拍品专文
« Une peinture est un tout organisé, un ensemble de relations entre des formes (lignes, surfaces colorées...) sur lequel viennent se faire ou se défaire les sens qu’on lui prête. »
'‘A painting is an organization, a set of relationships between shapes (lines, colored surfaces, etc.), on which the meanings which we give it are made and undone.''
Pierre Soulages
Avec son fond or et blanc traversé d’une diagonale noire, Peinture 130 x 97 cm, 27 août 1963 est emblématique du travail de couleur et matière entamé par Pierre Soulages à l’orée des années 1960. Limitée jusque lors essentiellement aux noir et blanc, la palette du peintre s’ouvre à la fin des années 1950 aux couleurs primaires. Cette gamme chromatique élargie lui permet de se lancer dans un dialogue nouveau : celui du noir et de la couleur. Ce n’est toutefois que pour mieux travailler la force lumineuse du noir, sa capacité à rejaillir sur les autres teintes : « [Le noir] est resté la base de ma palette. Il est l’absence de couleur la plus intense, la plus violente, qui confère une présence intense et violente aux couleurs, même au blanc : comme un arbre rend bleu le ciel » (l’artiste cité in P. Schneider, 'Au Louvre avec Soulages', Preuves, No. 143, janvier 1963, pp. 46-52).
Au tournant de la décennie, Soulages entreprend donc de racler d’épaisses couches de matière noire, encore fraîche, sur un arrière-plan coloré ; les couleurs sous-jacentes réapparaissent transfigurées par le noir. Puis, à partir de l’automne 1963, il travaille plutôt la fluidité de fines nappes de peinture sombre. Peinture 130 x 97 cm, 27 août 1963 a cela de particulier qu’elle se situe à l’exact croisement de ces deux expressions : l’épaisse diagonale noire est construite par l’étagement de coups de spatule – un instrument souple qui permet de racler facilement la matière. Elle laisse également voir par endroits des coulures translucides, marques d’une touche plus légère. Séparé du fond, le noir dynamise l’espace autant qu’il reflète la lumière, celle de l’ocre doré mais aussi de l’apprêt blanc qui encadre la diagonale.
Exposée à la Kootz Gallery en 1964 et acquise alors par un collectionneur californien, Peinture 130 x 97 cm, 27 août 1963 témoigne par ailleurs de la trajectoire artistique singulière de Soulages. Celle d’un artiste reconnu très tôt outre-Atlantique, montré à New York dès 1953, et qui devra attendre 1960 pour une première exposition d’envergure à Paris. Sa démarche, mûrie en autonomie, est en effet à contre-courant de la subjectivité de l’École de Paris dominante. À l’image de Peinture 130 x 97 cm, 27 août 1963, Soulages défend une peinture présente au monde et au spectateur, qui conjugue forme, matière et couleur dans une synchronie radicale : « C’est le temps qui me paraît au centre de ma démarche de peintre. Le temps et ses rapports avec l’espace – jamais la figuration ou son contraire » (in R. Girard, De refus en refus, Lettre ouverte n°3, Paris, octobre 1961, pp. 48-50).
With its gold and white background split by a black diagonal, Peinture 130 x 97 cm, 27 août 1963 (Painting 130 x 97 cm, 27 August 1963) is emblematic of Pierre Soulages’s work with paint and colour in the early 1960s. The artist’s palette, previously limited to white and black in the main, expanded in the late 1950s to include primary colours. This broader range of shades enabled him to enter into a new dialogue of black and colour. Nonetheless, the role of this new colour was to better show the illuminating power of black and its ability to spill over onto other shades: "[Black] remains the foundation of my palette. It is the absence of colour at its most intense; at its most violent which lends intensity and violence to the other colours, even to white - just as a tree makes the sky blue" (artist quoted in P. Schneider, 'Au Louvre avec Soulages', Preuves, No. 143, January 1963, pp.46-52).
At the turn of the decade, Soulages began scraping thick layers of still-wet black paint onto coloured backgrounds, thus revealing the underlying colours now transformed by the black. From 1963, his work then focused more on the fluidity of thin layers of dark paint. Peinture 130 x 97 cm, 27 août 1963 is unique in that it represents the exact intersection between these two expressions: the thick black diagonal was formed by layering strokes made using a spatula - a flexible instrument that enables you to easily scrape the paint. In some areas it also reveals translucent colours representing a lighter touch. Separate from the background, the black adds a certain vitality to the space by reflecting the light of the golden ochre as well as the white primer that frames the diagonal.
Exhibited at the Kootz Gallery in 1964 and acquired by a Californian collector, Peinture 130 x 97 cm, 27 août 1963 also bears witness to Soulages’s unique artistic journey. Although he achieved early recognition overseas with his work being displayed in New York from 1953, the artist had to wait until 1960 for his first major Paris exhibition. Indeed, his independently developed approach swims against the subjective tide of the dominant and innovative School of Paris. In Peinture 130 x 97 cm, 27 août 1963, Soulages champions a style of painting that is present in the world and for the onlooker, where shape, paint and colour meet in a radical synchrony: "To me, time seems central to my work as a painter. Time and its relation to space - never its mere presence or the contrary" (in R. Girard, De refus en refus, Lettre ouverte n°3, Paris, October 1961, pp. 48-50).
'‘A painting is an organization, a set of relationships between shapes (lines, colored surfaces, etc.), on which the meanings which we give it are made and undone.''
Pierre Soulages
Avec son fond or et blanc traversé d’une diagonale noire, Peinture 130 x 97 cm, 27 août 1963 est emblématique du travail de couleur et matière entamé par Pierre Soulages à l’orée des années 1960. Limitée jusque lors essentiellement aux noir et blanc, la palette du peintre s’ouvre à la fin des années 1950 aux couleurs primaires. Cette gamme chromatique élargie lui permet de se lancer dans un dialogue nouveau : celui du noir et de la couleur. Ce n’est toutefois que pour mieux travailler la force lumineuse du noir, sa capacité à rejaillir sur les autres teintes : « [Le noir] est resté la base de ma palette. Il est l’absence de couleur la plus intense, la plus violente, qui confère une présence intense et violente aux couleurs, même au blanc : comme un arbre rend bleu le ciel » (l’artiste cité in P. Schneider, 'Au Louvre avec Soulages', Preuves, No. 143, janvier 1963, pp. 46-52).
Au tournant de la décennie, Soulages entreprend donc de racler d’épaisses couches de matière noire, encore fraîche, sur un arrière-plan coloré ; les couleurs sous-jacentes réapparaissent transfigurées par le noir. Puis, à partir de l’automne 1963, il travaille plutôt la fluidité de fines nappes de peinture sombre. Peinture 130 x 97 cm, 27 août 1963 a cela de particulier qu’elle se situe à l’exact croisement de ces deux expressions : l’épaisse diagonale noire est construite par l’étagement de coups de spatule – un instrument souple qui permet de racler facilement la matière. Elle laisse également voir par endroits des coulures translucides, marques d’une touche plus légère. Séparé du fond, le noir dynamise l’espace autant qu’il reflète la lumière, celle de l’ocre doré mais aussi de l’apprêt blanc qui encadre la diagonale.
Exposée à la Kootz Gallery en 1964 et acquise alors par un collectionneur californien, Peinture 130 x 97 cm, 27 août 1963 témoigne par ailleurs de la trajectoire artistique singulière de Soulages. Celle d’un artiste reconnu très tôt outre-Atlantique, montré à New York dès 1953, et qui devra attendre 1960 pour une première exposition d’envergure à Paris. Sa démarche, mûrie en autonomie, est en effet à contre-courant de la subjectivité de l’École de Paris dominante. À l’image de Peinture 130 x 97 cm, 27 août 1963, Soulages défend une peinture présente au monde et au spectateur, qui conjugue forme, matière et couleur dans une synchronie radicale : « C’est le temps qui me paraît au centre de ma démarche de peintre. Le temps et ses rapports avec l’espace – jamais la figuration ou son contraire » (in R. Girard, De refus en refus, Lettre ouverte n°3, Paris, octobre 1961, pp. 48-50).
With its gold and white background split by a black diagonal, Peinture 130 x 97 cm, 27 août 1963 (Painting 130 x 97 cm, 27 August 1963) is emblematic of Pierre Soulages’s work with paint and colour in the early 1960s. The artist’s palette, previously limited to white and black in the main, expanded in the late 1950s to include primary colours. This broader range of shades enabled him to enter into a new dialogue of black and colour. Nonetheless, the role of this new colour was to better show the illuminating power of black and its ability to spill over onto other shades: "[Black] remains the foundation of my palette. It is the absence of colour at its most intense; at its most violent which lends intensity and violence to the other colours, even to white - just as a tree makes the sky blue" (artist quoted in P. Schneider, 'Au Louvre avec Soulages', Preuves, No. 143, January 1963, pp.46-52).
At the turn of the decade, Soulages began scraping thick layers of still-wet black paint onto coloured backgrounds, thus revealing the underlying colours now transformed by the black. From 1963, his work then focused more on the fluidity of thin layers of dark paint. Peinture 130 x 97 cm, 27 août 1963 is unique in that it represents the exact intersection between these two expressions: the thick black diagonal was formed by layering strokes made using a spatula - a flexible instrument that enables you to easily scrape the paint. In some areas it also reveals translucent colours representing a lighter touch. Separate from the background, the black adds a certain vitality to the space by reflecting the light of the golden ochre as well as the white primer that frames the diagonal.
Exhibited at the Kootz Gallery in 1964 and acquired by a Californian collector, Peinture 130 x 97 cm, 27 août 1963 also bears witness to Soulages’s unique artistic journey. Although he achieved early recognition overseas with his work being displayed in New York from 1953, the artist had to wait until 1960 for his first major Paris exhibition. Indeed, his independently developed approach swims against the subjective tide of the dominant and innovative School of Paris. In Peinture 130 x 97 cm, 27 août 1963, Soulages champions a style of painting that is present in the world and for the onlooker, where shape, paint and colour meet in a radical synchrony: "To me, time seems central to my work as a painter. Time and its relation to space - never its mere presence or the contrary" (in R. Girard, De refus en refus, Lettre ouverte n°3, Paris, October 1961, pp. 48-50).