拍品专文
« Le noir a des possibilités insoupçonnées et, attentif à ce que j’ignore, je vais à leur rencontre. »
‘Black has unsuspected possibilities and, since I am attentive to what I do not know, I go to meet them.’
Pierre Soulages
Peinture 162 x 114 cm, 9 septembre 2004 donne à voir les infinies possibilités de l’outrenoir, néologisme par lequel Pierre Soulages désigne ce qui se trouve au-delà de son noir d’ivoire. Plus qu’une couleur, c’est une palette mentale, celle de la lumière réfléchie par la matière sombre. Depuis 1979, date de son premier outrenoir, Soulages s’est ainsi lancé dans la quête d’un territoire chromatique nouveau : il sculpte sans relâche d’épaisses stries sur la toile pour mieux absorber, ou renvoyer, les vibrations lumineuses.
Exécutée en 2004, l’oeuvre marque un point de rupture. Soulages abandonne alors l’huile pour l’acrylique ; plus souple, elle ouvre la voie à de nouveaux effets de matière. À l’image du jeu de couleurs que décrit Pierre Encrevé : « Peinture 162 x 114 cm, 9 septembre 2004 et Peinture 202 x 143 cm, 14 septembre 2004 [conservée dans la collection du peintre] manifestent un tout autre usage du blanc […]. Dans l’une et l’autre un rectangle outrenoir de stries horizontales occupe toute la surface, excepté les bords droit, gauche et inférieur peints en aplats noirs, rythmés de deux ou trois petites enclaves blanches» (cité in P. Encrevé, Soulages, L’oeuvre complet – Peintures IV. 1997-2013, Paris, 2015, p. 123). Par contraste, c’est l’outrenoir qui s’enrichit : la lumière rebondit du blanc au noir pour se loger dans les rainures de matière. Les bords du tableau créent également « un effet de tableau dans le tableau » (ibid.), mise en abyme qui facilite le voyage du regardeur vers l’outrenoir. Un voyage de chaque instant – renouvelé aussitôt qu’il a commencé, au contact de la lumière.
Peinture 162 x 114 cm, 9 September 2004 displays the infinite possibilities of “outrenoir” (ultra-black), a neologism used by Pierre Soulages to mean what is situated beyond his ivory black. More than a colour, it’s a mental palette of the light reflected by dark matter. Starting in 1979, the date of his first outrenoir, Soulages thus embarked on the quest for a new chromatic territory: he tirelessly sculpted thick streaks on the canvas so as to better absorb, or reflect, light waves.
Executed in 2004, this painting marks a cut-off point, when Soulages abandoned oil in favour of acrylic, which, being more flexible, opened up the route to new material effects. Just like the array of colours described by Pierre Encrevé: “Peinture 162 x 114 cm, 9 September 2004 and Peinture 202 x 143 cm, 14 September 2004 [held in the artist’s own collection] shows a completely different use of white […]. In each one an outrenoir rectangle with horizontal streaks occupies the entire surface, except for the right-hand, left-hand and lower edges, which are painted in flat blacks, punctuated by two or three little white enclaves.” (Quoted in P. Encrevé, Soulages, L’oeuvre complet – Peintures IV. 1997-2013, Paris, 2015, p. 123). The outrenoir is intensified by contrast: the light bounces from the white to the black, becoming lodged within the grooves of matter. The edges of the picture also create “an effect of a picture within a picture” (ibid.), a mise en abyme that facilitates the viewer’s journey towards the outrenoir. This is a moment-by-moment journey, no sooner started than renewed, in contact with the light.
« Ce que je souhaite pour mes toiles, c’est qu’il y ait le minimum de ‘vacarme formel’ autour, qu’elles soient suffisamment isolées des autres matières et couleurs pour que s’instaure un certain ‘silence plastique’, comme le silence est nécessaire pour écouter de la musique. »
“What I wanted for my paintings is that there is at least some amount of the ‘formal noise’ around them as possible, that they are sufficiently isolated from other materials and colours to instil a certain ‘plastic silence’, just as silence is needed to listen to music.”
Pierre Soulages
‘Black has unsuspected possibilities and, since I am attentive to what I do not know, I go to meet them.’
Pierre Soulages
Peinture 162 x 114 cm, 9 septembre 2004 donne à voir les infinies possibilités de l’outrenoir, néologisme par lequel Pierre Soulages désigne ce qui se trouve au-delà de son noir d’ivoire. Plus qu’une couleur, c’est une palette mentale, celle de la lumière réfléchie par la matière sombre. Depuis 1979, date de son premier outrenoir, Soulages s’est ainsi lancé dans la quête d’un territoire chromatique nouveau : il sculpte sans relâche d’épaisses stries sur la toile pour mieux absorber, ou renvoyer, les vibrations lumineuses.
Exécutée en 2004, l’oeuvre marque un point de rupture. Soulages abandonne alors l’huile pour l’acrylique ; plus souple, elle ouvre la voie à de nouveaux effets de matière. À l’image du jeu de couleurs que décrit Pierre Encrevé : « Peinture 162 x 114 cm, 9 septembre 2004 et Peinture 202 x 143 cm, 14 septembre 2004 [conservée dans la collection du peintre] manifestent un tout autre usage du blanc […]. Dans l’une et l’autre un rectangle outrenoir de stries horizontales occupe toute la surface, excepté les bords droit, gauche et inférieur peints en aplats noirs, rythmés de deux ou trois petites enclaves blanches» (cité in P. Encrevé, Soulages, L’oeuvre complet – Peintures IV. 1997-2013, Paris, 2015, p. 123). Par contraste, c’est l’outrenoir qui s’enrichit : la lumière rebondit du blanc au noir pour se loger dans les rainures de matière. Les bords du tableau créent également « un effet de tableau dans le tableau » (ibid.), mise en abyme qui facilite le voyage du regardeur vers l’outrenoir. Un voyage de chaque instant – renouvelé aussitôt qu’il a commencé, au contact de la lumière.
Peinture 162 x 114 cm, 9 September 2004 displays the infinite possibilities of “outrenoir” (ultra-black), a neologism used by Pierre Soulages to mean what is situated beyond his ivory black. More than a colour, it’s a mental palette of the light reflected by dark matter. Starting in 1979, the date of his first outrenoir, Soulages thus embarked on the quest for a new chromatic territory: he tirelessly sculpted thick streaks on the canvas so as to better absorb, or reflect, light waves.
Executed in 2004, this painting marks a cut-off point, when Soulages abandoned oil in favour of acrylic, which, being more flexible, opened up the route to new material effects. Just like the array of colours described by Pierre Encrevé: “Peinture 162 x 114 cm, 9 September 2004 and Peinture 202 x 143 cm, 14 September 2004 [held in the artist’s own collection] shows a completely different use of white […]. In each one an outrenoir rectangle with horizontal streaks occupies the entire surface, except for the right-hand, left-hand and lower edges, which are painted in flat blacks, punctuated by two or three little white enclaves.” (Quoted in P. Encrevé, Soulages, L’oeuvre complet – Peintures IV. 1997-2013, Paris, 2015, p. 123). The outrenoir is intensified by contrast: the light bounces from the white to the black, becoming lodged within the grooves of matter. The edges of the picture also create “an effect of a picture within a picture” (ibid.), a mise en abyme that facilitates the viewer’s journey towards the outrenoir. This is a moment-by-moment journey, no sooner started than renewed, in contact with the light.
« Ce que je souhaite pour mes toiles, c’est qu’il y ait le minimum de ‘vacarme formel’ autour, qu’elles soient suffisamment isolées des autres matières et couleurs pour que s’instaure un certain ‘silence plastique’, comme le silence est nécessaire pour écouter de la musique. »
“What I wanted for my paintings is that there is at least some amount of the ‘formal noise’ around them as possible, that they are sufficiently isolated from other materials and colours to instil a certain ‘plastic silence’, just as silence is needed to listen to music.”
Pierre Soulages