出版
G. Grappe, Le Musée Rodin, Monaco, 1947, p. 141, no. 59 (une autre épreuve illustrée, pl. 59).
A.E. Elsen, Rodin, New York, 1963, p. 181.
J.L. Tancock, The Sculpture of Auguste Rodin, The collection of the Rodin Museum, Philadelphia, Philadelphie, 1976, p. 193-199, no. 19 (une autre épreuve illustrée, p. 195).
A. Le Normand-Romain, Rodin et le bronze, Catalogue des œuvres conservées au Musée Rodin, Paris, 2007, vol. II, p. 509-514, no. S40 (une autre épreuve illustrée, p. 509).
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« L’étude de la nature y est complète, et j’ai mis tout mon effort à y rendre l’art aussi entier que possible. Je considère que ce plâtre est une de mes œuvres le mieux finies, le plus poussées »
A. Rodin lettre adressée au prince Eugène de Suède, 2 janvier 1897, lorsqu’il lui annonça qu’il avait l’intention de faire don au musée national suédois de l’épreuve de la Méditation qui allait être exposée à Stockholm.
À l’origine, Auguste Rodin conçut La Méditation vers 1881-82 pour l’une des petites Damnées du Jugement à l’extrême droite du tympan de la Porte de l’Enfer. Concentrée à l’écoute d’elle-même en une merveilleuse arabesque, aussi douce et gracieuse que puissante de formes, La Méditation ou La Voix intérieure, est l’une des œuvres fondamentales pour la compréhension de Rodin. Comme l’artiste le souligne lui-même dans sa correspondance avec le prince Eugène de Suède en 1897, cette œuvre lui était très chère. Rodin la retravailla plusieurs fois, lui apportant des modifications, avec ou sans bras, et l’inséra dans plusieurs de ses grandes commandes telles la Porte de l’Enfer (avec bras droit) puis dans le Monument à Victor Hugo (lui supprimant ses bras), puis réinterprétée dans d’autres compositions de Rodin, telles Le Christ et la Madeleine et dans Constellation.
La figure de La Méditation est caractérisée par la position de son corps qui se penche en cachant son visage dans son bras replié et qui rattrape son déséquilibre par un fort déhanchement. L’influence de Michel-Ange est particulièrement évidente lorsqu’on rapproche cette Méditation avec L’Esclave de Michel-Ange en cire rouge préservé au Victoria and Albert Museum de Londres, tant admiré par Rodin qu’il aurait réclamé que l’on mette un prie-Dieu devant la vitrine dans laquelle il était exposé. Reprenant le contrapposto si iconique du grand maître de la Renaissance florentine, Rodin force le spectateur à tourner autour de la sculpture afin de comprendre la posture de sa figure. Ayant un talent unique pour amplifier la sensualité de ses figures par ses sculptures, Rodin développa une conception organique de la forme dans laquelle l’articulation de la surface naît d’une force expressive intérieure. Cela est particulièrement criant dans La Méditation.
« Au lieu d’imaginer les différentes parties d’un corps comme des surfaces plus ou moins plates » explique-t-il parlant de sa sculpture, « je les ai représentées comme des projectures [projections] des volumes intérieurs. Je me suis forcé à exprimer, dans chaque gonflement du torse ou des membres, l’affleurement d’un muscle ou d’un os loin sous la peau. Et ainsi la vérité de mes figures, au lieu d’être simplement superficielle, semble jaillir de l’intérieur vers l’extérieur, comme la vie même...» (L. Nochlin, ‘Impressionism and Post- Impressionism, 1874-1904’, in Sources and Documents, Englewood Cliffs, 1966, p. 72-73). L’attention que Rodin portait à la surface de ses sculptures était si développée qu’il se mit à modeler la forme sculpturale en fonction du jeu de l’ombre et de la lumière, et ce faisant, il en vint à abandonner délibérément l’idéal de la tradition académique au profit d’une nouvelle liberté de la déformation expressive.
La présente épreuve de La Méditation précède la version que Rodin utilisera au final pour sa composition du Monument à Victor Hugo, choisissant d’agrandir la figure et l’amputant de ses bras. C’est d’ailleurs dans ce dernier état que l’œuvre sera exposée en 1897 à Dresde et à Stockholm, et que Rodin renommera La Voix intérieure, par référence au recueil de poèmes publié par Hugo en 1837: elle est « douce, mélancolique et charmante, son corps jeune et frais est tout imprégné de l’eau et de la mer, et c’est elle qui murmure et chuchote les douces paroles que gazouillent les flots, qui bruissent aux verdures des rives, et que chantent les enfants, les jeunes filles et les amants ». Cependant, La Voix intérieure sera mal comprise du public en raison de son aspect incomplet alors que Rodin avait intentionnellement opté pour cette version sans bras justement pour mieux représenter la notion de méditation.
Rare sur le marché, la présente Méditation issue d’une importante collection aristocratique est restée dans la même famille depuis 1953, trônant fièrement dans un parc pendant toutes ces années. Selon les registres de production de la fonderie Alexis Rudier, le montage de cette épreuve aurait été réalisée par l’ouvrir Nadiras et la ciselure par l’ouvrier Alliot, un travail méticuleux représentant un total de 54 heures en avril 1943. Treize épreuves numérotées, dont la présente numérotée 12/12, auraient été fondues par la fonderie Alexis Rudier entre 1921 et 1943, la première provenant de la collection de Jules Mastbaum, la deuxième étant au Musée Rodin de Philadelphie, la sixième localisée au Musée national des Beaux-Arts d’Alger et la neuvième faisant partie des collections du Museu de Arte de Sao Paolo.
“In it the study of nature is complete, and I have made every effort to render art as complete as possible. I regard this plaster as one of my best finished, most accomplished works.”
Letter written by A. Rodin to Prince Eugen of Sweden on 2 January 1897 explaining his intention to donate the cast of Meditation that was going to be exhibited in Stockholm to Sweden’s national museum.
Auguste Rodin’s Meditation, which was conceived circa 1881-1882, was originally one of the Damned Women arranged on the far right side of the tympanum of The Gates of Hell. Meditation or The Inner Voice is coiled around itself in a beautiful arabesque, resulting in curves that are equal parts soft, graceful, and powerful. The sculpture is one of the most important works for understanding Rodin. As the artist himself explained in his letter to Prince Eugen of Sweden in 1897, this piece held special meaning for Rodin. Rodin recreated it several times, adding modifications and casting new versions with and without arms. He incorporated it into several of his most important commissions, including The Gates of Hell, where the figure was cast with a right arm; Monument to Victor Hugo, in which the figure appeared armless; and Christ, Mary Magdalene, and Constellation, which all featured reinterpretations of the original work.
The figure in Meditation is characterised by the angled position of her body. The woman is hiding her face in the crook of her arm and balanced by shifting most of her weight to one hip. The influence of Michelangelo is especially evident when comparing Meditation to the red wax model of A Slave, a piece by Michelangelo located in the Victoria and Albert Museum in London. Rodin loved the work so much he apparently asked for a kneeling prayer bench to be installed in front of the showcase where it was displayed. Using the same contrapposto technique so often employed by the Florentine Renaissance artist, Rodin forces the viewer to walk around the sculpture to understand the figure's positioning. Rodin had a unique talent for emphasising the sensuality of his figures through sculpture. He developed an organic approach to form that uses an inner expressive force to shape the structure of the surface. This is especially clear in Meditation.
“Instead of imagining the various surfaces of the body as more or less flat planes”, he explained in reference to his sculpture, “I represented them as projections of interior shapes. I forced myself to depict, through each curve of the torso or limbs, the emergence of a muscle or bone far beneath the skin's surface. In doing so, the truth of my figures, instead of being simply superficial, seems to burst outward from the inside like life itself...” (L. Nochlin, ‘Impressionism and Post- Impressionism, 1874-1904’, in Sources and Documents, Englewood Cliffs, 1966, p. 72-73). Rodin paid such close attention to the surface of his sculptures that he began to use light and shadow to sculpt his figures. As a result, he deliberately abandoned academic tradition in favour of the freedom provided by expressive deformation.
This example of Meditation preceded the larger and armless version Rodin ultimately used to compose Monument to Victor Hugo. This final version was in fact the same one that was exhibited in Dresden and Stockholm in 1897, which Rodin renamed The Inner Voice in reference to the poetry collection by Hugo published in 1837. She is “soft, melancholy, and charming. Her fresh, youthful body is infused with water and the ocean, and she whispers the sweet words that are babbled by the waves, that brush through the tree leaves along the river, and that are sung by children, young girls, and lovers”. However, The Inner Voice was poorly received by the public due to its unfinished appearance. Rodin intentionally chose the armless version of the figure to better embody the idea of meditation.
This rare example of Meditation originates from the collection of an important aristocrat. The piece has been owned by the same family since 1953, where it has held pride of place in a park since it was first acquired. According to the production records kept by the Alexis Rudier foundry, this piece was cast by Nadiras and chiselled by Alliot. They completed the meticulous project over the course of 54 hours in April 1943. Thirteen numbered examples, including this model, which is numbered 12/12, were cast by the Alexis Rudier foundry between 1921 and 1943. The first belongs to the collection of Jules Mastbaum, the second is located in the Rodin Museum in Philadelphia, the sixth is owned by the National Fine Arts Museum of Algiers, and the ninth is part of the collections of the Museu de Arte de São Paulo.