拍品专文
This exceptional gilt-bronze table, supporting a porphyry top, is one of the few examples of gilt bronze furniture made by Martin-Guillaume Biennais, famous as Emperor Napoleon’s goldsmith.
Biennais was not actually a trained goldsmith: in 1789 he was awarded the title of maître tabletier and set up his shop, Au singe violet, a still famous name. Thus, Biennais joined the guild (soon to be suppressed under the Revolution) of manufacturers of small precious objects made on the lathe, generally in ivory and wood, such as draughts, chess sets, checkers, tokens, boxes, small game tables, etc. It was later, at the turn of the 19th century, that he expanded his business to include cabinet-making and goldsmithing. His meeting with Napoleon Bonaparte, whose orders he accepted even though he was paid on credit - something all his competitors had refused to do - was the trigger for his career and Biennais soon became the goldsmith to Their Imperial Majesties, a title he hastened to add to the letterhead of his invoices. His work for the Crown during the Empire is well known and ranges from coronation regalia to luxurious travel sets, including athéniennes and other precious furniture now in the Louvre and national palaces. His activity was not limited to his deliveries for the imperial family, as he also had numerous clients throughout the European aristocracy, from the King of Wurtemberg to the Grand Duchess of Russia.
The design of this table, strongly inspired by the antique, with its sheathed legs ending in winged caryatids, illustrates the community of spirit and style that unites the suppliers of the Fench Empire, Biennais in this case, and the official architects of the Empire style, Charles Percier and Pierre-François-Léonard Fontaine. The men were close: Biennais was already on the list of subscribers for Palais, maisons, et autres édifices modernes, dessinés à Rome, a collection published by Percier and Fontaine in Paris in 1798. Subsequently, countless models were provided by architects to the goldsmith for his orders delivered to the Crown, starting with the instruments of the coronation. In the famous Recueil de décorations intérieures by Percier and Fontaine, a veritable stylistic foundation for the Empire published from 1801 onwards, several table legs with caryatids can be found that might suggest an influence on this table by Biennais (for example, a lavabo on plate XIX, or a pedestal table with winged figures on plate XXXIII). The presence of many drawings attributed to Percier in Biennais' albums (some of which are kept in the Musée des Arts Décoratifs in Paris) also attest to this undeniable influence. Several of the goldsmith's works show winged figures, with the very specific shape of the wings, very similar in goldsmith's pieces.
Furniture and objets d'art in gilt-bronze are rarer in Biennais' work (and therefore highly desirable) and are exceptional commissions for prestigious patrons. Unfortunately, the provenance of this table remains unknown despite research. Among the works demonstrating such mastery of gilded bronze are two large bronze mirrors richly decorated with sculpture. These include one for Queen Hortense (later modified and bearing the initials of Empress Eugénie), decorated with allegories and large figures of Zephyr and Flora (Château de Compiègne, inv. C 356 C), and the mirror of the same model commissioned from Biennais by King William I of Württemberg and given to his wife Pauline on the occasion of their wedding in April 1820 (Koller sale, Zurich, 20 September 2007, lot 1302). These luxury pieces are always, with Biennais, of an exceptional quality of chasing and finishing, an essential characteristic of the tabletier and goldsmith. This presentation table is a centre table, intended to be seen from all four sides - unlike a console.
Although the original destination of this table remains unknown, it has appeared in prestigious art collections such as the one assembled by Nelia Barletta de Cates, sold at Christie's in 2003. The collector, born in Santo Domingo, who spent time in the United States, London and Paris, settled on 18 Avenue Matignon and presented her works in interiors previously acquired by Loel and Gloria Guinness and designed by the great decorator : Georges Geffroy. Her preference went to the neoclassical style, of which the present table is one of the rare examples, and the names of the illustrious craftsmen who executed the works assembled, such as Tilliard or Biennais, were matched by those of their equally illustrious clients, the Comte de Provence, William Beckford, Prince Borghese...
Cette exceptionnelle table intégralement de bronze doré, soutenant un plateau de porphyre, est l’un des rares exemples de mobilier de bronze doré exécuté par Martin-Guillaume Biennais, célèbre pour avoir été orfèvre de l’empereur Napoléon Ier.
À vrai dire, Biennais n’était pas un orfèvre de formation : en 1789, il fut reçu maître-tabletier et installa sa boutique dont le nom ne devait jamais s’oublier par la suite, Au singe violet. Ainsi Biennais rejoignait la corporation (bientôt supprimée sous la Révolution) des fabricants de petits objets précieux réalisés au tour, généralement en ivoire et en bois, tels que jeux de dames, d’échecs, damiers, jetons, coffrets, petites tables à jeu… C’est plus tard, au tournant du XIXe siècle qu’il élargit son commerce pour traiter également de l’ébénisterie et de l’orfèvrerie. Sa rencontre avec Napoléon Bonaparte, à qui il voulut bien livrer ses commandes malgré un paiement à crédit – ce que tous ses concurrents avaient refuser de faire, fut le détonateur de sa carrière et Biennais devint bientôt orfèvre de Leurs Majestés impériales, titre qu’il s’empressa d’ajouter à l’en-tête de ses factures. Ses réalisations pour la Couronne sous l’Empire sont bien connues et vont des insignes du sacre aux luxueux nécessaires de voyage en passant par des athéniennes et autres meubles précieux aujourd’hui conservés au musée du Louvre et dans les palais nationaux. Son activité ne se limite pas à ses livraisons pour la famille impériale puisqu’il compte aussi de nombreux clients dans toute l’aristocratie européenne, du roi de Wurtemberg à la grande-duchesse de Russie.
Le dessin très antiquisant de cette table aux pieds en gaine terminés en cariatides ailées illustre la communauté d’esprit et de style qui réunit les fournisseurs de l’Empire, Biennais dans ce cas, et les architectes officiels du style Empire que sont Charles Percier et Pierre-François-Léonard Fontaine. Les hommes sont proches : Biennais figure déjà dans la liste des souscripteurs des Palais, maisons, et autres édifices modernes, dessinés à Rome, recueil publié par Percier et Fontaine à Paris en 1798. Par la suite, on ne compte plus les nombreux modèles fournis par les architectes à l’orfèvre pour ses commandes livrées à la Couronne, à commencer par les instruments du sacre. On peut trouver dans le fameux Recueil de décorations intérieures de Percier et Fontaine, véritable socle stylistique de l’Empire publié à partir de 1801, plusieurs pieds de table à cariatides pouvant laisser penser à une influence sur cette table de Biennais (par exemple un lavabo de la planche XIX, ou un guéridon à figures ailées de la planche XXXIII). La présence de nombreux dessins attribués à Percier dans les albums de Biennais (dont une partie est conservée au musée des Arts décoratifs à Paris) atteste également de cette influence certaine. Plusieurs œuvres de l’orfèvre montrent des figures ailées, à la forme si particulière des ailes, très similaires dans des pièces d’orfèvrerie.
Les meubles et objets d’art en bronze doré sont plus rares dans l’œuvre de Biennais (et donc très recherchés) et relèvent des commandes d’exception pour des commanditaires prestigieux. Malheureusement, la destination de cette table reste inconnue malgré les recherches. Parmi les œuvres démontrant une telle maîtrise du bronze doré figurent surtout deux grands miroirs de toilette en bronze richement garnis de sculpture. Citons celui de la reine Hortense (modifié par la suite et portant les initiales de l’impératrice Eugénie), orné d’allégories et de grandes figures de Zéphyr et Flore (château de Compiègne, inv. C 356 C), ou bien celui, du même modèle, commandé à Biennais par le roi de Wurtemberg Guillaume Ier et offert à son épouse Pauline à l’occasion de leur mariage en avril 1820 (vente Koller, Zurich, 20 septembre 2007, lot 1302). Ces pièces de haut luxe sont toujours, chez Biennais, d’une qualité exceptionnelle de ciselure et de finition, caractéristique essentielle du tabletier et de l’orfèvre. Cette table de présentation est une table de milieu, destinée à être vue des quatre côtés – à la différence d’une console.
Si la destination originelle de cette table reste inconnue, elle a figuré dans des collections d’art prestigieuses à l’image de celle réunie par Nelia Barletta de Cates, dispersée chez Christie’s en 2003. Cette collectionneuse née à Saint-Domingue et passée par les États-Unis, Londres puis Paris se fixa au 18 avenue Matignon et déploya ses œuvres dans des intérieurs auparavant occupés par Loel et Gloria Guinness et imaginés par le plus grand décorateur : Georges Geffroy. Son goût se porta avec prédilection sur le style néoclassique dont la présente table est l’un des rares témoins, et aux noms des illustres artisans qui exécutèrent les œuvres réunies, tels que Tilliard ou Biennais, répondaient ceux non moins illustres de leurs commanditaires, le comte de Provence, William Beckford, le prince Borghèse…
Biennais was not actually a trained goldsmith: in 1789 he was awarded the title of maître tabletier and set up his shop, Au singe violet, a still famous name. Thus, Biennais joined the guild (soon to be suppressed under the Revolution) of manufacturers of small precious objects made on the lathe, generally in ivory and wood, such as draughts, chess sets, checkers, tokens, boxes, small game tables, etc. It was later, at the turn of the 19th century, that he expanded his business to include cabinet-making and goldsmithing. His meeting with Napoleon Bonaparte, whose orders he accepted even though he was paid on credit - something all his competitors had refused to do - was the trigger for his career and Biennais soon became the goldsmith to Their Imperial Majesties, a title he hastened to add to the letterhead of his invoices. His work for the Crown during the Empire is well known and ranges from coronation regalia to luxurious travel sets, including athéniennes and other precious furniture now in the Louvre and national palaces. His activity was not limited to his deliveries for the imperial family, as he also had numerous clients throughout the European aristocracy, from the King of Wurtemberg to the Grand Duchess of Russia.
The design of this table, strongly inspired by the antique, with its sheathed legs ending in winged caryatids, illustrates the community of spirit and style that unites the suppliers of the Fench Empire, Biennais in this case, and the official architects of the Empire style, Charles Percier and Pierre-François-Léonard Fontaine. The men were close: Biennais was already on the list of subscribers for Palais, maisons, et autres édifices modernes, dessinés à Rome, a collection published by Percier and Fontaine in Paris in 1798. Subsequently, countless models were provided by architects to the goldsmith for his orders delivered to the Crown, starting with the instruments of the coronation. In the famous Recueil de décorations intérieures by Percier and Fontaine, a veritable stylistic foundation for the Empire published from 1801 onwards, several table legs with caryatids can be found that might suggest an influence on this table by Biennais (for example, a lavabo on plate XIX, or a pedestal table with winged figures on plate XXXIII). The presence of many drawings attributed to Percier in Biennais' albums (some of which are kept in the Musée des Arts Décoratifs in Paris) also attest to this undeniable influence. Several of the goldsmith's works show winged figures, with the very specific shape of the wings, very similar in goldsmith's pieces.
Furniture and objets d'art in gilt-bronze are rarer in Biennais' work (and therefore highly desirable) and are exceptional commissions for prestigious patrons. Unfortunately, the provenance of this table remains unknown despite research. Among the works demonstrating such mastery of gilded bronze are two large bronze mirrors richly decorated with sculpture. These include one for Queen Hortense (later modified and bearing the initials of Empress Eugénie), decorated with allegories and large figures of Zephyr and Flora (Château de Compiègne, inv. C 356 C), and the mirror of the same model commissioned from Biennais by King William I of Württemberg and given to his wife Pauline on the occasion of their wedding in April 1820 (Koller sale, Zurich, 20 September 2007, lot 1302). These luxury pieces are always, with Biennais, of an exceptional quality of chasing and finishing, an essential characteristic of the tabletier and goldsmith. This presentation table is a centre table, intended to be seen from all four sides - unlike a console.
Although the original destination of this table remains unknown, it has appeared in prestigious art collections such as the one assembled by Nelia Barletta de Cates, sold at Christie's in 2003. The collector, born in Santo Domingo, who spent time in the United States, London and Paris, settled on 18 Avenue Matignon and presented her works in interiors previously acquired by Loel and Gloria Guinness and designed by the great decorator : Georges Geffroy. Her preference went to the neoclassical style, of which the present table is one of the rare examples, and the names of the illustrious craftsmen who executed the works assembled, such as Tilliard or Biennais, were matched by those of their equally illustrious clients, the Comte de Provence, William Beckford, Prince Borghese...
Cette exceptionnelle table intégralement de bronze doré, soutenant un plateau de porphyre, est l’un des rares exemples de mobilier de bronze doré exécuté par Martin-Guillaume Biennais, célèbre pour avoir été orfèvre de l’empereur Napoléon Ier.
À vrai dire, Biennais n’était pas un orfèvre de formation : en 1789, il fut reçu maître-tabletier et installa sa boutique dont le nom ne devait jamais s’oublier par la suite, Au singe violet. Ainsi Biennais rejoignait la corporation (bientôt supprimée sous la Révolution) des fabricants de petits objets précieux réalisés au tour, généralement en ivoire et en bois, tels que jeux de dames, d’échecs, damiers, jetons, coffrets, petites tables à jeu… C’est plus tard, au tournant du XIXe siècle qu’il élargit son commerce pour traiter également de l’ébénisterie et de l’orfèvrerie. Sa rencontre avec Napoléon Bonaparte, à qui il voulut bien livrer ses commandes malgré un paiement à crédit – ce que tous ses concurrents avaient refuser de faire, fut le détonateur de sa carrière et Biennais devint bientôt orfèvre de Leurs Majestés impériales, titre qu’il s’empressa d’ajouter à l’en-tête de ses factures. Ses réalisations pour la Couronne sous l’Empire sont bien connues et vont des insignes du sacre aux luxueux nécessaires de voyage en passant par des athéniennes et autres meubles précieux aujourd’hui conservés au musée du Louvre et dans les palais nationaux. Son activité ne se limite pas à ses livraisons pour la famille impériale puisqu’il compte aussi de nombreux clients dans toute l’aristocratie européenne, du roi de Wurtemberg à la grande-duchesse de Russie.
Le dessin très antiquisant de cette table aux pieds en gaine terminés en cariatides ailées illustre la communauté d’esprit et de style qui réunit les fournisseurs de l’Empire, Biennais dans ce cas, et les architectes officiels du style Empire que sont Charles Percier et Pierre-François-Léonard Fontaine. Les hommes sont proches : Biennais figure déjà dans la liste des souscripteurs des Palais, maisons, et autres édifices modernes, dessinés à Rome, recueil publié par Percier et Fontaine à Paris en 1798. Par la suite, on ne compte plus les nombreux modèles fournis par les architectes à l’orfèvre pour ses commandes livrées à la Couronne, à commencer par les instruments du sacre. On peut trouver dans le fameux Recueil de décorations intérieures de Percier et Fontaine, véritable socle stylistique de l’Empire publié à partir de 1801, plusieurs pieds de table à cariatides pouvant laisser penser à une influence sur cette table de Biennais (par exemple un lavabo de la planche XIX, ou un guéridon à figures ailées de la planche XXXIII). La présence de nombreux dessins attribués à Percier dans les albums de Biennais (dont une partie est conservée au musée des Arts décoratifs à Paris) atteste également de cette influence certaine. Plusieurs œuvres de l’orfèvre montrent des figures ailées, à la forme si particulière des ailes, très similaires dans des pièces d’orfèvrerie.
Les meubles et objets d’art en bronze doré sont plus rares dans l’œuvre de Biennais (et donc très recherchés) et relèvent des commandes d’exception pour des commanditaires prestigieux. Malheureusement, la destination de cette table reste inconnue malgré les recherches. Parmi les œuvres démontrant une telle maîtrise du bronze doré figurent surtout deux grands miroirs de toilette en bronze richement garnis de sculpture. Citons celui de la reine Hortense (modifié par la suite et portant les initiales de l’impératrice Eugénie), orné d’allégories et de grandes figures de Zéphyr et Flore (château de Compiègne, inv. C 356 C), ou bien celui, du même modèle, commandé à Biennais par le roi de Wurtemberg Guillaume Ier et offert à son épouse Pauline à l’occasion de leur mariage en avril 1820 (vente Koller, Zurich, 20 septembre 2007, lot 1302). Ces pièces de haut luxe sont toujours, chez Biennais, d’une qualité exceptionnelle de ciselure et de finition, caractéristique essentielle du tabletier et de l’orfèvre. Cette table de présentation est une table de milieu, destinée à être vue des quatre côtés – à la différence d’une console.
Si la destination originelle de cette table reste inconnue, elle a figuré dans des collections d’art prestigieuses à l’image de celle réunie par Nelia Barletta de Cates, dispersée chez Christie’s en 2003. Cette collectionneuse née à Saint-Domingue et passée par les États-Unis, Londres puis Paris se fixa au 18 avenue Matignon et déploya ses œuvres dans des intérieurs auparavant occupés par Loel et Gloria Guinness et imaginés par le plus grand décorateur : Georges Geffroy. Son goût se porta avec prédilection sur le style néoclassique dont la présente table est l’un des rares témoins, et aux noms des illustres artisans qui exécutèrent les œuvres réunies, tels que Tilliard ou Biennais, répondaient ceux non moins illustres de leurs commanditaires, le comte de Provence, William Beckford, le prince Borghèse…