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Peint la même année et sous les mêmes cieux que le Paysage de la Ciotat de 1907 conservé au Centre Georges Pompidou, La Baie du Bec de l'aigle, La Ciotat révèle à quel point Émile-Othon Friesz se défait, très tôt, des carcans de l'impressionnisme pour donner libre cours à la couleur ; avec sa palette éclatante, la présente œuvre réaffirme ainsi la place de l'artiste parmi les pionniers du fauvisme. Friesz s'installe à Paris en 1897, où il se forme à la peinture dans l'atelier de Léon Bonnat à l'École des Beaux-Arts. Le hasard veut que Charles Camoin et Henri Matisse y suivent, au même moment, les cours de Gustave Moreau. C'est aussi durant cette période que Friesz renoue avec Raoul Dufy, qu'il avait rencontré trois ans plus tôt sur les bancs des Beaux-Arts du Havre. De 1902 à 1903, ils partagent le même atelier et, en 1904, ils exposent tous deux à la galerie des Collectionneurs.
Le Salon d'Automne de 1905, où il est invité à exposer plusieurs tableaux, marque un tournant décisif dans la carrière de Friesz. Ses œuvres sont accrochées dans une pièce adjacente à la salle VII, bientôt surnommée « la cage aux fauves » par le critique d'art Louis Vauxcelles. Y sont réunis Derain, Camoin, Manguin, Matisse, Marquet et Vlaminck, dont les toiles aux couleurs pures et flamboyantes font sensation. Si les peintures que présente Friesz sont encore bien ancrées dans l'impressionnisme, l'exubérance de leur touche et l'éclat de leurs pigments laissent entrevoir les premiers balbutiements d'une expression fauve – preuve qu'il lorgne, déjà, dans la direction révolutionnaire de ses camarades. Au lendemain de ce Salon qui va bouleverser l'histoire de l'art, Friesz s'installe auprès de Matisse au Couvent des Oiseaux de la rue de Sèvres, où il vivra de 1905 à 1910, au sommet du fauvisme. Très vite, il se laisse envoûter par les couleurs ardentes qui se déchaînent sur les toiles de Matisse, si bien qu'en décembre 1905 le voilà déjà converti et invité à exposer avec Derain, Camoin, Guérin, Manguin, Marquet, Vlaminck et, bien sûr, Matisse à la galerie Prath-Maynier, rue de Lille.
Parmi la foule qui s'était ruée au Salon de 1905 se trouvait Georges Braque, dont Friesz avait fait la connaissance au Havre auparavant. Une grande complicité naît entre les deux peintres normands, qui vont travailler côte à côte durant toute une période de créativité frénétique. En août et septembre 1906, Friesz et Braque louent notamment un atelier le long des berges de l'Escaut, à Anvers, avant de descendre dans le Midi en fin d'année, pour y retrouver leurs camarades fauves. Ils se retrouvent aussi à Paris et en Normandie et, en 1906, fondent ensemble le Cercle de l'Art Moderne au Havre, qui devient une vitrine du fauvisme.
À la fin du printemps 1907, Braque et Friesz retournent en Provence ; c'est lors de ce voyage que La Baie du Bec d'Aigle voit le jour. Si leur premier séjour méditerranéen les avait conduits à l'Estaque, aux abords de Marseille, ils s'aventurent cette fois un peu plus à l'est pour poser leurs valises à La Ciotat, ville portuaire réputée pour son grand chantier naval. S'ils vont d'abord se concentrer sur la baie et le port comme ils l'avaient fait à l'Estaque, les deux artistes se laissent bientôt séduire par le relief accidenté du littoral. À l'écart de la ville, Braque et Friesz brossent le blanc des falaises, la pinède et les calanques, les sentiers et les plages. Alvin Martin et Judi Freeman soulignent que « Friesz est particulièrement fasciné par les calanques qui jouxtent la Ciotat, où il peint au moins cinq vues du Bec de l'Aigle. Dans ces toiles, il libère pleinement la couleur. Muni d'une palette vive dominée par des tons orange et des verts aux reflets ocres, il se détourne de toute volonté naturaliste au profit d'une facture expressive, très gestuelle, marquée par d'amples coups de pinceau incurvés et des superpositions de pigments. Si Braque peint aussi les calanques, ses tableaux restent bien plus fidèles à la nature que les envolées abstraites des paysages de Friesz » (A. Martin et J. Freeman, 'Distant Cousins of Normandy: Braque, Dufy and Friesz', in The Fauve Landscape, cat. exp., Los Angeles County Museum, Los Angeles, 1990, p. 235).
Painted the same year and around the same area as Paysage de la Ciotat of 1907 from the collections of the museum of modern art of Centre Pompidou, La Baie du Bec de l'aigle, La Ciotat, embodies how Friesz unleashed himself from the chains of Impressionism by giving full reins to colour, reasserting his role as one of the forerunners of Fauvism. Emile-Othon Friesz came to Paris in 1897 to study art at Léon Bonnat's atelier at the École des Beaux-Arts. His attendance at the academy overlapped with Henri Matisse and Charles Camoin, who were studying there under Gustave Moreau. It was also during this time that he became reacquainted with Raoul Dufy, whom he had met three years earlier when they were students together at the Ecole de Beaux-Arts in Le Havre. From 1902-03 Friesz and Dufy shared a studio, and in 1904 they both had exhibitions at the Galerie des Collectionneurs.
A turning point in Friesz's career came in 1905, when several of his works were selected for the infamous 1905 Salon d'Automne at the Grand Palais. His paintings were installed in a room adjacent to room seven, where Derain, Camoin, Manguin, Matisse, Marquet and Vlaminck were showing. Their boldly colored canvases were the sensation of the Salon that year; the reference to room seven as "la cage aux Fauves" was coined by critic Louis Vauxcelles. Though Friesz's paintings were still largely rooted in the Impressionist style, he was certainly aware of the new direction being pursued by his friends. Indeed, the physicality of Friesz's brushwork and the vivid color of his palette indicate that the beginnings of Fauvism were already present in his work. Following the uproar caused by the exhibition, Friesz went to live with Matisse during the peak of Fauvism between 1905 and 1910 at the Couvent des Oiseaux, rue de Sèvres in Paris. Inevitably, he fell under Matisse’s spell of fiery colours, and in December 1905, he exhibited alongside Derain, Matisse, Camoin, Guérin, Manguin, Marquet and Vlaminck at Galerie Prath-Maynier, rue de Lille in Paris.
Among the spectators who attended the Salon d'Automne in 1905 was Georges Braque, also a native of Normandy, who had been previously introduced to Friesz in Le Havre. The close working friendship that developed between them after 1905 resulted in an explosive period of artistic creativity. In August and September 1906 Friesz and Braque rented a studio on the banks of the Scheldt River in Antwerp and later that year they ventured to the South of France to paint with the other members of the Fauve group. They also spent time together in Paris and Le Havre, and in 1906 they established the Cercle de l'Art Moderne in Le Havre to showcase Fauvism.
In the late spring of 1907 Braque and Friesz traveled again to the Mediterranean. La Baie du Bec d'Aigle was painted during this trip. Whereas they had previously centered their activities on the port of L'Estaque, a suburb of Marseilles, they chose this time to settle in La Ciotat, a small town located further up the coast. The port at La Ciotat was an active center for building and outfitting ships. While their paintings from La Ciotat initially focused on the motifs in the harbor, as they had done in L'Estaque, the two artists subsequently drew inspiration from the rugged terrain of the coastline. Working side by side, the two artists painted views of the chalky cliffs, wooded recesses and paths, inlets and beaches surrounding La Ciotat. Alvin Martin and Judi Freeman point out that "Friesz was especially attracted to the coves (calanques) just beyond the town of La Ciotat and he painted at least five views of the Bec de l'Aigle, one of the landmarks among the coves. In these paintings Friesz's liberation of color was thorough. Using a vivid palette dominated by orange and ochre-infused green, he abandoned all sense of naturalism in favor of an expressive gestural style characterized by sweeping curvilinear brushwork and layers of pigment. Braque painted those coves too but his images were much more nature-bound than Friesz's strongly abstract motifs" (A. Martin and J. Freeman, 'Distant Cousins of Normandy: Braque, Dufy and Friesz', in The Fauve Landscape, exh. cat., Los Angeles County Museum, Los Angeles, 1990, p. 235).