拍品专文
En 1956, au moment de réaliser Sans titre, Riopelle est un jeune artiste de trente-trois ans au succès florissant. Débarqué à Paris en 1947, le canadien a rapidement pris racine dans l’avant-garde européenne des années d’après-guerre. Il fréquente André Breton, Alberto Giacometti, Samuel Beckett et expose chez les galeries en vue de l’époque : Pierre Matisse à New York dès 1953, avec Picasso et Joan Miró, et Jacques Dubourg à Paris en 1956 – galeriste de Nicolas de Staël avant lui.
Dans cette période d’effervescence, la palette de l’artiste s’épanouit. À la répartition dense de couleurs mêlées dans un all-over,lui valant à ses débuts comparaison avec Pollock, Riopelle privilégie désormais des compositions contrastées. Les touches épaisses qui se bousculent sur la surface de Sans titre sont les marques de cette esthétique nouvelle. Appliquées à l’aide d’un couteau, les courts traits de bleu, rouge et vert coexistent sans plus se mélanger. Un divorce des couleurs, consommé par l’introduction de zébrures blanches et noires qui spatialisent la composition et soulignent les aspérités de la toile.
Car les empâtements de Sans titre construisent sur la surface picturale un paysage irrégulier fait de strates, cimes et incursions que l’oeil parcourt avide de tout explorer. La forme est expressive, la nature convoquée : là c’est une rivière qui coule dans le bleu, ici une frondaison qui se cache dans le vert. Sans titre témoigne en cela de l’essence même de la peinture de Riopelle : « Abstrait : abstraction, tirer de, faire venir de… Ma démarche est inverse. Je ne tire pas de la Nature, je vais vers la Nature » (J.-P. Riopelle, cité in Y. Riopelle, Jean Paul Riopelle. Catalogue raisonné 1939-1953. Tome 1, Montréal, 1999).
When 33-year-old Riopelle completed Untitled in 1956, he was a young, successful, thriving artist. The Canadian arrived in Paris in 1947 and quickly put down roots in the European avant-garde movement of the post-war years. He frequented André Breton, Alberto Giacometti and Samuel Beckett, and showed his work with the great gallery owners of the era. He showed alongside Picasso and Joan Miró at Pierre Matisse's New York space beginning in 1953. Then, in 1956, he showed his work in Paris with Jacques Dubourg, the gallery owner that had previously worked with Nicolas de Staël.
During this magnetic period, Riopelle's palette blossomed. The dense blend of colour and the all-over technique of his early years led naturally to comparisons with Pollock, but now Riopelle began to prefer contrast in his compositions. The thick strokes tumbling over one another in Untitled embody this new aesthetic. Applied with a knife, these splotches of blue, red and green coexist, but separately. The colours are divorced; the dissolution of their marriage is consummated by black and white stripes that create space and highlight the canvas's rough surface.
Indeed, the layering in Untitled piles up on the surface, creating an uneven terrain of strata, peaks and depressions. The eye sweeps across this topography, eager to explore every inch. This work is expressive in its form, evoking the natural world; a blue river flows here, green fronds peak out there. Untitled represents the very essence of Riopelle's paintings: “Abstract: abstraction, pulling from, taking from… I take the opposite approach. I do not take from Nature, I go towards Nature” (J.-P. Riopelle, in Y. Riopelle, Jean Paul Riopelle. Catalogue raisonné 1939-1953. Tome 1, Montréal, 1999).
Dans cette période d’effervescence, la palette de l’artiste s’épanouit. À la répartition dense de couleurs mêlées dans un all-over,lui valant à ses débuts comparaison avec Pollock, Riopelle privilégie désormais des compositions contrastées. Les touches épaisses qui se bousculent sur la surface de Sans titre sont les marques de cette esthétique nouvelle. Appliquées à l’aide d’un couteau, les courts traits de bleu, rouge et vert coexistent sans plus se mélanger. Un divorce des couleurs, consommé par l’introduction de zébrures blanches et noires qui spatialisent la composition et soulignent les aspérités de la toile.
Car les empâtements de Sans titre construisent sur la surface picturale un paysage irrégulier fait de strates, cimes et incursions que l’oeil parcourt avide de tout explorer. La forme est expressive, la nature convoquée : là c’est une rivière qui coule dans le bleu, ici une frondaison qui se cache dans le vert. Sans titre témoigne en cela de l’essence même de la peinture de Riopelle : « Abstrait : abstraction, tirer de, faire venir de… Ma démarche est inverse. Je ne tire pas de la Nature, je vais vers la Nature » (J.-P. Riopelle, cité in Y. Riopelle, Jean Paul Riopelle. Catalogue raisonné 1939-1953. Tome 1, Montréal, 1999).
When 33-year-old Riopelle completed Untitled in 1956, he was a young, successful, thriving artist. The Canadian arrived in Paris in 1947 and quickly put down roots in the European avant-garde movement of the post-war years. He frequented André Breton, Alberto Giacometti and Samuel Beckett, and showed his work with the great gallery owners of the era. He showed alongside Picasso and Joan Miró at Pierre Matisse's New York space beginning in 1953. Then, in 1956, he showed his work in Paris with Jacques Dubourg, the gallery owner that had previously worked with Nicolas de Staël.
During this magnetic period, Riopelle's palette blossomed. The dense blend of colour and the all-over technique of his early years led naturally to comparisons with Pollock, but now Riopelle began to prefer contrast in his compositions. The thick strokes tumbling over one another in Untitled embody this new aesthetic. Applied with a knife, these splotches of blue, red and green coexist, but separately. The colours are divorced; the dissolution of their marriage is consummated by black and white stripes that create space and highlight the canvas's rough surface.
Indeed, the layering in Untitled piles up on the surface, creating an uneven terrain of strata, peaks and depressions. The eye sweeps across this topography, eager to explore every inch. This work is expressive in its form, evoking the natural world; a blue river flows here, green fronds peak out there. Untitled represents the very essence of Riopelle's paintings: “Abstract: abstraction, pulling from, taking from… I take the opposite approach. I do not take from Nature, I go towards Nature” (J.-P. Riopelle, in Y. Riopelle, Jean Paul Riopelle. Catalogue raisonné 1939-1953. Tome 1, Montréal, 1999).