拍品专文
L'authencité de cette oeuvre a été confirmée par l'artiste.
Pour Bruce Nauman, le dessin manifeste la pensée à l’œuvre. Qu’il s’agisse d’une esquisse pour de futures sculptures et installations, d’une étude qui revisite des performances ou des vidéos déjà réalisées, ses dessins captent l’énergie de ses idées et mettent en lumière son esprit créatif. Tel est le cas de Four Heads: une aquarelle grand format de 1989 qui porte les traces de la pensée investigatrice de Nauman, en quête de la meilleure disposition de deux paires de têtes, figées en une rangée d’interactions ambiguës.
Four Heads fait partie d’une série de dessins et de sculptures impliquant le moulage de la tête humaine dans la cire, initiée par Nauman à la fin des années 1980. Après une précédente exploration de l’apparence de la tête et du visage en presque tous les media et matériaux, notamment dans ses œuvres des années 1960 devenues emblématiques, comme Self-Portrait as a Fountain et From Hand to Mouth, Nauman continue dans cette série de sonder les failles et les limites de la communication humaine. Comme il le remarque lui-même, « mon œuvre vient d’une frustration liée à la condition humaine. Et du refus des gens de comprendre les autres. »
Dans Four Heads, Nauman dessine les contours des figures en utilisant les modèles des têtes de ses assistants de studio, Rinde et Andrew, déjà moulées dans la cire et conçues comme éléments des sculptures réalisées la même année, probablement Rinde Head/Andrew Head (Plug to Nose) on Wax Base ou 2 Heads On Base #1. L’artiste utilise ainsi ce dessin comme un schéma conceptuel à travers lequel il conçoit et réexamine l’idée de deux personnes cherchant désespérément un moyen de nouer une relation : nous voyons l’une d’elles presser sa langue contre l’autre, geste curieusement intime, et pourtant incongru en regard de la solennité des visages. Les paires évoquent de manière ironique une distance émotionnelle et un éloignement physique qui provoquent la même frustration chez le spectateur.
Comme manifestation et questionnement de la nature du processus artistique, Nauman conserve dans Four Heads les traces de son travail de coupe, de collage, de transformation de collages de papiers, parfois réalisés avec du ruban adhésif. Le dessin fonctionne cependant ici non seulement comme une base technique pour la sculpture, mais encore comme un rendu subtil où foisonnent les signes d’excès pictural, souvent absents de l’œuvre finale. D’élégants lavis d’aquarelle et des coulures apparaissent sur les contours en graphite; les collages de papier et du ruban adhésif perturbent la pureté de la surface classique de la feuille, en lui accordant une présence physique et la rapprochant ainsi d’une sculpture. Four Heads illustre parfaitement la manière dont Nauman, libre de tout canon pictural établi, assigne à ses dessins un large spectre de fonctions et de demandes, faisant de chacun d’eux un chef-d’œuvre en soi, également recevable et porteur de sa propre justification artistique.
For Bruce Nauman, drawing is equivalent to thinking. Should it be a sketch for future sculptures and installations, or a study, revisiting already completed performances or videos, Nauman’s drawings catch the energy of his ideas and provide an insight into his creative mind. Such is Four Heads: a large-format watercolour drawing from 1989 that bears traces of Nauman’s inquisitive thought searching for the best configuration of four heads parings frozen in a range of ambiguous interactions.
Four Heads belongs to a series of drawings and sculptures involving the wax casting of the human head that Nauman initiated in the late 1980s. Having previously explored the appearance of head and face in virtually all mediums and materials, notably with such iconic works from the 1960s as Self-Portrait as a Fountain and From Hand to Mouth, Nauman continues in this series to investigate the flaws and limitations of human communication. As he himself remarked, ‘my work comes out of being frustrated about the human condition. And about how people refuse to understand other people.’
In Four Heads Nauman traces the figures’ outlines using the already cast wax models of the heads of his studio assistants Rinde and Andrew, conceived as parts of the sculptures from the same year, probably Rinde Head/Andrew Head (Plug to Nose) on Wax Base and 2 Heads On Base #1. This drawing thus serves as the artist's own conceptual blueprint through which he conceives and reexamines the idea of two people desperately searching for a way to engage in a relationship: we see one of them pressing his tongue against the other; a curiously intimate gesture, yet deeply incongruous with the faces’ solemnity. The pairings ironically evoke an emotional distancing and physical estrangement, which leaves the viewer experiencing the same frustration.
As a means to reveal and question the nature of making art, Nauman retains in Four Heads the evidence of his working process as he cuts, glues and turns paper collages, sometimes taping them together. Yet the drawing functions here not only as a technical base for sculpture, but also as an elegant rendering fraught with signs of pictorial excess, often absent from its resulting product. Elegant watercolour washes and drips lay over the graphite contours of conceptual alterations, paper and tape collages disrupt the pure classical surface and bring it closer to sculpture by emphasizing its physical presence. Four Heads perfectly illustrates how Nauman, free from any established painterly canons, treats his drawings with widely differing functions and demands, thus making them masterpieces in their own right, equally as valid and with their own artistic justifications.
Pour Bruce Nauman, le dessin manifeste la pensée à l’œuvre. Qu’il s’agisse d’une esquisse pour de futures sculptures et installations, d’une étude qui revisite des performances ou des vidéos déjà réalisées, ses dessins captent l’énergie de ses idées et mettent en lumière son esprit créatif. Tel est le cas de Four Heads: une aquarelle grand format de 1989 qui porte les traces de la pensée investigatrice de Nauman, en quête de la meilleure disposition de deux paires de têtes, figées en une rangée d’interactions ambiguës.
Four Heads fait partie d’une série de dessins et de sculptures impliquant le moulage de la tête humaine dans la cire, initiée par Nauman à la fin des années 1980. Après une précédente exploration de l’apparence de la tête et du visage en presque tous les media et matériaux, notamment dans ses œuvres des années 1960 devenues emblématiques, comme Self-Portrait as a Fountain et From Hand to Mouth, Nauman continue dans cette série de sonder les failles et les limites de la communication humaine. Comme il le remarque lui-même, « mon œuvre vient d’une frustration liée à la condition humaine. Et du refus des gens de comprendre les autres. »
Dans Four Heads, Nauman dessine les contours des figures en utilisant les modèles des têtes de ses assistants de studio, Rinde et Andrew, déjà moulées dans la cire et conçues comme éléments des sculptures réalisées la même année, probablement Rinde Head/Andrew Head (Plug to Nose) on Wax Base ou 2 Heads On Base #1. L’artiste utilise ainsi ce dessin comme un schéma conceptuel à travers lequel il conçoit et réexamine l’idée de deux personnes cherchant désespérément un moyen de nouer une relation : nous voyons l’une d’elles presser sa langue contre l’autre, geste curieusement intime, et pourtant incongru en regard de la solennité des visages. Les paires évoquent de manière ironique une distance émotionnelle et un éloignement physique qui provoquent la même frustration chez le spectateur.
Comme manifestation et questionnement de la nature du processus artistique, Nauman conserve dans Four Heads les traces de son travail de coupe, de collage, de transformation de collages de papiers, parfois réalisés avec du ruban adhésif. Le dessin fonctionne cependant ici non seulement comme une base technique pour la sculpture, mais encore comme un rendu subtil où foisonnent les signes d’excès pictural, souvent absents de l’œuvre finale. D’élégants lavis d’aquarelle et des coulures apparaissent sur les contours en graphite; les collages de papier et du ruban adhésif perturbent la pureté de la surface classique de la feuille, en lui accordant une présence physique et la rapprochant ainsi d’une sculpture. Four Heads illustre parfaitement la manière dont Nauman, libre de tout canon pictural établi, assigne à ses dessins un large spectre de fonctions et de demandes, faisant de chacun d’eux un chef-d’œuvre en soi, également recevable et porteur de sa propre justification artistique.
For Bruce Nauman, drawing is equivalent to thinking. Should it be a sketch for future sculptures and installations, or a study, revisiting already completed performances or videos, Nauman’s drawings catch the energy of his ideas and provide an insight into his creative mind. Such is Four Heads: a large-format watercolour drawing from 1989 that bears traces of Nauman’s inquisitive thought searching for the best configuration of four heads parings frozen in a range of ambiguous interactions.
Four Heads belongs to a series of drawings and sculptures involving the wax casting of the human head that Nauman initiated in the late 1980s. Having previously explored the appearance of head and face in virtually all mediums and materials, notably with such iconic works from the 1960s as Self-Portrait as a Fountain and From Hand to Mouth, Nauman continues in this series to investigate the flaws and limitations of human communication. As he himself remarked, ‘my work comes out of being frustrated about the human condition. And about how people refuse to understand other people.’
In Four Heads Nauman traces the figures’ outlines using the already cast wax models of the heads of his studio assistants Rinde and Andrew, conceived as parts of the sculptures from the same year, probably Rinde Head/Andrew Head (Plug to Nose) on Wax Base and 2 Heads On Base #1. This drawing thus serves as the artist's own conceptual blueprint through which he conceives and reexamines the idea of two people desperately searching for a way to engage in a relationship: we see one of them pressing his tongue against the other; a curiously intimate gesture, yet deeply incongruous with the faces’ solemnity. The pairings ironically evoke an emotional distancing and physical estrangement, which leaves the viewer experiencing the same frustration.
As a means to reveal and question the nature of making art, Nauman retains in Four Heads the evidence of his working process as he cuts, glues and turns paper collages, sometimes taping them together. Yet the drawing functions here not only as a technical base for sculpture, but also as an elegant rendering fraught with signs of pictorial excess, often absent from its resulting product. Elegant watercolour washes and drips lay over the graphite contours of conceptual alterations, paper and tape collages disrupt the pure classical surface and bring it closer to sculpture by emphasizing its physical presence. Four Heads perfectly illustrates how Nauman, free from any established painterly canons, treats his drawings with widely differing functions and demands, thus making them masterpieces in their own right, equally as valid and with their own artistic justifications.