拍品专文
Cette œuvre sera incluse dans le prochain catalogue raisonné actuellement en préparation par la Josef et Anni Albers Foundation, sous le No. 1956.1.54.
The work will be included in the catalogue raisonné of the paintings being prepared by the Josef et Anni Albers Foundation under No. 1956.1.54.
Peint en 1956, année de la nomination de Josef Albers en tant que président du département design à la prestigieuse Yale School of Art, cette œuvre est un exemple poétique de l’exploration des Homages to the Square. À travers des carrés de couleurs imbriqués, Albers articule un spectre lumineux qui met en valeur des nuances pleines de fraîcheur : du vert, gris, bleu pâle et crème qui évoquent le Sudden Spring soit « printemps soudain », titre de l'œuvre. Chaque tonalité se transforme et se métamorphose, en osmose avec ses couleurs voisines, le regard oscille et danse ainsi entre chaque partie de la composition. Commencées en 1950 et poursuivies jusqu'à sa mort en 1976, les Homages to the Square d'Albers comptent parmi les recherches chromatiques les plus importantes du XXe siècle. Ses compositions concentriques ont été conçues comme des expérimentations pour tester les rapports entre les « climats » des différentes palettes. Elles explorent la manière dont des couleurs opposées et complémentaires interagissent à courte distance.
Cette œuvre, qui pendant plus de cinquante ans se trouvait dans la collection historique de James Pearson Duffy à Détroit, est un exemple éloquent de cette pratique, qui capture le dialogue agité entre friction et harmonie.
L'enseignement fait partie intégrante de la vie artistique d'Albers. Après ses débuts au Bauhaus dans les années 1920, il s'installe au Black Mountain College en Caroline du Nord, où son cours fondateur et expérimental sur la couleur eut un impact significatif sur de jeunes artistes tels que Cy Twombly et Robert Rauschenberg. En 1950, il déménage à Yale, où son enseignement atteint son apogée pendant huit années successives. Définie par les Homages to the square, cette période culminera en 1963, avec la publication de son traité emblématique, Interaction of Color. Enracinées dans l'observation directe, les méthodes d'Albers visent à confronter ses étudiants à la nature volatile et changeante des couleurs : sous sa houlette, ils sont encouragés à scruter les phénomènes quotidiens dans les moindres détails, en observant, par exemple, la façon dont les fluides s'assombrissent dans des verres ou la manière dont les taches de lumière persistent sur un écran de télévision après l'extinction de l'appareil.
Malgré la mission apparemment scientifique du projet d'Albers, ses œuvres ont néanmoins donné lieu à une vaste gamme d'émotions. Travaillant sur le côté rugueux de la planche isorel et appliquant souvent sa peinture directement à partir du tube avec un couteau à palette, il insuffle à ses œuvres un sens viscéral de profondeur et de dynamisme qui anime l’échange entre les couleurs. Comme Hans Arp l'a écrit un jour : «Elles contiennent des déclarations simples et excellentes telles que : « Je me tiens ici. Je me repose ici. Je suis dans le monde et sur terre. Je ne suis pas pressé de passer à autre chose. Tandis que Mark Rothko cherchait la transcendance, Albers, lui, cherche l'épanouissement ici sur terre ». (H. Arp, cité dans W. Schmied, 'Fifteen Notes on Josef Albers', in Josef Albers, cat., The Mayor Gallery, Londres 1989, pp. 9-10). Pour Albers, l'étude de la couleur était en fin de compte une « étude de nous-mêmes », mettant en lumière les mystères et les complexités de la perception humaine (J. Albers, 1968, reproduit sur https:// www.aaa.si.edu/collections/interviews/oral-history-interview-josef-albers-11847 [consulté le 9 juin 2021]). Dans cette œuvre, tout comme l'arrivée du printemps, une nouvelle vie émerge dans chaque interstice, révélant à nouveau chaque couleur comme un phénomène fluide et en constante évolution.
« Lorsque vous comprenez vraiment que chaque couleur change en fonction de son contexte, vous constatez que vous avez appris quelque chose sur la vie ainsi que sur la couleur. »
"When you really understand that each color changes depending on its context, you find that you have learned something about life as well as about color."
Josef Albers
Painted in 1956, during Josef Albers’ ground-breaking tenure as Chairman of the Design Department at Yale School of Art, the present work is a poetic example of his seminal Homages to the Square. Through nested squares of colour, the artist articulates a bright, fresh spectrum of green, grey, pale blue and cream, conjuring the ‘sudden spring’ of the work’s title. Each tone morphs and mutates in concert with its neighbouring hues, causing the boundaries between them to oscillate. Begun in 1950, and pursued until his death in 1976, Albers’ Homages to the Square stand among the twentieth century’s most important chromatic investigations. His concentric compositions were conceived as laboratories for testing the so-called ‘climates’ of different palettes, exploring the way that opposing and complementary colour interacted at close range. Originally owned for over fifty years by the prominent Detroit collector James Pearson Duffy, the present work is an eloquent example of this practice, capturing the restless dialogue between friction and harmony that defined the series.
Teaching was an integral part of Albers’ artistic life. Following his early career at the Bauhaus during the 1920s, he relocated to Black Mountain College in North Carolina, where his seminal course on colour had a significant impact upon young artists such as Cy Twombly and Robert Rauschenberg. In 1950, he moved to take up the position at Yale, where his course reached its apex over the next eight years. Defined by the Homages to the Square, this period would culminate in the publication of his landmark treatise Interaction of Colour in 1963. Rooted in direct observation, Albers’ methods aimed to open his students’ eyes to the volatile, mercurial nature of colours: under his direction, they were encouraged to scrutinise everyday phenomena in intense detail, watching—for example—the way in which fluids darkened in glasses, or how spots of light remained on a television screen after the device had been switched off. ‘We are able to hear a single tone’, Albers explained. ‘But we almost never (that is without special devices) see a single colour unconnected and unrelated to other colours. Colours present themselves in continuous flux, constantly related to changing neighbours and changing conditions’ ( J. Albers, Interaction of Colour, New Haven 1971, p. 5).
Despite the seemingly scientific mission of Albers’ project, his works nonetheless gave rise to a vast emotive range. Working on the rough side of masonite, and often applying paint directly from the tube with a palette knife, he infused his paintings with a visceral sense of depth and dynamism that enlivened the conversation between hues. As Hans Arp once wrote, ‘They contain simple, great statements such as: I’m standing here. I’m resting here. I’m in the world and on earth. I’m in no hurry to move on. While Mark Rothko sought transcendence, Albers looked for fulfilment here on earth’ (H. Arp, quoted in W. Schmied, ‘Fifteen Notes on Josef Albers’, in Josef Albers, exh. cat., The Mayor Gallery, London 1989, pp. 9-10). For Albers, the study of colour was ultimately a ‘study of ourselves’, shedding light on the mysteries and complexities of human perception (J. Albers, 1968, reproduced at https:// www.aaa.si.edu/collections/interviews/oral-history-interview-josef-albers-11847 [accessed 9 June 2021]). In the present work, much like the coming of spring, new life emerges in every crevice, revealing each colour afresh as a fluid, ever-changing phenomenon.
The work will be included in the catalogue raisonné of the paintings being prepared by the Josef et Anni Albers Foundation under No. 1956.1.54.
Peint en 1956, année de la nomination de Josef Albers en tant que président du département design à la prestigieuse Yale School of Art, cette œuvre est un exemple poétique de l’exploration des Homages to the Square. À travers des carrés de couleurs imbriqués, Albers articule un spectre lumineux qui met en valeur des nuances pleines de fraîcheur : du vert, gris, bleu pâle et crème qui évoquent le Sudden Spring soit « printemps soudain », titre de l'œuvre. Chaque tonalité se transforme et se métamorphose, en osmose avec ses couleurs voisines, le regard oscille et danse ainsi entre chaque partie de la composition. Commencées en 1950 et poursuivies jusqu'à sa mort en 1976, les Homages to the Square d'Albers comptent parmi les recherches chromatiques les plus importantes du XXe siècle. Ses compositions concentriques ont été conçues comme des expérimentations pour tester les rapports entre les « climats » des différentes palettes. Elles explorent la manière dont des couleurs opposées et complémentaires interagissent à courte distance.
Cette œuvre, qui pendant plus de cinquante ans se trouvait dans la collection historique de James Pearson Duffy à Détroit, est un exemple éloquent de cette pratique, qui capture le dialogue agité entre friction et harmonie.
L'enseignement fait partie intégrante de la vie artistique d'Albers. Après ses débuts au Bauhaus dans les années 1920, il s'installe au Black Mountain College en Caroline du Nord, où son cours fondateur et expérimental sur la couleur eut un impact significatif sur de jeunes artistes tels que Cy Twombly et Robert Rauschenberg. En 1950, il déménage à Yale, où son enseignement atteint son apogée pendant huit années successives. Définie par les Homages to the square, cette période culminera en 1963, avec la publication de son traité emblématique, Interaction of Color. Enracinées dans l'observation directe, les méthodes d'Albers visent à confronter ses étudiants à la nature volatile et changeante des couleurs : sous sa houlette, ils sont encouragés à scruter les phénomènes quotidiens dans les moindres détails, en observant, par exemple, la façon dont les fluides s'assombrissent dans des verres ou la manière dont les taches de lumière persistent sur un écran de télévision après l'extinction de l'appareil.
Malgré la mission apparemment scientifique du projet d'Albers, ses œuvres ont néanmoins donné lieu à une vaste gamme d'émotions. Travaillant sur le côté rugueux de la planche isorel et appliquant souvent sa peinture directement à partir du tube avec un couteau à palette, il insuffle à ses œuvres un sens viscéral de profondeur et de dynamisme qui anime l’échange entre les couleurs. Comme Hans Arp l'a écrit un jour : «Elles contiennent des déclarations simples et excellentes telles que : « Je me tiens ici. Je me repose ici. Je suis dans le monde et sur terre. Je ne suis pas pressé de passer à autre chose. Tandis que Mark Rothko cherchait la transcendance, Albers, lui, cherche l'épanouissement ici sur terre ». (H. Arp, cité dans W. Schmied, 'Fifteen Notes on Josef Albers', in Josef Albers, cat., The Mayor Gallery, Londres 1989, pp. 9-10). Pour Albers, l'étude de la couleur était en fin de compte une « étude de nous-mêmes », mettant en lumière les mystères et les complexités de la perception humaine (J. Albers, 1968, reproduit sur https:// www.aaa.si.edu/collections/interviews/oral-history-interview-josef-albers-11847 [consulté le 9 juin 2021]). Dans cette œuvre, tout comme l'arrivée du printemps, une nouvelle vie émerge dans chaque interstice, révélant à nouveau chaque couleur comme un phénomène fluide et en constante évolution.
« Lorsque vous comprenez vraiment que chaque couleur change en fonction de son contexte, vous constatez que vous avez appris quelque chose sur la vie ainsi que sur la couleur. »
"When you really understand that each color changes depending on its context, you find that you have learned something about life as well as about color."
Josef Albers
Painted in 1956, during Josef Albers’ ground-breaking tenure as Chairman of the Design Department at Yale School of Art, the present work is a poetic example of his seminal Homages to the Square. Through nested squares of colour, the artist articulates a bright, fresh spectrum of green, grey, pale blue and cream, conjuring the ‘sudden spring’ of the work’s title. Each tone morphs and mutates in concert with its neighbouring hues, causing the boundaries between them to oscillate. Begun in 1950, and pursued until his death in 1976, Albers’ Homages to the Square stand among the twentieth century’s most important chromatic investigations. His concentric compositions were conceived as laboratories for testing the so-called ‘climates’ of different palettes, exploring the way that opposing and complementary colour interacted at close range. Originally owned for over fifty years by the prominent Detroit collector James Pearson Duffy, the present work is an eloquent example of this practice, capturing the restless dialogue between friction and harmony that defined the series.
Teaching was an integral part of Albers’ artistic life. Following his early career at the Bauhaus during the 1920s, he relocated to Black Mountain College in North Carolina, where his seminal course on colour had a significant impact upon young artists such as Cy Twombly and Robert Rauschenberg. In 1950, he moved to take up the position at Yale, where his course reached its apex over the next eight years. Defined by the Homages to the Square, this period would culminate in the publication of his landmark treatise Interaction of Colour in 1963. Rooted in direct observation, Albers’ methods aimed to open his students’ eyes to the volatile, mercurial nature of colours: under his direction, they were encouraged to scrutinise everyday phenomena in intense detail, watching—for example—the way in which fluids darkened in glasses, or how spots of light remained on a television screen after the device had been switched off. ‘We are able to hear a single tone’, Albers explained. ‘But we almost never (that is without special devices) see a single colour unconnected and unrelated to other colours. Colours present themselves in continuous flux, constantly related to changing neighbours and changing conditions’ ( J. Albers, Interaction of Colour, New Haven 1971, p. 5).
Despite the seemingly scientific mission of Albers’ project, his works nonetheless gave rise to a vast emotive range. Working on the rough side of masonite, and often applying paint directly from the tube with a palette knife, he infused his paintings with a visceral sense of depth and dynamism that enlivened the conversation between hues. As Hans Arp once wrote, ‘They contain simple, great statements such as: I’m standing here. I’m resting here. I’m in the world and on earth. I’m in no hurry to move on. While Mark Rothko sought transcendence, Albers looked for fulfilment here on earth’ (H. Arp, quoted in W. Schmied, ‘Fifteen Notes on Josef Albers’, in Josef Albers, exh. cat., The Mayor Gallery, London 1989, pp. 9-10). For Albers, the study of colour was ultimately a ‘study of ourselves’, shedding light on the mysteries and complexities of human perception (J. Albers, 1968, reproduced at https:// www.aaa.si.edu/collections/interviews/oral-history-interview-josef-albers-11847 [accessed 9 June 2021]). In the present work, much like the coming of spring, new life emerges in every crevice, revealing each colour afresh as a fluid, ever-changing phenomenon.