拍品专文
«La réalité fait toujours partie de moi, mais afin de m’exprimer, il fallait que je me détache complètement de l’extérieur, du «réalisme», et par conséquent développer ce qui était en moi pour exprimer une réalité perçue, ne coïncidant pas forcément avec ce que perçoit l’oeil. » (Joan Miró, entretien avec Manuel Osario, publié dans Entretien, janvier 1984).
Tout au long de sa vie, Miró a cultivé un intérêt pour la représentation de la réalité, qu’il cherche souvent à exprimer de manière tangible. De 1951 à 1953, l’artiste réalise une série de dessins sur papier intitulée Graphisme concret, dont le titre contraste avec ceux donnés à la majorité de ses oeuvres, d’ordinaire en accord avec leur sujet («femme», «oiseau», «lune»). À travers ce titre-ci, l’artiste communique intentionnellement sa façon de dépeindre la réalité. Jacques Dupin, qui a traité la série dans l’introduction de son catalogue raisonné des dessins de Miró, écrit que selon l’artiste, le terme "concret" autorise l’exclusion et la proscription du mot "abstrait", qui a tendance à être associé à lui, à sa grande colère. Sous l’obstination aussi vive que résolue de Miró, le réel est resté présent du début à la fin (J. Dupin, op. cit. p. 10).
L’oeuvre présente est la plus grande de la série Graphisme concret et aborde plusieurs aspects fondamentaux de l’approche du dessin par Miró. L’art de Miró est essentiellement spontané. Ici, il a couvert la feuille d’une combinaison de graffitis spontanés (points, coups de pinceau, éclaboussures, lignes) qui ensemble composent un langage graphique qui lui est propre. En effet, pour l’artiste qui déclare en 1927 qu’il allait «assassiner la peinture», le fait de dessiner, de se réapproprier ce geste créatif élémentaire en posant plume ou pinceau sur une feuille, devient indispensable à son activité. À la recherche constante d’une manière de réinventer son univers graphique, la quête de spontanéité de Miró s’intensifie au cours de sa carrière. Graphisme concret est l’exemple type des oeuvres de Miró du début des années 1950, époque à laquelle ses dessins combinent deux éléments principaux : les marques spontanées (vestige de ses expériences surréalistes) et l’inclusion d’idéogrammes calligraphiques. Mais l’oeuvre conserve avant tout une certaine finesse grâce au personnage aux airs coquets, à droite, qui est un exemple supplémentaire de la personnalité artistique unique de Miró.
Reality is always inside me, but in order to express myself I needed to break with what was external, with all ‘realism’ and as such develop what was within me and express a reality which was sensed and which is not necessarily what we see’ (Joan Miró, interview with Manuel Osario, published in Entretien, January 1984).
Miró’s interest in the portrayal of reality was a lifelong pursuit, and one which he often felt the need to address in tangible terms. Between 1951 and 1953 the artist produced a series of works on paper entitled Graphisme concret; in contrast to the titles given to the majority of his art which were for the most part explanatory of subject matter (‘woman’, ‘bird’, ‘moon’), here the title was intended to deliberately communicate his approach to depicting reality. As Jacques Dupin wrote in his discussion of the series in
the introduction to his catalogue raisonné for Miró’s drawings: ‘For him, the term concret allowed for the exclusion and condemnation of the word abstrait (abstract), which people tended to associate with him and which infuriated him. He forcefully and steadfastly insisted on beginning from the real and ending with the real.’ (J. Dupin, op. cit., p. 10).
The present work is the largest in the Graphisme concret series, and illustrates many of the essential elements of Miró’s approach to drawing. Fundamentally spontaneous in his art, Miró has here populated the sheet with a combination of instinctive graffiti - dots, strokes, splashes and lines -which combine to form his characteristic graphic language. Indeed, for the artist who had declared in 1927 that he would ‘assassinate painting’, the act of drawing, of reclaiming the instinctive element of creativity by putting pen or brush to paper, was an indispensable part of his activity. Miró’s pursuit of spontaneity intensified throughout his career as he constantly sought to re-invent his graphic universe. Graphisme concret typifies Miró’s works of the early 1950s where he principally drew on the dual sources of accidental mark-making (a continuance of his surrealist experiences) and the integration of calligraphic ideograms. Above all, the work retains a lively sense of wittiness with the presence of the coquettish character at right, introducing a further element of Miró’s unique artistic personality.
Tout au long de sa vie, Miró a cultivé un intérêt pour la représentation de la réalité, qu’il cherche souvent à exprimer de manière tangible. De 1951 à 1953, l’artiste réalise une série de dessins sur papier intitulée Graphisme concret, dont le titre contraste avec ceux donnés à la majorité de ses oeuvres, d’ordinaire en accord avec leur sujet («femme», «oiseau», «lune»). À travers ce titre-ci, l’artiste communique intentionnellement sa façon de dépeindre la réalité. Jacques Dupin, qui a traité la série dans l’introduction de son catalogue raisonné des dessins de Miró, écrit que selon l’artiste, le terme "concret" autorise l’exclusion et la proscription du mot "abstrait", qui a tendance à être associé à lui, à sa grande colère. Sous l’obstination aussi vive que résolue de Miró, le réel est resté présent du début à la fin (J. Dupin, op. cit. p. 10).
L’oeuvre présente est la plus grande de la série Graphisme concret et aborde plusieurs aspects fondamentaux de l’approche du dessin par Miró. L’art de Miró est essentiellement spontané. Ici, il a couvert la feuille d’une combinaison de graffitis spontanés (points, coups de pinceau, éclaboussures, lignes) qui ensemble composent un langage graphique qui lui est propre. En effet, pour l’artiste qui déclare en 1927 qu’il allait «assassiner la peinture», le fait de dessiner, de se réapproprier ce geste créatif élémentaire en posant plume ou pinceau sur une feuille, devient indispensable à son activité. À la recherche constante d’une manière de réinventer son univers graphique, la quête de spontanéité de Miró s’intensifie au cours de sa carrière. Graphisme concret est l’exemple type des oeuvres de Miró du début des années 1950, époque à laquelle ses dessins combinent deux éléments principaux : les marques spontanées (vestige de ses expériences surréalistes) et l’inclusion d’idéogrammes calligraphiques. Mais l’oeuvre conserve avant tout une certaine finesse grâce au personnage aux airs coquets, à droite, qui est un exemple supplémentaire de la personnalité artistique unique de Miró.
Reality is always inside me, but in order to express myself I needed to break with what was external, with all ‘realism’ and as such develop what was within me and express a reality which was sensed and which is not necessarily what we see’ (Joan Miró, interview with Manuel Osario, published in Entretien, January 1984).
Miró’s interest in the portrayal of reality was a lifelong pursuit, and one which he often felt the need to address in tangible terms. Between 1951 and 1953 the artist produced a series of works on paper entitled Graphisme concret; in contrast to the titles given to the majority of his art which were for the most part explanatory of subject matter (‘woman’, ‘bird’, ‘moon’), here the title was intended to deliberately communicate his approach to depicting reality. As Jacques Dupin wrote in his discussion of the series in
the introduction to his catalogue raisonné for Miró’s drawings: ‘For him, the term concret allowed for the exclusion and condemnation of the word abstrait (abstract), which people tended to associate with him and which infuriated him. He forcefully and steadfastly insisted on beginning from the real and ending with the real.’ (J. Dupin, op. cit., p. 10).
The present work is the largest in the Graphisme concret series, and illustrates many of the essential elements of Miró’s approach to drawing. Fundamentally spontaneous in his art, Miró has here populated the sheet with a combination of instinctive graffiti - dots, strokes, splashes and lines -which combine to form his characteristic graphic language. Indeed, for the artist who had declared in 1927 that he would ‘assassinate painting’, the act of drawing, of reclaiming the instinctive element of creativity by putting pen or brush to paper, was an indispensable part of his activity. Miró’s pursuit of spontaneity intensified throughout his career as he constantly sought to re-invent his graphic universe. Graphisme concret typifies Miró’s works of the early 1950s where he principally drew on the dual sources of accidental mark-making (a continuance of his surrealist experiences) and the integration of calligraphic ideograms. Above all, the work retains a lively sense of wittiness with the presence of the coquettish character at right, introducing a further element of Miró’s unique artistic personality.