拍品专文
Ce remarquable cabinet est un exemple passionnant d’une création réalisée à la fin du XVIIIe siècle à partir d'un cabinet Louis XIV modifié sous Louis XVI pour être mis au goût du jour. Ce chef-d’œuvre de marqueterie, s’il fut remis au goût du jour sous Louis XVI, existait néanmoins depuis une centaine d’années. Ce procédé de réhabilitation est moins étonnant qu'il n'y parait. Deux phénomènes en effet coexistent sous le règne de Louis XVI. D’une part les ébénistes réadaptent des meubles anciens ou réemploient leurs tableaux de marqueterie, de pierres dures, de laque de Chine ou du Japon… D’autre part, fascinés par les œuvres de Boulle, ils s’évertuent à le copier ou à s’en inspirer pour de nouvelles commandes en utilisant ses techniques (A. Pradère, "Boulle. Du Louis XIV sous Louis XVI", L'Objet d'Art, Février 1988).
Le mobilier ancien en effet ne manque pas sur le marché à cette époque, en particulier dans les ventes publiques. Rares sont les ventes du troisième quart du XVIIIème qui ne comportent pas de "meubles de Boulle" ou "genre de Boulle". La plupart des acheteurs, dont les noms figurent dans les catalogues annotés encore conservés, sont des marchands tels que Paillet, Lebrun ou Julliot. Ce dernier eut un rôle majeur dans la création des nouveaux meubles « Boulle ». En effet, il confie la réalisation de meubles à deux ateliers, celui d'Etienne Levasseur et celui des Joseph. Ce cabinet est révélateur de l'évolution du mobilier Boulle sous Louis XVI, qui se plie aux nouvelles exigences et intérieurs Louis XVI. En effet, la décoration néoclassique exige plus de meubles bas, qui laissent les cimaises dégagées pour l'accrochage de tableaux (A. Pradère, "Boulle. Du Louis XIV sous Louis XVI.", L'Objet d'Art, Février 1988, p.39). On demande donc moins de cabinets à piètement et d'armoires. Ces derniers sont donc transformés pour correspondre aux attentes de la nouvelle vogue.
Les panneaux de marqueterie qui ornent la façade et les côtés sont attribués à l'ébéniste André-Charles Boulle. Le traitement très naturaliste des oiseaux et la qualité d’exécution exceptionnelle rappelle en effet plusieurs œuvres du maître, notamment l’Armoire florale entrée au musée d’Etat de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg (inv. 420 MБ) et le cabinet du J. Paul Getty Museum (Inv. 77.DA.1). Notons également que les panneaux latéraux sont très proches, dans le dessin, les essences utilisées et la composition décentrée des remarquables vases de fleurs du médailler de Max Emmanuel électeur de Bavière, aujourd’hui au Staatliche Münzsammlung de Munich (ill. in. J.N. Ronfort, André-Charles Boulle, 1642-1732, Un Nouveau style pour l’Europe, Frankfurt, 2009, pp. 188-189). Les essences utilisées, notamment le noyer et l’olivier, que l’on retrouve mêlées à l’épine vinette sur notre cabinet sont caractéristiques de la production d’André-Charles Boulle.
Il est intéressant de souligner la similitude des pieds de notre cabinet avec ceux imaginés par André-Charles Boulle. Cette forme de toupie se retrouve notamment sur la paire de commode exécutée en 1708 pour le Grand Trianon et qui est conservée aujourd'hui au musée du château de Versailles (D. Meyer, Le Mobilier de Versailles, XVIIe et XVIIIe siècles, Tome I, Editions Faton, Dijon, 2002, p.54-57). Collection Nathanel de Rothschild au palais abbatial de Royaumont.
Ce cabinet provient des collections Rothschild : il fut vendu par Christie’s à Paris le 19 septembre 2011 avec l’entier mobilier du palais abbatial de Royaumont. Dans cette somptueuse demeure néo palladienne construite par Louis le Masson sous la direction du fantasque abbé de Ballivières à la fin du XVIIIe siècle, il occupait au Grand Salon une place de choix.
This remarkable cabinet is an exciting example of a creation made in the late eighteenth century from a Louis XIV cabinet modified under Louis XVI. This masterpiece of marquetry ever, if it was updated under Louis XVI, existed nevertheless for a hundred years. This process of rehabilitation is less surprising than it seemed. Two phenomena, in fact, coexist under the reign of Louis XVI. On the one hand cabinetmakers re-adapted antique furniture or re-used marquetry, hard stones, Chinese lacquer or Japaning. On the other hand, fascinated by the works of Boulle, they strived to copy or to be inspired by it for new creations using its techniques. (A. Pradère, "Boulle. Du Louis XIV sous Louis XVI.", L’Objet d’Art, February 1988).
At this time, the antique furniture was not lacking, especially for public sales. Few sales in the third quarter of the eighteenth did not include "Boulle furniture" or "kinds of Boulle". Most of the buyers, whose names appear in annotated catalogs still exist, are merchants such as Paillet, Lebrun or Julliot. The latter had a major role in the creation of new "Boulle" furniture. Indeed, he entrusted the realization of furniture to two workshops, that of Etienne Levasseur and Joseph. This cabinet is indicative of the evolution of Boulle furniture under Louis XVI, which complies with the new requirements and Louis XVI interiors. Indeed, the neoclassical decoration requires more low furniture, which left the walls for hanging paintings (A. Pradère, "Boulle. Du Louis XIV sous Louis XVI.", L’Objet d’art, February 1988, p.39). Fewer cabinets with legs and cabinets were required. These consequently transformed to meet the expectations of the new vogue.
The marquetry panels adorning the front and sides are attributed to the cabinetmaker André-Charles Boulle. The very naturalistic processing of the birds and the exceptional quality of execution recall many of the master's works, in particular the Floral Cabinet in the Hermitage State Museum in St. Petersburg (inv. J. Paul Getty Museum (Inv. 77.DA.1). It should also be noted that the side panels are very similar in the drawing to the species used and the decentered composition of the remarkable vases of flowers of the medalist Max Emmanuel, Elector of Bavaria, today at the Staatliche Münzsammlung in Munich (ill. in. J.N. Ronfort, André-Charles Boulle, 1642-1732, Un Nouveau style pour l’Europe, Frankfurt, 2009, pp. 188-189). The varieties used, including walnut and olive, mixed with barberry on our cabinet are characteristic of the production of André-Charles Boulle.
It is interesting to underline the similarity of the feet of our cabinet with those imagined by André-Charles Boulle. This form of spinning top is found in particular on the pair of dressers executed in 1708 for the Grand Trianon and which are preserved today in the museum of the château de Versailles (D. Meyer, Le Mobilier de Versailles, XVIIe et XVIIIe siècles, Tome I, Faton, 2002, p.54-57), and the Nathaniel de Rothschild collection at the abbey palace of Royaumont.
This cabinet from the Rothschild collections was sold at Christie's in Paris on September 19, 2011 with the entire collection of the abbey palace of Royaumont. In this sumptuous neo-Palladian residence built by Louis le Masson under the direction of the fanciful Abbot of Ballivières in the late eighteenth century, it occupied the Grand Salon.
Le mobilier ancien en effet ne manque pas sur le marché à cette époque, en particulier dans les ventes publiques. Rares sont les ventes du troisième quart du XVIIIème qui ne comportent pas de "meubles de Boulle" ou "genre de Boulle". La plupart des acheteurs, dont les noms figurent dans les catalogues annotés encore conservés, sont des marchands tels que Paillet, Lebrun ou Julliot. Ce dernier eut un rôle majeur dans la création des nouveaux meubles « Boulle ». En effet, il confie la réalisation de meubles à deux ateliers, celui d'Etienne Levasseur et celui des Joseph. Ce cabinet est révélateur de l'évolution du mobilier Boulle sous Louis XVI, qui se plie aux nouvelles exigences et intérieurs Louis XVI. En effet, la décoration néoclassique exige plus de meubles bas, qui laissent les cimaises dégagées pour l'accrochage de tableaux (A. Pradère, "Boulle. Du Louis XIV sous Louis XVI.", L'Objet d'Art, Février 1988, p.39). On demande donc moins de cabinets à piètement et d'armoires. Ces derniers sont donc transformés pour correspondre aux attentes de la nouvelle vogue.
Les panneaux de marqueterie qui ornent la façade et les côtés sont attribués à l'ébéniste André-Charles Boulle. Le traitement très naturaliste des oiseaux et la qualité d’exécution exceptionnelle rappelle en effet plusieurs œuvres du maître, notamment l’Armoire florale entrée au musée d’Etat de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg (inv. 420 MБ) et le cabinet du J. Paul Getty Museum (Inv. 77.DA.1). Notons également que les panneaux latéraux sont très proches, dans le dessin, les essences utilisées et la composition décentrée des remarquables vases de fleurs du médailler de Max Emmanuel électeur de Bavière, aujourd’hui au Staatliche Münzsammlung de Munich (ill. in. J.N. Ronfort, André-Charles Boulle, 1642-1732, Un Nouveau style pour l’Europe, Frankfurt, 2009, pp. 188-189). Les essences utilisées, notamment le noyer et l’olivier, que l’on retrouve mêlées à l’épine vinette sur notre cabinet sont caractéristiques de la production d’André-Charles Boulle.
Il est intéressant de souligner la similitude des pieds de notre cabinet avec ceux imaginés par André-Charles Boulle. Cette forme de toupie se retrouve notamment sur la paire de commode exécutée en 1708 pour le Grand Trianon et qui est conservée aujourd'hui au musée du château de Versailles (D. Meyer, Le Mobilier de Versailles, XVIIe et XVIIIe siècles, Tome I, Editions Faton, Dijon, 2002, p.54-57). Collection Nathanel de Rothschild au palais abbatial de Royaumont.
Ce cabinet provient des collections Rothschild : il fut vendu par Christie’s à Paris le 19 septembre 2011 avec l’entier mobilier du palais abbatial de Royaumont. Dans cette somptueuse demeure néo palladienne construite par Louis le Masson sous la direction du fantasque abbé de Ballivières à la fin du XVIIIe siècle, il occupait au Grand Salon une place de choix.
This remarkable cabinet is an exciting example of a creation made in the late eighteenth century from a Louis XIV cabinet modified under Louis XVI. This masterpiece of marquetry ever, if it was updated under Louis XVI, existed nevertheless for a hundred years. This process of rehabilitation is less surprising than it seemed. Two phenomena, in fact, coexist under the reign of Louis XVI. On the one hand cabinetmakers re-adapted antique furniture or re-used marquetry, hard stones, Chinese lacquer or Japaning. On the other hand, fascinated by the works of Boulle, they strived to copy or to be inspired by it for new creations using its techniques. (A. Pradère, "Boulle. Du Louis XIV sous Louis XVI.", L’Objet d’Art, February 1988).
At this time, the antique furniture was not lacking, especially for public sales. Few sales in the third quarter of the eighteenth did not include "Boulle furniture" or "kinds of Boulle". Most of the buyers, whose names appear in annotated catalogs still exist, are merchants such as Paillet, Lebrun or Julliot. The latter had a major role in the creation of new "Boulle" furniture. Indeed, he entrusted the realization of furniture to two workshops, that of Etienne Levasseur and Joseph. This cabinet is indicative of the evolution of Boulle furniture under Louis XVI, which complies with the new requirements and Louis XVI interiors. Indeed, the neoclassical decoration requires more low furniture, which left the walls for hanging paintings (A. Pradère, "Boulle. Du Louis XIV sous Louis XVI.", L’Objet d’art, February 1988, p.39). Fewer cabinets with legs and cabinets were required. These consequently transformed to meet the expectations of the new vogue.
The marquetry panels adorning the front and sides are attributed to the cabinetmaker André-Charles Boulle. The very naturalistic processing of the birds and the exceptional quality of execution recall many of the master's works, in particular the Floral Cabinet in the Hermitage State Museum in St. Petersburg (inv. J. Paul Getty Museum (Inv. 77.DA.1). It should also be noted that the side panels are very similar in the drawing to the species used and the decentered composition of the remarkable vases of flowers of the medalist Max Emmanuel, Elector of Bavaria, today at the Staatliche Münzsammlung in Munich (ill. in. J.N. Ronfort, André-Charles Boulle, 1642-1732, Un Nouveau style pour l’Europe, Frankfurt, 2009, pp. 188-189). The varieties used, including walnut and olive, mixed with barberry on our cabinet are characteristic of the production of André-Charles Boulle.
It is interesting to underline the similarity of the feet of our cabinet with those imagined by André-Charles Boulle. This form of spinning top is found in particular on the pair of dressers executed in 1708 for the Grand Trianon and which are preserved today in the museum of the château de Versailles (D. Meyer, Le Mobilier de Versailles, XVIIe et XVIIIe siècles, Tome I, Faton, 2002, p.54-57), and the Nathaniel de Rothschild collection at the abbey palace of Royaumont.
This cabinet from the Rothschild collections was sold at Christie's in Paris on September 19, 2011 with the entire collection of the abbey palace of Royaumont. In this sumptuous neo-Palladian residence built by Louis le Masson under the direction of the fanciful Abbot of Ballivières in the late eighteenth century, it occupied the Grand Salon.