拍品专文
Né à Quiévy en 1882, Auguste Herbin entama très tôt une carrière artistique rapidement marquée par l’influence de Pablo Picasso, de Georges Braque et des tenants du mouvement cubiste. Avec son style puissamment décoratif frôlant l’abstraction et ses reliefs en bois peints, il contribuera bientôt largement à l’effort moderne mené par Léonce Rosenberg. S’il trouva ses premières sources d’inspiration dans les oeuvres impressionnistes et postimpressionnistes vues au Salon d’Automne en 1906, ces dernières ne tardèrent pas à être balayées par la découverte de Gauguin et des fauves. En 1909, après plusieurs années de travail solitaire, Herbin s’installa au Bateau- Lavoir où sa rencontre avec Picasso, Braque, Freundlich et Gris ouvrit la voie à son adhésion au cubisme. En 1910, il exposa aux côtés d’Albert Gleizes et de Fernand Léger au Salon de Indépendants, et participa à l’exposition de la
Section d’Or en 1912. Dès 1917, Herbin mit au point une forme de cubisme unique et personnelle. Basée sur l’assemblage d’éléments stylisés tirés de la réalité qui l’entoure, elle résulte pourtant en des compositions qui, comme dans les oeuvres tardives de Metzinger, prennent leur distance avec toute logique figurative. Retrouvant ses pinceaux après deux années de mobilisation, il réalisa cette année-là une quinzaine de toiles d’une qualité exceptionnelle, parmi lesquelles Composition aux trois boules. Elles ont en commun une audace manifeste s’exprimant de multiples façons : par la forme, tout d’abord, les éléments familiers de la fenêtre, d’une manivelle ou d’une corde côtoyant pêle-mêle les formes géométriques les plus basiques; par la couleur, ensuite, les aplats uniformes contrastant avec des semis de minuscules touches, mono ou polychromes; par la surface, enfin, le mate et le lisse alternant sans transition avec le rugueux, lourdement empâté. La dualité entre forme et fond disparaît totalement, et l’artiste touche ainsi au but de sa démarche artistique, qu’il décrit en ces termes : «la forme, c’est le fond. La forme s’identifie au fond, le fond s’identifie à la forme. La création artistique n’est pas autre chose que la propre création de l’homme» (cité in G. Claisse, op. cit., p. 211). Des oeuvres de 1917, Composition aux trois boules est le tableau qui évoque le plus clairement l’héritage -reçu par Herbin et les cubistes français- de l’esthétique néo-impressionniste, en particulier de Paul Signac. Les théories divisionnistes de Signac sont ici retranscrites à travers l’utilisation des nombreux points aux couleurs opposées, qui se confrontent à un arrière-plan uniforme. L’année suivant l’exécution du présent tableau, Léonce Rosenberg consacra à Herbin l’exposition inaugurale de la Galerie l’Effort Moderne, qui, durant les années suivant la première guerre mondiale, défendit sans relâche le mouvement cubiste et l’art d’avant-garde, exposant notamment Laurens, Picasso, Léger et Gris. Si Rosenberg fit beaucoup pour la carrière d’Herbin, ce dernier fut aussi ardemment défendu par les célèbres marchands Wilhelm Uhde et Alfred Flechtheim, qui acquirent nombre de ses oeuvres.
Born in Quiévy in 1882, Auguste Herbin, followed up an early career as an experimental cubist equally responsive to Pablo Picasso, to Georges Braque and to Salon Cubism, with near abstract ornamental canvases and painted wooden reliefs, contributing much to Léonce Rosenberg’s Galerie l’Effort Moderne. The initial influence of the work of the Impressionist and Post-Impressionists visible in paintings exhibited at the Salon d’Automne in 1906, gradually gave way to an involvement with Gauguin and the Fauves. In 1909, having worked for many years in isolation, Herbin moved to a studio in Montmartre’s ‘bateau-lavoir’, where he met Picasso, Braque, Otto Freundlich and Juan Gris, resulting in his adoption of Cubism. In 1910 his work was exhibited alongside that of Albert Gleizes and Fernand Léger at the Salon des Indépendants, and in 1912 he participated in the influential Section d’Or exhibition. By 1917 Herbin had developed what might be described as a unique form of ‘synchronetic’ Cubism, a decorative idiom composed of stylised elements drawn from reality and yet assembled, as in the later work of Jean Metzinger, with little representational logic. Picking up his brushes after two years of military service, that year he would paint fifteen canvases of exceptional quality, including Composition aux trois boules. They share a common sense of daring, expressed via a multitude of means: firstly through the familiar outlines of recognisable shapes such as a window, a crank shaft or a rope, the most basic geometric forms adjoined in a helter-skelter pattern; next by their colour, with uniform planes contrasting with miniscule mono- or polychrome strokes; lastly by their surface, with matt and glossy alternating with rough and heavy impasto textures. The division between shape and background is entirely gone, and the artist thereby reaches his ultimate artistic goal, which he describes thus: “the shape is the background. The shape meets the background, the background meets the shape. Artistic creation is nothing other than the very creation of man” (cited in G. Claisse, op. cit, p. 211).
Of the works painted in 1917, Composition aux trois boules also most clearly evokes the debt owed by Herbin and the French cubists to the Neo-Impressionist aesthetic, and in particular to the art of Paul Signac. Signac’s divisionism theories are transcribed here via the use of myriad dots of opposing colour juxtaposed against a uniform ground. The following year Herbin was the subject of Léonce Rosenberg’s inaugural exhibition at the newly established Galerie l’Effort Moderne which, for many years following the First World War was central to the promotion of cubist and avant-garde art, hosting exhibitions of the work of Henri Laurens, Picasso, Léger and Gris. As well as earning Rosenberg’s favour, Herbin also attracted the interest of dealers Wilhelm Uhde and Alfred Flechtheim who both purchased work directly from the artist’s studio.
Section d’Or en 1912. Dès 1917, Herbin mit au point une forme de cubisme unique et personnelle. Basée sur l’assemblage d’éléments stylisés tirés de la réalité qui l’entoure, elle résulte pourtant en des compositions qui, comme dans les oeuvres tardives de Metzinger, prennent leur distance avec toute logique figurative. Retrouvant ses pinceaux après deux années de mobilisation, il réalisa cette année-là une quinzaine de toiles d’une qualité exceptionnelle, parmi lesquelles Composition aux trois boules. Elles ont en commun une audace manifeste s’exprimant de multiples façons : par la forme, tout d’abord, les éléments familiers de la fenêtre, d’une manivelle ou d’une corde côtoyant pêle-mêle les formes géométriques les plus basiques; par la couleur, ensuite, les aplats uniformes contrastant avec des semis de minuscules touches, mono ou polychromes; par la surface, enfin, le mate et le lisse alternant sans transition avec le rugueux, lourdement empâté. La dualité entre forme et fond disparaît totalement, et l’artiste touche ainsi au but de sa démarche artistique, qu’il décrit en ces termes : «la forme, c’est le fond. La forme s’identifie au fond, le fond s’identifie à la forme. La création artistique n’est pas autre chose que la propre création de l’homme» (cité in G. Claisse, op. cit., p. 211). Des oeuvres de 1917, Composition aux trois boules est le tableau qui évoque le plus clairement l’héritage -reçu par Herbin et les cubistes français- de l’esthétique néo-impressionniste, en particulier de Paul Signac. Les théories divisionnistes de Signac sont ici retranscrites à travers l’utilisation des nombreux points aux couleurs opposées, qui se confrontent à un arrière-plan uniforme. L’année suivant l’exécution du présent tableau, Léonce Rosenberg consacra à Herbin l’exposition inaugurale de la Galerie l’Effort Moderne, qui, durant les années suivant la première guerre mondiale, défendit sans relâche le mouvement cubiste et l’art d’avant-garde, exposant notamment Laurens, Picasso, Léger et Gris. Si Rosenberg fit beaucoup pour la carrière d’Herbin, ce dernier fut aussi ardemment défendu par les célèbres marchands Wilhelm Uhde et Alfred Flechtheim, qui acquirent nombre de ses oeuvres.
Born in Quiévy in 1882, Auguste Herbin, followed up an early career as an experimental cubist equally responsive to Pablo Picasso, to Georges Braque and to Salon Cubism, with near abstract ornamental canvases and painted wooden reliefs, contributing much to Léonce Rosenberg’s Galerie l’Effort Moderne. The initial influence of the work of the Impressionist and Post-Impressionists visible in paintings exhibited at the Salon d’Automne in 1906, gradually gave way to an involvement with Gauguin and the Fauves. In 1909, having worked for many years in isolation, Herbin moved to a studio in Montmartre’s ‘bateau-lavoir’, where he met Picasso, Braque, Otto Freundlich and Juan Gris, resulting in his adoption of Cubism. In 1910 his work was exhibited alongside that of Albert Gleizes and Fernand Léger at the Salon des Indépendants, and in 1912 he participated in the influential Section d’Or exhibition. By 1917 Herbin had developed what might be described as a unique form of ‘synchronetic’ Cubism, a decorative idiom composed of stylised elements drawn from reality and yet assembled, as in the later work of Jean Metzinger, with little representational logic. Picking up his brushes after two years of military service, that year he would paint fifteen canvases of exceptional quality, including Composition aux trois boules. They share a common sense of daring, expressed via a multitude of means: firstly through the familiar outlines of recognisable shapes such as a window, a crank shaft or a rope, the most basic geometric forms adjoined in a helter-skelter pattern; next by their colour, with uniform planes contrasting with miniscule mono- or polychrome strokes; lastly by their surface, with matt and glossy alternating with rough and heavy impasto textures. The division between shape and background is entirely gone, and the artist thereby reaches his ultimate artistic goal, which he describes thus: “the shape is the background. The shape meets the background, the background meets the shape. Artistic creation is nothing other than the very creation of man” (cited in G. Claisse, op. cit, p. 211).
Of the works painted in 1917, Composition aux trois boules also most clearly evokes the debt owed by Herbin and the French cubists to the Neo-Impressionist aesthetic, and in particular to the art of Paul Signac. Signac’s divisionism theories are transcribed here via the use of myriad dots of opposing colour juxtaposed against a uniform ground. The following year Herbin was the subject of Léonce Rosenberg’s inaugural exhibition at the newly established Galerie l’Effort Moderne which, for many years following the First World War was central to the promotion of cubist and avant-garde art, hosting exhibitions of the work of Henri Laurens, Picasso, Léger and Gris. As well as earning Rosenberg’s favour, Herbin also attracted the interest of dealers Wilhelm Uhde and Alfred Flechtheim who both purchased work directly from the artist’s studio.