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Marc Chagall revient fréquemment à la nature morte tout au long de sa carrière, privilégiant les fleurs parmi ses motifs récurrents. Lorsqu'il se prête à cet exercice, et notamment au thème floral, c'est avant tout pour parler d'amour de façon détournée. Au cours de sa vie conjugale avec Bella Rosenfeld, de 1915 jusqu'au décès de celle-ci en 1944, l'artiste réalise d'innombrables œuvres sur ce sujet pour célébrer la joie que lui procure leur union florissante.
Les fleurs et les fruits de la présente œuvre, déployés sur toute la moitié droite et toute la partie inférieure de la composition, invitent le spectateur à les apprivoiser du regard. Dans leur inertie, le bouquet et les fruits frais, baignés d'une douce et vaporeuse lumière d'été, suggèrent l'impact profond de l'environnement de Chagall sur son œuvre, évoquant l'éclat azur et la luxuriance de sa nouvelle demeure. La palette sourde de rouges, verts et bleus de cette gouache invite tous nos sens à s'immerger dans la vie du peintre ; à deviner et sentir, librement, les arômes et les rayons du soleil qui semblent traverser son atelier.
Richement colorée, la présente œuvre voit pourtant le jour en 1939, période houleuse de la vie de l'artiste. Ayant obtenu la nationalité française en 1937, Chagall et son épouse résident alors à la campagne ; après une étape à Saint-Dyé-sur-Loire, ils s'installent en avril 1940 à Gordes, un petit village de Provence. Or la situation en Europe se dégrade rapidement ; le jour même où Chagall acquiert une maison à Gordes, les Allemands envahissent la Pologne et la Hollande. S'ensuit la chute de Paris, dès le mois de juin. Chagall hésite à fuir l'Europe. Refusant d'admettre le danger qu'il court en restant sur le sol français, il se plonge de plus belle dans sa peinture. Ce n'est que lorsque Varian Fry du Comité de sauvetage d'urgence (Emergency Rescue Committee) débarque à Gordes pour proposer d'aider le couple à rejoindre les États-Unis, qu'un projet de départ prend enfin forme. Ida, leur fille, recueille les œuvres du peintre à Paris et, à la mi-juin 1941, Chagall et Bella embarquent pour New York, sans savoir s'ils reverront un jour l'Europe.
Throughout his career, Marc Chagall continuously returned to the genre of still life, with flowers being a recurring motif. He turned to the subject of the still life and the depiction of flowers in particular as a coded expression of romance. During his marriage to Bella Rosenfeld from 1915 until her death in 1944, the artist executed countless works of this genre to express his exuberance over the blissful state of their union.
In this work, the flowers and fruits fill both halves of the composition and invite the viewer to become closely acquainted with those subjects. The stillness of the flowers and fresh fruit in a haze of warm summer light suggest the profound impact that Chagall’s surroundings had had on his work and evoke for the viewer the azure light and lush vitality of Chagall’s new home. The gouache’s muted palette of red, green and blue give us a synesthetic involvement in Chagall’s life; we are granted access to the floral scents and warm sunshine that must have filled his studio.
Vividly colored, the present work was executed in 1939, one of the most turbulent moments of the artist’s life. Having become French nationals in 1937, at this time, Chagall and his wife Bella were living in the rural French countryside; first in St. Dyé sur Loire, before they moved in April 1940, to Gordes, a small village in Provence. Yet, the political situation in Europe was rapidly deteriorating; the same day that Chagall purchased a house in Gordes, the Germans invaded Belgium and Holland. By June, Paris had fallen. Chagall was hesitant to make any plans to flee Europe, refusing to concede the danger he faced by remaining in France, and instead immersing himself in his painting. It was not until Varian Fry of the Emergency Rescue Committee arrived in Gordes offering the artist and his wife assistance in moving to America that plans were set in motion for the artist’s departure. Ida, his daughter, collected Chagall’s art from Paris, and, in mid-June of 1941, Chagall and Bella set sail for New York, unsure of whether they would ever see Europe again.