscious and the automatism, the same relationship with the fantastical and the irrational. This leads Lam to realize that he can use Surrealism to reconnect with his mixed-race origins. Thus the hallucinatory forms which now begin to abound in his works – half-plant, half-human – are all allusions to these distant myths and the identity, rediscovered through painting.

The palette, reduced to the hues of blue, black and white, all in light tones, faded and washed out, immerse the characters into a mysterious, hazy background, found in several paintings produced in 1945 and of which Untitled is an emblematic example. The ghostly atmosphere of this painting thus reveals the traces of a buried past, suddenly exhumed. Therefore, Untitled, like all the works produced in Cuba since 1942, appears to possess both an intimate dimension – Lam is exploring his own identity through his art – and a political one: Surrealism should awaken the dormant energy of the colonised people in a historic liberation movement.

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