拍品专文
Claude Picasso a confirmé l'authenticité de cette œuvre.
“It’s strange; in Paris I never draw fauns […]; it’s as if they live only here [in Antibes]”.
Letter from Pablo Picasso to Jean Leymarie, quoted in D. Sassi, Dans l'ombre de Picasso, 20 ans aux côtés d'un génie, Paris, 2015.
« C’est curieux ; à Paris je n’ai jamais dessiné de faunes […] ; on dirait qu’ils ne vivent qu’ici [à Antibes] ».
Lettre de Pablo Picasso à Jean Leymarie, citée in D. Sassi, Dans l'ombre de Picasso, 20 ans aux côtés d'un génie, Paris, 2015.
After the Second World War – a particularly traumatic period for Pablo Picasso – the years 1946 and 1947 were defined by peace and the possibility of renewal. This is illustrated by the 1946 work titled La Joie de vivre – Pastorale, in which the artist depicts a series of mythological figures dancing and playing music, a far cry from the dying creatures of Guernica (1937, Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía, Madrid). During this period, the Catalan painter left the turmoil of the capital behind and went to stay with his friend, the engraver Louis Fort, in the south of France. Gradually tiring of Dora Maar, in 1943 he had begun seeing the young art student Françoise Gilot, forty years his junior. This happy union, which would last for a decade, produced their children Claude (born 15 May 1947) and Paloma (born in 1949).
The Faun, known to the Greeks as the Satyr, was a recurring theme in Picasso’s work. This half-goat, half-human creature, recognisable by its horns and hoofs, is traditionally associated with life’s simple pleasures: wine, dancing and above all, sexual freedom. The painter had been inspired by mythology for a long time, but especially since 1930, the year in which he illustrated Ovid’s Metamorphoses for the Swiss publisher Albert Skira, and it provided him with a whole series of subjects that he would portray differently depending on his desire and mood.
It was really in Antibes that Picasso made the connection between mythological creatures and the Mediterranean atmosphere. In 1946, he met the photographer Michel Sima on a beach. Sima told him about Château Grimaldi, a mediaeval fort in Antibes which he was given carte blanche to decorate, and which would later become the Picasso Museum. From a composition point of view, our work is very similar to a centaur featured in the famous triptych that Picasso produced for the castle in 1946 (Faune jouant de la diaule; Centaure au trident; Jeune faune, 1946, Musée Grimaldi, Antibes). This drawing tells us a lot in terms of its size – it measures 164.5 cm in height – but also the joviality and happiness evident in the figure of the Faun. It differs from the triptych in that the trident passing behind the centaur’s head has made way for a spear.
The Minotaur or even the Faun, could thus be a mise en abyme of the artist figure, and in particular of himself.
But aside from Picasso’s personality and his happy years, this unique work and its exceptional size reveal above all the fondness of Hubert de Givenchy for, and his interest in the man who was probably the greatest artist of the 20th century.
Après la Seconde Guerre mondiale – période particulièrement éprouvante pour Pablo Picasso – les années 1946 et 1947 sont placées sous les auspices de la tranquillité et du renouveau possible. En témoigne l’œuvre réalisée en 1946 intitulée La Joie de vivre – Pastorale dans laquelle l’artiste fait danser et jouer de la musique une série de personnages mythologiques, bien loin des créatures agonisantes de Guernica (1937, Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía, Madrid). À cette époque, le peintre catalan quitte le tumulte de la capitale et rejoint son ami graveur Louis Fort dans le sud de la France. Peu à peu lassé de Dora Maar, il fréquente alors depuis 1943 la jeune étudiante en art Françoise Gilot, de quarante ans sa cadette. De cette union heureuse, qui durera dix ans, naîtront leurs enfants Claude (né le 15 mai 1947) et Paloma (née en 1949).
Le Faune, ou le Satyre chez les Grecs, est alors un motif récurrent dans l’œuvre de Picasso. Cet être, mi-bouc, mi-homme, reconnaissable à ses cornes et à ses pieds de chèvre, est traditionnellement associé aux plaisirs simples de la vie : le vin, la danse et avant tout la sexualité libre. Depuis longtemps, mais en particulier à partir de 1930, année au cours de laquelle il illustre Les Métamorphoses d’Ovide pour l’éditeur suisse Albert Skira, le monde mythologique passionne le peintre et lui fournit toute une série de sujets qu’il décline en fonction de ses envies et de ses humeurs.
C’est véritablement à Antibes que Picasso rattache la créature mythologique à l’atmosphère méditerranéenne. En 1946, il croise sur une plage le photographe Michel Sima qui lui parle du château Grimaldi, un fort médiéval situé à Antibes, qui deviendra le musée auquel l’artiste donnera plus tard son nom et pour lequel on lui donne carte blanche pour la décoration. Du point de vue de la composition, notre œuvre est très proche d’un centaure figurant dans le fameux triptyque que Picasso réalise en 1946 pour ce lieu (Faune jouant de la diaule ; Centaure au trident ; Jeune faune, 1946, Musée Grimaldi, Antibes). Le présent dessin dénote par sa monumentalité – il mesure 164,5 cm de haut – mais aussi par la jovialité et le bonheur qui transparaissent dans la figure du Faune. Contrairement au triptyque, le trident du centaure qui passe derrière la tête a ici laissé la place à une fourche. Le Minotaure ou encore le Faune, pourraient ainsi être une mise en abyme de la figure de l’artiste, et tout particulièrement de lui-même.
Mais, au-delà de la personnalité de Picasso et de ses années heureuses, cette œuvre inédite au format exceptionnel témoigne avant tout du goût et de l’intérêt d’Hubert de Givenchy pour celui qui fut probablement le plus grand artiste du XXe siècle.
“It’s strange; in Paris I never draw fauns […]; it’s as if they live only here [in Antibes]”.
Letter from Pablo Picasso to Jean Leymarie, quoted in D. Sassi, Dans l'ombre de Picasso, 20 ans aux côtés d'un génie, Paris, 2015.
« C’est curieux ; à Paris je n’ai jamais dessiné de faunes […] ; on dirait qu’ils ne vivent qu’ici [à Antibes] ».
Lettre de Pablo Picasso à Jean Leymarie, citée in D. Sassi, Dans l'ombre de Picasso, 20 ans aux côtés d'un génie, Paris, 2015.
After the Second World War – a particularly traumatic period for Pablo Picasso – the years 1946 and 1947 were defined by peace and the possibility of renewal. This is illustrated by the 1946 work titled La Joie de vivre – Pastorale, in which the artist depicts a series of mythological figures dancing and playing music, a far cry from the dying creatures of Guernica (1937, Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía, Madrid). During this period, the Catalan painter left the turmoil of the capital behind and went to stay with his friend, the engraver Louis Fort, in the south of France. Gradually tiring of Dora Maar, in 1943 he had begun seeing the young art student Françoise Gilot, forty years his junior. This happy union, which would last for a decade, produced their children Claude (born 15 May 1947) and Paloma (born in 1949).
The Faun, known to the Greeks as the Satyr, was a recurring theme in Picasso’s work. This half-goat, half-human creature, recognisable by its horns and hoofs, is traditionally associated with life’s simple pleasures: wine, dancing and above all, sexual freedom. The painter had been inspired by mythology for a long time, but especially since 1930, the year in which he illustrated Ovid’s Metamorphoses for the Swiss publisher Albert Skira, and it provided him with a whole series of subjects that he would portray differently depending on his desire and mood.
It was really in Antibes that Picasso made the connection between mythological creatures and the Mediterranean atmosphere. In 1946, he met the photographer Michel Sima on a beach. Sima told him about Château Grimaldi, a mediaeval fort in Antibes which he was given carte blanche to decorate, and which would later become the Picasso Museum. From a composition point of view, our work is very similar to a centaur featured in the famous triptych that Picasso produced for the castle in 1946 (Faune jouant de la diaule; Centaure au trident; Jeune faune, 1946, Musée Grimaldi, Antibes). This drawing tells us a lot in terms of its size – it measures 164.5 cm in height – but also the joviality and happiness evident in the figure of the Faun. It differs from the triptych in that the trident passing behind the centaur’s head has made way for a spear.
The Minotaur or even the Faun, could thus be a mise en abyme of the artist figure, and in particular of himself.
But aside from Picasso’s personality and his happy years, this unique work and its exceptional size reveal above all the fondness of Hubert de Givenchy for, and his interest in the man who was probably the greatest artist of the 20th century.
Après la Seconde Guerre mondiale – période particulièrement éprouvante pour Pablo Picasso – les années 1946 et 1947 sont placées sous les auspices de la tranquillité et du renouveau possible. En témoigne l’œuvre réalisée en 1946 intitulée La Joie de vivre – Pastorale dans laquelle l’artiste fait danser et jouer de la musique une série de personnages mythologiques, bien loin des créatures agonisantes de Guernica (1937, Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía, Madrid). À cette époque, le peintre catalan quitte le tumulte de la capitale et rejoint son ami graveur Louis Fort dans le sud de la France. Peu à peu lassé de Dora Maar, il fréquente alors depuis 1943 la jeune étudiante en art Françoise Gilot, de quarante ans sa cadette. De cette union heureuse, qui durera dix ans, naîtront leurs enfants Claude (né le 15 mai 1947) et Paloma (née en 1949).
Le Faune, ou le Satyre chez les Grecs, est alors un motif récurrent dans l’œuvre de Picasso. Cet être, mi-bouc, mi-homme, reconnaissable à ses cornes et à ses pieds de chèvre, est traditionnellement associé aux plaisirs simples de la vie : le vin, la danse et avant tout la sexualité libre. Depuis longtemps, mais en particulier à partir de 1930, année au cours de laquelle il illustre Les Métamorphoses d’Ovide pour l’éditeur suisse Albert Skira, le monde mythologique passionne le peintre et lui fournit toute une série de sujets qu’il décline en fonction de ses envies et de ses humeurs.
C’est véritablement à Antibes que Picasso rattache la créature mythologique à l’atmosphère méditerranéenne. En 1946, il croise sur une plage le photographe Michel Sima qui lui parle du château Grimaldi, un fort médiéval situé à Antibes, qui deviendra le musée auquel l’artiste donnera plus tard son nom et pour lequel on lui donne carte blanche pour la décoration. Du point de vue de la composition, notre œuvre est très proche d’un centaure figurant dans le fameux triptyque que Picasso réalise en 1946 pour ce lieu (Faune jouant de la diaule ; Centaure au trident ; Jeune faune, 1946, Musée Grimaldi, Antibes). Le présent dessin dénote par sa monumentalité – il mesure 164,5 cm de haut – mais aussi par la jovialité et le bonheur qui transparaissent dans la figure du Faune. Contrairement au triptyque, le trident du centaure qui passe derrière la tête a ici laissé la place à une fourche. Le Minotaure ou encore le Faune, pourraient ainsi être une mise en abyme de la figure de l’artiste, et tout particulièrement de lui-même.
Mais, au-delà de la personnalité de Picasso et de ses années heureuses, cette œuvre inédite au format exceptionnel témoigne avant tout du goût et de l’intérêt d’Hubert de Givenchy pour celui qui fut probablement le plus grand artiste du XXe siècle.