拍品专文
This pair of armchairs is a rare example of the evolution of French seat furniture between the Louis XIV and Louis XV styles. Dated to the Régence period, around 1715, they are still very much in the Louis XIV style with their rectilinear backs and their armrest supports placed in line with the front legs. But sinuous lines are already making an appearance, particularly noticeable in the curves of the legs, belt and armrest supports, all of which combine mosaic ornaments, fleurons and shells to emphasise the salient parts. These elements contribute to the great rarity of this type of armchair, except for a few examples whose origin is often unknown.
They can be compared with an armchair in the Musée des Arts Décoratifs in Paris (deposit of the Mobilier National, inv. GMEC 240), and presented during the exhibition 18e, aux sources du design (Château de Versailles, 2015). Dated around 1710-1715, it uses the same structural and decorative formula as the present chairs, with a garniture à chassis (drop-in frame), probably one of the first examples of this type. The placement of the decorative carving, including shells, the arrangement of the crosspieces, backrest, armrest supports, and legs are strictly similar. It is interesting to compare our chairs with a drawing in the Cronstedt collection of the Nationalmuseum in Stockholm (inv. NMH CC 386), showing two proposals for a Régence chair: one of them follows the architecture of the chairs already discussed. Slightly later armchairs show the evolution of the Régence chair on the model developed around 1715: an armchair kept in the Cleveland Museum of Art (inv. 1925.1219) and another of the same model sold at Sotheby's, Paris, 18 March 2010, lot 134 (collection Violette de Talleyrand, duchesse de Sagan, former Gaston Palewski collection) can be mentioned.
The prestigious provenance of this pair of armchairs deserves to be highlighted: they come from Leeds Castle, which belonged to Lady Baillie. The anglo-American heiress the Hon. Olive Paget married Sir Adrian Baillie in her third marriage; she acquired Leeds Castle in 1925 and renovated it completely. She called on the best Parisian designers, first Armand-Albert Rateau in the 1920s, then more importantly Stéphane Boudin, president of Jansen, who supervised the decoration and furnishing from the 1930s to the 1960s. Lady Baillie assembled a remarkable collection, notably of French furniture, and entertained the best of European society at Leeds Castle: the Prince of Wales, the Duke of York, Queen Mary of Romania, King Alfonso XIII of Spain, Grand Duke Dmitri Pavlovich of Russia, etc. Finally, the exceptional embroidered silk from the Louis XIV period covering these chairs also has a remarkable provenance, the Elie de Rothschild collection in the Hôtel Masseran in Paris.
Cette paire de fauteuils est un témoignage rare de l’évolution du siège français entre le style Louis XIV et le style Louis XV. Datés de la Régence, vers 1715, ils montrent une influence encore très louisquatorzienne avec leur dossier rectiligne, leurs consoles d’accotoir posées à l’aplomb des pieds antérieurs. Mais déjà les lignes sinueuses font leur apparition, particulièrement sensibles dans le galbe des pieds, de la ceinture et des consoles d’accotoirs, le tout mêlant des ornements à mosaïque, de fleurons et des coquilles pour souligner les parties saillantes. En ce sens, ces fauteuils appartiennent à une production aujourd’hui rarement représentée, si ce n’est par quelques exemplaires, dont l’origine est souvent méconnue.
Il convient de les rapprocher d’un fauteuil conservé au musée des Arts décoratifs de Paris (dépôt du Mobilier national, inv. GMEC 240), et présenté à l’occasion de l’exposition 18e, aux sources du design (château de Versailles, 2015). Daté vers 1710-1715, il reprend la même formule structurelle et décorative que les présents sièges, avec une garniture à châssis, sans doute l’un des premiers exemples de ce type. L’emplacement de la sculpture décorative, incluant des coquilles, l’agencement des traverses, dossier, consoles d’accotoir et pieds sont strictement similaires. Il est intéressant de rapprocher nos sièges d’un dessin conservé dans le fonds Cronstedt du Nationalmuseum de Stockholm (inv. NMH CC 386), montrant deux propositions de fauteuil Régence : l’une d’elle reprend point pour point l’architecture mise en œuvre dans les fauteuils déjà discutés. Des fauteuils légèrement plus tardifs montrent l’évolution du siège Régence sur le modèle mis au point vers 1715 : un fauteuil conservé au Cleveland Museum of Art (inv. 1925.1219) et un autre du même modèle passé en vente chez Sotheby’s, Paris, 18 mars 2010, lot 134 (collection Violette de Talleyrand, duchesse de Sagan, Former collection Gaston Palewski) peuvent être mentionnés.
La provenance prestigieuse de cette paire de fauteuils mérite d’être soulignée : ils proviennent en effet du château de Leeds, propriété de Lady Baillie. Cette héritière anglo-américaine de Hon. Olive Paget, mariée en troisièmes noces à Sir Adrian Baillie, fit l’acquisition de Leeds Castle en 1925 et le rénova entièrement. Pour ce faire, elle fit appel aux meilleurs designers parisiens, d’abord Armand-Albert Rateau dans les années 1920, puis surtout Stéphane Boudin, président de la maison Jansen, qui supervisa la décoration et l’ameublement entre les années 1930 et 1960. Lady Baillie y réunit une formidable collection, notamment de mobilier français, et reçut à Leeds Castle la meilleure société européenne : le prince de Galles, le duc d’York, la reine Marie de Roumanie, le roi Alphonse XIII d’Espagne, le grand-duc Dmitri Pavlovich de Russie, etc. Une autre provenance doit être citée, celle d’Elie de Rothschild, de la collection duquel à l’hôtel Masseran à Paris provient l’exceptionnelle soie brodée d’époque Louis XIV qui fut tendue sur ces sièges.
They can be compared with an armchair in the Musée des Arts Décoratifs in Paris (deposit of the Mobilier National, inv. GMEC 240), and presented during the exhibition 18e, aux sources du design (Château de Versailles, 2015). Dated around 1710-1715, it uses the same structural and decorative formula as the present chairs, with a garniture à chassis (drop-in frame), probably one of the first examples of this type. The placement of the decorative carving, including shells, the arrangement of the crosspieces, backrest, armrest supports, and legs are strictly similar. It is interesting to compare our chairs with a drawing in the Cronstedt collection of the Nationalmuseum in Stockholm (inv. NMH CC 386), showing two proposals for a Régence chair: one of them follows the architecture of the chairs already discussed. Slightly later armchairs show the evolution of the Régence chair on the model developed around 1715: an armchair kept in the Cleveland Museum of Art (inv. 1925.1219) and another of the same model sold at Sotheby's, Paris, 18 March 2010, lot 134 (collection Violette de Talleyrand, duchesse de Sagan, former Gaston Palewski collection) can be mentioned.
The prestigious provenance of this pair of armchairs deserves to be highlighted: they come from Leeds Castle, which belonged to Lady Baillie. The anglo-American heiress the Hon. Olive Paget married Sir Adrian Baillie in her third marriage; she acquired Leeds Castle in 1925 and renovated it completely. She called on the best Parisian designers, first Armand-Albert Rateau in the 1920s, then more importantly Stéphane Boudin, president of Jansen, who supervised the decoration and furnishing from the 1930s to the 1960s. Lady Baillie assembled a remarkable collection, notably of French furniture, and entertained the best of European society at Leeds Castle: the Prince of Wales, the Duke of York, Queen Mary of Romania, King Alfonso XIII of Spain, Grand Duke Dmitri Pavlovich of Russia, etc. Finally, the exceptional embroidered silk from the Louis XIV period covering these chairs also has a remarkable provenance, the Elie de Rothschild collection in the Hôtel Masseran in Paris.
Cette paire de fauteuils est un témoignage rare de l’évolution du siège français entre le style Louis XIV et le style Louis XV. Datés de la Régence, vers 1715, ils montrent une influence encore très louisquatorzienne avec leur dossier rectiligne, leurs consoles d’accotoir posées à l’aplomb des pieds antérieurs. Mais déjà les lignes sinueuses font leur apparition, particulièrement sensibles dans le galbe des pieds, de la ceinture et des consoles d’accotoirs, le tout mêlant des ornements à mosaïque, de fleurons et des coquilles pour souligner les parties saillantes. En ce sens, ces fauteuils appartiennent à une production aujourd’hui rarement représentée, si ce n’est par quelques exemplaires, dont l’origine est souvent méconnue.
Il convient de les rapprocher d’un fauteuil conservé au musée des Arts décoratifs de Paris (dépôt du Mobilier national, inv. GMEC 240), et présenté à l’occasion de l’exposition 18e, aux sources du design (château de Versailles, 2015). Daté vers 1710-1715, il reprend la même formule structurelle et décorative que les présents sièges, avec une garniture à châssis, sans doute l’un des premiers exemples de ce type. L’emplacement de la sculpture décorative, incluant des coquilles, l’agencement des traverses, dossier, consoles d’accotoir et pieds sont strictement similaires. Il est intéressant de rapprocher nos sièges d’un dessin conservé dans le fonds Cronstedt du Nationalmuseum de Stockholm (inv. NMH CC 386), montrant deux propositions de fauteuil Régence : l’une d’elle reprend point pour point l’architecture mise en œuvre dans les fauteuils déjà discutés. Des fauteuils légèrement plus tardifs montrent l’évolution du siège Régence sur le modèle mis au point vers 1715 : un fauteuil conservé au Cleveland Museum of Art (inv. 1925.1219) et un autre du même modèle passé en vente chez Sotheby’s, Paris, 18 mars 2010, lot 134 (collection Violette de Talleyrand, duchesse de Sagan, Former collection Gaston Palewski) peuvent être mentionnés.
La provenance prestigieuse de cette paire de fauteuils mérite d’être soulignée : ils proviennent en effet du château de Leeds, propriété de Lady Baillie. Cette héritière anglo-américaine de Hon. Olive Paget, mariée en troisièmes noces à Sir Adrian Baillie, fit l’acquisition de Leeds Castle en 1925 et le rénova entièrement. Pour ce faire, elle fit appel aux meilleurs designers parisiens, d’abord Armand-Albert Rateau dans les années 1920, puis surtout Stéphane Boudin, président de la maison Jansen, qui supervisa la décoration et l’ameublement entre les années 1930 et 1960. Lady Baillie y réunit une formidable collection, notamment de mobilier français, et reçut à Leeds Castle la meilleure société européenne : le prince de Galles, le duc d’York, la reine Marie de Roumanie, le roi Alphonse XIII d’Espagne, le grand-duc Dmitri Pavlovich de Russie, etc. Une autre provenance doit être citée, celle d’Elie de Rothschild, de la collection duquel à l’hôtel Masseran à Paris provient l’exceptionnelle soie brodée d’époque Louis XIV qui fut tendue sur ces sièges.