拍品专文
L'authenticité de cette œuvre a été confirmée par la Fondation Zao Wou-Ki.
"Je suis très curieux. dès qu’une technique nouvelle m’apparait, je la mets à l’essai. Si elle convient à mon mode de création, je la prends."
"I am very curious. I try a new technique as soon as I discover it. If it suits my mode of creation, I incorporate it."
Zao Wou-Ki
En 1984, les exceptionnels tableaux grand format de Zao Wou-Ki sont exposés à la Galerie de France. Dans l’introduction du catalogue d’exposition, l’historien de l’art Georges Duby souligne inévitablement le lien entre la référence de l’artiste aux paysages chinois et l’immersion totale du spectateur dans la nature : « En phase avec la vocation première de la peinture chinoise, Zao Wou-Ki nous invite à réveiller, à travers la nature, notre véritable sensibilité face aux rivières qui coulent, aux montagnes qui s’élèvent, ou au milieu d’un jardin, hôte d’une multitude de microcosmes effervescents. » Quelle meilleure façon de mettre à l’honneur les merveilles et la magie d’un jardin qu’avec une œuvre de Zao Wou-Ki ? Cette mosaïque à couper le souffle, au cœur du jardin de Paul Haim, ne se contente pas de refléter fidèlement le caractère paisible de la nature environnante, mais ouvre également une porte sur un univers parallèle dans lequel la terre et le cosmos se côtoient.
Commandée directement à l’artiste par Paul Haim, cette œuvre est la première du genre pour Zao Wou-Ki. L’artiste a collaboré avec le mosaïste Dominique Hideux pour créer une œuvre monumentale de plus de 750 centimètres de long. Basée sur une aquarelle préexistante, un médium dans lequel le peintre excelle et qu’il utilise parfois comme objet d’étude pour ses tableaux, cette mosaïque dévoile l’univers de l’artiste, reproduisant la même énergie et le même flux naturel des lignes et de la profondeur des couleurs. Là où Zao Wou-Ki utilise habituellement des empâtements à l’huile pour donner du relief à ses peintures, ici, Wou-Ki et Hideux jouent avec l’épaisseur de différents carreaux de verre, ainsi qu’avec une variété de couleurs appliquées pièce par pièce, pour transmettre une impression de volume, de profondeur et de dynamisme tridimensionnel. De plus, la disposition en diagonale, au milieu d’un foisonnement d’éclaboussures de couleurs en effervescence le long des bords et dans les coins, crée une image sans limite dans laquelle les éléments du jardin — bambous, feuillages, herbe et sol — se fondent tout naturellement avec la mosaïque. La composition invite le spectateur au voyage, non seulement avec ses yeux, mais aussi avec tous ses sens.
Lorsqu’elle prend vie dans le jardin de Paul Haim en 1985, cette œuvre monumentale, un projet de mosaïque inédit pour Zao Wou-Ki, incarne un choix cohérent de collaboration dans la carrière du maître. Riche de ses différents partenariats avec des artistes, des imprimeurs dès les années 1950 aux poètes, Zao Wou-Ki explore un nouveau mode d’expression, tout en conservant une esthétique et un langage visuel qui lui sont propres. Ce nouveau support lui permet en outre d’exploiter un très grand format, qui lui est familier, relancé au début des années 1980 avec de multiples triptyques monumentaux, notamment son plus grand triptyque de 10 mètres de long pour le Raffles City Complex d’I M Pei à Singapour et son Triptyque 1987-1988 de 5 mètres de long.
En cette nouvelle décennie des années 1980, Zao Wou-Ki repousse en effet de nouvelles limites : son retour à l’encre et au papier après le décès de sa seconde épouse au début des années 1970 éveille son besoin d’incorporer plus de fluidité dans sa peinture. Ses huiles se diluent et s’enfoncent dans la toile pour créer des compositions fluides, qui ne sont plus centrées. Les années 1980 sont également marquées par les multiples voyages de Zao en Chine, notamment à l’école des Beaux-Arts de Hangzhou, dans laquelle il est convié à enseigner.
Née au cœur de cette émulation créative, la mosaïque de Zao Wou-Ki nous invite à découvrir en une seule œuvre la transition de l’artiste vers de nouveaux modes d’expression, tout en préservant son identité artistique : l’aspect monumental contraste avec la légèreté de la touche de l’artiste, l’art et la nature ne font qu’un, et l’invisible devient visible, carreau après carreau.
In 1984, Zao Wou-Ki’s exceptional large format paintings were exhibited at the Galerie de France. In the catalogue introduction, art historian Georges Duby inevitably emphasized the connection between the artist’s reference to Chinese landscapes and the viewer’s full immersion into Nature: “Aligned with Chinese painting’s main vocation, Zao Wou-Ki invites us to relive through nature our true felt sensitivity in front of flowing rivers, rising mountains, or in the midst of a garden, host of a multitude of effervescent microcosms.” What better way to enhance a garden’s magical wonders than with a work by Zao Wou-Ki? This breath-taking mosaic in Paul Haim’s garden marvellously acts not only as a mirror for the peaceful nature surrounding it, but also as an open door into a parallel universe where earthly matter meets with the cosmos.
Commissioned directly to the artist by Paul Haim, this work is the first of its kind for Zao Wou-Ki. The artist collaborated with mosaic artist Dominique Hideux to create a monumental work, over 750 meters long. Based on a pre-existing watercolour, a medium the artist particularly excelled at and sometimes used as studies for his paintings, this mosaic provides an enlarged window into the artist’s universe, replicating the same energy and natural flow of the lines and depth of colours. Where Zao Wou-Ki usually uses oil impasto to create dimensionality in his paintings, here, Zao and Hideux were able to play with the thickness of different glass tiles, as well as with a variety of colours applied piece by piece, to communicate a sense of three-dimensional volume, depth and dynamism. Furthermore, the diagonal composition, surrounded by a multitude of effervescent splashes of colour along the edges and in the corners, creates a boundless picture, where garden elements -bamboos, foliage, grass, and soil- naturally become one with the mosaic. The viewer is invited to travel into the composition, not only with his eyes, but with all of his other physical senses.
By the time this monumental work was installed in Paul Haim’s garden in 1985, this mosaic project, a first for Zao Wou-Ki, represented a coherent choice of collaboration in the artist’s career. Familiar with artist partnerships, from printers as early as the 1950s to poets, this provided an opportunity for Zao Wou-Ki to explore a new method of expression, while maintaining his own visual aesthetic and language. This new medium further allowed him to employ a very large format, which he was already familiar with, revived in the early 1980s, with multiple monumental triptychs, in particular his largest 10 meter-long triptych for I M Pei’s Raffles City Complex in Singapore and his 5 meter-long Triptyque 1987-1988.
In this new decade of the 1980s, Zao Wou-Ki is indeed pushing new limits: his return to ink and paper after his second wife’s death in the early 1970s provides him with a need to incorporate more fluidity in his painting. His oils become more diluted and sink into the canvas to create flowing compositions, no longer centrally focused. The 1980s also marks Zao’s multiple trips to China, in particular to the Hangzhou school of Fine Arts, where he is invited to teach.
Created in the midst of such creative stimulation, Zao Wou-Ki’s mosaic allows us to witness in one single work the artist’s transition toward new ways of expressions, while preserving his artistic identity: monumentality contrasts with lightness of the artist’s touch, Art and Nature merge as one, and the invisible is made visible, tile by tile.
"Je suis très curieux. dès qu’une technique nouvelle m’apparait, je la mets à l’essai. Si elle convient à mon mode de création, je la prends."
"I am very curious. I try a new technique as soon as I discover it. If it suits my mode of creation, I incorporate it."
Zao Wou-Ki
En 1984, les exceptionnels tableaux grand format de Zao Wou-Ki sont exposés à la Galerie de France. Dans l’introduction du catalogue d’exposition, l’historien de l’art Georges Duby souligne inévitablement le lien entre la référence de l’artiste aux paysages chinois et l’immersion totale du spectateur dans la nature : « En phase avec la vocation première de la peinture chinoise, Zao Wou-Ki nous invite à réveiller, à travers la nature, notre véritable sensibilité face aux rivières qui coulent, aux montagnes qui s’élèvent, ou au milieu d’un jardin, hôte d’une multitude de microcosmes effervescents. » Quelle meilleure façon de mettre à l’honneur les merveilles et la magie d’un jardin qu’avec une œuvre de Zao Wou-Ki ? Cette mosaïque à couper le souffle, au cœur du jardin de Paul Haim, ne se contente pas de refléter fidèlement le caractère paisible de la nature environnante, mais ouvre également une porte sur un univers parallèle dans lequel la terre et le cosmos se côtoient.
Commandée directement à l’artiste par Paul Haim, cette œuvre est la première du genre pour Zao Wou-Ki. L’artiste a collaboré avec le mosaïste Dominique Hideux pour créer une œuvre monumentale de plus de 750 centimètres de long. Basée sur une aquarelle préexistante, un médium dans lequel le peintre excelle et qu’il utilise parfois comme objet d’étude pour ses tableaux, cette mosaïque dévoile l’univers de l’artiste, reproduisant la même énergie et le même flux naturel des lignes et de la profondeur des couleurs. Là où Zao Wou-Ki utilise habituellement des empâtements à l’huile pour donner du relief à ses peintures, ici, Wou-Ki et Hideux jouent avec l’épaisseur de différents carreaux de verre, ainsi qu’avec une variété de couleurs appliquées pièce par pièce, pour transmettre une impression de volume, de profondeur et de dynamisme tridimensionnel. De plus, la disposition en diagonale, au milieu d’un foisonnement d’éclaboussures de couleurs en effervescence le long des bords et dans les coins, crée une image sans limite dans laquelle les éléments du jardin — bambous, feuillages, herbe et sol — se fondent tout naturellement avec la mosaïque. La composition invite le spectateur au voyage, non seulement avec ses yeux, mais aussi avec tous ses sens.
Lorsqu’elle prend vie dans le jardin de Paul Haim en 1985, cette œuvre monumentale, un projet de mosaïque inédit pour Zao Wou-Ki, incarne un choix cohérent de collaboration dans la carrière du maître. Riche de ses différents partenariats avec des artistes, des imprimeurs dès les années 1950 aux poètes, Zao Wou-Ki explore un nouveau mode d’expression, tout en conservant une esthétique et un langage visuel qui lui sont propres. Ce nouveau support lui permet en outre d’exploiter un très grand format, qui lui est familier, relancé au début des années 1980 avec de multiples triptyques monumentaux, notamment son plus grand triptyque de 10 mètres de long pour le Raffles City Complex d’I M Pei à Singapour et son Triptyque 1987-1988 de 5 mètres de long.
En cette nouvelle décennie des années 1980, Zao Wou-Ki repousse en effet de nouvelles limites : son retour à l’encre et au papier après le décès de sa seconde épouse au début des années 1970 éveille son besoin d’incorporer plus de fluidité dans sa peinture. Ses huiles se diluent et s’enfoncent dans la toile pour créer des compositions fluides, qui ne sont plus centrées. Les années 1980 sont également marquées par les multiples voyages de Zao en Chine, notamment à l’école des Beaux-Arts de Hangzhou, dans laquelle il est convié à enseigner.
Née au cœur de cette émulation créative, la mosaïque de Zao Wou-Ki nous invite à découvrir en une seule œuvre la transition de l’artiste vers de nouveaux modes d’expression, tout en préservant son identité artistique : l’aspect monumental contraste avec la légèreté de la touche de l’artiste, l’art et la nature ne font qu’un, et l’invisible devient visible, carreau après carreau.
In 1984, Zao Wou-Ki’s exceptional large format paintings were exhibited at the Galerie de France. In the catalogue introduction, art historian Georges Duby inevitably emphasized the connection between the artist’s reference to Chinese landscapes and the viewer’s full immersion into Nature: “Aligned with Chinese painting’s main vocation, Zao Wou-Ki invites us to relive through nature our true felt sensitivity in front of flowing rivers, rising mountains, or in the midst of a garden, host of a multitude of effervescent microcosms.” What better way to enhance a garden’s magical wonders than with a work by Zao Wou-Ki? This breath-taking mosaic in Paul Haim’s garden marvellously acts not only as a mirror for the peaceful nature surrounding it, but also as an open door into a parallel universe where earthly matter meets with the cosmos.
Commissioned directly to the artist by Paul Haim, this work is the first of its kind for Zao Wou-Ki. The artist collaborated with mosaic artist Dominique Hideux to create a monumental work, over 750 meters long. Based on a pre-existing watercolour, a medium the artist particularly excelled at and sometimes used as studies for his paintings, this mosaic provides an enlarged window into the artist’s universe, replicating the same energy and natural flow of the lines and depth of colours. Where Zao Wou-Ki usually uses oil impasto to create dimensionality in his paintings, here, Zao and Hideux were able to play with the thickness of different glass tiles, as well as with a variety of colours applied piece by piece, to communicate a sense of three-dimensional volume, depth and dynamism. Furthermore, the diagonal composition, surrounded by a multitude of effervescent splashes of colour along the edges and in the corners, creates a boundless picture, where garden elements -bamboos, foliage, grass, and soil- naturally become one with the mosaic. The viewer is invited to travel into the composition, not only with his eyes, but with all of his other physical senses.
By the time this monumental work was installed in Paul Haim’s garden in 1985, this mosaic project, a first for Zao Wou-Ki, represented a coherent choice of collaboration in the artist’s career. Familiar with artist partnerships, from printers as early as the 1950s to poets, this provided an opportunity for Zao Wou-Ki to explore a new method of expression, while maintaining his own visual aesthetic and language. This new medium further allowed him to employ a very large format, which he was already familiar with, revived in the early 1980s, with multiple monumental triptychs, in particular his largest 10 meter-long triptych for I M Pei’s Raffles City Complex in Singapore and his 5 meter-long Triptyque 1987-1988.
In this new decade of the 1980s, Zao Wou-Ki is indeed pushing new limits: his return to ink and paper after his second wife’s death in the early 1970s provides him with a need to incorporate more fluidity in his painting. His oils become more diluted and sink into the canvas to create flowing compositions, no longer centrally focused. The 1980s also marks Zao’s multiple trips to China, in particular to the Hangzhou school of Fine Arts, where he is invited to teach.
Created in the midst of such creative stimulation, Zao Wou-Ki’s mosaic allows us to witness in one single work the artist’s transition toward new ways of expressions, while preserving his artistic identity: monumentality contrasts with lightness of the artist’s touch, Art and Nature merge as one, and the invisible is made visible, tile by tile.