拍品专文
« J'ai peint [Ville vue d'au-delà du soleil] dans le garage de l'atelier de Brô, impasse des sureaux, et je l'ai posée dans la neige pour le photographier. C'était important pour moi qu'on puisse voir l'arrière-plan de la photo [...]. Je mets souvent mes peintures à l'extérieur pour les comparer aux arbres et voir si elles soutiennent la comparaison. »
"I painted [City seen from beyond the sun] in Brô's garage studio, impasse des sureaux, and placed it in the snow to photograph it. It was important to me that one saw something of the background in the photo [...]. I often put my pictures outside to compare them with trees and to see if they were up to the comparaison."
- Friedensreich Hundertwasser
Réalisée en 1955 la Ville vue d’au-delà du soleil est une œuvre de jeunesse de Friedensreich Hundertwasser, qui enferme déjà dans les dédalles de ses rues les aspirations picturales et architecturales de l’artiste viennois. Elle intervient à un moment charnière du développement d’Hundertwasser : celui de l’invention de son motif principal, la spirale, et de la théorie du ‘Transautomatisme’. Dès 1953 l’artiste oppose ainsi à la disparition de la forme, propre au Tachisme et à l’Art Informel, la spirale ‘végétative’ chargée d’une forte valeur symbolique, celle de représenter tout à la fois la vie et la mort. Ce motif, décliné dans la toile de 1955, s’accompagne d’une théorie radicale de la vision : le regardeur duchampien doit s’extraire des réflexes-automatismes hérités de son éducation pour regarder l’œuvre d’un œil neuf. Il devient cinéaste et crée, devant l’œuvre et par son regard, un ‘film individuel’ qui lui est propre.
La vision chargée et colorée que Ville vue d’au-delà du soleil offre à voir, permet sans nul doute d’en faire l’expérience. Les cercles concentriques rouges et jaunes se déposent par ondes sur la surface de la toile et couvrent ce faisant une multitude de touches lumineuses, jaunes, vertes, bleues que la rétine peine à séparer. Les rayons irréguliers guident quant à eux sans difficulté l’œil, dans un mouvement concentrique propice à une rêverie passagère.
Dans Ville vue d’au-delà du soleil, Hundertwasser a toutefois voulu éclairer son regardeur. Le titre force ainsi la reconnaissance de rayons solaires, pour la spirale, et d’un quadrillage irrégulier d’une ville vue du ciel, pour les touches. Cette référence directe à l’urbanisme fait rétrospectivement écho aux préoccupations qui irrigueront les projets de l’artiste architecte, à l’image de la KunstHausWien ou de la Hundertwasserhaus. En ce qu’elle souligne le lien qui lie l’Homme à son écosystème, la Ville vue d’au-delà du soleil, préfigure ainsi les réalisations d’un artiste devenu prophète qui voit dans le retour radical de la nature dans l’habitat le seul salut pour l’Homme moderne.
Created in 1955, City seen from beyond the sun is an important work by Friedensreich Hundertwasser, which already encloses the pictorial and architectural aspirations of the Viennese artist. It comes at a pivotal moment in the development of Hundertwasser: that of the invention of its main motive, the spiral, and the theory of ‘Transautomatism’. As early as 1953, the artist thus contrasted with the disappearance of the form, as in Tachism and the Informal Art, the ‘vegetative’ spiral loaded with a strong symbolic value, that of representing both life and death. This pattern, declined in the painting of 1955, comes with a radical theory of the vision: the duchampian viewer must ignore the refexes-automatisms inherited from his education to look at the work with a new eye. He becomes a filmmaker and creates, in front of the work and through his look, an ‘individual flm’ of his own.
The loaded and colorful vision that City seen from beyond the sun ofers is easy to experience. The concentric red and yellow circles are deposited by waves on the surface of the canvas and cover in doing so a multitude of light touches, yellow, green, blue that the retina has trouble separating. The irregular rays guide the eye in a concentric movement conducive to a passing reverie.
In City seen from beyond the sun, however, Hundertwasser wanted to enlighten his viewer. The title thus forces the recognition of solar rays, for the spiral, and an irregular grid of a city seen from the sky, for the touches. This direct reference to urban planning retrospectively echoes the concerns that will feed the projects of the artist architect, such as the KunstHausWien or the Hundertwasserhaus. For it emphasizes the link that binds mankind to its ecosystem, City seen from beyond the sun prefigures the achievements of an artist who became a prophet able to see the radical return of nature in the habitat as the only salvation for modern mankind.
"I painted [City seen from beyond the sun] in Brô's garage studio, impasse des sureaux, and placed it in the snow to photograph it. It was important to me that one saw something of the background in the photo [...]. I often put my pictures outside to compare them with trees and to see if they were up to the comparaison."
- Friedensreich Hundertwasser
Réalisée en 1955 la Ville vue d’au-delà du soleil est une œuvre de jeunesse de Friedensreich Hundertwasser, qui enferme déjà dans les dédalles de ses rues les aspirations picturales et architecturales de l’artiste viennois. Elle intervient à un moment charnière du développement d’Hundertwasser : celui de l’invention de son motif principal, la spirale, et de la théorie du ‘Transautomatisme’. Dès 1953 l’artiste oppose ainsi à la disparition de la forme, propre au Tachisme et à l’Art Informel, la spirale ‘végétative’ chargée d’une forte valeur symbolique, celle de représenter tout à la fois la vie et la mort. Ce motif, décliné dans la toile de 1955, s’accompagne d’une théorie radicale de la vision : le regardeur duchampien doit s’extraire des réflexes-automatismes hérités de son éducation pour regarder l’œuvre d’un œil neuf. Il devient cinéaste et crée, devant l’œuvre et par son regard, un ‘film individuel’ qui lui est propre.
La vision chargée et colorée que Ville vue d’au-delà du soleil offre à voir, permet sans nul doute d’en faire l’expérience. Les cercles concentriques rouges et jaunes se déposent par ondes sur la surface de la toile et couvrent ce faisant une multitude de touches lumineuses, jaunes, vertes, bleues que la rétine peine à séparer. Les rayons irréguliers guident quant à eux sans difficulté l’œil, dans un mouvement concentrique propice à une rêverie passagère.
Dans Ville vue d’au-delà du soleil, Hundertwasser a toutefois voulu éclairer son regardeur. Le titre force ainsi la reconnaissance de rayons solaires, pour la spirale, et d’un quadrillage irrégulier d’une ville vue du ciel, pour les touches. Cette référence directe à l’urbanisme fait rétrospectivement écho aux préoccupations qui irrigueront les projets de l’artiste architecte, à l’image de la KunstHausWien ou de la Hundertwasserhaus. En ce qu’elle souligne le lien qui lie l’Homme à son écosystème, la Ville vue d’au-delà du soleil, préfigure ainsi les réalisations d’un artiste devenu prophète qui voit dans le retour radical de la nature dans l’habitat le seul salut pour l’Homme moderne.
Created in 1955, City seen from beyond the sun is an important work by Friedensreich Hundertwasser, which already encloses the pictorial and architectural aspirations of the Viennese artist. It comes at a pivotal moment in the development of Hundertwasser: that of the invention of its main motive, the spiral, and the theory of ‘Transautomatism’. As early as 1953, the artist thus contrasted with the disappearance of the form, as in Tachism and the Informal Art, the ‘vegetative’ spiral loaded with a strong symbolic value, that of representing both life and death. This pattern, declined in the painting of 1955, comes with a radical theory of the vision: the duchampian viewer must ignore the refexes-automatisms inherited from his education to look at the work with a new eye. He becomes a filmmaker and creates, in front of the work and through his look, an ‘individual flm’ of his own.
The loaded and colorful vision that City seen from beyond the sun ofers is easy to experience. The concentric red and yellow circles are deposited by waves on the surface of the canvas and cover in doing so a multitude of light touches, yellow, green, blue that the retina has trouble separating. The irregular rays guide the eye in a concentric movement conducive to a passing reverie.
In City seen from beyond the sun, however, Hundertwasser wanted to enlighten his viewer. The title thus forces the recognition of solar rays, for the spiral, and an irregular grid of a city seen from the sky, for the touches. This direct reference to urban planning retrospectively echoes the concerns that will feed the projects of the artist architect, such as the KunstHausWien or the Hundertwasserhaus. For it emphasizes the link that binds mankind to its ecosystem, City seen from beyond the sun prefigures the achievements of an artist who became a prophet able to see the radical return of nature in the habitat as the only salvation for modern mankind.