MATEO HERNÁNDEZ (1885-1949)Son plus lointain souvenir était celui du marteau s’abattant sur la pierre, un bruit qui s’est imposé à lui comme une évidence et qui l’habitera jusqu’à ses derniers jours. Hernández naît le 21 septembre 1884 à Béjar, une ville perchée entre forêt et montagne. Son père, tailleur de pierre, lui transmet l’amour et le respect de la matière. Il développe à son contact une stricte vision de la sculpture : pour Hernández - comme pour Michel Ange qu’il aimait tant - la pierre recèle toute l’œuvre, et c’est à l’artiste d’en extraire le sujet encore emprisonné. Mateo réalise ses premières œuvres personnelles entre 1902 et 1906, des portraits, de son frère en particulier, et des pièces religieuses.En 1905, il épouse Petra Téllez avec laquelle il aura sa seule enfant, Rosalia. Les jeunes époux ne s’entendront jamais et le sculpteur se réfugie dans le travail avant de partir à Salamanque en 1906. Ce départ signe d’ailleurs la séparation effective du sculpteur du reste de sa famille qu’il ne reverra qu’à de rares occasions. Toute sa vie l’artiste souffrira de n’avoir su construire de relation avec sa fille. Après une ultime et infructueuse tentative de réconciliation en 1931, Rosalia meurt en couche en 1935, loin de son père.Ce premier séjour à Salamanque n’en demeure pas moins une véritable révélation pour le sculpteur : il flâne dans les rues de la ville comme on le ferait dans un musée, s’attardant tout particulièrement sur les sculptures animalières de la Cathédrale ou encore celles du Palace de Monterrey. En 1906, Mateo part à Madrid afin d’y suivre des cours à l’Académie Royale des Beaux-Arts de Saint-Ferdinand. Hernández n’y reste qu’une seule année, excédé par un enseignement qu’il juge nocif, étouffant toute nouveauté. Le regard de Mateo se tourne alors vers Paris où se trouvent deux sculpteurs qu’il admire : Rodin et Maillol.En 1911, sans même maîtriser le français et avec pour seule fortune quatre pesetas, Mateo arrive à Paris. La confrontation avec Rodin met en évidence deux approches fondamentalement différentes : à la tête d’un atelier quasi-industriel, le maître français n’a pour Hernández qu’un rapport indirect à la taille, ses plâtres sont fidèlement retranscrits dans la pierre à l’aide de pantographes et d’assistants quand ils ne servent pas à la fonte. Pour sa part, Mateo souhaite un rapport immédiat entre son sujet et la matière ; sur une charrette, il apporte ses blocs de pierre au Jardin des plantes, taillant directement d’après nature, sans filet ni artifice.En 1912, Hernández fait la rencontre de Fernande Carton avec laquelle il entame de manière presqu’immédiate une relation fusionnelle. Soutien indéfectible de l’artiste, cette jeune enseignante permettra à Mateo de sortir de la misère et contribuera à sa renommée même après sa disparition.Si les premières années parisiennes ne lui permettent pas de vivre de son art, ses œuvres sont remarquées par des artistes tel que Pompon qui devient son ami. En 1919, il expose pour la première fois au XIIe Salon d’Automne sous un pseudonyme.En 1920, il expose au Salon des Indépendants, puis une nouvelle fois au Salon d’Automne, cette fois sous son nom. C’est dans ce dernier que l’on peut admirer pour la première fois la Panthère de Java qui sera achetée par le Baron Robert de Rothschild. On constate aussi la prépondérance des thèmes animaliers ainsi que l’utilisation de plus en plus systématique de la taille directe qui deviendra exclusive en 1922. La critique est élogieuse, José Francés en particulier, remarque son talent.Si Hernández commence à rencontrer un succès critique en France c’est l’Espagne qui capte son attention : toute sa vie l’artiste reste profondément attaché à sa terre natale et il léguera d’ailleurs la totalité de ses œuvres à l’état Espagnol, à l’exception de celles qu’il a offerte à son épouse. Après de vaines tentatives, il parvient enfin à monter avec l’aide du duc d’Albe une exposition à Madrid. L’inauguration a lieu le 15 janvier 1927 et reçoit la visite de l’infante Isabela ainsi que celle du Roi Alfonso XIII. Convaincu de l’inintérêt du public espagnol et rongé par l’angoisse, l’artiste a préféré ne pas venir et s’exposer à ce qu’il imaginait être un cuisant échec. Ses doutes ne sont pas infondés : lorsqu’il exerçait en Espagne son art ne répondait pas à la sculpture de la Restauration alors en vogue, pire encore son succès critique, reconduit une fois encore à Madrid, ne se concrétise que rarement en commandes fermes. L’une des raisons de ces échecs commerciaux réside sûrement aussi dans les prix exorbitants demandés par l’artiste : Mateo, jaloux de ses œuvres, répugne à s’en séparer. Ainsi, par deux fois le roi Alfonse XIII demande à faire baisser le prix d’une pièce, par deux fois Hernández oppose son refus.En 1928, Hernández vit enfin de son art et fait construire une villa-atelier à Meudon. Véritable ménagerie, la propriété accueille aigle, chiens, perroquet et autres animaux qui l’enchantent.En 1935, sa renommée traverse l’Atlantique et il expose à New York plusieurs de ses œuvres – dont La petite gazelle – à la galerie Brummer. Il s’essaye aussi avec succès à la gravure.Malheureusement, les quatorze heures de travail acharné quotidien l’ont laissé sourd et diminué. Il décède en 1949. Son corps est rapatrié avec les honneurs à Béjar, bientôt rejoint par Fernande.MATEO HERNÁNDEZ (1885-1949)Hernández' earliest memory was that of a hammer falling on stone, a sound that became like second nature to him and that would remain with him until his last days. Hernández was born on 21 September 1884 in Béjar, a town perched between forest and mountain. His father, a stonemason, passed on to him his love of and respect for the material. In working with it, he developed a clear-cut vision of sculpture: for Hernandez – as for Michelangelo, whom he admired greatly - the stone concealed the whole work, and it was up to the artist to draw out the subject as yet still imprisoned therein. Mateo produced his first personal works between 1902 and 1906. These were portraits, of his brother in particular, and religious pieces. In 1905, he married Petra Téllez with whom he would have his only child, Rosalia. The young couple never got along and the sculptor took refuge in his work before going to Salamanca in 1906. This departure also marked the effective separation of the sculptor from the rest of his family whom he would only see again on rare occasions. All his life the artist would suffer for not having been able to build a relationship with his daughter. After a last and unsuccessful attempt at reconciliation in 1931, Rosalia died in childbirth in 1935, far from her father.Nonetheless, this first stay in Salamanca was a real revelation for the sculptor: he wandered around the streets of the city as one would in a museum, lingering in particular before the animal sculptures of the Cathedral and those of the Palace of Monterrey. In 1906, Mateo moved to Madrid to study at the San Fernando Royal Academy of Fine Arts. Hernández only stayed there for one year, exasperated by teaching that he deemed harmful, stifling any new ideas or approaches. So Mateo turned his gaze toward Paris where there were two sculptors he admired: Rodin and Maillol.In 1911, without even having learnt to speak French and with only four pesetas to his name, Mateo arrived in Paris. The encounter with Rodin served to highlight two fundamentally different approaches. Hernández found that the French master, supervising a quasi-industrial workshop, had only an indirect relationship with carving, his casts being faithfully transcribed into the stone using pantographs and assistants when the latter were not being used for casting. For his part, Mateo wanted a firsthand relationship between subject and material; he used to use a cart to bring his blocks of stone to the Jardin des Plantes, cutting directly from nature, with no tricks or gimmicks.In 1912, Hernández met Fernande Carton, with whom he entered into a mutually dependent relationship almost immediately. This young teacher gave the artist her unwavering support, enabling him to rise out of poverty and furthering his fame even after he had died. Although Mateo was unable to live off his art during these early years in Paris, his work was noticed by artists like Pompon who became his friend. In 1919, he showed some of his work for the first time at the 12th Salon d'Automne under a pseudonym.In 1920, he exhibited at the Salon des Indépendants, then again at the Salon d'Automne, this time under his real name. It was at this last exhibition that people could admire for the first time his Javanese Panther, later purchased by Baron Robert de Rothschild. The preponderance of animal themes was also apparent, as well as the artist's increasingly systematic use of taille directe [carving directly from a block of stone], which he would exclusively employ from 1922. The critics loved his work, José Francés in particular acknowledging his talent.Although Hernández was beginning to receive critical acclaim in France, it was Spain to which he felt drawn. All his life the artist remained deeply attached to his native land. Other than the works he had given to his wife, he also ended up bequeathing all his works to the Spanish state. After some failed attempts, he finally managed to mount an exhibition in Madrid with the help of the Duke of Alba. The inauguration took place on 15 January 1927 and was attended by the Infanta Isabella and King Alfonso XIII. Convinced that there would be no interest from the Spanish public and plagued by anxiety, the artist chose not to attend himself, wishing to avoid what he imagined would be a dismal failure. His doubts were not unfounded: while working in Spain his art did not fit in with the Restoration sculpture in vogue at the time, and worse still, the good reviews he was receiving, including for this exhibition in Madrid, only rarely materialised into concrete commissions. Another of the reasons the artist failed to sell many works probably lies in the exorbitant prices he demanded: Mateo guarded his works jealously and was reluctant to part with them. Twice King Alfonso XIII asked him to lower the price of a piece, and twice Hernández refused.By 1928, Hernández' art was finally earning him enough on which to live and he had a villa/studio built in Meudon. He filled his property with animals, including an eagle, dogs, a parrot and other creatures that delighted him.By 1935, his reputation had spread to the other side of the Atlantic and that year he showed several of his works - including La Petite Gazelle - at the Brummer Gallery in New York.The sculptor's relentless hard work did leave its mark on him however. Working over fourteen hours a day, with no respite other than his visits to the quarry, he was left deaf and enfeebled. Never giving up the sculpture, he also successfully tried his hand at engraving. He died in 1949. His body was ceremoniously repatriated to Béjar, and soon joined by Fernande.PROVENANT DE LA COLLECTION RIMSKY
MATEO HERNÁNDEZ (1885-1949)
'Petit pingouin', vers 1938
细节
MATEO HERNÁNDEZ (1885-1949)
'Petit pingouin', vers 1938
Ébène des Indes sculpté / carved Ceylon ebony
H 23,5 x L 8,5 x l 9,5 cm / 9 ¼ x 3 3/8 x 3 ¾ in
'Petit pingouin', vers 1938
Ébène des Indes sculpté / carved Ceylon ebony
H 23,5 x L 8,5 x l 9,5 cm / 9 ¼ x 3 3/8 x 3 ¾ in
来源
Collection Fernande Hernández, don de l'artiste.
Collection Rimsky, offert par cette dernière.
Dans la famille depuis.
Collection Rimsky, offert par cette dernière.
Dans la famille depuis.
出版
Pour notre exemplaire :
J. C. Brasas Egido et L. B. Villarroel, Mateo Hernández (1884-1949). Un escultor español en París, Junta de Castilla y León-Consejería de Educación y Cultura, Valladolid, 1998, p. 290-291, fig. 170, cat. 118.
El Escultor Mateo Hernández 1884-1949, 8 juin-14 juillet 2005, Salamanque et Béjar, catalogue d'exposition, p. 139, n. 29.
J. C. Brasas Egido et L. B. Villarroel, Mateo Hernández (1884-1949). Un escultor español en París, Junta de Castilla y León-Consejería de Educación y Cultura, Valladolid, 1998, p. 290-291, fig. 170, cat. 118.
El Escultor Mateo Hernández 1884-1949, 8 juin-14 juillet 2005, Salamanque et Béjar, catalogue d'exposition, p. 139, n. 29.
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Pour notre exemplaire :
El Escultor Mateo Hernández 1884-1949, 8 juin-10 juillet (Salamanque), 14 juillet-14 août 2005 (Béjar), n. 29.
El Escultor Mateo Hernández 1884-1949, 8 juin-10 juillet (Salamanque), 14 juillet-14 août 2005 (Béjar), n. 29.