拍品专文
Ce lot sera vendu avec un ensemble de photocopies d'époque du catalogue Steph Simon, certaines annotées.
This lot will be sold with a set of period photocopies of the Steph Simon catalogue, some with handwritten notes.
Quelques souvenirs d'enfance ... Jean Prouvé était un ami de ma famille et plus particulièrement de mon oncle et de ma tante pour qui, avec son frère Henri architecte, il a construit la maison de Saint Clair à proximité du Lavandou. Mes parents habitaient Nancy. Ils vivaient dans un appartement devenu très vite trop petit au fil de la venue de leurs quatre enfants. Alors Jean Prouvé nous fabriqua les lits superposés que j'ai partagé avec ma sœur durant une demie décennie. Dès 1950, mes parents ont eu la possibilité de construire et firent appel à Henri prouvé qui a conçu notre maison rue de Laxou à Nancy au lendemain de la construction de celle de Saint Clair, selon un concept comparable de préfabrication mettant en valeur les produits industrialisés de son frère Jean. J'avais 10 ans quand, sur le terrain, j'ai vu construire des pans de murs, des dalles et quand j'ai vu arriver les camions qui transportaient les éléments préfabriqués. C'était pour moi d'étranges panneaux d'aluminium dont certains avaient des fenêtres coulissantes, d'autres des percements circulaires et enfin pour les plus longs de simples parements métalliques. Quelques jours plus tard toute la volumétrie de ma maison était en place. Mais avec sa toiture plate, ses panneaux percés de trous et ses fenêtres qui s'ouvrent comme dans les trains, cette maison ne ressemblait pas aux autres. J'étais enthousiaste mais tout de même interrogatif ... Puis nous avons emménagé et mes parents ont complété le mobilier déjà acquis dans l'appartement initial et toujours selon la production des ateliers de Jean Prouvé: des fauteuils, une table basse, des lits, des armoires, un bahut et une table de salle à manger. Là aussi, rien ne ressemblait au mobilier que je voyais lorsque j'allais chez mes camarades. Ici les armoires avaient des portes coulissantes et des panneaux latéraux en métal ; les fauteuils avaient des piètements en tubes cintrés qui tenaient des accoudoirs en bois ; la table basse était un trépied en bois qui portait un plateau de verre reposant sur un croisillon de métal ; les pieds de la table de la salle à manger n'étaient pas verticaux comme chez tous mes amis, mais obliques et maintenus par une entretoise métallique. J'étais là encore enthousiaste mais tout de même interrogatif ... Et au fil des années, dans une maison presqu'unique en son genre à Nancy, en pratiquant un espace de vie aux différentes lumières et aux différentes matières, en manipulant un mobilier dont j'intégrais à moi-même une esthétique magnifiant le fonctionnel, je me récitais cette phrase de Platon : le beau est la splendeur du vrai. À 18 ans, toujours enthousiaste, j'ai répondu à mes interrogations en décidant de devenir architecte. Cet ensemble de meubles restés dans leur état d'origine, témoigne d'une commande historique conservée dans notre famille jusqu'à ce jour.
Serge Dollander
A few childhood memories ... Jean Prouvé was a friend of my family and in particular of my aunt and uncle for whom, with his architect brother Henri, he built the house in Saint Clair near Le Lavandou. My parents lived in Nancy. They lived in an apartment that quickly became too small with the arrival of their four children. So Jean Prouvé made us the bunk beds that I shared with my sister for half a decade. By 1950, my parents were in a position to have a house built. They called on Henri Prouvé who designed our house in rue de Laxou in Nancy just after the house in Saint Clair had been built. He based his design on the same idea of prefabrication, using the industrialized products of his brother Jean. I was ten years old when I saw the walls and slabs being built on the site and when I saw the lorries arriving loaded with the prefabricated parts. To me they were strange aluminium panels, some with sliding windows, others with circular holes and the longest with simple metal facings. A few days later, the shape and form of the entire house was in place. But with its flat roof, panels with holes in them and windows that open like in trains, this house was not like any other. I was enthusiastic but also had questions... Then we moved in and my parents added to the furniture they had already acquired in their first apartment, again the new furniture being produced in Jean Prouvé's workshops: armchairs, a coffee table, beds, wardrobes, a sideboard and a dining room table. Again, none of it looked like the furniture I saw when I went to my classmates' houses. Here the wardrobes had sliding doors and metal side panels; the armchairs had curved tube legs holding wooden armrests; the coffee table was a wooden tripod with a glass top resting on a metal crosspiece; the legs of the dining room table weren't vertical as in all my friends' houses, but slanted and held together by a metal brace. Again, I liked it but I was curious... And over the years, in a house that is almost unique in its kind in Nancy, while living in a space with different lights and different materials, while using furniture whose aesthetics I adopted to magnify the functional, I would recite to myself these words of Plato: beauty is the splendour of truth. When I was 18, I still felt passionate about all this, so I decided to satisfy my curiosity by training to become an architect. This set of furniture, still in its original state, is a testimony to a historic commission that has remained in our family to this day.
Serge Dollander
This lot will be sold with a set of period photocopies of the Steph Simon catalogue, some with handwritten notes.
Quelques souvenirs d'enfance ... Jean Prouvé était un ami de ma famille et plus particulièrement de mon oncle et de ma tante pour qui, avec son frère Henri architecte, il a construit la maison de Saint Clair à proximité du Lavandou. Mes parents habitaient Nancy. Ils vivaient dans un appartement devenu très vite trop petit au fil de la venue de leurs quatre enfants. Alors Jean Prouvé nous fabriqua les lits superposés que j'ai partagé avec ma sœur durant une demie décennie. Dès 1950, mes parents ont eu la possibilité de construire et firent appel à Henri prouvé qui a conçu notre maison rue de Laxou à Nancy au lendemain de la construction de celle de Saint Clair, selon un concept comparable de préfabrication mettant en valeur les produits industrialisés de son frère Jean. J'avais 10 ans quand, sur le terrain, j'ai vu construire des pans de murs, des dalles et quand j'ai vu arriver les camions qui transportaient les éléments préfabriqués. C'était pour moi d'étranges panneaux d'aluminium dont certains avaient des fenêtres coulissantes, d'autres des percements circulaires et enfin pour les plus longs de simples parements métalliques. Quelques jours plus tard toute la volumétrie de ma maison était en place. Mais avec sa toiture plate, ses panneaux percés de trous et ses fenêtres qui s'ouvrent comme dans les trains, cette maison ne ressemblait pas aux autres. J'étais enthousiaste mais tout de même interrogatif ... Puis nous avons emménagé et mes parents ont complété le mobilier déjà acquis dans l'appartement initial et toujours selon la production des ateliers de Jean Prouvé: des fauteuils, une table basse, des lits, des armoires, un bahut et une table de salle à manger. Là aussi, rien ne ressemblait au mobilier que je voyais lorsque j'allais chez mes camarades. Ici les armoires avaient des portes coulissantes et des panneaux latéraux en métal ; les fauteuils avaient des piètements en tubes cintrés qui tenaient des accoudoirs en bois ; la table basse était un trépied en bois qui portait un plateau de verre reposant sur un croisillon de métal ; les pieds de la table de la salle à manger n'étaient pas verticaux comme chez tous mes amis, mais obliques et maintenus par une entretoise métallique. J'étais là encore enthousiaste mais tout de même interrogatif ... Et au fil des années, dans une maison presqu'unique en son genre à Nancy, en pratiquant un espace de vie aux différentes lumières et aux différentes matières, en manipulant un mobilier dont j'intégrais à moi-même une esthétique magnifiant le fonctionnel, je me récitais cette phrase de Platon : le beau est la splendeur du vrai. À 18 ans, toujours enthousiaste, j'ai répondu à mes interrogations en décidant de devenir architecte. Cet ensemble de meubles restés dans leur état d'origine, témoigne d'une commande historique conservée dans notre famille jusqu'à ce jour.
Serge Dollander
A few childhood memories ... Jean Prouvé was a friend of my family and in particular of my aunt and uncle for whom, with his architect brother Henri, he built the house in Saint Clair near Le Lavandou. My parents lived in Nancy. They lived in an apartment that quickly became too small with the arrival of their four children. So Jean Prouvé made us the bunk beds that I shared with my sister for half a decade. By 1950, my parents were in a position to have a house built. They called on Henri Prouvé who designed our house in rue de Laxou in Nancy just after the house in Saint Clair had been built. He based his design on the same idea of prefabrication, using the industrialized products of his brother Jean. I was ten years old when I saw the walls and slabs being built on the site and when I saw the lorries arriving loaded with the prefabricated parts. To me they were strange aluminium panels, some with sliding windows, others with circular holes and the longest with simple metal facings. A few days later, the shape and form of the entire house was in place. But with its flat roof, panels with holes in them and windows that open like in trains, this house was not like any other. I was enthusiastic but also had questions... Then we moved in and my parents added to the furniture they had already acquired in their first apartment, again the new furniture being produced in Jean Prouvé's workshops: armchairs, a coffee table, beds, wardrobes, a sideboard and a dining room table. Again, none of it looked like the furniture I saw when I went to my classmates' houses. Here the wardrobes had sliding doors and metal side panels; the armchairs had curved tube legs holding wooden armrests; the coffee table was a wooden tripod with a glass top resting on a metal crosspiece; the legs of the dining room table weren't vertical as in all my friends' houses, but slanted and held together by a metal brace. Again, I liked it but I was curious... And over the years, in a house that is almost unique in its kind in Nancy, while living in a space with different lights and different materials, while using furniture whose aesthetics I adopted to magnify the functional, I would recite to myself these words of Plato: beauty is the splendour of truth. When I was 18, I still felt passionate about all this, so I decided to satisfy my curiosity by training to become an architect. This set of furniture, still in its original state, is a testimony to a historic commission that has remained in our family to this day.
Serge Dollander