拍品专文
Cette œuvre est répertoriée dans les archives de la galerie Jean Fournier sous le numéro de CF.3.3.
Réalisée en 1973, Sans titre offre à celui qui le contemple le spectacle d’une myriade de couleurs pures scintillant sur la toile blanche. Bleus tantôt électriques, tantôt cobalt ou améthyste, rouges empourprés ou tirant vers l’orange, jaunes d’ambre ou cuivrés, bruns clairs et bruns foncés, verts tendres, bouteille ou opale, jaillissent ensemble en un essaim de formes dont les contours saillants évoquent les découpages de Matisse. Alors que les séries précédentes de l’artiste – des mariales aux études, en passant par les catamurons et les Meuns – s’étaient essentiellement déclinées, sinon en monochrome, du moins dans une économie de couleurs, les Blancs, dont fait partie Sans titre, donnent à voir Hantaï dans sa plus emblématique expression de coloriste. Dispersées de part et d’autre de la toile, les formes colorées n’accordent de primauté ni au centre, ni aux marges, et semblent à bien des égards vouloir s’échapper des limites physiques du tableau. Cette approche en all-over rapproche Hantaï de la pratique de Pollock, figure tutélaire qui accompagne l'artiste depuis ses premiers pliages.
En choisissant de laisser le hasard des torsions déterminer ce que sera l’œuvre d’art, en s’abandonnant à la méthode du pliage, Hantaï avait dès les années soixante renoncé à la subjectivité de l’artiste, octroyant seulement à ce dernier la possibilité d’accepter ou de rejeter le résultat final. Avec les Blancs, il franchit toutefois un pas supplémentaire dans son entreprise d’effacement de l’artiste derrière son œuvre. En effet, en faisant le choix pour la première fois de l’acrylique, Hantaï choisit pour ses Blancs une peinture plus lisse et matte que l’huile qu’il utilisait jusqu’à présent. « Il m'a fallu plusieurs années pour digérer la 'tactilité'. Maintenant, ce n'est pas ce que je peins qui compte mais ce que je ne peins pas - c'est le blanc », explique-t-il à Geneviève Bonnefoi (Hantaï, catalogue d'exposition, Beaulieu-en-Rouergue, 1973, p. 24). Désormais, plus d’empâtements de matière huileuse comme ceux des Mariales, plus de coups de pinceaux ou de coulures tels qu’on les voyait dans les Meuns. Seule demeure la toile de lin blanc, comme une aire de jeu parfaitement plane sur laquelle éclate la couleur pure.
Made in 1973, Blancs [Whites] offers the viewer contemplating it the sight of a myriad of pure colours sparkling on a white canvas. Blues, sometimes electric, sometimes cobalt or amethyst, reds purplish or tending towards orange, amber or brassy yellows, light browns and dark browns, soft, bottle or opal greens, bursting out in a swarm of shapes whose prominent contours are reminiscent of Matisse’s cut outs. While the artist’s earlier series – from Mariales [Cloaks] to Etudes [Studies], the Catamurons and the Meuns – were essentially variations, if not monochromes of a limited range of colours, the Blancs [Whites], to which belongs the present lot, show Hantaï as a colourist. Scattered over both edges of the canvas, the coloured forms give no primacy to either the centre or the margins, and seem to want to escape the physical boundaries of the picture. This all-over approach brings Hantaï closer to Pollock, a role model who influenced the artist from his first “pliages” [works made by folding the canvas].
By deciding to let the chance, folds and creases determine what a work of art would be and making of pliage his major working method since the sixties, Hantaï stepped away from the subjectivity of the artist, only granting the possibility of accepting or rejecting the end result. With the Blancs however, he took a further step in his attempt to eliminate the artist behind his work. Indeed, in choosing acrylic for the first time, for his Blancs Hantaï chose a smoother and more matte paint finish than the oil that he
had used before. “It took several years to digest its ‘tactility’. Now, it isn’t what I paint that matters, but what I do not paint – and that is white”, he explained to Geneviève Bonnefoi (quoted in Hantai, exhibition catalogue, Beaulieu-en-Rouergue, 1973, p. 24). From then on, no more impasto of oily material like that of the Mariales, no more brushstrokes or drips like those we see in the Meuns. All that remains is a white linen canvas, like a perfectly flat ground on which pure colour explodes.
Réalisée en 1973, Sans titre offre à celui qui le contemple le spectacle d’une myriade de couleurs pures scintillant sur la toile blanche. Bleus tantôt électriques, tantôt cobalt ou améthyste, rouges empourprés ou tirant vers l’orange, jaunes d’ambre ou cuivrés, bruns clairs et bruns foncés, verts tendres, bouteille ou opale, jaillissent ensemble en un essaim de formes dont les contours saillants évoquent les découpages de Matisse. Alors que les séries précédentes de l’artiste – des mariales aux études, en passant par les catamurons et les Meuns – s’étaient essentiellement déclinées, sinon en monochrome, du moins dans une économie de couleurs, les Blancs, dont fait partie Sans titre, donnent à voir Hantaï dans sa plus emblématique expression de coloriste. Dispersées de part et d’autre de la toile, les formes colorées n’accordent de primauté ni au centre, ni aux marges, et semblent à bien des égards vouloir s’échapper des limites physiques du tableau. Cette approche en all-over rapproche Hantaï de la pratique de Pollock, figure tutélaire qui accompagne l'artiste depuis ses premiers pliages.
En choisissant de laisser le hasard des torsions déterminer ce que sera l’œuvre d’art, en s’abandonnant à la méthode du pliage, Hantaï avait dès les années soixante renoncé à la subjectivité de l’artiste, octroyant seulement à ce dernier la possibilité d’accepter ou de rejeter le résultat final. Avec les Blancs, il franchit toutefois un pas supplémentaire dans son entreprise d’effacement de l’artiste derrière son œuvre. En effet, en faisant le choix pour la première fois de l’acrylique, Hantaï choisit pour ses Blancs une peinture plus lisse et matte que l’huile qu’il utilisait jusqu’à présent. « Il m'a fallu plusieurs années pour digérer la 'tactilité'. Maintenant, ce n'est pas ce que je peins qui compte mais ce que je ne peins pas - c'est le blanc », explique-t-il à Geneviève Bonnefoi (Hantaï, catalogue d'exposition, Beaulieu-en-Rouergue, 1973, p. 24). Désormais, plus d’empâtements de matière huileuse comme ceux des Mariales, plus de coups de pinceaux ou de coulures tels qu’on les voyait dans les Meuns. Seule demeure la toile de lin blanc, comme une aire de jeu parfaitement plane sur laquelle éclate la couleur pure.
Made in 1973, Blancs [Whites] offers the viewer contemplating it the sight of a myriad of pure colours sparkling on a white canvas. Blues, sometimes electric, sometimes cobalt or amethyst, reds purplish or tending towards orange, amber or brassy yellows, light browns and dark browns, soft, bottle or opal greens, bursting out in a swarm of shapes whose prominent contours are reminiscent of Matisse’s cut outs. While the artist’s earlier series – from Mariales [Cloaks] to Etudes [Studies], the Catamurons and the Meuns – were essentially variations, if not monochromes of a limited range of colours, the Blancs [Whites], to which belongs the present lot, show Hantaï as a colourist. Scattered over both edges of the canvas, the coloured forms give no primacy to either the centre or the margins, and seem to want to escape the physical boundaries of the picture. This all-over approach brings Hantaï closer to Pollock, a role model who influenced the artist from his first “pliages” [works made by folding the canvas].
By deciding to let the chance, folds and creases determine what a work of art would be and making of pliage his major working method since the sixties, Hantaï stepped away from the subjectivity of the artist, only granting the possibility of accepting or rejecting the end result. With the Blancs however, he took a further step in his attempt to eliminate the artist behind his work. Indeed, in choosing acrylic for the first time, for his Blancs Hantaï chose a smoother and more matte paint finish than the oil that he
had used before. “It took several years to digest its ‘tactility’. Now, it isn’t what I paint that matters, but what I do not paint – and that is white”, he explained to Geneviève Bonnefoi (quoted in Hantai, exhibition catalogue, Beaulieu-en-Rouergue, 1973, p. 24). From then on, no more impasto of oily material like that of the Mariales, no more brushstrokes or drips like those we see in the Meuns. All that remains is a white linen canvas, like a perfectly flat ground on which pure colour explodes.